12e séminaire international du CADTM sur la dette et les droits humains
14 novembre 2013 par Robin Delobel
Ce mardi 12 novembre, le CADTM organisait son douzième séminaire international sur la dette et les droits humains avec pour thématique l’audit des créances européennes sur l’Egypte et la Tunisie. Ce séminaire était « marrainé » par la sénatrice belge Olga Zrihen et l’eurodéputée française Marie-Christine Vergiat. Elles ont toutes les deux montré leur implication dans le combat contre la dette et ont souligné leur plaisir de travailler avec le CADTM sur cette question.
Le premier atelier donnait la parole à Fathi Chamkhi (RAID-ATTAC-CADTM), Mahinour El Badrawi (Centre Egyptien des droits économiques et sociaux), Xavier Sol (coordinateur Counter Balance) et Eva Joly (députée européenne).
Fathi Chamkhi et Mahinour El Badrawi ont fait le point sur la situation politique et sur le poids de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
dans leurs pays respectifs. Si chaque contexte est différent selon les pays quand on parle de printemps arabes, les cas de l’Egypte et de la Tunisie présentent de nombreuses similitudes. En plus du blocage politique qui touche les deux pays, on constate une forte emprise de la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
Cliquez pour plus de détails.
et du FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
Cliquez pour plus de détails.
sur les politiques décidées en Egypte et en Tunisie. Alors que les populations voulaient reprendre en main leur destin, les choix économiques sont similaires à ceux de la période précédente, voire même pires qu’avant. Comme l’a montré Naomi Klein, les crises sont des opportunités pour apporter la stratégie du choc.
Xavier Sol nous a fait part de ses travaux sur la BEI (Banque européenne d’investissement) et la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement). La BEI, banque de l’UE, est peu connue du grand public mais constitue la plus grande institution multilatérale de prêt au monde et une grande part de ses prêts sont destinés à l’Egypte et la Tunisie.
Pour clore cet atelier, nous avons pu assister à un exposé vidéo d’Eva Joly qui ne pouvait pas être présente à Bruxelles ce mardi 12 novembre. L’eurodéputée rappelle que l’UE a voté le gel des avoirs des dictateurs mais ça n’a pas été concrétisé. Elle a mis en avant les actions
Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
à entreprendre des deux côtés de la Méditerranée. Eva Joly a également parlé de l’urgence de s’attaquer à la fraude fiscale égyptienne et tunisienne et déclaré s’engager contre les paradis fiscaux
Paradis fiscaux
Paradis fiscal
Territoire caractérisé par les cinq critères (non cumulatifs) suivants :
(a) l’opacité (via le secret bancaire ou un autre mécanisme comme les trusts) ;
(b) une fiscalité très basse, voire une imposition nulle pour les non-résidents ;
(c) des facilités législatives permettant de créer des sociétés écrans, sans aucune obligation pour les non-résidents d’avoir une activité réelle sur le territoire ;
(d) l’absence de coopération avec les administrations fiscales, douanières et/ou judiciaires des autres pays ;
(e) la faiblesse ou l’absence de régulation financière.
La Suisse, la City de Londres et le Luxembourg accueillent la majorité des capitaux placés dans les paradis fiscaux. Il y a bien sûr également les Iles Caïmans, les Iles anglo-normandes, Hong-Kong, et d’autres lieux exotiques. Les détenteurs de fortunes qui veulent échapper au fisc ou ceux qui veulent blanchir des capitaux qui proviennent d’activités criminelles sont directement aidés par les banques qui font « passer » les capitaux par une succession de paradis fiscaux. Les capitaux généralement sont d’abord placés en Suisse, à la City de Londres ou au Luxembourg, transitent ensuite par d’autres paradis fiscaux encore plus opaques afin de compliquer la tâche des autorités qui voudraient suivre leurs traces et finissent par réapparaître la plupart du temps à Genève, Zurich, Berne, Londres ou Luxembourg, d’où ils peuvent se rendre si nécessaires vers d’autres destinations.
.
Le deuxième atelier était consacré à la question de l’audit avec comme intervenants Mabrouka Mbarek (députée tunisienne), Gina Ekholt (SLUG, coalition norvégienne pour l’annulation de la dette) et Pierre Gottiniaux (CADTM).
Mabrouka Mbarek, députée de l’assemblée constituante tunisienne, a tenu à remercier l’Equateur et la Norvège pour leur soutien et l’audit réalisé dans leur pays. Elle a expliqué comment est né le projet d’audit et comment il se prépare. Elle a également évoqué les différentes pressions et les nombreux blocages qu’elle rencontre.
La venue de Gina Ekholt était l’occasion pour nous de mettre en lumière les initiatives contre la dette qui ont vu le jour en Norvège. Après une annulation de dette de cinq pays effectuée en 2006, la dette de la Birmanie a été annulée cette année. Le gouvernement a également décidé de lancer un audit, confié au cabinet d’audit Deloitte.
Enfin, Pierre a montré dans quel contexte l’Equateur a mis en place un audit de sa dette et comment le processus s’est déroulé pour aboutir à une annulation partielle des dettes du pays.
Mimoun Rahmani du CADTM concluait la matinée en avançant quelques points :
21 mai, par Robin Delobel , Bernard Duterme
3 mai, par Rui Viana Pereira , Robin Delobel
5 décembre 2023, par Robin Delobel
12 septembre 2023, par Abdoulaye Sene , Robin Delobel
9 juin 2023, par Sushovan Dhar , Robin Delobel
24 mars 2023, par Robin Delobel
France
« Les dernières années c’est les meilleures années pour la retraite, mais c’est les pires au boulot »10 mars 2023, par Robin Delobel
6 mars 2023, par Robin Delobel , Yiorgos Vassalos
7 décembre 2022, par Sushovan Dhar , Robin Delobel
18 novembre 2022, par Sushovan Dhar , Robin Delobel