Communiqué de presse

Hongrie : Le CADTM dénonce les manœuvres scandaleuses du pouvoir pour imposer aux forceps une politique économique néolibérale

21 septembre 2006 par CADTM




La Hongrie vient de connaître sa troisième nuit de manifestations contre
le Premier ministre Ferenc Gyurcsany, membre du Parti socialiste, dont un
enregistrement rendu public dimanche a révélé les mensonges et les
agissements fondamentalement antidémocratiques.

Afin de remporter les élections législatives d’avril dernier, le Premier
ministre a sciemment dissimulé à l’opinion publique les mesures
néolibérales et les régressions sociales qu’il s’apprêtait à décider sitôt
le scrutin terminé.

Le CADTM comprend l’exaspération et la colère du peuple hongrois qui a voulu
s’opposer par son vote aux diktats du Fonds monétaire international FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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et de
la Banque mondiale Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.

En 2022, 189 pays en sont membres.

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, mais qui va les subir de plein fouet par la faute d’un
pouvoir indigne, aujourd’hui illégitime.

Il est clair désormais que les promoteurs de la mondialisation Mondialisation (voir aussi Globalisation)
(extrait de F. Chesnais, 1997a)
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus - ou même tout autre chose - qu’une phase supplémentaire dans le processus d’internationalisation du capital engagé depuis plus d’un siècle. C’est à un mode de fonctionnement spécifique - et à plusieurs égards important, nouveau - du capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orientation, de façon à en faire la caractérisation.

Les points d’inflexion par rapport aux évolutions des principales économies, internes ou externes à l’OCDE, exigent d’être abordés comme un tout, en partant de l’hypothèse que vraisemblablement, ils font « système ». Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu - en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».

La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvée pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970.

néolibérale, soutenus par le FMI et la Banque mondiale dans leur funeste
entreprise, ne reculent devant aucun moyen pour parvenir à leurs fins.

« Nous mentions le matin, nous mentions le soir », a déclaré Gyurcsany,
révélant ainsi ouvertement que de telles décisions étaient clairement
préméditées.

Il y a fort à parier que bien d’autres pays ont subi de tels agissements
sans qu’un enregistrement inattendu vienne révéler le cynisme,
l’hypocrisie et la malhonnêteté des responsables concernés.

Les mesures économiques en cause sont largement généralisées à l’échelle
de la planète, imposées depuis 25 ans par les institutions financières
internationales, l’Organisation mondiale du commerce OMC
Organisation mondiale du commerce
Créée le 1er janvier 1995 en remplacement du GATT. Son rôle est d’assurer qu’aucun de ses membres ne se livre à un quelconque protectionnisme, afin d’accélérer la libéralisation mondiale des échanges commerciaux et favoriser les stratégies des multinationales. Elle est dotée d’un tribunal international (l’Organe de règlement des différends) jugeant les éventuelles violations de son texte fondateur de Marrakech.

L’OMC fonctionne selon le mode « un pays – une voix » mais les délégués des pays du Sud ne font pas le poids face aux tonnes de documents à étudier, à l’armée de fonctionnaires, avocats, etc. des pays du Nord. Les décisions se prennent entre puissants dans les « green rooms ».

Site : www.wto.org
, les Etats-Unis,
l’Union européenne et tant d’autres acteurs. Ces mesures de libéralisation
à tout va, de privatisations massives, de réduction drastique des budgets
sociaux, de remise en cause des protections sociales et d’instauration
d’une fiscalité préservant les revenus du capital et aggravant les
inégalités piétinent la démocratie et empêchent que les droits humains
fondamentaux soient garantis.

Le CADTM exige la démission du Premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsany
et celle de tous ceux qui ont usé de tels subterfuges de par le monde pour
imposer de telles politiques.

Enfin, le CADTM exige l’abandon définitif des politiques d’ajustement
structurel imposées par le FMI et la Banque mondiale et le respect non
négociable des principes démocratiques.