23 décembre 2020 par Romaric Godin
Le port de Lianyungang, province de Jiangsu. © AFP
La Chine sera la seule grande économie en croissance cette année. Mais ses problèmes structurels restent en suspens et se retrouvent notamment dans la croissance de la dette.
L’année 2020 marquera sans doute un nouveau pas dans l’ascension économique de la Chine. Selon les dernières perspectives annuelles de l’OCDE, publiées début décembre, la Chine populaire devrait être la seule grande économie en croissance cette année avec une progression de son PIB
PIB
Produit intérieur brut
Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées.
Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre.
de 1,8 % tandis que celui du monde se contracterait de 4,2 % et celui du G20
G20
Le G20 est une structure informelle créée par le G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni) à la fin des années 1990 et réactivée par lui en 2008 en pleine crise financière dans le Nord. Les membres du G20 sont : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne (représentée par le pays assurant la présidence de l’UE et la Banque Centrale européenne ; la Commission européenne assiste également aux réunions). L’Espagne est devenue invitée permanente. Des institutions internationales sont également invitées aux réunions : le Fonds monétaire international, la Banque mondiale. Le Conseil de stabilité financière, la BRI et l’OCDE assistent aussi aux réunions.
de 3,8 %. Pour ne rien dire de celui de la zone euro qui se contractera de 7,5 %.
Cette résistance trouve évidemment sa source principale dans la gestion de l’épidémie de Covid-19 par Pékin. Le pays a maîtrisé la maladie, qui est restée assez localisée, à la fin du premier trimestre et n’a pas connu de deuxième vague. La stratégie de confinements localisés mais très stricts mis en place autour de Wuhan et dans certains quartiers de Pékin s’est donc révélée payante, à la différence des confinements occidentaux. La première source de résistance de la Chine a donc été une reprise de l’activité normale plus rapide et plus durable que celle de la plupart des autres économies.
La deuxième source de succès a été la réponse des autorités. En Chine, le contrôle de l’économie par l’État et le Parti communiste reste très étroit, notamment sur le plan financier (un article de l’économiste Nathan Sperber, publié par l’Institut Rousseau le 6 décembre, décrit parfaitement cette situation de dépendance). Une fois la crise sanitaire passée, le gouvernement chinois a pris des mesures massives de relance, notamment financières, en encourageant les crédits et les dépenses budgétaires de l’État central et des collectivités locales.
Les investissements d’infrastructure et dans la construction se sont ainsi révélés comme étant des secteurs clés de la reprise chinoise. En octobre, selon les chiffres donnés par la banque japonaise Nomura, les investissements d’infrastructure ont progressé de 7,3 % sur un an et ceux dans la construction de 12,7 % contre 3,7 % pour les investissements productifs.
Enfin, la croissance chinoise a encore une fois pleinement profité de la demande mondiale. « L’industrie chinoise a pleinement su adapter sa production à la demande mondiale de matériel médical, notamment », explique Christopher Dembik, chef économiste chez Saxo Bank. Elle a donc su réorienter son appareil de production, ce que l’Europe n’a pas pu ou n’a pas su faire. Et s’en est donc remise à l’offre de l’ancien empire du Milieu. Ainsi, en novembre, les exportations ont progressé de 21 % sur un an contre 11 % en octobre. La hausse s’explique principalement par les exportations de masques (+ 22 % sur un an) et de matériel médical, principalement des respirateurs artificiels (+ 38 % sur un an). Préservée de la deuxième vague, l’industrie chinoise profite donc pleinement de la reprise de la pandémie en Europe et aux États-Unis. Mais « l’atelier du monde » a également profité de l’équipement de millions de ménages pour le télétravail. Les exportations de produits d’électroménagers et d’équipements électriques ont progressé sur un an de 62 % en novembre, celles de produits électroniques de 19 %.
