Communiqué de presse
17 décembre 2005 par CADTM
L’été dernier, le sommet des huit pays les plus industrialisés (G8
G8
Ce groupe correspond au G7 plus la Fédération de Russie qui, présente officieusement depuis 1995, y siège à part entière depuis juin 2002.
) a décidé que les 18 pays pauvres très endettés
PPTE
Pays pauvres très endettés
L’initiative PPTE, mise en place en 1996 et renforcée en septembre 1999, est destinée à alléger la dette des pays très pauvres et très endettés, avec le modeste objectif de la rendre juste soutenable.
Elle se déroule en plusieurs étapes particulièrement exigeantes et complexes.
Tout d’abord, le pays doit mener pendant trois ans des politiques économiques approuvées par le FMI et la Banque mondiale, sous forme de programmes d’ajustement structurel. Il continue alors à recevoir l’aide classique de tous les bailleurs de fonds concernés. Pendant ce temps, il doit adopter un document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), parfois juste sous une forme intérimaire. À la fin de ces trois années, arrive le point de décision : le FMI analyse le caractère soutenable ou non de l’endettement du pays candidat. Si la valeur nette du ratio stock de la dette extérieure / exportations est supérieure à 150 % après application des mécanismes traditionnels d’allégement de la dette, le pays peut être déclaré éligible. Cependant, les pays à niveau d’exportations élevé (ratio exportations/PIB supérieur à 30 %) sont pénalisés par le choix de ce critère, et on privilégie alors leurs recettes budgétaires plutôt que leurs exportations. Donc si leur endettement est manifestement très élevé malgré un bon recouvrement de l’impôt (recettes budgétaires supérieures à 15 % du PIB, afin d’éviter tout laxisme dans ce domaine), l’objectif retenu est un ratio valeur nette du stock de la dette / recettes budgétaires supérieur à 250 %. Si le pays est déclaré admissible, il bénéficie de premiers allégements de son service de la dette et doit poursuivre avec les politiques agréées par le FMI et la Banque mondiale. La durée de cette période varie entre un et trois ans, selon la vitesse de mise en œuvre des réformes clés convenues au point de décision. À l’issue, arrive le point d’achèvement. L’allégement de la dette devient alors acquis pour le pays.
Le coût de cette initiative est estimé par le FMI en 2019 à 76,2 milliards de dollars, soit environ 2,54 % de la dette extérieure publique du Tiers Monde actuelle. Les PPTE sont au nombre de 39 seulement, dont 33 en Afrique subsaharienne, auxquels il convient d’ajouter l’Afghanistan, la Bolivie, le Guyana, Haïti, le Honduras et le Nicaragua. Au 31 mars 2006, 29 pays avaient atteint le point de décision, et seulement 18 étaient parvenus au point d’achèvement. Au 30 juin 2020, 36 pays ont atteint le point d’achèvement. La Somalie a atteint le point de décision en 2020. L’Érythrée et le Soudan n’ont pas encore atteint le point de décision.
Alors qu’elle devait régler définitivement le problème de la dette de ces 39 pays, cette initiative a tourné au fiasco : leur dette extérieure publique est passée de 126 à 133 milliards de dollars, soit une augmentation de 5,5 % entre 1996 et 2003.
Devant ce constat, le sommet du G8 de 2005 a décidé un allégement supplémentaire, appelée IADM (Initiative d’allégement de la dette multilatérale), concernant une partie de la dette multilatérale des pays parvenus au point de décision, c’est-à-dire des pays ayant soumis leur économie aux volontés des créanciers. Les 43,3 milliards de dollars annulés via l’IADM pèsent bien peu au regard de la dette extérieure publique de 209,8 milliards de dollars ces 39 pays au 31 décembre 2018.
ayant franchi les nombreuses étapes imposées allaient bénéficier d’une annulation totale de leur dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
envers le Fonds monétaire international
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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(FMI), la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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et la Banque africaine de développement.
