25 septembre 2018 par Yorgos Mitralias
Peut-être il n’est pas du tout un hasard que les néolibéraux de tout poil, mais aussi leurs adversaires ’patriotes’ et autres nationalistes, tournent le dos et ne nourrissent la moindre sympathie -quand évidemment, ils n’attaquent pas violemment- pour les deux plus grands et plus radicaux mouvements de nos temps : Le mouvement indépendantiste du peuple catalan et les mouvements qui se battent contre Trump mais aussi contre l’establishment Démocrate aux États-Unis d’Amérique ! Cette identité des vues et des actes est tout à fait logique car tant le mouvement populaire catalan que celui des États Unis rejettent où plutôt sont la négation vivante du pseudo-dilemme « mondialisation néolibérale ou repli patriotique/nationaliste »...
Alors, aucune surprise quand l’ensemble du néolibéralisme mondial (gouvernements de l’Europe et du monde entier, la Commission européenne, les grands médias, le FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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, l’OTAN
OTAN
Organisation du traité de l’Atlantique Nord
Elle assure aux Européens la protection militaire des États-Unis en cas d’agression, mais elle offre surtout aux États-Unis la suprématie sur le bloc occidental. Les pays d’Europe occidentale ont accepté d’intégrer leurs forces armées à un système de défense placé sous commandement américain, reconnaissant de ce fait la prépondérance des États-Unis. Fondée en 1949 à Washington et passée au second plan depuis la fin de la guerre froide, l’OTAN comprenait 19 membres en 2002 : la Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, auxquels se sont ajoutés la Grèce et la Turquie en 1952, la République fédérale d’Allemagne en 1955 (remplacée par l’Allemagne unifiée en 1990), l’Espagne en 1982, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque en 1999.
, ainsi qu’une myriade d’organismes internationaux) mais aussi son rival, le non moins néolibéral “camp patriotique” européen et américain (Trump, Poutine, Orban, Salvini...) font tout depuis un an, pour écraser le mouvement indépendantiste catalan et en même temps ils ignorent, dénigrent ou même attaquent les mouvements radicaux de masse qui sont en train de se développer aux États-Unis. Aucune surprise puisque tout ce beau monde ne fait que ce qu’il est censé faire, son travail, ayant pleine conscience du fait que l’issue des affrontements historiques en cours aux États-Unis et en Catalogne vont décider de notre sort à nous tous…
Alors, s’il y a surprise, elle est due à la gauche européenne qui refuse obstinément de faire son propre travail, puisque dans sa grande majorité, non seulement elle ne soutient pas activement ces mouvements mais elle les ignorent ouvertement, elle leur refuse systématiquement sa solidarité active, allant parfois jusqu’à reprendre les arguments de leurs ennemis jurés ! Il s’agit d’une vraie tragédie ou plutôt de ce qui pourrait être le... suicide de cette gauche européenne chancelante et en crise profonde puisqu’elle ne s’empresse pas de s’en inspirer et de se lier avec les luttes et le bon exemple de ces deux - uniques au monde ! - oasis de radicalité populaire et d’authentique movimentisme, perdant ainsi la seule occasion qu’elle a aujourd’hui pour commencer à se redresser et regagner sa crédibilité perdue !
Et pourtant, même avec un retard de 2-3 ans, il serait non seulement utile mais plutôt vital pour cette gauche européenne désorientée et en chute libre qu’elle comprenne la grande vérité de nos temps : Qu’il y a aujourd’hui un pays qui est l’exception à la règle qui veut que la gauche et ses idées soient en perdition face à la montée -souvent impétueuse- de l’extrême droite, du racisme et des nationalismes. Et ce pays n’est pas n’importe lequel, c’est les États-Unis d’Amérique de la crise historique, du bipartisme qui s’effondre et de la plus extrême des polarisations sociales et politiques !
Des exagérations ? La réponse la donnent les faits concrets qui sont très éloquents. Au contraire de ce qui se passe dans tous nos pays européens, c’est dans la société nord-américaine que la gauche et le socialisme retrouvent leur prestige et leur force d’attraction d’antan, que des jeunes s’engagent par millions dans des mouvements sociaux de toute espèce et se déclarent socialistes, que même le marxisme redevient à la ’mode’ ! Et c’est aussi dans la société américaine que des candidats et surtout des candidates à des élections de toute sorte, arrivent dernièrement à gagner en se déclarant socialistes et avec un programme de revendications radicales qui seraient totalement impensables il y a seulement 2-3 ans ! [1]
C’est ainsi que la sympathie que montre une grande partie ou même la majorité des Millennials nord-américains (âgés de 18 a 35 ans) pour le socialisme, inquiète et même fait paniquer l’establishment du pays, lequel ne peut pas accepter que ’le mot sale qui commence par S’ fasse irruption sur le devant de la scène politique nord-américaine après une absence d’au moins 100 ans ! Et c’est ainsi que les grands médias en Europe et de par le monde passent à la contre-attaque, calomniant et ... célébrant la fin de ce qui ne serait qu’une éphémère ’mode’ socialiste chaque fois qu’une candidature socialiste n’arrive pas à gagner.
