Communiqué
2 juin 2016 par CADTM
Il nous a bien fallu le lire à deux reprises pour y croire ! C’est à l’occasion de ses 60 ans que le Club de Paris, qui réunit les pays créanciers les plus puissants de la planète, a annoncé cette semaine par voie de communiqué de presse plusieurs mesures historiques.
Ce Club, jusqu’à ce jour informel, n’était régi par aucun statut, texte ou règle officiels et se réunissait à huis clos afin de renégocier les dettes bilatérales des pays débiteurs, à grands coups de mesures ultralibérales.
Comme si la raison venait avec l’âge, le Club de Paris
Club de Paris
Créé en 1956, il s’agit du groupement de 22 États créanciers chargé de gérer les difficultés de remboursement de la dette bilatérale par les PED. Depuis sa création, la présidence est traditionnellement assurée par un·e Français·e. Les États membres du Club de Paris ont rééchelonné la dette de plus de 90 pays en développement. Après avoir détenu jusqu’à 30 % du stock de la dette du Tiers Monde, les membres du Club de Paris en sont aujourd’hui créanciers à hauteur de 10 %. La forte représentation des États membres du Club au sein d’institutions financières (FMI, Banque mondiale, etc.) et groupes informels internationaux (G7, G20, etc.) leur garantit néanmoins une influence considérable lors des négociations.
Les liens entre le Club de Paris et le FMI sont extrêmement étroits ; ils se matérialisent par le statut d’observateur dont jouit le FMI dans les réunions – confidentielles – du Club de Paris. Le FMI joue un rôle clé dans la stratégie de la dette mise en œuvre par le Club de Paris, qui s’en remet à son expertise et son jugement macroéconomiques pour mettre en pratique l’un des principes essentiels du Club de Paris : la conditionnalité. Réciproquement, l’action du Club de Paris préserve le statut de créancier privilégié du FMI et la conduite de ses stratégies d’ajustement dans les pays en voie de développement.
Site officiel : https://www.clubdeparis.fr/
opère un virage notable qui, il faut le reconnaître, va dans le bon sens ! Tout d’abord, le Club sort du placard et annonce son institutionnalisation en se dotant de statuts officiels. Pour plus de transparence, le Club de Paris s’engage également à publier sur son nouveau site internet (http://clubdeparis.fr) les ordres du jour et les comptes-rendus de ses réunions.
Ensuite, et alors que l’Eurogroupe poursuit avec autant de cynisme que d’incohérence la destruction de la Grèce, le Club de Paris rompt avec cette logique en annulant totalement et sans condition les créances grecques qu’il détient, à savoir 62 milliards d’euros. À croire que le Club de Paris s’est enfin converti à l’impératif de satisfaction des droits humains, trop longtemps sacrifiés sur l’autel des intérêts des créanciers : « cette annulation totale de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
grecque devrait permettre au gouvernement grec de remplir ses obligations internationales notamment dans le domaine des soins de santé et de l’éducation et de financer les investissements publics visant une croissance inclusive et une réduction de la pauvreté. » [1]. Si cette position reste un pas important, elle ne doit pas masquer le fait que la dette grecque est non seulement insoutenable mais aussi illégitime et odieuse, comme l’a montré la Commission pour la vérité sur la dette grecque.
Ayant pris conscience que la dette n’étouffe pas uniquement le peuple grec et qu’elle entrave dans bien d’autres lieux le respect des droits humains fondamentaux, le Club de Paris a laissé clairement entendre qu’il annulerait la dette d’autres pays et particulièrement les débiteurs « historiques » du Club, à savoir les pays du Sud.
Si le CADTM se félicite de cette victoire non négligeable dans la lutte pour l’abolition des dettes illégitimes, il reste vigilant et attend de voir si ces décisions seront suivies d’effets. Pour poursuivre sur cette lancée, et afin de mettre un terme définitif à l’oppression que représente au Nord comme au Sud le système dette, le Club de Paris ne devrait plus alors qu’annoncer son auto-dissolution, étant donné qu’il reste un cartel de créanciers exerçant une mainmise sur les pays débiteurs pour préserver ses propres intérêts. Voilà pourquoi, au nom de l’émancipation des peuples de la planète, le CADTM souhaite que le 60e anniversaire du Club de Paris soit bel et bien le dernier !
CONTACTS PRESSE :
Maud Bailly – 0032 485 51 22 89
En complément indispensable, lire le Communiqué de presse du CADTM du 3 juin 2016 « Qui ment : le CADTM ou le Club de Paris ? »
12 septembre, par CADTM
10 septembre, par CADTM , Nina Guesne , Rouvenn Mikaya
1er septembre, par CADTM
Cycle de formation du CADTM
Nouvelle crise bancaire internationale24 juillet, par CADTM , Eric Toussaint
14 juin, par CADTM , Eric Toussaint
12 juin, par CADTM , Collectif , CNCD , Entraide et Fraternité , CETRI (Centre Tricontinental)
Cycle de formation du CADTM
Les fonds vautours (avec focus sur les cas de l’Argentine et de la Zambie)10 mai, par CADTM , Pablo Laixhay , Pierre-François Grenson , Maxime Perriot
25 avril, par CADTM , Ecologistas en acción , ATTAC Espagne , Plateforme espagnole de lutte contre les fonds vautours , Audit de la santé , Coordination pour le droit au logement à Madrid
25 avril, par CADTM , Maxime Perriot
3 avril, par CADTM , Eric Toussaint , Collectif , Anaïs Carton