8 mars,

La dette nous opprime ! Nous ne paierons pas !

8 mars 2023 par CADTM International




A l’occasion du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes [1], nous, militantes du CADTM INTERNATIONAL, nous mobilisons contre la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
et sa violence patriarcale et capitaliste. Paysannes, étudiantes, travailleuses, mère de familles, femmes au chômage, au Nord comme au Sud, nous disons non à la dette et à ses conséquences criminelles sur nos vies.

Partout les dettes illégitimes dont le remboursement est imposé aux populations génèrent les pires crises sociales et économiques. Elle touchent les populations les plus fragilisées et les plus pauvres, et donc majoritairement les femmes ! Au quotidien, la dette revêt une multitude de visages pour nous violenter : vie chère, remontée des taux d’intérêt Taux d'intérêt Quand A prête de l’argent à B, B rembourse le montant prêté par A (le capital), mais aussi une somme supplémentaire appelée intérêt, afin que A ait intérêt à effectuer cette opération financière. Le taux d’intérêt plus ou moins élevé sert à déterminer l’importance des intérêts.
Prenons un exemple très simple. Si A emprunte 100 millions de dollars sur 10 ans à un taux d’intérêt fixe de 5 %, il va rembourser la première année un dixième du capital emprunté initialement (10 millions de dollars) et 5 % du capital dû, soit 5 millions de dollars, donc en tout 15 millions de dollars. La seconde année, il rembourse encore un dixième du capital initial, mais les 5 % ne portent plus que sur 90 millions de dollars restants dus, soit 4,5 millions de dollars, donc en tout 14,5 millions de dollars. Et ainsi de suite jusqu’à la dixième année où il rembourse les derniers 10 millions de dollars, et 5 % de ces 10 millions de dollars restants, soit 0,5 millions de dollars, donc en tout 10,5 millions de dollars. Sur 10 ans, le remboursement total s’élèvera à 127,5 millions de dollars. En général, le remboursement du capital ne se fait pas en tranches égales. Les premières années, le remboursement porte surtout sur les intérêts, et la part du capital remboursé croît au fil des ans. Ainsi, en cas d’arrêt des remboursements, le capital restant dû est plus élevé…
Le taux d’intérêt nominal est le taux auquel l’emprunt est contracté. Le taux d’intérêt réel est le taux nominal diminué du taux d’inflation.
, destruction des pouvoirs publics, destruction des ressources naturelles et de l’emploi, expropriations et destruction des moyens de subsistance. Elle envahit nos foyers, nos corps, nos libertés et nos esprits. Face à ces violences, les raisons de notre colère sont nombreuses. Nous refusons de payer le prix des politiques mortifères mises en place par les grandes institutions financières que sont le FMI FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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et la Banque Mondiale Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.

En 2022, 189 pays en sont membres.

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Nous demandons :

  • La fin de l’escroquerie du micro-crédit qui vise les femmes et nuit à leur autonomie financière. Le micro crédit n’est en réalité qu’une alternative capitaliste mise en place pour mieux déposséder et endetter les femmes aux profits des institutions de la micro finance.
  • La fin des politiques d’austérité imposées au nom du remboursement de la dette par les institutions financières et les États et qui constituent un acte de violence envers les femmes. En effet, les femmes subissent spécifiquement les effets dévastateurs de la crise économique et du sous-financement du secteur public. Elles ont des salaires moins élevés. Elles sont les premières victimes du travail partiel non choisi, de la précarité, du chômage. L’absence de politiques publiques les pousse à l’endettement privé et les condamne à assumer un travail de prises en charge et de soins, invisible et gratuit, sans reconnaissance.
  • La fin des politiques extractivistes et coloniales imposées par les plans d’ajustement structurels qui dépossèdent les femmes du Sud de leur ressources, de leur travail. Ces politiques entraînent la détérioration de l’environnement, l’accaparement des terres agricoles et des ressources naturelles, ainsi que l’effondrement de la biodiversité. Ces conséquences mortifères impactent directement le travail des femmes en particulier les paysannes et l’agriculture locale.
  • La fin de la répartition du travail de la reproduction sociale en fonction du genre.
  • La fin d’un système financier dominé par une minorité de spéculateurs qui cherchent à augmenter leur profit, en mettant en place un système d’emprunt au service du bien commun.
  • La mise en place d’audits et l’annulation de toutes les dettes publiques identifiées comme illégitimes.

Les violences faites aux femmes dont se nourrissent le capitalisme et le patriarcat à travers la dette sont nombreuses, mais insuffisamment questionnées. Ensemble, au Nord comme au Sud, nous disons non aux dettes illégitimes. Nous disons non aux vampires de la finance et aux institutions financières internationales qui avancent masquées derrière un faux discours humaniste et féministe.

La dette nous opprime, nous ne paierons pas !

*Lorsque nous faisons référence aux femmes, nous entendons toute personne qui s’identifie comme femme.


Notes

[1Lorsque nous faisons référence aux femmes, nous entendons toute personne qui s’identifie comme femme.

Traduction(s)