13 octobre 2020 par Camille Chalmers , Robin Delobel
Cap-Haïtien, Haïti (CC - Flickr - United Nations Photo)
Pays appauvri par les dettes coloniales, les occupations étrangères, les injonctions du FMI et autres prédateurs, Haïti se révèle extrêmement vulnérable face à la pandémie de la covid-19.
Première république noire et rebelle pour avoir osé résister à l’empire français, l’histoire d’Haïti est rythmée d’ingérences et de crises politiques. Les infrastructures sanitaires défaillantes sont inadéquates à un point tel qu’au début de la pandémie sur le sol haïtien en mars 2020, seuls une centaine de lits sont actuellement disponibles pour des soins intensifs pour une population de douze millions d’habitants. Cette pandémie met en danger une fois de plus une grande partie de la population et rappelle l’épidémie de choléra apportée en 2010 par des troupes de l’ONU [1].
Les mesures adoptées et les consignes lancées par le Gouvernement ont été accueillies avec réserve et scepticisme par l’ensemble de la population qui n’a aucune raison de faire confiance à des dirigeants qui ont perdu toute crédibilité et qui font du mensonge leur principal outil de gouvernance et de communication. De nombreuses personnes dans le public contestent même l’existence de la maladie sur notre territoire, sentiment amplifié par certains témoignages comme celui de l’artiste Roody Roodboy. Cette réaction de méfiance est, bien sûr, renforcée par des communications fantaisistes qui ne reposent ou qui n’expriment qu’une propagande politique très maladroite qui nous rappelle la gestion de la situation post-séisme, ou celle de l’après du cyclone Mathieu en 2016.
Le gouvernement a adopté une communication non transparente sur les dépenses faites face à cette crise par le Trésor public ou à partir des financements accordés par les Institutions financières internationales et la coopération bilatérale. Les informations disponibles notamment sur le site de la OCHA montrent que plus de 90 % des ressources nécessaires ne sont pas disponibles. Les opérations de transferts de cash et de distribution alimentaire ne semblent pas reposer sur des informations fiables qui permettraient d’assurer la continuité de ces subventions et ces distributions au cours des prochains mois.
Des accusations de corruption ont déjà été formulées par de nombreux secteurs dont la structure dénommée Ensemble Contre la Corruption (ECC), compte tenu des zones d’ombre entourant les importations de plusieurs millions de dollars de biens et d’équipements de la Chine pour combattre la propagation de la pandémie en Haïti, dont 18 millions de dollars USD ont été déjà décaissés sans avoir respecté les principes de bonne gestion et de bonne gouvernance. On peut donc s’interroger sur les qualifications de la firme sélectionnée, le PREBLE-RISH Haïti SA, proche du PHTK qui ne dispose d’aucune expertise scientifique dans le domaine de la médecine et des soins de santé, en plus d’être indexée dans des rapports de la CSCCA pour corruption. Ce type de contrat qui n’a été soumis ni à la CSCCA ni à la CNMP pourrait être avantageusement exécuté par des organes étatiques. Le choix des produits, des volumes et de la qualité requise n’a pas été fait en concertation avec la cellule scientifique. Les kits alimentaires rappellent des épisodes scandaleux de surfacturation, priorisent des produits importés et sont distribués dans des conditions chaotiques avec la participation active de chefs de gangs prétendument recherchés par la PNH.
Vu la crise agricole et alimentaire qui se profile conséquente à la crise de la covid-19, la PAPDA croit qu’il est urgent que l’État haïtien prenne les mesures suivantes [2] :
Article extrait de l’AVP n° 78 « Dette, coronavirus et alternatives », magazine semestriel du CADTM disponible gratuitement en pdf, en vente unique (5 €) et en abonnement annuel.
[1] Pour plus d’infos, voir sur Pour.press : Le crime du choléra en Haïti
[2] On peut consulter le travail de systématisation mené, de 2012 à 2018, conjointement par la PAPDA, le GRAMIR et les fédérations paysannes de nos 10 Départements et qui a abouti à la publication des cahiers régionaux et un cahier national synthétisant les revendications de la paysannerie haïtienne.
Économiste, professeur, représentant de la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), membre du réseau CADTM-AYNA y CADTM Internacional.
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