Fuir la misère... pour en trouver une autre

21 juin 2021 par Rabia


(CC - Flickr - Gustave Deghilage)

Prendre ses valises et quitter son pays pour construire un avenir meilleur, c’est facile à dire mais peu de personnes réussissent vraiment à le faire. J’ai quitté l’Afrique pour rejoindre l’Europe, là où les droits humains sont protégés. « L’Europe est le continent des droits humains ».



Cette phrase, vous pouvez l’entendre dans la bouche de toutes les personnes migrantes qui viennent d’arriver. Mais à peine quelques mois après être arrivées dans un pays européen, cette phrase commence à changer dans la tête de toutes les personnes migrantes qui rencontrent les premières difficultés administratives et financières, comme la difficulté d’obtenir un titre de séjour, de trouver un toit pour être à l’abri du froid. Tout cela entrave le droit de vivre tout simplement là où on se sent en sécurité. Alors, les personnes migrantes doivent parfois s’endetter pour accéder à certains droits, pour pouvoir par exemple payer les frais de procédure d’asile une fois arrivées dans un pays.

Si on veut parler des détails, on doit ouvrir les yeux sur une réalité : la plupart des personnes quittent la misère de leur pays d’origine alors que ces derniers ne sont pas des pays pauvres à la base. On peut même dire que ce sont des pays très riches, avec des ressources naturelles très importantes. Mais qui profite de ces richesses ?

L’enjeu de tous les pays, c’est de contrôler les frontières, de construire des centres fermés, d’y enfermer des personnes innocentes. Les gouvernements dépensent des fortunes pour expulser des êtres humains dont le seul crime est d’avoir décidé de quitter leur pays. Au cours de leurs trajectoires migratoires, il arrive bien souvent que les personnes migrantes doivent s’endetter dans leur pays d’origine ou auprès de passeurs. Le monde n’est pas juste. Tous les êtres humains sur cette terre ont comme but de vivre en paix et en sécurité, de se sentir heureux là où ils souhaitent s’installer, sans entrer dans des détails. Car si on veut parler des détails, on doit vraiment ouvrir les yeux sur une réalité : la plupart des personnes quittent la misère de leur pays d’origine alors que ces derniers ne sont pas des pays pauvres à la base. On peut même dire que ce sont des pays très riches, avec des ressources naturelles très importantes. Mais qui profite de ces richesses ? Bien sûr, la réponse est simple, c’est l’Occident qui en a besoin. Mais pourquoi, dans nos pays, on n’en profite pas ? Grande question à laquelle la réponse peut prendre des heures, mais qu’on peut aussi résumer en quelques mots : « dictature ; corruption ; non-respect des droits humains ; liberté d’expression bafouée ».

Toutes les mesures prises pour enfermer les personnes migrantes, comme le programme européen Frontex, tout l’argent dépensé pour construire des centres et arrêter les personnes migrantes chez elles, selon moi ça n’a pas de sens, sauf à augmenter la haine et l’injustice. Voilà, s’il y avait une justice, chaque personne aurait le droit de quitter son pays pour chercher refuge quelque part et y trouver une vie meilleure. Selon la logique des choses, personne ne devrait galérer pour accéder aux droits fondamentaux dans un pays où elle a choisi de vivre parce qu’elle s’y sent en sécurité.

Alors, cette politique migratoire qui tue doit s’arrêter car c’est une hypocrisie des États ! L’Europe doit rendre ce qu’elle est en train de prendre à tous les pays en profitant de leurs ressources, l’Europe doit rendre les vies qu’elle a prises pendant la colonisation ! Les Institutions financières internationales doivent arrêter d’imposer des politiques de remboursement de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
qui engendrent la misère dans nos pays !

Voilà ce qu’on doit savoir, nous, en tant qu’être humain sur cette terre : personne n’est illégal. Nous sommes tous et toutes né·es quelque part, nous avons toutes et tous une vie faite de rêves, une identité, une personnalité. Le racisme n’a pas de raison d’être car avec toutes les difficultés qu’on est en train de vivre nous toutes et tous sur cette planète, ça nous a lié·es d’une façon ou d’une autre.

Finalement, si on dit qu’avec la technologie actuelle, la planète est devenue comme un petit village, alors soyons soudé·es les un·es les autres.

Article extrait du magazine AVP - Les autres voix de la planète, « Dettes & migrations : Divisions internationales au service du capital » paru en mai 2021. Magazine disponible en consultation gratuite, à l’achat et en formule d’abonnement.


Rabia

Migrant Libre