La conférence « Back From Davos » du 27 bloquée par une alliance de collectifs activistes anticapitalistes

30 janvier 2020 par Collectif


Ce 27 janvier depuis 17h00, plus de 200 militant.e.s issus de 25 collectifs différents empêchent la tenue de la conférence « Back From Davos » organisée par le Cercle de Lorraine en plein centre de Bruxelles. Ils et elles se sont cadenassés aux entrées grâce à des dispositifs d’envergure. Militants anticapitalistes, gilets jaunes, activistes climatiques, jeunes, féministes et syndicalistes dénoncent l’accumulation de profit pour une minorité, qui souffle à l’oreille de certains politiques, responsable de la destruction de la planète et des inégalités.



Chaque année à Bruxelles, une conférence de débriefing « Back From Davos » est organisée. Cette année, elle a lieu au Cercle Loraine. Cette conférence réunit, sur invitation uniquement, des dirigeant.e.s d’entreprise, Ministres et autres politiciens pour « discuter » des conclusions du Forum de Davos.

Cette année, militants anticapitalistes, féministes, jeunes, gilets jaunes, activistes climatiques de divers horizons et syndicalistes ont rassemblé leurs forces pour empêcher la tenue de cette conférence. Plus de 200 personnes bloquent les différentes entrées de la conférence depuis 17h et y resteront jusqu’à l’annulation de celle-ci. Différents collectifs** revendiquent l’action Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
 : Une déclaration commune a été lue par les activistes pour interpeller l’ensemble de la société sur l’urgence de se mettre en résistance en passant à l’action directe.

Pour elles et eux, ce genre de soirée entretient un système économique responsable de la destruction de la planète, détricotant les solidarités et les droits sociaux au profit de l’accumulation de richesse et de pouvoir par une minorité. Ils entendent remettre la lutte des classes au cœur de leur action collective.

Selon Camille*, gilet jaune participant à l’action : « C’est eux qui se gavent à spéculer sur les catastrophes naturelles et à faire évader tout leur argent dans des paradis fiscaux Paradis fiscaux
Paradis fiscal
Territoire caractérisé par les cinq critères (non cumulatifs) suivants :
(a) l’opacité (via le secret bancaire ou un autre mécanisme comme les trusts) ;
(b) une fiscalité très basse, voire une imposition nulle pour les non-résidents ;
(c) des facilités législatives permettant de créer des sociétés écrans, sans aucune obligation pour les non-résidents d’avoir une activité réelle sur le territoire ;
(d) l’absence de coopération avec les administrations fiscales, douanières et/ou judiciaires des autres pays ;
(e) la faiblesse ou l’absence de régulation financière.

La Suisse, la City de Londres et le Luxembourg accueillent la majorité des capitaux placés dans les paradis fiscaux. Il y a bien sûr également les Iles Caïmans, les Iles anglo-normandes, Hong-Kong, et d’autres lieux exotiques. Les détenteurs de fortunes qui veulent échapper au fisc ou ceux qui veulent blanchir des capitaux qui proviennent d’activités criminelles sont directement aidés par les banques qui font « passer » les capitaux par une succession de paradis fiscaux. Les capitaux généralement sont d’abord placés en Suisse, à la City de Londres ou au Luxembourg, transitent ensuite par d’autres paradis fiscaux encore plus opaques afin de compliquer la tâche des autorités qui voudraient suivre leurs traces et finissent par réapparaître la plupart du temps à Genève, Zurich, Berne, Londres ou Luxembourg, d’où ils peuvent se rendre si nécessaires vers d’autres destinations.
alors que, de l’autre côté, on nous supprime nos droits sociaux parce qu’ils coûteraient trop cher à la société » et à Camille*, activiste climatique de rajouter : « les premières victimes de ces dominations sont les femmes, les personnes issues des classes populaires et les personnes racisées. La nécessaire révolution écologique ne peut se faire sur leur dos, ce sont les personnes qui se réunissent ce soir qui coûtent cher et doivent payer ! ».

Cette action se veut être le début d’une année de nouvelles résistances par l’ensemble des collectifs présents qui s’allient et appellent chacun.e à s’organiser collectivement pour reprendre du pouvoir d’agir, pour entrer en résistance, et faire fronts communs, pour passer des actions symboliques aux actions concrètes. Elle s’inscrit également dans l’agenda des mobilisations sociales en cours telles que l’appel à la régularisation des personnes sans papiers qui s’est tenue à 13h devant le cabinet de Maggie De Block et les manifestations syndicales prévues mardi 28 janvier. « C’est dans l’intensité de nos luttes que nous créerons un monde juste et solidaire » déclarent-ils.

Le forum de Davos, au départ simple réunion informelle entre le monde du business et le pouvoir politique a aujourd’hui acquis un pouvoir impressionnant sur la scène internationale malgré son caractère anti-démocratique. C’est un club très sélectif, seules les entreprises avec un chiffre d’affaire de plus de 5 milliards d’euros peuvent en devenir membre. Il entend augmenter le pouvoir du monde privé au détriment de la régulation par l’Etat[1][1]. Selon une étude², 100 multinationales sont responsables de 71% des émissions globales de gaz à effet de serre depuis 1988 et la majorité de ces dernières sont membres du Forum de Davos.

Il a déjà fait l’objet de nombreuses contestations, notamment par le mouvement altermondialiste.

*nom d’emprunt


** Act For Climate Justice,Les Macrales, Flashmob Justice Fiscale, Jeunes FGTB Bruxelles, Students For Climate, Union Communistes Libertaires, Acteur.rice.s des temps présents, Jeunes Organisés et Combatifs, Climate Express, Agir pour la Paix, Extinction Rebellion Belgium, Groupe Action CGSP-ALR Bxl, Groupe des Cétacés, Workers For Climate, Les Dodos, Entre murs / entre mondes, ROR Bruxelles, Gilets Jaunes Liège et Charleroi, La Tête Haute, Collectif de Lutte Anti Carcérale (CLAC).

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