La Chine aurait donc été la seule économie à connaître la fameuse « croissance en V » que l’on nous promettait lors du premier confinement et qui s’est transformée en chimère dans le monde occidental. Mais l’OCDE
OCDE
Organisation de coopération et de développement économiques
Créée en 1960 et basée au Château de la Muette à Paris, l’OCDE regroupait en 2002 les quinze membres de l’Union européenne auxquels s’ajoutent la Suisse, la Norvège, l’Islande ; en Amérique du Nord, les USA et le Canada ; en Asie-Pacifique, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande. La Turquie est le seul PED à en faire partie depuis le début pour des raisons géostratégiques. Entre 1994 et 1996, deux autres pays du Tiers Monde ont fait leur entrée dans l’OCDE : le Mexique qui forme l’ALENA avec ses deux voisins du Nord ; la Corée du Sud. Depuis 1995 et 2000, se sont ajoutés quatre pays de l’ancien bloc soviétique : la République tchèque, la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie. Puis d’autres adhésions se sont produites : en 2010, le Chili, l’Estonie, Israël et la Slovénie, en 2016 la Lettonie, en 2018 la Lituanie et, en 2020, la Colombie est devenue le trente-septième membre.
Site : www.oecd.org
met en garde contre l’illusion d’une économie chinoise en pleine santé. « La croissance ne sera sans doute pas durable », indique l’organisation internationale qui prévoit certes un rebond du PIB de 8 % l’an prochain, mais un affaiblissement à 4,3 % en 2022, un niveau très faible pour un pays comme la Chine.
C’est que la Chine profite d’abord de la faiblesse du reste de l’économie mondiale plutôt que de ses forces propres. De façon très significative, ce sont les « vieux moteurs » de la Chine, l’industrie et la construction, qui ont tiré cette croissance, alors même que depuis plus de dix ans, on évoque un « grand rééquilibrage » vers la demande intérieure et la consommation.
Or, précisément, cette dernière prend, en Chine comme ailleurs, beaucoup plus de temps que l’industrie à se redresser. Certes, les ventes au détail ont accéléré en octobre à + 4,6 % contre + 2,5 % en septembre sur un an, mais c’est un effet du rattrapage et du soutien massif aux crédits. Mais l’OCDE prévient : « La consommation est à la traîne en raison de la lenteur du redressement de l’emploi et de la baisse des revenus observées dans les régions urbaines au cours des trois premiers trimestres de 2020. »
Contrairement à ce que les chiffres du PIB et du commerce extérieur pourraient laisser croire, le confinement très strict décidé au premier trimestre a donc laissé des traces sur l’emploi et les revenus. Sur la question centrale de l’emploi, les chiffres officiels du chômage sont très peu fiables, car ils sont hautement inflammables politiquement. Le taux de chômage urbain publié par le bureau officiel des statistiques a fait état d’une augmentation de 5,3 % à 6,2 % en avril, puis d’une redescente à 5,3 % en octobre.
Mais beaucoup d’économistes n’y croient guère et avancent des chiffres beaucoup plus inquiétants (lire ici l’article d’Éric Sautedé). Christopher Dembik pense que ce taux de chômage urbain pourrait atteindre les 20 %. Dans ces conditions, la consommation ne peut rester que durablement affaiblie, d’autant que la protection sociale est quasiment inexistante.
On se retrouve ici face à une des plus vives impasses de l’économie chinoise : pour réaliser cette grande transition vers une économie mature de service et de consommation de masse, il faut, comme l’ont fait les pays industrialisés dans les années 1950-60, redistribuer massivement une grande partie des profits et organiser un État-providence qui donne de la sécurité au plus grand nombre. Le crédit seul ne saurait suffire et c’est précisément la leçon de l’échec des Roaring Twenties des années 1920 aux États-Unis.
