La solution à la crise climatique est dans notre lutte paysanne pour la souveraineté alimentaire et énergétique !

Communiqué de La Via Campesina

30 octobre 2017 par La Via Campesina


(CC - Global Justice Now)

La Via Campesina – Appel à l’action



La prochaine conférence des Nations Unies sur le changement climatique aura lieu du 6 au 17 novembre à Bonn, en Allemagne. La Terre-Mère se réchauffera de façon dramatique et l’humanité sera affectée par des conditions climatiques défavorables et en plus une élévation du niveau de la mer sans précédent. Le système capitaliste, alimenté par la cupidité des profits, n’est pas capable de faire face à la crise climatique actuelle. Même l’accord de Paris de la COP21 et ses propositions inadéquates pour maintenir les températures inférieures à 2 degrés Celsius sont dans l’incertitude, avec le récent retrait du président américain Donald Trump.

Cette année on a témoigné la croissance de l´impact du changement climatique soit en ampleur comme en intensité des Ouragans (Harvey, Irma, Maria, etc.), des inondations (Inde, Népal, Bangladesh, Sierra Leone, etc.) tempêtes, sécheresse, vague de chaleur et plus encore. Des milliers de personnes déplacées, des milliers de morts et disparition totale de certains territoires insulaires. Dans plusieurs cas, les peuples ont perdu toutes les ressources nécessaires pour vivre. Les plus affectés sont les paysans et paysannes, les pauvres, les travailleurs et travailleuses ruraux, les indigènes, les pêcheurs et pêcheuses.

Nous connaissons bien la cause de cette crise climatique : les systèmes alimentaires industriels mondiaux sont responsables de plus de 50% des émissions de gaz à effet de serre par l´utilisation intensive de produits agrochimiques, des toxines, d´énergie fossile, de l´accaparement des terres et la dégradation des forêts. Les auteurs de la crise, utilisant leur « muscle monétaire », font pression maintenant et plaident pour de fausses solutions : L´agriculture dite « climatiquement intelligente », le OGM OGM
Organisme génétiquement modifié
Organisme vivant (végétal ou animal) sur lequel on a procédé à une manipulation génétique afin de modifier ses qualités, en général afin de le rendre résistant à un herbicide ou un pesticide. En 2000, les OGM couvraient plus de 40 millions d’hectares, concernant pour les trois-quarts le soja et le maïs. Les principaux pays producteurs étaient les USA, l’Argentine et le Canada. Les plantes génétiquement modifiées sont en général produites intensivement pour l’alimentation du bétail des pays riches. Leur existence pose trois problèmes.


- Problème sanitaire. Outre la présence de nouveaux gènes dont les effets ne sont pas toujours connus, la résistance à un herbicide implique que le producteur va multiplier son utilisation. Les produits OGM (notamment le soja américain) se retrouvent gorgés d’herbicide dont dont on ignore les effets sur la santé humaine. De plus, pour incorporer le gène nouveau, on l’associe à un gène de résistance à un antibiotique, on bombarde des cellules saines et on cultive le tout dans une solution en présence de cet antibiotique pour ne conserver que les cellules effectivement modifiées.


- Problème juridique. Les OGM sont développés à l’initiative des seules transnationales de l’agrochimie comme Monsanto, pour toucher les royalties sur les brevets associés. Elles procèdent par coups de boutoir pour enfoncer une législation lacunaire devant ces objets nouveaux. Les agriculteurs deviennent alors dépendants de ces firmes. Les États se défendent comme ils peuvent, bien souvent complices, et ils sont fort démunis quand on découvre une présence malencontreuse d’OGM dans des semences que l’on croyait saines : destruction de colza transgénique dans le nord de la France en mai 2000 (Advanta Seeds), non destruction de maïs transgénique sur 2600 ha en Lot et Garonne en juin 2000 (Golden Harvest), retrait de la distribution de galettes de maïs Taco Bell aux USA en octobre 2000 (Aventis). En outre, lors du vote par le parlement européen de la recommandation du 12/4/2000, l’amendement définissant la responsabilité des producteurs a été rejeté.


- Problème alimentaire. Les OGM sont inutiles au Nord où il y a surproduction et où il faudrait bien mieux promouvoir une agriculture paysanne et saine, inutiles au Sud qui ne pourra pas se payer ces semences chères et les pesticides qui vont avec, ou alors cela déséquilibrera toute la production traditionnelle. Il est clair selon la FAO que la faim dans le monde ne résulte pas d’une production insuffisante.
, REDD et REDD+, « carbone bleu » et tous les autres schémas d´économie verte qui cherchent la financiarisation de la nature et ses services. Les multinationales polluent les négociations sur le climat et les convertissent en lieu du pouvoir économique et financier sur les peuples, au détriment de nos droits.

Au fur et à mesure que la COP23 s´approche, nous réaffirmons l´importance de lutter pour des politiques publiques qui promeuvent et soutiennent l’agroécologie, les systèmes énergétiques locaux contrôlés par la communauté et l´action Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
collective pour une transition juste de carburants fossiles et les fausses solutions énergétiques qui encouragent la capture corporative de nos ressources naturelles. Notre agroécologie paysanne nourrit le sol en matière organique, conserve et récupère la biodiversité, en utilisant le savoir-faire de nos peuples et notre Mère-Terre pour nous nourrir. Nous rejetons toute tentative de l´agro-négoce de vouloir opter pour l’agroécologie et nous nous engageons à défendre et promouvoir notre agroécologie paysanne !

Pour La Via Campesina, nos terres, notre savoir-faire, nos semences et notre droit ne sont pas négociables ! Nous appelons au renforcement de toutes les mobilisations contre ce système qui engendre les crimes climatiques actuels et futurs. Nous devons lutter contre tous les accords de libre-échange et les désastreux projets pétroliers, gaziers et miniers, ainsi que tous les mégaprojets exclusifs (barrages, autoroutes, aéroport, plantations, etc.) Nous devons transformer de toute urgence les systèmes de production financiers, sociaux et écologiques, ainsi que le partage du travail et de la richesse, la préservation des biens communs tels que l´eau, la terre, la flore et la faune.

Nous faisons appel à nos alliés, à nos amis et à nos mouvements sociaux à se mobiliser avec la société civile au lieu où se tiendront les négociations de l´ONU sur le climat à Bonn, en faisant entendre notre voix et faisant connaître nos vraies solutions.

Mobilisons-nous lors de la COP23 pour la convergence des luttes, pour l’agroécologie paysanne et la souveraineté alimentaire !