24 juillet 2011 par Arnaud Dubus
L’avocat français William Bourdon a été interpellé vendredi 22 juillet par la police malaisienne à Kuala Lumpur. William Bourdon dirige une équipe de juristes enquêtant sur la vente en 2002 de deux sous-marins français Scorpène à la Malaisie. Une transaction qui avait donné lieu au versement de commissions. William Bourdon représente l’ONG malaisienne Suaram, qui accuse la Direction des constructions navales françaises de corruption dans le cadre de cette vente. Après un interrogatoire, l’avocat a été expulsé vers la France.
William Bourdon avait parlé jeudi soir, le 21 juillet 2011, devant une centaine de personnes de l’affaire des sous-marins Scorpène, lors d’un dîner à Penang dans le nord de la Malaisie. Cette soirée avait pour objectif de lever des fonds pour financer les frais de procédure.
L’interpellation remet en lumière la longue saga des sous-marins Scorpène, une affaire rocambolesque où se mêlent meurtre, politique, sexe et corruption. L’entreprise française, la Direction des constructions navales, avait versé une commission de 114 millions d’euros en 2002 à des intermédiaires malaisiens. Ce versement a été reconnu par le gouvernement de Kuala Lumpur. La procédure en France porte sur cette commission – s’agissait-il de paiement de services ou de corruption pure et simple ? – mais aussi sur la possibilité de rétro-commissions versées à des politiciens français.
Ce dossier est explosif car il présente de troublantes similarités avec la vente de sous-marins au Pakistan, laquelle aurait abouti à la mort de onze ingénieurs français dans un attentat à Karachi en 2002. L’enquête menée par William Bourdon irrite d’autant plus le gouvernement malaisien que l’actuel Premier ministre Najib Razak a directement été impliqué dans l’achat des sous-marins Scorpène.
Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus