Argentine

En route pour la 6e Rencontre Internationale Ecosocialiste

30 avril 2024 par Maria Elena Saludas


Les 9, 10 et 11 mai 2024, la 6e Rencontre écosocialiste internationale et la 1re Rencontre écosocialiste d’Amérique latine et des Caraïbes se tiendront à Buenos Aires, en Argentine.



 Qu’est-ce que l’écosocialisme et que propose-t-il ?

Nous souhaitons mettre en dialogue la (vaste) trajectoire théorique et politique écosocialiste du Nord et du Sud. L’écosocialisme est une doctrine politique qui a émergé lors de la transition entre le 20e et le 21e siècle et qui articule les idées fondamentales du socialisme marxiste avec celles issues des luttes climatiques. Les écosocialistes estiment que le capitalisme est un système intrinsèquement nuisible à la fois pour la société et pour l’environnement. Il s’agit d’un courant à la fois théorique et pratique.

Selon Ramón Fernández Durán, nous sommes confrontées à une nouvelle ère historique marquée par l’impact de l’« espèce humaine » sur la planète Terre : l’Anthropocène ou plutôt le Capitalocène. Il ne fait aucun doute que ce n’est pas l’ensemble de l’espèce humaine qui agit de la sorte, mais une partie d’entre elle qui est dirigée et conditionnée par un système, l’actuel capitalisme mondial, fortement stratifié et dont les responsabilités et les impacts sont très différents selon les sociétés, les classes sociales et les individus qui le composent.

Pour la première fois dans l’histoire, le système écologique et géomorphologique mondial a été modifié. Non seulement le fonctionnement du climat de la Terre ou la composition et les caractéristiques de ses rivières, mers et océans, ainsi que l’ampleur, la diversité et la complexité de la biodiversité planétaire, mais aussi le paysage et le territoire eux-mêmes, le mode capitaliste actuel de production, de distribution et de consommation devenant la principale force géomorphologique ; un système basé sur la croissance et l’accumulation « sans fin ».

Les perspectives sont incertaines, ses impacts dureront certainement des siècles ou des millénaires, et conditionneront toute évolution future. Comment ne pas se souvenir de Fidel Castro (1992) lorsqu’il déclarait lors d’un sommet des Nations unies à Rio de Janeiro :
"Une espèce biologique importante risque de disparaître en raison de la liquidation rapide et progressive de ses conditions de vie naturelles : l’humain.
Demain, il sera trop tard pour faire ce que nous aurions dû faire depuis longtemps".

Le scénario de l’effondrement socio-écologique est redoutable, mais il est clair que le démantèlement de ce système et de cette façon de vivre dans le monde est inévitable. Construire ces autres mondes possibles - avec une justice climatique, écologique et sociale - est une tâche qui nous appelle et nous mobilise alors que nous observons les luttes anti-capitalistes se dérouler dans le monde entier. Les travailleureuses, les jeunes, les femmes, les dissidentes, les peuples indigènes, les Afro-descendantes, les paysannes, les scientifiques résistent et luttent pour tout changer. Ils dénoncent l’accumulation obscène du capital et le maintien des privilèges d’une minorité qui s’approprie et détruit nos biens communs.

Accepter de se limiter à survivre n’est pas une option. Nous avons les outils et la volonté de construire une alternative aux formes hégémoniques du capitalisme actuel - néolibéral, colonial, extractiviste, raciste et patriarcal - afin d’atteindre l’harmonie avec la nature dont nous faisons partie et de pouvoir jouir pleinement et dignement de la vie.

La rencontre comprendra des panels, des ateliers, des plénières et des espaces d’échange entre les collectifs, les activistes et les organisations en lutte afin d’avancer collectivement vers un agenda et un programme de lutte pour l’écosocialisme.

L’idée est de poursuivre dans le contexte de Nuestra América les débats sur la base des cinq rencontres précédentes qui ont eu lieu en Europe.

Nous comprenons que la diversité qui nous caractérise en tant qu’organisations défendant les biens communs et luttant pour un monde sans exploitation est notre plus grande force. Pour cette raison, pour les débats principaux, il sera possible de se connecter en ligne, ce qui facilitera la participation de ceux et celles qui ne peuvent pas assister en personne.

 Nous présentons ci-dessous les axes thématiques du programme :

Le 9 mai : Nous participerons à la grève générale appelée par les organisations syndicales pour s’opposer à la politique du gouvernement d’extrême-droite de Javier Milei. Il n’y aura pas d’activités.

10 mai :
9h30 – 10h30 : Histoire des Rencontres écosocialistes internationales
11h – 12h30
Atelier 1 : Extractivisme Extractivisme Modèle de développement basé sur l’exploitation des ressources naturelles, humaines et financières, guidé par la croyance en une nécessaire croissance économique. dans la nature brésilienne et restriction hydrique
Atelier 2 : Racisme environnemental
Atelier 3 : Débats de l’écomarxisme
13h30 – 15h :
Atelier 1 : Libre échange et environnement : Une contradiction indépassable pour le capitalisme ?
Atelier 2 : Contre la dépossession, le pillage des corps et des territoires.
Atelier 3 : Changement climatique et militarisme
15h15 – 16h45 :
Atelier 1 : Climat, science et écosocialisme
Atelier 2 : Droits et transition écosocialiste
Atelier 3 : Dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
et financiarisation de la nature
17h – 19h : Criminalisation et luttes sociales

11 mai :
9h30 – 11h00 : Le débat écosocialiste dans le centre et dans la périphérie
11h15 – 12h30 : COP 30 : Première réunion de l’Amérique latine et des Caraïbes
13h30 – 15h :
Atelier 1 : Souveraineté alimentaire : l’agroécologie comme pratique politique
Atelier 2 : Énergie et capitalisme

15h15 – 16h45 :
Atelier 1 : Écoféminisme
Atelier 2 : Perspectives de classes par rapport à la transition énergétique
17h – 19h : Vers un grand mouvement écosocialiste international

Cette 1re Rencontre écosocialiste d’Amérique latine et des Caraïbes vise à donner une continuité aux débats écosocialistes à partir des territoires et des problèmes de la région, et entend se poursuivre avec la 2e Rencontre à l’occasion de la COP 30, qui se tiendra à Belem, au Brésil, l’année prochaine.

Il n’est pas facile d’organiser cette 6e Rencontre Internationale Ecosocialiste en Argentine. Le contexte devient chaque jour plus complexe, avec l’avancée d’une extrême droite qui vise à détruire les droits gagnés au cours d’années de lutte par les travailleureuses, les syndicats, les organisations féministes, sociales, environnementales et de défense des droits humains qui ont lutté - et continuent de lutter - pour plus de démocratie, pour la souveraineté populaire, en affrontant les dictatures et les projets néolibéraux. Cependant, tout ce scénario nous invite également à construire des horizons possibles à partir des luttes sociopolitiques et écologiques d’en bas et de gauche.

Aujourd’hui, plus que jamais, l’Argentine, l’Amérique latine et les Caraïbes ont besoin du soutien et de la solidarité internationalistes. C’est pourquoi nous espérons compter sur la présence de nombreux camarades pour un débat fraternel qui nous aidera à avancer vers un changement social radical.

Construisons ensemble cette alternative urgente et nécessaire !
Rendez-vous à Buenos Aires !


Maria Elena Saludas

ATTAC/CADTM Argentina

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