Mais le pouvoir chinois est, ici, confronté à une difficulté majeure : la Chine reste l’atelier du monde et dépend très fortement de la demande mondiale de biens à faible valeur ajoutée. Son modèle économique reste fondé sur une main-d’œuvre relativement bon marché et la transition vers un modèle industriel haut de gamme qui irriguerait une économie de services est encore loin d’être achevée.
La part des rémunérations salariales dans le PIB a certes beaucoup augmenté depuis 2010, mais à 58 %, ce qui est un peu inférieur au niveau des États-Unis (61 %), mais qui est encore sans doute insuffisant pour construire une économie de service, surtout si, en cas de crise, ces salaires servent de variables d’ajustement. On sait d’ailleurs combien la part des salaires aux États-Unis a baissé, ce qui a engendré des inégalités. Le problème est le même en Chine : les inégalités sont criantes et se reflètent dans le faible niveau de consommation (40 % du PIB contre 55 % en France, par exemple).
La stratégie chinoise a été d’accompagner ce mouvement de hausse du coût du travail, qui a déjà conduit à des délocalisations, par les entreprises chinoises elles-mêmes, de nombreux sites de production au Vietnam, par des investissements publics massifs et par une politique d’expansion du crédit. Ce choix a été préféré au développement d’un État-providence classique pour permettre de tenir cet équilibre précaire entre compétitivité et développement de la demande des ménages.
Une des raisons de ce choix a été que la relance de 2008, qui a sauvé l’économie mondiale, a provoqué des surcapacités immenses et Pékin a jugé plus sûr « d’éponger » ces surcapacités par des activités productives que par la protection sociale.
Le choix a donc été de cibler les investissements sur la haute technologie, tant avec le 13e plan (2016-2020) qu’avec le programme Made in China 2025 lancé en 2015, mais aussi sur les infrastructures et la construction. Ces choix illustrent la vision du pouvoir chinois du futur de leur économie : une production haut de gamme capable de concentrer des revenus des exportations et qui favoriserait une classe moyenne bien payée, mobile (utilisant les infrastructures) et « propriétaire » de son logement (on ne l’est jamais entièrement en Chine où le sol appartient à l’État). Cette élite économique viendrait irriguer une économie de services urbains qui permettrait d’occuper les travailleurs de l’industrie traditionnelle, désormais peu ou plus rentable.
Ce basculement n’est pas très éloigné de ce qu’a réalisé l’Allemagne de la fin du XIXe siècle, lorsque le Made in Germany, longtemps synonyme de pacotille, est devenu une marque de fierté pour l’industrie allemande qui a dépassé en modernité et en qualité son rival britannique. Mais dans le cas chinois, il demeure actuellement très incertain.
Certes, les progrès chinois en matière technologique sont remarquables. Les avancées du pays dans des domaines comme l’intelligence artificielle, la robotique, l’aérospatial, les voitures électriques menacent même la domination étasunienne et ne sont certainement pas pour rien dans les tensions commerciales entre les deux.
Le cas de la bataille autour de Huawei a été symptomatique de cette montée en puissance chinoise. Mais dans ce domaine, la Chine n’est pas dominante au niveau mondial et n’a pas gagné la guerre contre les États-Unis. Au reste, la vraie question est de savoir si ces secteurs sont davantage que des niches et sont réellement capables d’irriguer une économie de 1,3 milliard d’habitants.
La question mérite d’autant plus d’être posée que ce que l’on constate partout, c’est que le lien positif entre ces technologies et la productivité générale de l’économie n’est pas évident. Et c’est ce que l’on constate non seulement aux États-Unis, mais aussi en Chine où, en raison des surcapacités, l’investissement des entreprises reste très faible.
Pour l’instant, en tout cas, l’économie chinoise ne peut guère compter sur ces hautes technologies. Il lui faut donc encore compter sur la « vieille » industrie, même si elle perd de la vitesse et, surtout, sur d’autres relais de croissance. La finance chinoise a donc construit, selon l’estimation de l’Institut financier international (IIF), une montagne de dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
de près de 335 % du PIB chinois, le deuxième du monde, pour venir alimenter les dépenses d’infrastructures et, surtout, d’immobilier.
