La dette des gouvernements est une dette envers les femmes et non envers les banques

10 octobre 2012 par Marche mondiale des femmes


Chèr(e)s ami(e)s de la MMF,

Sous le slogan *« La dette des gouvernements est envers les femmes et non les banques Nous marchons pour une vie digne et durable »*, nos amies de l’Europe ont officiellement lancé son campagne contre la dette et l’austerité. Dés maintenant, vous pouvez suivre les actions faites dans les differents pays attravers le siteweb européen : http://femmeseneurope.eu/

La campagne est construite en alliance avec d’autres mouvements sociaux et organisations tels que le CADTM. Parmi les diverses actions déjà réalisées dans le cadre de la campagne, il y a le video avec témoignage des femmes et une manifestation féministe anti-austérité encouragée par la CN du Portugal.

Veuillez trouvez ci-joint le manifeste de la campagne. Nous vous demandons de partager ce couriel amplement parmi vos contacts.

En solidarité et lutte féministe,

Secrétariat International de la MMF



La dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
des gouvernements est une dette
envers les femmes et non envers les banques !

En ces temps sombres d’austérité, nous constatons avec indignation l’aggravation des conditions de vie des femmes de notre continent, plus particulièrement celles du sud de l’Europe. Dans beaucoup de pays européens, la crise économique a été utilisée pour concentrer les richesses et le pouvoir dans peu de mains, exploiter au maximum la force de travail, limiter les pratiques démocratiques, réprimer les mouvements sociaux et citoyens, augmenter la haine et la division entre les différents secteurs de la population.

L’Europe du capital s’empare de nos vies et bafoue nos droits, entraînant nos sociétés vers un état d’urgence qui affecte principalement les femmes. Les politiques d’austérité, les politiques conservatrices des gouvernements libéraux veulent imposer des valeurs basées sur le retour des femmes au foyer et au modèle de la famille traditionnelle contre lequel nous féministes, luttons depuis des décennies.

Nous, les femmes, sommes les premières victimes des effets dévastateurs des mesures d’austérité mises en place contre les crises économiques et sociales, parce que nous sommes toujours peu présentes au sein des hiérarchies du pouvoir, économique, politique, social et culturel.

La division sexuée du travail est le résultat des rapports sociaux entre les sexes. Elle assigne les hommes à la sphère productive et les femmes à la sphère reproductive, sphère où nous avons la charge des tâches familiales et domestiques ce qui constitue un frein certain à notre trajectoire professionnelle.

Nous réclamons une vie digne qui place les personnes au centre de la vie face à une économie qui, loin d’être abstraite ou lointaine, détermine et affecte notre vie quotidienne. Ce projet est en danger à cause des politiques d’austérité imposées par les marchés financiers. Celles-ci amènent les États à sauver les banques alors que le devoir des gouvernements est de sauver les personnes.

Nous marchons pour le droit des femmes à la souveraineté économique

Les mesures d’austérité imposées par l’Europe et mises en place par les gouvernements remettent en cause l’autonomie économique des femmes, notamment en augmentant les niveaux et la durée du chômage, la précarité du travail, les inégalités salariales entre les femmes et les hommes et celles des pensions de retraite toujours inférieures pour les femmes. Les femmes, qui sont déjà le visage de la pauvreté seront, avec ces mesures, encore plus pauvres et plus vulnérables à la violence sexiste et machiste.

La diminution de l’investissement public comme, par exemple, les coupes budgétaires dans les services de la petite enfance, de l’éducation, du soutien aux personnes dépendantes et aux personnes âgées, ou la
logique libérale en matière de logement, ont des conséquences directes sur l’autonomie des femmes. Les services publics, par ces coupes budgétaires, ne sont plus en mesure de remplir leurs missions et ce sont
les femmes qui voient leurs tâches domestiques augmenter, tâches domestiques non rémunérées. Les entreprises disposent ainsi d’une force de travail disponible à tout moment, embauchées en période d’expansion pour répondre aux besoins des marchés, et licenciées en temps de crise.
Les inégalités dans la répartition des tâches domestiques et familiales entre les hommes et les femmes s’aggravent. L’assignation des femmes à la sphère domestique de la reproduction s’accroît et, dans le même temps, elle conforte l’éloignement des hommes des tâches ménagères et de la responsabilité matérielle et affective vis-à-vis des enfants, des personnes âgées ou handicapées, de la famille. Tout cela s’amplifie avec la pensée néo-conservatrice qui cherche à imposer des valeurs basées sur le retour des femmes au foyer, avec des politiques familiales de soumission des droits individuels à un modèle familial unique et exclusif.

