5 juillet 2016 par Julio C. Gambina
Les comptes de l’économie argentine ne sont pas bons : baisse de la production et de la consommation ; absence d’investissements, perspective de dévaluation due à une nouvelle hausse du dollar, ce qui est une bonne nouvelle pour les spéculateurs, les gros producteurs et les grands exportateurs, tout particulièrement du secteur agricole. La majorité de la population est touchée et sans perspective d’amélioration à court terme.
C’est dans ce contexte que le Président Macri et son gouvernement cherchent à attirer des devises étrangères en Argentine. Cette semaine, une nouvelle dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
extérieure a été contractée, en dépit de la promesse de ne pas s’endetter davantage, sous prétexte d’améliorer les termes et les conditions financières de la dette. Cette croissance de la dette de l’État et des provinces est préoccupante, et elle hypothèque les futures ressources fiscales.
Macri a renouvelé l’offre de l’Argentine d’ouvrir son territoire aux investisseurs internationaux lors du Sommet de l’Alliance du Pacifique, au Chili, où il a inauguré son statut d’ « observateur » avec l’intention de se joindre à court terme à ce club de la libéralisation des capitaux, étape intermédiaire pour rejoindre le Traité Transpacifique (TPP). Le TPP est un accord piloté par les États-Unis afin d’isoler la Chine, qui a de plus en plus de relations avec les pays de la région, et de reprendre le projet de la ZLEA1 qui avait été abandonné en 2005.
Bien des gens se posent des questions sur les avantages et les inconvénients de l’intégration de l’Argentine à l’Alliance du Pacifique. Il faut d’abord dire que tout projet de libre-échange bénéficie aux capitaux les plus concentrés de l’économie mondiale, et que sont les principaux États du capitalisme mondial qui poussent cette stratégie favorable à la libre circulation des capitaux internationaux. Il ne s’agit pas que de commerce, mais surtout d’investissements et de libre circulation des entrées et sorties de capitaux. On ne peut pas penser en termes de bénéfices pour le pays, mais pour les capitaux hégémoniques dans le pays, qui sont principalement des capitaux étrangers.
La politique étrangère du gouvernement Macri est favorable à la libéralisation et favorise par conséquent un rapprochement avec ce programme et c’est la raison de sa participation au Chili en tant que pays observateur. Le but est de rejoindre l’Alliance du Pacifique et le TPP afin de reprendre le programme de libéralisation, qui était celui de la ZLEA il y a 10 ans.
La possibilité d’attirer des investissements en provenance des pays de l’Alliance du Pacifique n’est pas évidente. Il convient de mentionner que c’est ce que voudraient Macri et son gouvernement. Tous les signaux de Macri, depuis le mois de décembre 2015, où il a pris ses fonctions, vont dans le sens d’ouvrir les portes de l’Argentine à des investisseurs extérieurs. C’est pour cela qu’il est allé au Forum économique mondial de Davos et récemment en Colombie pour un forum économique régional. Il a invité en Argentine les dirigeants des principaux pays capitalistes, dont Obama, Président des États-Unis. Dans tous les forums il a offert des facilités aux investisseurs, mais à vrai dire sans grand succès jusqu’à présent.
La raison en est principalement la crise mondiale du capitalisme, BREXIT inclus, c’est-à-dire la sortie de la Grande Bretagne de l’Union européenne, et le coup de massue que cela représente pour la mondialisation
Mondialisation
(voir aussi Globalisation)
(extrait de F. Chesnais, 1997a)
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus - ou même tout autre chose - qu’une phase supplémentaire dans le processus d’internationalisation du capital engagé depuis plus d’un siècle. C’est à un mode de fonctionnement spécifique - et à plusieurs égards important, nouveau - du capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orientation, de façon à en faire la caractérisation.
Les points d’inflexion par rapport aux évolutions des principales économies, internes ou externes à l’OCDE, exigent d’être abordés comme un tout, en partant de l’hypothèse que vraisemblablement, ils font « système ». Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu - en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».
La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvée pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970.
capitaliste. Ce n’est pas une question de droite ou de gauche comme le proclament certains, car des deux côtés on a soutenu des projets antagonistes de droite ou de gauche. Au-delà de ceux qui pourront tirer un bénéfice politique de la décision majoritaire en Grande-Bretagne, le sens réel du vote est un ras-le-bol de la subordination aux institutions qui pilotent la libéralisation et leurs politiques d’austérité et d’ajustement.
Il ne suffit pas de mettre le pays en vente, encore faut-il qu’il y ait une volonté des investisseurs mondiaux de privilégier cette destination pour leurs investissements. En outre, l’Argentine offre des rendements élevés en matière financière et reste donc une destination plutôt de spéculation que d’investissement productif.
Le Mercosur
Mercosur
Le Mercosur est une zone régionale de coopération économique du Cône Sud (marché du Cône Sud) qui rassemble le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay, en plus de deux pays associés, le Chili et la Bolivie.
pose un autre problème. L’Argentine ne veut pas entrer seule dans l’Alliance du Pacifique ou le TPP, et elle fera tout ce qu’elle pourra pour que le Brésil aille dans le même sens, en particulier sous la gestion Temer. Tant l’Uruguay (à gauche) et le Paraguay (à droite) verraient d’un bon œil leur intégration à des mécanismes qui favorisent l’insertion de la région dans l’agenda du libre-échange, ce qui n’est pas le cas du Venezuela. En définitive, c’est une question politique, et il faut rappeler que le Mercosur lui-même avait négocié un ALE avec l’Europe ; il ne faut pas considérer le Mercosur comme une institution hostile à la libéralisation. En fait, il a été créé en 1991 dans le but de favoriser au maximum le capital transnational. L’Argentine va tenter d’entrer dans la logique des Accords de libre échange et cherchera à inclure toute la région dans cette stratégie.
En fait, l’important ce n’est pas seulement ce que font le gouvernement argentin et les pays du Mercosur, mais aussi ce que disent les peuples. Il ne faut pas oublier qu’en 2001 tout portait à croire que la ZLEA serait opérationnelle en 2005, et c’est la lutte des peuples qui l’a empêché. Aujourd’hui, l’histoire pourrait se répéter. La volonté des gouvernements ne suffit pas, il y a aussi l’organisation et la lutte des peuples. C’est le sens de la campagne populaire : « Argentina mejor sin TLC » (« L’Argentine, c’est mieux sans ALE »).
Traduit par Lucile Daumas
President de la Fundación de Investigaciones Sociales y Políticas, FISYP, Buenos Aires. www.juliogambina.blogspot.com
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