Le problème de ces dépenses est qu’elles ne sont pas productives. Il faut donc que les revenus augmentent pour permettre les remboursements. Cela même au moment où la croissance de la Chine ralentit de manière structurelle.
Le nœud coulant se resserre alors. Faute de croissance suffisante de la productivité et de marchés tout aussi suffisants pour son haut de gamme, la Chine ne peut pas en passer par une hausse des salaires qui viendrait permettre de rembourser les dettes immobilières. On est donc sur une corde raide qui prend des allures de schémas de Ponzi : on rembourse avec de nouvelles dettes pour laisser le système tenir.
En réalité, les premiers inquiets semblent être les responsables de l’État et du parti. En novembre, Guo Shuqing, le président de la Commission de régulation de la banque et de l’assurance (CRBA), a prévenu que le marché immobilier, qui représente désormais pas moins de 39 % de l’ensemble de la dette domestique chinoise, « pourrait être le plus grand rhinocéros gris », reprenant une image des milieux financiers utilisée pour décrire des risques immenses évidents mais ignorés.
Il a appelé, dans un article publié par le gouvernement, les institutions financières à désormais prendre des mesures pour éviter les « bulles ». La bulle est évidente depuis longtemps, mais désormais l’État chinois semble déterminé à stopper la machine infernale de la dette. Et non sans raison, car la baisse des revenus des ménages à cause de la pandémie de Covid-19 affaiblit leur capacité de remboursement.
Plusieurs mesures pour réduire les crédits immobiliers ont déjà été prises, mais l’opération est délicate parce que, comme on l’a vu, c’est un moteur clé de la croissance chinoise. On avance donc sur la corde raide. Il faut freiner la dépendance à la dette tout en préservant la croissance. Ce pari très délicat sera celui de l’après-Covid en Chine et il sera considérable.
Déjà, la banque centrale Banque centrale La banque centrale d’un pays gère la politique monétaire et détient le monopole de l’émission de la monnaie nationale. C’est auprès d’elle que les banques commerciales sont contraintes de s’approvisionner en monnaie, selon un prix d’approvisionnement déterminé par les taux directeurs de la banque centrale. chinoise, la Banque populaire de Chine (BPC), laisse entendre qu’elle pourrait profiter de la forte reprise actuelle de l’économie pour commencer à resserrer la distribution de crédits. Fin novembre, la BPC a fait part de son souhait de « maintenir une politique monétaire normale le plus longtemps possible », ce qui a été compris comme une volonté de freiner la distribution de crédit. Pour le moment, cette volonté ne se voit cependant pas : selon les calculs de Saxo Bank, le taux de croissance du crédit en Chine représentait 6,2 % du PIB au deuxième trimestre, soit un niveau inédit depuis 2013. La politique chinoise pourra donc se résumer ainsi : ouvrir les vannes autant que nécessaire et les refermer dès que possible.
L’équilibre sera très difficile à trouver dans un contexte où l’économie mondiale va rester déprimée et où le rattrapage du revenu des ménages va demeurer en retrait. Pour autant, un effondrement du type de celui de 2008 est-il possible ? Régulièrement, les commentateurs occidentaux prédisent pourtant une grande crise financière en Chine. Encore récemment, la faillite de deux grandes entreprises détenues par des collectivités locales a relancé ces rumeurs.
Huachen Automotive Group, un groupe de construction automobile détenu par la province de Liaoning, à la frontière nord-coréenne, et la mine de charbon Yongcheng détenue par la province du Henan (centre) ont cessé de payer leurs dettes, laissant plusieurs institutions financières avec des ardoises considérables. Huachen devait ainsi faire défaut pour 2 000 milliards de yuans (environ 252 milliards d’euros) auprès de ICBC, la première banque chinoise, mais encore davantage à de petites institutions bancaires.