Les analyses sur l’économie et le travail doivent inclure, dans la sphère productive, le travail des femmes exercé en dehors des espaces « traditionnels » de travail : celui exercé dans les entreprises, les usines, les
bureaux, etc.

Nous voulons des politiques de justice sociale, des politiques de création d’emplois, des politiques non discriminatoires et émancipatrices, qui garantissent les droits sociaux et le droit du travail. Nous voulons aussi de nouvelles voies de développement économique et social, ainsi qu’une culture du travail digne avec des droits dans toutes les sphères de la vie et l’inclusion de la dimension de genre au sein de toutes les politiques publiques.

Nous avons le droit à une vie digne et non à la survie.

Nous marchons pour le droit des femmes à avoir une vie sans violences

Nous vivons dans des sociétés patriarcales fondées sur les violences sexistes et machistes de genre qui tuent et agressent quotidiennement des milliers de femmes vivant en Europe. Violences physiques, sexuelles, psychologiques mais aussi symboliques qui rabaissent les femmes et les relèguent au second plan. Face à ces violences, les États démissionnent de leurs responsabilités.

Nous dénonçons la double, parfois la triple discrimination dont sont victimes : les femmes migrantes subissant des discriminations en raison de leurs origines, les femmes handicapées, les femmes lesbiennes, les femmes roms, les jeunes femmes, les personnes transsexuelles, toutes les femmes à qui on dénie quotidiennement les droits fondamentaux de citoyenneté et qui sont directement atteintes par ces politiques récessives.

Nous exigeons le respect de notre dignité et une vie sans violences, qu’elles proviennent de l’État, de la police, des forces de sécurité, de nos compagnons ou de nos compagnes. Nous refusons les représentations
stéréotypées et discriminatoires qui confinent les femmes à des rôles subalternes.

Nous marchons pour mettre les personnes au centre de la vie

Nous assistons de manière croissante à la stigmatisation des personnes discriminées, à une sous estimation de nos capacités, à la dégradation de nos conditions de vie, au gâchis de tout un potentiel pour sortir de cette crise créée par le secteur financier. Les intérêts privés priment de plus en plus sur l’intérêt collectif, les politiques et les discours hégémoniques ont des effets dévastateurs générant des sentiments d’insécurité, la peur du futur, la dépression, l’isolement et la rupture des liens sociaux.

Nous voulons être considérées comme partie intégrante des processus de paix et d’égalités, et nous refusons les mythes et les discours hégémoniques, complaisants et défaitistes, qui traitent les marchés
financiers comme des instances “neutres” et « innocentes ». Ils veulent légitimer les mesures actuelles d’austérité, les politiques prônant la concurrence, la recherche du profit, et refusent toute responsabilité
sociale.

Le bien-être des personnes doit être au centre de toute l’activité politique, économique et sociale.

Nous marchons pour le droit des femmes à la santé

Face à la privatisation de la santé et à un modèle de santé sexiste et hétéro-patriarcal qui nie les droits des femmes à être maitresses de leurs corps, nous exigeons que nos corps cessent d’être des champs de
bataille des relations de pouvoir machistes, et que nos droits sexuels et reproductifs soient pleinement reconnus et assurés. Depuis le début de la crise, nous assistons, dans de nombreux pays d’Europe, à un
désengagement très préoccupant des États dans les services publics de santé qui affecte des domaines

essentiels pour la vie des femmes comme, par exemple : le planning familial, le soutien à la grossesse et à la maternité, l’interruption volontaire de grossesse, la prévention des infections sexuellement
transmissibles, les structures d’accueil de la petite enfance…

Nous exigeons que soit garanti le plein accès aux soins et aux services publics de santé et de qualité pour tous et toutes. Dans ce domaine, comme dans d’autres, nous n’acceptons et n’accepteront pas que des valeurs profondément conservatrices veuillent à nouveau avoir la tutelle sur nos corps et nos vies.

Nous marchons pour le droit des femmes à un mode de vie durable et solidaire

La souveraineté alimentaire des peuples, la lutte contre la destruction du secteur primaire et de la petite production, secteurs où les femmes ont depuis toujours un rôle fondamental mais dramatiquement invisible, doivent être prioritaires.
Nous rejetons un modèle d’agriculture productiviste qui épuise les ressources de la planète. Nous refusons la privatisation de l’accès aux ressources naturelles essentielles, telles que l’eau ou la terre, qui pénalisent en premier lieu les femmes. Nous condamnons la manière dont le travail des femmes est utilisé par le capitalisme patriarcal et raciste comme si c’était une ressource inépuisable.

