Communiqué de presse

Le CADTM dénonce le coup d’état orchestré par l’oligarchie réactionnaire au Honduras et exige le retour du président Zelaya

1er juillet 2009 par CADTM




Dimanche 28 juin, le président du Honduras Manuel Zelaya a été séquestré puis expulsé du pays par les militaires. Le CADTM condamne ce coup d’état orchestré par les secteurs réactionnaires de la société (l’armée, l’oligarchie, l’Eglise, le pouvoir judiciaire, les médias dominants) et le Pentagone. Ce coup vise à mettre fin brutalement aux aspirations de changements du peuple hondurien, investi dans le lancement d’une consultation populaire pour ouvrir la voie à un processus d’Assemblée constituante.

En effet, le président avait appelé ce même jour les Honduriens à se prononcer sur la mise en place d’une « quatrième urne », lors des élections générales qui se tiendront en novembre 2009, pour élire une Assemblée nationale constituante chargée d’élaborer une nouvelle Constitution. Les trois premières urnes sont réservées respectivement à l’élection du président, des députés et des maires.

Pour justifier l’injustifiable auprès de l’opinion publique internationale, le Congrès et la Cour Suprême ont jugé ce scrutin illégal. Or, celui-ci s’inscrit dans le cadre de la loi sur la participation sociale [1] votée au Congrès le 27 janvier 2006, et se fonde plus largement sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, inscrit dans des textes juridiques majeurs comme la Charte des Nations unies. En outre, pour avaliser ce coup de force et désigner un nouveau gouvernement de facto, ses opposants ont fait valoir l’existence d’une présumée lettre de démission de M. Zelaya, que le président affirme n’avoir jamais signée.

Par ailleurs, contrairement à ce qu’avancent les principaux médias, Manuel Zelaya ne cherchait pas, via cette consultation populaire, à reconduire son mandat présidentiel lors des prochaines élections. En effet, celles-ci se tiendront dans le cadre de l’actuelle Constitution qui prévoit des mandats présidentiels de quatre ans non renouvelables.

En réalité, un bras de fer s’est installé entre l’oligarchie hondurienne et le président Zelaya, pourtant issu de l’oligarchie et membre du Parti Libéral, mais qui a opéré un virage à gauche en rejoignant ALBA (l’Alliance bolivarienne pour les peuples d’Amérique) et en prenant une série de mesures progressistes en faveur des classes populaires (par exemple l’instauration d’un salaire minimum). La proposition de convoquer une Assemblée constituante en vue de modifier la Constitution actuelle, peu propice à des transformations sociales en profondeur, a manifestement fait déborder le vase. En effet, les classes dominantes craignent de perdre leurs privilèges, comme ce fut le cas en Bolivie, en Équateur et au Venezuela, où des assemblées constituantes ont conduit à l’adoption de nouvelles Constitutions progressistes dans plusieurs domaines : contrôle des ressources naturelles, respect du droit des minorités et des peuples indigènes, mesures relatives à l’endettement...

Avec le coup des militaires, le peuple s’est ainsi vu ravir la possibilité de déterminer son avenir par les manœuvres illégales et criminelles des classes dominantes honduriennes, bastion traditionnel de l’orthodoxie néolibérale et du Consensus de Washington, décidées coûte que coûte à empêcher les réformes sociales nécessaires et à faire perdurer l’ordre néolibéral générateur de pauvreté et d’inégalités.

Heureusement la résistance populaire et le soutien apporté par de nombreux présidents latino-américains au président Zelaya commencent à produire des divisions dans l’armée des putschistes. Espérons que la combinaison entre les protestations intérieures et la solidarité internationale ramènera au pouvoir le président Zelaya.

Le CADTM tient à exprimer son entière solidarité avec la population hondurienne qui rejette catégoriquement le coup d’état, et exige la fin de la répression qui s’abat sur les manifestants et les leaders de mouvement sociaux et syndicaux.

Le CADTM soutient la résistance du peuple qui se mobilise pour organiser des vigiles et une grève générale pour exiger le retour du président Zelaya élu démocratiquement et le rétablissement de l’ordre constitutionnel.

Enfin, le CADTM s’associe au peuple hondurien pour exiger la convocation d’un nouvel appel au référendum sur le processus d’Assemblée constituante. Il s’agit là de la seule manière de permettre aux Honduriens comme aux autres peuples du Nord et du Sud de décider enfin de leur propre avenir.

Pour le CADTM, la solidarité des citoyens et des mouvements sociaux est indispensable. Elle doit se transformer en vaste mouvement populaire destiné à mettre à bas la logique néolibérale mortifère pour la remplacer par une logique radicalement autre, basée sur la garantie des droits humains fondamentaux. Dans ce but, l’annulation totale et sans condition de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
de tous les pays du Sud, est une première nécessaire.


Notes

[1« ley de participación ciudadana »

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