En septembre, malgré de fortes réticences de la part de petits pays riches comme la Belgique ou la Suisse, l’assemblée générale du FMI a entériné cet accord pris, de façon surprenante si l’on songe aux déclarations sur la
bonne gouvernance, par le G8 en son nom.
Mais en toute discrétion, la direction du FMI cherche actuellement à revenir sur son engagement et à en diminuer la portée. Pour cela, elle va proposer au Conseil des gouverneurs, mercredi prochain, de rajouter des
conditionnalités
Conditionnalités
Ensemble des mesures néolibérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays qui signent un accord, notamment pour obtenir un aménagement du remboursement de leur dette. Ces mesures sont censées favoriser l’« attractivité » du pays pour les investisseurs internationaux mais pénalisent durement les populations. Par extension, ce terme désigne toute condition imposée en vue de l’octroi d’une aide ou d’un prêt.
supplémentaires pour les pays qui ne seront plus sous programme du FMI au début 2006.
Or 6 pays parmi les 18 sont dans ce cas : l’Ethiopie, Madagascar, la Mauritanie, le Rwanda, le Sénégal et le Nicaragua.
Alors que l’accord initial du G8 était présenté comme ferme et définitif, le FMI veut soumettre ces pays à de nouvelles conditions monétaires et fiscales, qui viennent s’ajouter à plusieurs décennies de réformes draconiennes ayant fortement détérioré les conditions de vie des populations.
Les pays du G8 possèdent 49,73% des droits de vote au Conseil d’administration du FMI et aucun accord ne peut se faire contre leur avis. Si le FMI parvient à ses fins, les pays du G8 auront renié leurs propres
engagements.
Le CADTM juge intolérable la démarche du FMI qui fait tout son possible pour retarder la mise en place de cette décision pourtant bien modeste eu égard au nombre de pays concernés. Outil au service des grandes puissances, le FMI agit dans l’ombre afin de leur permettre de conserver les puissants moyens de pression que leur confère la dette, tout en se glorifiant d’annonces mirobolantes qui se révèlent très vite dénuées de fondement réel.
Le CADTM exige l’annulation totale et inconditionnelle de la dette de tous les pays en développement, seule mesure capable de les libérer des diktats des créanciers.
9 février 2021, par CADTM
14 janvier 2021, par CADTM , Raid Attac/Cadtm Tunisie , FTDES , Avocats Sans Frontières (ASF) , ADTB , Entraide et Fraternité
9 décembre 2020, par CADTM , Eric Toussaint , Camille Chalmers , Maria Elena Saludas , Mireille Fanon-Mendès France , Omar Aziki , Stathis Kouvelakis , Tijana Okić , Rémi Vilain , Miguel Urbán Crespo , Eva Betavatzi , Gilles Grégoire , Mats Lucia Bayer , ReCommons Europe , Véronique Clette-Gakuba , Sara Prestianni
7 novembre 2020, par CADTM , Chris Den Hond
13 octobre 2020, par CADTM
Série : 1944-2020, 76 ans d’intervention de la Banque mondiale et du FMI (Partie 25)
Le FMI et la Banque mondiale au temps du coronavirus : La quête ratée d’une nouvelle image12 octobre 2020, par CADTM
14 septembre 2020, par CADTM , Chris Den Hond
10 septembre 2020, par CADTM , Collectif , Virginie de Romanet , Renaud Vivien , PAH , Antonio Gambini , ACiDe , Vicente Losada , Eva Betavatzi , Gilles Grégoire , Plateforme espagnole de lutte contre les fonds vautours , Mats Lucia Bayer , Walter Actis , Ángel del Castillo , Mari Ángeles Bueno , Roberto Moreno , Miguel Vázquez , Pedro Martin Heras
3 septembre 2020, par CADTM , David Graeber , Jonas Nunes de Carvalho
6 juillet 2020, par CADTM , Change , Bamko , Intal Congo , Café Congo , Présences Noires
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