27 juillet 2023 par Dan La Botz
Crédit photo : Centre-ville de Los Angeles. Wikimedia Commons
Les États-Unis sont confrontés à un énorme problème de logement. Il n’y a pas assez de maisons et d’appartements, et ceux-ci sont trop chers.
Le problème du logement touche de nombreux ÉtatsunienEs, et d’abord les personnes à faibles revenus. Le manque de logements abordables et appropriés et leur coût élevé entraînent la surpopulation des habitations, une mauvaise santé, une baisse des résultats scolaires, l’insécurité alimentaire et, dans les cas extrêmes, les expulsions et le sans-abrisme. Le logement devrait être un droit, et ce qui serait nécessaire c’est un budget de plusieurs centaines de milliards pour construire des logements sociaux.
La plupart des ÉtatsunienEs, 66 %, sont propriétaires de leur logement, tandis que 27 % sont locataires. Mais le taux d’accession à la propriété des noirs n’est que de 44 %, alors que celui des blancs est de 73 %. Cette différence est due en grande partie au fait que les banquiers ont classé en « rouge » des quartiers noirs et ont refusé à ceux qui y vivaient les prêts et les assurances nécessaires à l’achat d’un logement. Bien qu’aujourd’hui illégale, cette pratique signifie que les noirs achetaient peu de maisons et accumulaient donc moins de fortune. Elle a largement contribué à l’écart de richesse, si bien qu’aujourd’hui le ménage noir médian dispose de 24 000 dollars, tandis que le ménage blanc médian a environ 189 000 dollars.
Aujourd’hui, il est de plus en plus difficile d’accéder à la propriété, car les acheteurs n’ont pas les revenus suffisants pour verser l’acompte et le remboursement mensuel de l’emprunt. Le prix de vente médian d’un logement était de 329 000 dollars en 2020, mais il a augmenté de 32 % pour atteindre 436 800 dollars en mars 2023. La hausse des prix met l’achat d’un logement hors de portée de nombreux membres de la classe moyenne et de la classe ouvrière.
Dans le même temps, près de 90 % des villes ont connu des augmentations de loyer et les loyers ont augmenté d’environ 9 % au cours de l’année écoulée. Le mois dernier, le coût médian d’un appartement d’une chambre à coucher était de 1 504 dollars par mois, avec 3 900 dollars à New York et 2 400 dollars à Los Angeles. De nombreuses personnes sont confrontées à une charge locative trop lourde, ce qui signifie que plus de 30 % de leurs revenus sont consacrés au paiement du loyer. La hausse des loyers a entraîné une augmentation des expulsions dans plusieurs grandes villes telles que New York, Houston et Dallas.
Pourquoi le logement est-il si cher ? Parce qu’il n’y a pas assez d’habitations construites. Les États-Unis ont besoin d’environ sept millions de logements pour les familles à faible revenu, mais les constructeurs préfèrent construire des logements coûteux pour les riches parce qu’ils sont plus rentables. Ils construisent des maisons de grande surface dans les banlieues et transforment des bâtiments qui abritaient autrefois deux ou trois familles en élégantes maisons familiales de ville. Les logements pour les personnes à faibles revenus sont donc négligés.
Les États-Unis ont peu de logements sociaux et ceux-ci sont largement ségrégués, non pas en vertu de la loi, mais parce que les municipalités ont construit des logements sociaux dans les quartiers blancs pour les blancs et dans les quartiers noirs pour les noirs. Dans les grandes villes comme Chicago, les noirs vivaient souvent dans des ensembles situés dans le ghetto noir, tandis que les blancs pouvaient obtenir des prêts subventionnés par le gouvernement et déménager dans les banlieues.
Les logements sociaux ont généralement été négligés en raison des coupes budgétaires, tandis que la pauvreté et la criminalité se sont accrues dans les groupes d’immeubles. Et le gouvernement a cessé de construire des logements sociaux. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’environ 1,2 million de ménages dans les logements publics, qui sont gérés par 3 300 agences locales. Les municipalités de Los Angeles, San Francisco et Seattle, ainsi que les États de Californie et de New York, ont créé des programmes locaux, mais ils ne suffisent pas.
Faute d’un nombre suffisant de logements et en raison de la cherté des loyers, de nombreuses personnes sont devenues sans-abri, environ 600 000 au niveau national. De plus en plus de familles de travailleurEs, de femmes et d’enfants, dont les revenus sont trop bas, deviennent des sans-abri.
Il est difficile de se battre pour obtenir plus d’habitations à des prix plus bas. Le secteur du logement — construction, vente et location — est contrôlé par les banquiers, les promoteurs, les constructeurs et les sociétés immobilières. Les dirigeants de ces entreprises exercent une énorme influence politique sur les gouvernements des villes, des États et au niveau fédéral et font pression pour protéger leurs intérêts. Dans chaque ville, il existe des mouvements de défense qui luttent pour obtenir davantage de logements, s’opposent à la hausse des loyers et résistent aux expulsions. Il existe également des organisations nationales. Les Socialistes démocratiques d’Amérique (DSA) et d’autres courants de gauche sont impliqués dans le mouvement pour le logement. Mais un mouvement large et puissant serait nécessaire pour obtenir des logements sociaux, qui permettraient de faire baisser les loyers.
Traduction HW
Source :L’Anticapitaliste
Dan La Botz, enseignant, chauffeur routier, historien et journaliste, est l’auteur, entre autres, de What Went Wrong ? The Nicaraguan Revolution : A Marxist Analysis (Ce qui a mal tourné – la révolution nicaraguayenne, une analyse marxiste), Brill, Leiden 2016 et Haymarket Books, Chicago 2018. Il a été cofondateur de Teamsters for a Democratic Union (TDU). Militant de l’organisation socialiste Solidarity (section sympathisante de la IVe Internationale aux États-Unis) il est également membre de la branche de Brooklyn des Socialistes démocratiques d’Amérique (DSA).
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