Certains ont pu y voir le risque d’un « effet domino », emportant la montagne de dette chinoise. Mais la particularité de la finance chinoise étant sa politisation, un scénario « à la Lehman » en Chine semble peu probable. « Une accumulation de créances douteuses dans une grande banque commerciale
Banques commerciales
Banque commerciale
Banque commerciale ou banque de dépôt : Établissement de crédit effectuant des opérations de banque avec les particuliers, les entreprises et les collectivités publiques consistant à collecter des fonds pour les redistribuer sous forme de crédit ou pour effectuer à titre accessoire des opérations de placements. Les dépôts du public bénéficient d’une garantie de l’État. Une banque de dépôt (ou banque commerciale) se distingue d’une banque d’affaires qui fait essentiellement des opérations de marché. Pendant plusieurs décennies, suite au Glass Steagall Act adopté pendant l’administration Roosevelt et aux mesures équivalentes prises en Europe, il était interdit aux banques commerciales d’émettre des titres, des actions et tout autre instrument financier.
entraînerait en toute probabilité une recapitalisation par la BPC », souligne Nathan Sperber dans la note déjà citée.
Cela ne signifie pas, pour autant, que la dette accumulée en Chine n’est pas problématique. Tout mouvement de réduction du crédit et d’apurement des créances douteuses se fera au prix d’un ralentissement de l’économie, d’autant plus que cette économie dépend désormais très fortement de cette dette. Christopher Dembik ne croit pas non plus au cataclysme financier à venir, mais il redoute néanmoins un long ralentissement lié à la gestion de cette dette devenue très encombrante.
Les faillites de Yongcheng et Huachen et le fait que le gouvernement central laisse les provinces assumer certaines pertes peuvent alors se comprendre comme la volonté de rétablir une certaine discipline au niveau régional tout en se débarrassant des entreprises les moins rentables du secteur manufacturier. Mais les conséquences en seront néanmoins une moindre dynamique de certaines régions, une croissance du chômage et le creusement d’inégalités déjà problématiques.
Le pouvoir chinois, en pleine préparation du 14e plan quinquennal (2021-2025), est donc confronté à une série d’injonctions contradictoires : développer la consommation des ménages en maîtrisant la dette ; apurer l’outil industriel en maintenant les revenus des ouvriers ; maintenir la croissance tout en réduisant les moteurs actuels de cette croissance ; être plus productif mais investir moins dans l’outil industriel. C’est sans doute dans ce contexte qu’il faut comprendre le grand « tournant vert » annoncé par Xi Jinping. Le 22 septembre, ce dernier a annoncé que la Chine visait désormais la neutralité carbone d’ici à 2060.
Cette annonce souligne plus que la volonté de modernisation de l’économie chinoise ou la réalité de l’urgence climatique pour un pays étranglé par la pollution. C’est aussi un moyen d’ouvrir de nouveaux marchés et de nouvelles perspectives de transformation pour l’économie chinoise. Les Chinois sont, en réalité, comme les autres : ils sont confrontés aux limites du capitalisme contemporain. Si les gains de productivité pouvaient monter au ciel, la Chine pourrait construire un État-providence et s’appuyer sur une montée en gamme vertueuse.
Mais l’épuisement de ces gains la touche aussi, l’oblige à avoir un recours rapide à la dette et bouche ses perspectives extérieures. La Chine est passée en trente ans du sous-développement à une situation d’économie mature. Elle est donc confrontée aux mêmes problèmes que les autres. Ses dirigeants en sont réduits aux mêmes espoirs que les autres, dont fait partie la « transition écologique », mais aussi aux mêmes limites.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur
Source : Mediapart
Journaliste à Mediapart. Ancien rédacteur en chef adjoint au quotidien financier français La tribune.fr
Romaric Godin suit les effets de la crise en Europe sous ses aspects économiques, monétaires et politiques.
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