Répondre aux « Questions qui piquent sur la dette et l’austérité »
Question 9
27 mai 2016 par CADTM Belgique , Najla Mulhondi , Manon Henry
CC - gaelx
Au CADTM, on sait trop bien ce que c’est d’être flippéE, voire découragéE, par toutes ces questions sur lesquelles on sèche. Du coup, inspiréEs par nos meilleurEs piqueurs et piqueuses (notre famille, nos potes, le pizzaiolo d’en face, les gens que l’on rencontre en animation), le CADTM Liège a organisé plusieurs sessions d’élaborations collectives d’éléments de réponse à ces piques (qu’elles soient d’ordre technique ou plus « politique »).
Ce travail a engendré une brochure que vous pouvez retrouver en entier ici.
CertainEs pensent que la crise entraînant chute du PIB
PIB
Produit intérieur brut
Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées.
Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre.
(décroissance forcée), de la production et de la consommation, l’écologie ne peut que mieux s’en porter. C’est oublier (ou nier) la différence entre une crise gérée par le pouvoir en place ou par le peuple dans son intérêt.
Nous avons toujours été en crise. Au moins depuis les dites 30 « glorieuses », qui l’ont principalement été grâce à l’exploitation des ressources des pays du Sud par le biais des colonies et de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
. Or, cela fait longtemps que la capacité de régénérescence de la planète est dépassée par notre mode de production.
Si « on est en crise », les plus riches sont de plus en plus riches et leur capacité de sur-consommer augmente sans cesse.
Non, la crise n’est pas bonne pour la planète car :
Les préoccupations des politicienNEs sont principalement d’ordre économique, comme favoriser la relance de la croissance et promettre des baisses de chômage, plutôt que de profiter de cette crise du système capitaliste pour refonder les bases de notre société [1].
On pourrait penser que puisque la crise et sa « gestion » par l’austérité réduisent le pouvoir d’achat de la majorité de la population, et donc sa consommation, cela va diminuer la pression sur les ressources naturelles. C’est oublier que le capitalisme est un système de surproduction basé sur le gaspillage, même (surtout ?) en temps de crise.
De plus, produire à moindre coût (pour récupérer des marges de profit) implique que le respect de l’environnement (et du droit des travailleur-se-s) soit détruit : vente du patrimoine naturel, coupes dans les budgets de lutte contre l’incendie ou de formation à l’agroécologie, privatisation des semences, etc [2].
Comme il est indéniable qu’une conscience écologique a largement émergé au sein de la population, le greenwashing sévit. Il s’agit d’exploiter et de vendre plus, en « verdissant » ses activités ou ses produits à la marge, sans ne rien changer fondamentalement à la structure de production et à ses conséquences écologiques réelles. Allier croissance et écologie est un oxymore [3].
Quelle est la part de la population qui peut se permettre de transposer cette préoccupation dans ses actes quotidiens ? La pauvreté entraîne la nécessité de comportements « non-écolos » (par exemple se chauffer en brûlant du bois – ou pire). Néanmoins, les cultures populaires ont toujours moins d’impact écologique que les plus riches et une grande partie de la solution est à trouver là [4].
Oui, la crise est une opportunité pour l’écologie
En chinois, le mot crise (Wei Ji) signifie danger (Wei) et opportunité (Ji). Une crise est toujours une opportunité pour changer de modèle, et tendre vers un système socialement juste et écologiquement soutenable.
De nombreuses résistances écologiques (contre la mine d’or à Thessaloniki, par exemple) naissent en temps de crise.
La crise pousse à imaginer et à mettre en place d’autres systèmes de production et de consommation.
Elle est une opportunité de penser, et mettre en place, la socialisation des communs (eau, terres, énergies, transports, etc.).
L’écologie n’est pas un luxe qu’on pourrait se permettre en temps de « non-crise », c’est tout simplement la chose qui nous permet de vivre.
[1] Petit phrase de Nicolas Sarkozy au Salon de l’Agriculture en 2010 : « L’environnement, ça commence à bien faire ! ».
[2] Lire à ce sujet, tous les exemples concrets donnés dans l’article de Roxanne Mitralias « Austérité et destruction de la nature : l’exemple grec. »
[3] Le mythe de la technologie (par exemple) qui résoudrait les problèmes environnementaux n’a pas de sens si l’ « Occident » ne revoit pas ses besoins, sa production et sa consommation à la baisse.
[4] Lire, entre autres, « Écologie et cultures populaires » de Paul Ariès.
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