Nous voici donc devant l’impensable : Faisant bloc, toutes les composantes Républicaines et Démocrates de l’establishment nord-américain poussent des cris de victoire quand une jeune socialiste Latine ou Afro-américaine n’arrive pas à battre un “baron” du bipartisme traditionnel nord-américain ! Et il faut avouer que, même si les candidats et candidates socialistes déjà élues à tous les échelons dépassent maintenant les 550 (!), dans la majorité des cas ce sont les représentants de l’establishment qui s’imposent.
Cependant, quel énorme changement historique qui présage les grands séismes sociaux de demain ! Quel changement (que nos bons gens de gauche européens n’arrivent même pas à percevoir) car même quand ils ne gagnent pas, les jeunes socialistes des États Unis échouent avec des scores (30 %, 40 %, 45 % ou même 48 %) qui feraient rêver aujourd’hui la gauche européenne et qui sembleraient totalement irréalistes il y a seulement quelques mois aux États Unis !
Mais, ce n’est pas tout, car une situation analogue existe bien plus près de chez nous, au cœur de l’Europe, en Catalogne. Par exemple, il y a seulement deux semaines, le 11 Septembre jour de la Diada, 1 million de Catalans - comptés scrupuleusement, mètre carré après mètre carré - ont manifesté à Barcelone en faveur de leur tant désirée République (indépendante) de Catalogne ! Et pourtant, la nouvelle de cette manifestation gigantesque est passée pratiquement sous silence et notre bonne gauche européenne a préféré de l’ignorer bien qu’on a plus vu sur notre continent une telle gigantesque manifestation populaire depuis plusieurs décennies...
Mais, ce qui fait que la Catalogne des énormes mobilisations populaires soit un oasis dans le désert de l’actuelle Europe dépressive, inhumaine et conservatrice, n’est pas seulement la quantité mais aussi la qualité de son mouvement populaire. C’est que ces centaines de milliers de manifestants sont auto-organisés comme nulle part ailleurs et comme jamais auparavant dans l’Europe d’après guerre. C’est que les centaines de Comites de Défense de la République (CDR) du peuple catalan sont en train de constituer (bientôt ?) un embryon d’un deuxième pouvoir, d’un pouvoir populaire. C’est que le peuple catalan auto-organisé et si progressiste manifeste par centaines de milliers en faveur des migrants et des frontières ouvertes, des mêmes frontières ouvertes que certains dirigeants ignobles de la gauche européenne osent actuellement qualifier d’”invention du néolibéralisme”. Et c’est, évidemment, que ce peuple catalan fait tout ça et bien plus tandis que les membres de son gouvernement démocratiquement élu sont en prison ou en exil, tandis que de centaines de ses maires et de ses artistes sont poursuivis accusés même de...terrorisme, et tandis que le front unique du capital, de l’obscurantisme et de la réaction (couronnée ou pas) lui a déclaré une guerre sans merci depuis un an...
La conclusion n’est pas difficile. Évidemment, on ne peut pas prévoir l’issue finale de l’affrontement titanesque entre ceux d’en haut et ceux d’en bas déjà en cours tant aux États Unis qu’en Catalogne. Cependant, une chose est sure : Au contraire de ce qui se passe en Europe et au reste du monde où les résistances populaires ont faibli énormément et l’avenir se dessine plus noir que jamais, aux États Unis et en Catalogne ceux d’en bas ne vont pas se rendre sans combattre. Ayant conscience que leur combat dépasse les frontières et brandissant le drapeau de l’internationalisme, ils se battent déjà et se battront demain pour le compte de nous tous sachant que désormais, tout est possible, le pire mais -heureusement- aussi le meilleur !
Faisons donc tout notre possible pour que leur combat devienne le notre. Car celle-ci sera très probablement notre dernière chance…
[1] Pour une information détaillée, de première main et renouvelée chaque deux heures, concernant les développements nord-américains, leur signification et leurs conséquences, tant au sommet qu’à -surtout- la base de la société des États-Unis, vous pouvez consulter le Facebook : https://www.facebook.com/GreeksForBerniesMassMovement/
Journaliste, Giorgos Mitralias est l’un des fondateurs et animateurs du Comité grec contre la dette, membre du réseau international CADTM et de la Campagne Grecque pour l’Audit de la Dette. Membre de la Commission pour la vérité sur la dette grecque et initiateur de l’appel de soutien à cette Commission.
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