La marchandisation de la nature comme des corps doit cesser ! Nous voulons une vie qui interagisse avec son environnement et crée de la richesse sociale.

Nous marchons pour le droit des femmes à l’éducation En réponse aux attaques faîtes au Service public de l’éducation visant à sa marchandisation, nous exigeons le droit à une éducation publique d’accès universel et gratuit, une éducation non sexiste qui promeuve l’égalité, une éducation mettant l’humain et son développement au centre de projet éducatif et non un outil de formation de main-œuvre utile pour le système.

Nous rejetons la privatisation de l’éducation. L’éducation est un droit humain central de la vie de chacun et chacune, elle n’est pas un business qui permet de faire des bénéfices sur le dos de l’avenir des enfants, filles
et garçons.
Nous défendons l’accès libre à la culture et refusons donc que celui-ci soit élitiste. Nous réclamons un accès universel à la culture et que la culture de chaque peuple y ait sa place pour que cessent les discours uniformisés qu’utilise et véhicule la globalisation Globalisation (voir aussi Mondialisation) (extrait de Chesnais, 1997a)

Origine et sens de ce terme anglo-saxon. En anglais, le mot « global » se réfère aussi bien à des phénomènes intéressant la (ou les) société(s) humaine(s) au niveau du globe comme tel (c’est le cas de l’expression global warming désignant l’effet de serre) qu’à des processus dont le propre est d’être « global » uniquement dans la perspective stratégique d’un « agent économique » ou d’un « acteur social » précis. En l’occurrence, le terme « globalisation » est né dans les Business Schools américaines et a revêtu le second sens. Il se réfère aux paramètres pertinents de l’action stratégique du très grand groupe industriel. Il en va de même dans la sphère financière. A la capacité stratégique du grand groupe d’adopter une approche et conduite « globales » portant sur les marchés à demande solvable, ses sources d’approvisionnement, les stratégies des principaux rivaux oligopolistiques, font pièce ici les opérations effectuées par les investisseurs financiers, ainsi que la composition de leurs portefeuilles. C’est en raison du sens que le terme global a pour le grand groupe industriel ou le grand investisseur financier que le terme « mondialisation du capital » plutôt que « mondialisation de l’économie » m’a toujours paru - indépendamment de la filiation théorique française de l’internationalisation dont je reconnais toujours l’héritage - la traduction la plus fidèle du terme anglo-saxon. C’est l’équivalence la plus proche de l’expression « globalisation » dans la seule acceptation tant soit peu scientifique que ce terme peut avoir.
Dans un débat public, le patron d’un des plus grands groupes européens a expliqué en substance que la « globalisation » représentait « la liberté pour son groupe de s’implanter où il le veut, le temps qu’il veut, pour produire ce qu’il veut, en s’approvisionnant et en vendant où il veut, et en ayant à supporter le moins de contraintes possible en matière de droit du travail et de conventions sociales »
capitaliste.

Nous marchons pour le droit des femmes à la légitimité politique

Face à des sociétés de moins en moins démocratiques dans lesquelles les décisions sont dominées par les intérêts privés, face à la crise de démocratie représentative comme la criminalisation des mouvements
sociaux, nous affirmons que nos démocraties ont été capturées et qu’il est urgent de les libérer.

Nous avons besoin de construire des mécanismes représentatifs des mouvements de citoyennes et de citoyens. Cette construction doit partir des perspectives et du travail des féministes. Un monde féministe est un monde anti pouvoir et anti-autoritaire, avec un projet de transformation sociale par la revalorisation des savoirs et par l’éducation populaire pour permettre l’intervention directe des citoyennes et citoyens dans le champ des décisions politiques.

Nous voulons une Europe qui respecte la souveraineté de ses États et qui garantisse le contrôle démocratique des citoyennes et citoyens. Nous voulons de la démocratie dans toutes les sphères de nos vies. Nous voulons un audit féministe et citoyen de la dette publique ayant notamment pour objectif l’annulation de la dette illégitime.

Nous, les femmes voulons construire une société plus juste qui en finisse avec le système capitaliste et patriarcal, une société qui permette à toutes et tous de vivre une vie digne : une société féministe !

Source : http://femmeseneurope.eu/blog/2012/10/01/la-dette-des-gouvernements-est-une-dette-envers-les-femmes-et-non-envers-les-banques/


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