Communiqué de presse

Le CADTM dénonce le poids de la dette dans le budget 2008 de la RDC et soutient la société civile congolaise pour un audit de la dette et des ressources naturelles

8 janvier 2008 par CADTM




Après de multiples reports, le budget de la RDC pour l’exercice 2008 a finalement été promulgué le 3 janvier dernier par le président Joseph Kabila. Il s’élève à 3,6 milliards de dollars, soit 2,4 milliards d’euros, et sera financé à hauteur de 36% par les ressources externes. Une fois encore, ce budget est ridiculement faible au regard de la population et des richesses naturelles du pays. Pour comparaison, la France avec une population de taille similaire (environ 60 millions d’habitants) dispose d’un budget de 572 milliards d’euros [1], soit 240 fois celui de la RDC ! De nouveau, la priorité en RDC est donnée au remboursement de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
au détriment des besoins fondamentaux de la population congolaise : le service de la dette Service de la dette Remboursements des intérêts et du capital emprunté. accapare 19,6% des dépenses totales [2].

Le CADTM dénonce le poids insupportable de la dette dans le budget 2008 de la RDC. La place qui est accordée au paiement de la dette démontre la soumission de la RDC aux institutions financières internationales. En effet, l’exposé des motifs accompagnant la loi de finances indique que le budget de l’Etat pour 2008 est élaboré dans le cadre de la poursuite de la mise en œuvre du Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP Document de stratégie de réduction de la pauvreté
DSRP
(En anglais, Poverty Reduction Strategy Paper - PRSP)
Mis en œuvre par la Banque mondiale et le FMI à partir de 1999, le DSRP, officiellement destiné à combattre la pauvreté, est en fait la poursuite et l’approfondissement de la politique d’ajustement structurel en cherchant à obtenir une légitimation de celle-ci par l’assentiment des gouvernements et des acteurs sociaux. Parfois appelés Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP).
À destination des pays retenus dans l’initiative PPTE, les DSRP poursuivent sous un autre nom l’application des Plans d’ajustement structurel.
)
. Ces DSRP, héritiers des fameux plans d’ajustement structurel, dissimulent en fait la poursuite des conditionnalités Conditionnalités Ensemble des mesures néolibérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays qui signent un accord, notamment pour obtenir un aménagement du remboursement de leur dette. Ces mesures sont censées favoriser l’« attractivité » du pays pour les investisseurs internationaux mais pénalisent durement les populations. Par extension, ce terme désigne toute condition imposée en vue de l’octroi d’une aide ou d’un prêt. imposées depuis 25 ans par le FMI FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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et la Banque mondiale Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.

En 2022, 189 pays en sont membres.

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 : libéralisation de l’économie et ouverture des marchés aux sociétés transnationales, privatisations, maintien de budgets sociaux largement insuffisants et suppression des subventions aux produits de base, dégradation des conditions de vie des populations pauvres, etc.

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les ressources naturelles de la RDC ne profitent pas à sa population, malgré la conjoncture internationale marquée par la flambée du prix des matières premières. Les richesses minières et agricoles de la RDC sont accaparées par des sociétés transnationales qui ont pu profiter du contexte de guerre civile et des politiques néolibérales imposées par le FMI et la Banque mondiale pour signer des contrats léonins sur l’exploitation des ressources naturelles. Malgré la remise d’un rapport – non encore rendu public - sur la revisitation des contrats miniers recommandant l’abrogation pure et simple de 24 d’entre eux et la renégociation de 37 autres [3], les autorités congolaises n’ont toujours pas l’intention de mettre fin à ce pillage et d’abroger le Code minier de 2002.

Le CADTM exige donc l’annulation totale et inconditionnelle de la dette de la RDC, véritable instrument de domination politique et de pillage des ressources naturelles. Le CADTM appelle également les mouvements sociaux congolais et des pays créanciers de la RDC à faire pression sur leurs dirigeants respectifs pour la mise en œuvre d’un audit de la dette congolaise et des ressources naturelles, conformément à la déclaration du séminaire international sur l’Afrique centrale [4] adoptée le 25 novembre 2007.


Contacts :

Damien Millet, président du CADTM France, france chez cadtm.org

Eric Toussaint, président du CADTM Belgique, international chez cadtm.org

Juan Tortosa, porte-parole du CADTM Suisse, suisse chez cadtm.org

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