18 juin 2024 par Christian Delarue

Ersu - cc https://www.flickr.com/photos/ersu99/9739629332/
De la casse de l’État social à l’État classiste et policier ?
Nous sommes dans cette configuration.
À la sortie de la Seconde Guerre mondiale les forces syndicales (CGT surtout) et politiques de gauche (PCF surtout) ont construit un État social, non pas un État socialiste et une société socialiste, mais des dispositifs qui donnent des droits et des pouvoirs aux travailleurs sans casser le cœur capitaliste de la société. Ce qui a été alors conquis a été combattu férocement par la classe dominante durant les années d’après-guerre, mais le bénéfice conquis subsistait encore fortement.
Au milieu des années 70 , le rapport de force changea et la destructivité des classes dominantes se fit plus importante. C’est sur la longue durée - plus de 35 ans - que ce travail de casse fut mis en œuvre, tant par la droite que par la gauche dite néolibérale. Notez - si voulez un arrière-plan théorique - que la « destructivité » renvoie à Erich Fromm et à la fascisation dont il était brillant analyste.
I - Le néolibéralisme est un classisme !
Nous nommons « classisme » cette puissance soutenue et forte de domination de classe avec imposition des règles de la bourgeoisie capitaliste contre le peuple-classe, c’est-à-dire à l’ensemble des classes sociales dominées, soit les 99%, les travailleurs et travailleuses, mais aussi les indépendants. L’emprise du classisme est certes variable à l’évidence mais très large, des subalternes aux cadres.
Nous préférons cette terminologie de classisme comme domination de classe, à celle de « thatchérisme » qui renvoie à la politique anti-syndicale de Reagan et Thatcher des années 79, ou à celle de « néolibéralisme" qui renvoie à une idéologie complexe (avec du Spencer notamment) et une pratique des gouvernements et des élites, passant par un rôle actif
Actif
Actifs
En général, le terme « actif » fait référence à un bien qui possède une valeur réalisable, ou qui peut générer des revenus. Dans le cas contraire, on parle de « passif », c’est-à-dire la partie du bilan composé des ressources dont dispose une entreprise (les capitaux propres apportés par les associés, les provisions pour risques et charges ainsi que les dettes).
de l’État et de sa haute fonction publique dans les politiques régressives et austéritaires, toujours au service des classes dominantes.
Le classisme désigne très nettement, et sans euphémisme aucun, la lourde domination de classe du 1% dans et hors emploi, et elle s’accompagne aussi de racisme (contre les migrants africains par exemple) et de sexisme (on veut expulser le violeur africain mais on fait silence sur le violeur blanc-français).
II - Classisme et fascisation
Le classisme est un aspect de la fascisation des institutions, telle qu’elle s’observe, en tant que processus, depuis Sarkozy et avec force avec Macron. La fascisation est une forme d’autoritarisme politique qui casse les libertés démocratiques en plus de l’État social. Il permet l’avancée des forces proprement fascistes, issues en France du pétainisme et du refus des indépendances autour des années 60 et notamment celle de l’Algérie.
L’État classiste et policier peut constituer demain, avec le RN au pouvoir, la forme prise par l’État du fait de l’emprise de la « main droite de l’État » (Bourdieu) sur les institutions. Quand la « main gauche » s’efface c’est l’État social et l’État démocratico-représentatif qui dégénère (il a eu lui aussi une phase de conquête de droits citoyens). Ce qui était conquêtes à prolonger par de la socialisation et de la démocratisation est non seulement bloqué dans son trajet mais prend un chemin régressif, au profit de la « classe financière », ce groupe social des 1 à 2 % de la société, qui accumule les dividendes à haut niveau (cf Oxfam et France stratégie).
Quand l’extrême-droite prend le pouvoir (hypothèse à combattre : Bardella premier ministre) elle modifie les règles et ne le rend plus ! Elle installera pour longtemps la « démocrature illibérale » classiste, productiviste, raciste, sexiste. La souffrance sociale est alors à lire comme futur, en lien avec la crise climatique.
III - Les rôles contradictoires de la sous-bourgeoisie
La classe dominante bicéphale (collusion privé-public) n’est pas seule à agir pour défendre ses intérêts de classe. Elle dispose d’une classe d’appui hors d’elle.
Nous mélangeons ici, sous le terme de sous-bourgeoisie, la petite-bourgeoise indépendante aisée du monde agricole ou du monde libéral (notaires, avocats, etc.) avec les cadres salariés aisés du public et du privé.
– Rôle régressif : Une fraction de la sous-bourgeoisie (le 9% sous le 1%, voire les 19% sous le 1%) a des responsabilités dans la fascisation car elle commet le « sale boulot » classiste dans et hors travail (emploi). Pour avoir des rémunérations confortables - qui cependant ne lui permettent pas d’appartenir à la classe dominante - elle sert avec zèle de classe d’appui à cette dernière. Et sous toutes ses formes : elle accomplie le sale boulot classiste : exploitation de la force de travail, précarisation du salariat, casse des services publics, de la fonction publique, de la sécurité sociale, etc. Et par ailleurs, elle n’engage pas les réformes nécessaires pour la transition écologique . Bien au contraire elle perdure dans ’l’Entreprisocène’ [1]
avec des investissements dans le haut carbone.
– Rôle progressiste : Une autre fraction de la sous-bourgeoise est progressiste au plan social, écologique et démocratique, et refuse classisme, racisme et sexisme. Elle adhère par exemple à l’UGICT-CGT (et à d’autres syndicats de cadres) pour forger de façon plurielle des alliances difficiles entre classes populaires publiques et privées, des villes ou des campagnes, des alliances utiles à la mobilisation d’un bloc du peuple-classe. La mobilisation de 2023, contre la réforme Macron des retraites, en est un exemple. Par contre, dans le monde agricole, c’est la sous-bourgeoisie réactionnaire et la bourgeoisie financière qui ont eu la main la plus forte pour guider les agriculteurs dans l’ornière du capitalisme productiviste à haut carbone et méthane, et biodiversité détruite. Le RN ne fera pas mieux pour le monde agricole que Macron. Il n’est ni écologiste ni social, mais classiste et capitaliste productiviste, avec autoritarisme aggravé et racisme partout.
La démocrature illibérale classiste et policière est à repousser de façon déterminée dans les jours qui viennent de ce mois de juin 2024. De nombreuses interventions portent sur les modalités. Des appels sont publiés. Les manifestations se multiplient. Les gauches unies et les syndicats doivent faire barrage à la peste brune !
Addendum
Les forces politiques de gauche présentent ce contrat de législature du nouveau Front populaire :
https://assets.nationbuilder.com/pcf/pages/20091/attachments/original/1718357885/PROGRAMME_FRONT_POPULAIRE_V5.pdf?1718357885
Suite de Le RN est classiste et nullement social (ou la mise perspective était absente ainsi que le rôle différencié de la sous-bourgeoisie
[1] Au-delà de l’Anthropocène : De l’Entreprisocène au richocène, suivi de
https://amitie-entre-les-peuples.org/ENTREPRISOCENE-entreprises-bancaires-a-investissement-haut-carbone
Président du CADTM France
Ex-délégué du MRAP à l’altermondialisme
Syndicaliste antifasciste et altermondialiste
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