Le CADTM Belgique soutient le campement « Prends la place » de la place Saint-Lambert à Liège

30 mai 2011 par CADTM Belgique




Depuis vendredi 27 mai 2011, une centaine de personnes occupent la place Saint-Lambert à Liège pour exprimer leur solidarité avec les peuples en lutte contre le système capitaliste et prendre part à ce mouvement qui depuis le 15 mai s’étend désormais partout en Europe.

Deux assemblées populaires ont lieu chaque jour (14h00 et 21h00), les personnes qui y participent sont de plus en plus nombreuses. Dimanche 29 mai, on pouvait compter plus de 200 personnes, toutes générations et horizons confondus. « Celles et ceux qui viennent ici, sont là sans appartenance particulière, sans qualité propre qui les distinguerait des autres, sans titre spécifique qui leurs donnerait du pouvoir sur d’autres, ne représentant aucun parti, ni aucune organisation, seulement leur propre voix, et se retrouvant dans un désir commun de transformation radical. » [1]
Ensemble elles ont adopté un premier texte qui résume la position et les revendications du campement dans lequel on peut lire que « Nous prenons place au sein d’un mouvement révolutionnaire qui passe par de nombreux points de par le monde : Espagne, Égypte, Tunisie, Libye, Barheïm, Syrie, Grèce, France, Mexique, etc. (...) Ce mouvement vise au renversement du capitalisme et à la réappropriation de la politique par les peuples. (...) Seule la construction d’une puissance commune de penser, d’agir, de rêver, de s’organiser, de lutter, d’aimer est en mesure de créer et de favoriser ici et maintenant, place Saint-Lambert comme ailleurs, les alternatives porteuses d’espoir et de vie ».

Les assemblées, moments d’organisation et de décisions, sont avant tout des moments de partage et d’échange. Il est impressionnant d’entendre dans les prises de parole des un-e-s et des autres, comment le système actuel est consciemment identifié comme destructeur de vie, de lien social, d’avenir... La volonté de s’organiser ici et maintenant pour proposer des alternatives concrètes est très forte et apporte au camp une ambiance joyeuse, positive. Les personnes présentes savent pourquoi elles participent à cette dynamique collective et veulent expérimenter ensemble un autre monde possible.

Le campement autogéré dispose d’une cuisine, de tables, de chaises, de toilettes sèches, d’un terrain de mini-foot. D’autres projets et alternatives vont rapidement être mis en place (bibliothèque, médias libre, cours de guitare, échange de savoir faire, conférences autogérées...)

Pour le CADTM Belgique, qui avait initié en 2009 un processus d’assemblées populaires à Liège, ce rassemblement est extrêmement important : il s’inscrit dans un mouvement de révoltes internationales, faisant des liens essentiels entre les luttes d’ici et d’ailleurs, identifiant le système capitaliste comme responsable des différentes crises que les peuples du monde refusent de subir. D’autre part, pour le CADTM Belgique, il est primordial que ce mouvement liégeois refuse comme il le fait l’austérité imposée au plus grand nombre par une élite au service des nantis.

Rappelons qu’en Belgique les plans d’austérité sont déjà là, notamment à travers les accords interprofessionnels, les privatisations (poste, etc.), l’augmentation du coût des services publics, la chasse aux chômeurs, etc. De plus, la Belgique n’est absolument pas à l’abri d’une crise de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
publique. En valeur absolue, la dette publique de la Belgique est passée de 163,4 milliards d’euro en 1980 à 335,1 milliards d’euro en 2009 et dans cette même période les pouvoirs publics ont payé aux créanciers 541,32 milliards d’euros [2]. Pire, le service annuel de la dette, autrement dit le remboursement des seuls intérêts sur la dette, constitue une des premières dépenses des pouvoirs publics belges.

17 milliards manquent pour boucler le budget d’ici 2015 et tout montre aujourd’hui que cette somme va être payée par le plus grand nombre (à travers notamment la casse des droits sociaux et des secteurs publics) et non par les responsables de la crise et par les plus riches.

Le CADTM rappelle qu’ensemble il est possible de refuser de payer la crise, de refuser de rembourser les créanciers pour une dette qui n’a pas servi à la population !

C’est bien l’enjeu, semble-t-il, des assemblées populaires : se réapproprier le politique et donc l’économie. «  Nous partageons le constat selon lequel ce que l’on appelle « démocratie » n’est plus qu’un pouvoir soumis aux intérêts du marché et des puissances qui détruisent la Terre, les communautés qui restent, et les droits sociaux (...) Ce mouvement vise au renversement du capitalisme et à la réappropriation de la politique par les peuples ».


Notes

[1Lire l’appel de l’assemblée populaire de la place Saint-Lambert Liège - Belgique sur democraciarealya-lieja.blogspot.com

[2La Belgique menacée par sa dette (Chapitre 11) par Olivier Bonfond in La dette ou la vie, coordonné par Eric Toussaint et Damien Millet.