20 février par ATTAC/CADTM Maroc
ATTAC CADTM Maroc a organisé son septième congrès national à Rabat les 16, 17 et 18 décembre 2022 sous le slogan : « Continuons notre contribution pour construire les résistances pour la liberté et la justice sociale et environnementale ».
Le Maroc connaît une hausse sans précédent des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des services. La population se mobilise. Il y a des appels des syndicats à des sit-in et des marches de protestation ce week-end, et aussi celui du Front social marocain (collectif social) en commémoration du 12e anniversaire du mouvement du 20 février (grand mouvement de contestation social né au Maroc en 2011 dans le contexte des soulèvement populaires qui ont embrasé la région de l’Afrique du Nord et Moyen Orient/région arabe).
ATTAC CADTM Maroc participe à cette mobilisation sous le slogan :
Engageons-nous dans toutes les formes de lutte et de mobilisation contre la hausse des prix et pour une augmentation des salaires et des subventions à la consommation.
Elle expose dans son communiqué ci-dessous les causes de la hausse des prix et réitère ses positions et ses revendications.
Le Maroc connaît une hausse sans précédent des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des services. La population exprime son mécontentement de plusieurs manières, que ce soit par le biais des réseaux sociaux ou en participant à des sit-in et à des marches de protestation. Elle accuse principalement le gouvernement. Ce dernier met en œuvre les politiques libérales et tente de les dissimuler par des mesures disparates ou de faire porter la responsabilité aux spéculateurs.
Les véritables causes de la hausse des prix sont dues à la dépendance économique, alimentaire et énergétique liée aux politiques néolibérales encadrées par la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
Cliquez pour plus de détails.
(BM) et le Fonds monétaire international
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
Cliquez pour plus de détails.
(FMI) et appliquées par les gouvernants de notre pays.
Depuis l’ajustement structurel du début des années 80, l’essentiel de ces politiques est basé sur la focalisation des secteurs productifs, dont l’agriculture, sur l’exportation en fonction des exigences du marché mondial au détriment des besoins vitaux de la population. D’autre part, elles reposaient sur la dépendance aux importations des produits de l’industrie, de denrées alimentaires de base et de produits énergétiques.
Ces politiques se sont élargies avec l’engagement de l’État, depuis le milieu des années 90, dans une série d’accords de libre-échange supervisés par l’Organisation mondiale du commerce
OMC
Organisation mondiale du commerce
Créée le 1er janvier 1995 en remplacement du GATT. Son rôle est d’assurer qu’aucun de ses membres ne se livre à un quelconque protectionnisme, afin d’accélérer la libéralisation mondiale des échanges commerciaux et favoriser les stratégies des multinationales. Elle est dotée d’un tribunal international (l’Organe de règlement des différends) jugeant les éventuelles violations de son texte fondateur de Marrakech.
L’OMC fonctionne selon le mode « un pays – une voix » mais les délégués des pays du Sud ne font pas le poids face aux tonnes de documents à étudier, à l’armée de fonctionnaires, avocats, etc. des pays du Nord. Les décisions se prennent entre puissants dans les « green rooms ».
Site : www.wto.org
(OMC), pour ouvrir les frontières à la libre circulation de marchandises et de capitaux étrangers, ce qui a affecté négativement le tissu économique et ruiné les petits producteurs. La privatisation préconisée par l’OMC comprenait les services publics tels que la distribution d’eau et d’électricité, les transports urbains, les services de santé, l’éducation, etc. L’État a soutenu le grand capital étranger et local qui a accaparé les terres agricoles, l’eau, les forêts, les ressources halieutiques et minières. Il a également facilité l’investissement privé dans les services publics. Depuis 2015, à la demande de la BM et du FMI, l’État a libéralisé les prix des carburants et les a soumis aux fluctuations du marché mondial, et on voit que leur prix a doublé. Cet accaparement capitaliste a permis le développement de grands monopoles au niveau de la production, de l’exportation et de l’importation. Les produits de premières nécessité sont alors liés à ces monopoles spéculateurs aux niveaux local et international.
Ces monopoles ont accumulé d’énormes profits privés grâce à leur domination du marché, au contrôle des prix et à la spéculation
Spéculation
Opération consistant à prendre position sur un marché, souvent à contre-courant, dans l’espoir de dégager un profit.
Activité consistant à rechercher des gains sous forme de plus-value en pariant sur la valeur future des biens et des actifs financiers ou monétaires. La spéculation génère un divorce entre la sphère financière et la sphère productive. Les marchés des changes constituent le principal lieu de spéculation.
. Cela est bien visible dans l’augmentation des milliardaires au Maroc dans les secteurs de l’agriculture, des hydrocarbures, des écoles et des hôpitaux privés, de la pêche, des transports, de l’immobilier, etc. Ces profits viennent des poches des classes populaires dont les conditions de vie se sont très gravement détériorées : la classe ouvrière, les petits producteurs, les couches laborieuses du secteur dit informel, et toutes les catégories des sans-emploi, notamment jeunes et femmes. Ces classes subissent la hausse des prix à un moment où l’État a fixé un salaire minimum faible avec un système de protection sociale maigre. L’État a réduit le budget de la caisse de compensation (subventions aux produits de première nécessité) et s’apprête maintenant à supprimer les subventions sur le gaz butane et le sucre. Cela signifie que le principal plat alimentaire de la population marocaine, comprenant les céréales, l’huile, le sucre et le gaz butane, ainsi que la viande rouge et blanche, est devenu de plus en plus lié aux bourses mondiales contrôlées par les grands spéculateurs, et est directement affecté par toute crise mondiale, alimentaire, énergétique ou financière. Cela a pris un caractère structurel compte tenu des dispositions des accords de libre-échange avec l’Union européenne et les États-Unis, dans lesquels il n’y a plus de restrictions majeures liées aux produits agricoles et alimentaires. Les petits paysans du pays s’appauvrissent sévèrement en raison de leur marginalisation par l’État, du coût élevé des intrants
Intrants
Éléments entrant dans la production d’un bien. En agriculture, les engrais, pesticides, herbicides sont des intrants destinés à améliorer la production. Pour se procurer les devises nécessaires au remboursement de la dette, les meilleurs intrants sont réservés aux cultures d’exportation, au détriment des cultures vivrières essentielles pour les populations.
agricoles, de leur endettement et de l’expansion massive du grand capital dans l’agriculture. Dans son modèle de développement, l’État parie sur l’expansion du secteur privé dans les services publics, notamment dans la santé et l’éducation, ce qui fera augmenter davantage les prix.
