Communiqué de presse
29 juin 2006 par CADTM
A compter du 1er juillet, 14 pays [1] vont appliquer une taxe sur les billets d’avions, nommée Unitaid, qui devrait rapporter 250 millions de dollars par an pour l’achat de médicaments à destination des pays en développement. Au début de chaque match de la coupe de monde de football, un ballon estampillé « Unitaid » vient rappeler cette initiative à des millions de téléspectateurs priés d’applaudir.
Mais si le but est d’améliorer les systèmes de santé, le CADTM affirme que d’autres mesures seraient plus efficaces. Depuis les années 1980, le FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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impose aux pays en développement une réduction drastique des budgets sociaux. Aujourd’hui, le droit fondamental aux soins de santé n’est pas garanti au Sud où chaque jour, 30 000 enfants meurent de maladies facilement curables. En remboursant leur dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
extérieure, les États du Sud envoient chaque année à leurs riches créanciers environ 200 milliards de dollars, soit 800 fois la recette d’Unitaid. L’annulation totale de la dette extérieure publique et l’abandon des politiques d’ajustement structurel seraient des leviers plus judicieux pour permettre aux pays concernés d’organiser leur santé selon leurs besoins.
Le CADTM est fondamentalement favorable à un système de taxation internationale, mais le choix des billets d’avion est loin d’être le meilleur puisqu’il s’agit d’une taxe sur la consommation, pas d’une taxe qui vise ceux qui accumulent le plus de richesses. Au contraire, une taxe internationale sur la spéculation
Spéculation
Opération consistant à prendre position sur un marché, souvent à contre-courant, dans l’espoir de dégager un profit.
Activité consistant à rechercher des gains sous forme de plus-value en pariant sur la valeur future des biens et des actifs financiers ou monétaires. La spéculation génère un divorce entre la sphère financière et la sphère productive. Les marchés des changes constituent le principal lieu de spéculation.
financière ou sur les bénéfices des sociétés transnationales aurait eu un réel effet redistributif, tout comme un impôt mondial exceptionnel sur les grosses fortunes. Selon le World Wealth Report 2006, 8,7 millions de personnes dans le monde détiennent plus de 1 million de dollars d’actifs
Actif
Actifs
En général, le terme « actif » fait référence à un bien qui possède une valeur réalisable, ou qui peut générer des revenus. Dans le cas contraire, on parle de « passif », c’est-à-dire la partie du bilan composé des ressources dont dispose une entreprise (les capitaux propres apportés par les associés, les provisions pour risques et charges ainsi que les dettes).
(hors résidence principale) et leur richesse cumulée atteint 33 300 milliards de dollars. Un impôt de 3% sur leur fortune permettrait de recueillir 1 000 milliards de dollars, ce qui représente 5 000 fois le montant libéré par Unitaid...
Désormais, les travailleurs africains ayant migré dans un pays riche dans le but d’envoyer des fonds pour la survie de leur famille restée en Afrique paieront une taxe quand ils se rendront dans leur pays pour voir leurs proches. Pourtant, ils sont autrement plus généreux que les gouvernements du Nord. Selon la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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[2], les migrants originaires des pays en développement ont envoyé 167 milliards de dollars au Sud en 2005 alors que le flux net de l’aide publique au développement octroyée par les gouvernements du Nord ne dépasse pas le tiers de cette somme.
Comment enrayer la dégradation des systèmes de santé qui ont souffert des politiques néolibérales imposées par le FMI ? Comment organiser une redistribution de la richesse mondiale et lutter contre les inégalités ? Pour le CADTM, Unitaid se contente d’agir à la marge de la mondialisation
Mondialisation
(voir aussi Globalisation)
(extrait de F. Chesnais, 1997a)
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus - ou même tout autre chose - qu’une phase supplémentaire dans le processus d’internationalisation du capital engagé depuis plus d’un siècle. C’est à un mode de fonctionnement spécifique - et à plusieurs égards important, nouveau - du capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orientation, de façon à en faire la caractérisation.
Les points d’inflexion par rapport aux évolutions des principales économies, internes ou externes à l’OCDE, exigent d’être abordés comme un tout, en partant de l’hypothèse que vraisemblablement, ils font « système ». Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu - en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».
La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvée pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970.
financière et évite toute remise en cause des choix macro-économiques qui ont conduit le secteur de la santé dans l’impasse actuelle. Le système économique néolibéral, structurellement injuste, restera intact. Avec Unitaid, les affaires continuent...
[1] Brésil, Chili, Chypre, Congo, Côte-d’Ivoire, France, Gabon, Jordanie, Luxembourg, Madagascar, Maurice, Nicaragua, Norvège, Royaume-Uni.
[2] Banque mondiale, Global Development Finance 2006.
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