Initiative PPTE

En 1996, le FMI et la Banque mondiale lancent une initiative d’allégement de dette pour une liste de 41 pays pauvres très endettés (PPTE), dont la dette totale équivaut à environ 10% de la dette du Tiers Monde. Cette liste de 41 pays comporte 33 pays d’Afrique subsaharienne.

Le principe de l’initiative est le suivant : un pays de la liste PPTE peut se lancer dans une double phase de trois ans de réformes d’ajustement structurel. Au bout de la première phase de trois ans, les experts du FMI jugent de la “soutenabilité” de la dette du pays en question (à partir de projections à moyen terme de la balance des paiements du pays et de la comparaison entre la valeur de sa dette et la valeur de ses revenus d’exportation).

Si la dette du pays est jugée “insoutenable”, il est élu pour une seconde phase de réformes. Au terme de celle-ci, il reçoit si nécessaire un allégement destiné à rétablir la “soutenabilité” de son endettement (c’est-à-dire la capacité de rembourser les échéances).

Face à la faiblesse de ces résultats et à la campagne Jubilé 2000 (qui apporte une pétition de 17 millions de signatures au G7 de Cologne de juin 1999), le G7 (groupe des 7 pays les plus industrialisés) et les institutions financières internationales ont lancé une initiative renforcée : les critères de “soutenabilité” sont désormais assouplis (la dette ne doit plus valoir que 150% des revenus d’exportation au lieu de 200-250% auparavant), la deuxième phase de réformes devient “flottante” (un bon élève peut accélérer les réformes et accéder à un allégement plus rapidement) et une “aide intérimaire” peut être octroyée au pays après la première phase triennale de réformes.

Parallèlement, le FMI et la Banque mondiale modifient leur vocable, devenu trop impopulaire : les prêts du FMI, appelés jusque là “facilités d’ajustement structurel renforcé”, sont rebaptisés “facilités pour la croissance et la réduction de la pauvreté”, tandis que les “plans d’ajustement structurels” se nomment désormais “cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté”. Ce dernier est à rédiger par le pays candidat à l’initiative, en collaboration avec le FMI, la Banque mondiale et des représentants de la “société civile”.

L’initiative renforcée a largement été médiatisée : la presse internationale a annoncé 90% d’annulation et même 100% après le sommet euro-africain du Caire (avril 2000). Pourtant, à l’analyse, l’initiative PPTE se révèle un “effet d’annonce” supplémentaire en matière d’annulation de dette.

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