La hausse des prix que connaît actuellement le Maroc s’aggrave à la lumière de la crise mondiale multidimensionnelle qui s’est accentuée avec la pandémie et l’agression russe contre l’Ukraine, et a été caractérisée par l’augmentation des prix du pétrole, du gaz et d’autres produits. La crise alimentaire qui a commencé bien avant l’invasion de l’Ukraine n’est pas due à une pénurie de céréales, car la récolte mondiale de céréales a atteint son plus haut niveau en 2021. Elle est liée à la domination des grandes entreprises capitalistes sur le commerce et la distribution de produits alimentaires et agricoles en les transformant en un marché hautement spéculatif, tirant ainsi profit de l’explosion des prix. Quatre sociétés transcontinentales de pays industrialisés contrôlent 70 % du marché mondial des céréales et réalisent d’énormes profits.
Les guerres commerciales soutiennent l’hégémonie des entreprises transcontinentales qui imposent la suppression de toutes les barrières à la circulation des marchandises, et généralisent ainsi des prix élevés aux pays du Sud, dont le Maroc.
Dans le contexte de la crise mondiale actuelle, les conséquences de la dépendance économique du Maroc liée aux politiques libérales se concrétise à nouveau. Le déficit global de la balance commerciale
Balance commerciale
Balance des biens et services
La balance commerciale d’un pays mesure la différence entre ses ventes de marchandises (exportations) et ses achats (importations). Le résultat est le solde commercial (déficitaire ou excédentaire).
, ainsi que la facture élevée de l’énergie, des denrées alimentaires, des produits agricoles, industriels et autres, se sont aggravés dans un contexte de ralentissement de l’économie et de diminution des recettes de l’État. Les subventions et la réduction d’impôts pour les grands capitalistes se répercutent directement sur le budget public. D’où le recours croissant à l’endettement. La dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
publique a atteint des niveaux énormes. Ses conditionnalités
Conditionnalités
Ensemble des mesures néolibérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays qui signent un accord, notamment pour obtenir un aménagement du remboursement de leur dette. Ces mesures sont censées favoriser l’« attractivité » du pays pour les investisseurs internationaux mais pénalisent durement les populations. Par extension, ce terme désigne toute condition imposée en vue de l’octroi d’une aide ou d’un prêt.
sont de plus en plus dures en imposant des mesures d’austérité et en s’attaquant aux acquis des salarié.e.s et des couches populaires de ce pays, dont une grande partie souffre du poids de dettes privées, principalement les microcrédits.
Nous, ATTAC CADTM Maroc, en évoquant l’ampleur de la crise économique et financière actuelle que l’État veut faire supporter aux salarié.e.s, aux petits producteurs et à la grande majorité de la population à travers la hausse des prix, la baisse des salaires réels, le chômage et la pauvreté, nous réaffirmons nos positions :
Nous à ATTAC CADTM Maroc :
Secrétariat national
18 février 2023
membre du réseau CADTM, l’Association pour la Taxation des Transactions en Aide aux Citoyens au Maroc (ATTAC Maroc) a été créée en 2000. ATTAC Maroc est membre du réseau international du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) depuis 2006 (devenu Comité pour l’abolition des dettes illégitimes depuis juin 2016). Nous comptons 11 groupes locaux au Maroc. ATTAC veut être un réseau aidant à l’appropriation par les acteurs engagés dans l’activité sociale, associative, syndicale et plus largement militante des enjeux de la mondialisation sur les problématiques de résistance sociale et citoyenne.
www.attacmaroc.org
http://arabic.cadtm.org/
Adresse : n°140, rue Cadi Bribri Akkari 10000. Rabat. Maroc
Email : attac.cadtm.maroc chez gmail.com
Site Web attacmaroc.org Tel 00 212 6 61 17 30 39
4 mai, par ATTAC/CADTM Maroc
Intervention de ATTAC/CADTM Maroc dans une conférence de la CNT
Libération pour les détenu·es politique au Maroc28 mars, par ATTAC/CADTM Maroc , Jawad Moustakbal
17 janvier, par Eric Toussaint , ATTAC/CADTM Maroc , Sushovan Dhar , Pauline Imbach , Daniel Tanuro , Christine Poupin , David Calleb Otieno , Cristina Quintavalla , Arturo Martinez , Hussein Muqbel
20 décembre 2022, par ATTAC/CADTM Maroc
19 décembre 2022, par ATTAC/CADTM Maroc
16 décembre 2022, par ATTAC/CADTM Maroc
29 novembre 2022, par ATTAC/CADTM Maroc , Omar Aziki
ATTAC CADTM Maroc organise son septième congrès national sous le slogan :
Continuons notre contribution pour construire les résistances pour la liberté et la justice sociale et environnementale28 novembre 2022, par ATTAC/CADTM Maroc
19 septembre 2022, par ATTAC/CADTM Maroc
27 août 2022, par ATTAC/CADTM Maroc