Le Forum social américain : un pas important vers la résistance contre la crise

24 juin 2010 par Daniel Munevar , Myriam Bourgy




Le second Forum social américain a commencé aujourd’hui dans la ville de Détroit dans l’Etat du Michigan. La rencontre revêt pour les mouvements sociaux américains une importance particulière car elle est la première de cette ampleur dans le pays depuis le début de la crise en 2008. Le forum en tant que tel se tient sous la bannière du Forum social mondial et va même au-delà en affirmant non seulement « qu’un autre monde est possible » mais également « qu’une autre Amérique est nécessaire ». Ce slogan est la reconnaissance tacite du rôle clé des luttes sociales aux Etats-Unis pour le reste des mouvements sociaux de par le monde. Etant donné le rôle central des Etats-Unis dans le système international il est clair qu’une résistance accrue dans ce pays contre l’offensive actuelle du capital peut avoir des répercussions significatives à l’étranger.

Détroit a été la ville choisie par les organisateurs pour souligner l’importance des luttes sociales contre le capitalisme triomphant car celle-ci a été au cours des deux dernières décennies frappée de manière emblématique par les effets du néolibéralisme. La ville qui abrite le siège des trois principales firmes automobiles (Chyrsler, General Motors et Ford) est clairement liée aux fortunes qui se sont crées dans l’industrie automobile. Lorsque vers la fin des années 1980 ces firmes ont commencé à délocaliser leurs productions, le chômage a commencé à augmenter et a finalement mené à un exode massif de Detroit. La ville compte aujourd’hui la moitié de la population qu’elle avait il y a vingt ans, 40% des habitations sont vides et du fait de l’effondrement de l’industrie automobile américaine, le taux de chômage dépasse les 30%.

Des mouvements sociaux spécifiques se sont développés pour lutter contre ce sombre contexte. Le point central des luttes des mouvements sociaux à Détroit concerne d’une part les travailleurs de l’industrie automobile et d’autre part les mouvements pour les droits civils.

La manifestation qui a marqué le lancement du Forum social américain a clairement mis en avant ces mouvements. Forte de plus de 5000 participants, cette manifestation a été une représentation colorée de la variété des luttes aux Etats-Unis et à Détroit avec une majorité de revendications qui avaient trait au chômage, à la santé, aux droits sociaux, aux Indiens, au changement climatique global, contre la discrimination et pour le retrait des troupes américaines d’Iraq, d’Afghanistan et la fin du soutien à l’Etat d’Israël. On pouvait y voir également un large rejet des politiques économiques mises en place par l’administration Obama et tout particulièrement sa gestion de la crise économique et les plans de sauvetage pour le secteur financier. Les travailleurs qui ont participé à la manifestation avaient clairement affiché leur refus de payer la crise.

Après la manifestation, tous les participants se sont rassemblés au Centre de Congrès COBO dans le centre ville de Détroit. Selon les organisateurs plus de 12.000 personnes se sont enregistré pour participer à la semaine d’activités du Forum social américain. On ressent les attentes et l’excitation que cette rencontre soulève pour le renforcement du mouvement social aux Etats-Unis et dans le monde. L’équipe du CADTM qui participe à cette rencontre fera son possible pour aider au renforcement du mouvement.





Traduction : Virginie de Romanet

Daniel Munevar

est un économiste post-keynésien originaire de Bogotá, en Colombie. De mars à juillet 2015, il a travaillé comme assistant de l’ancien ministre des finances grec, Yanis Varoufakis ; il le conseillait en matière de politique budgétaire et de soutenabilité de la dette.
Auparavant, il était conseiller au Ministère des Finances de Colombie. Il a également travaillé à la CNUCED.
C’est une des figures marquantes dans l’étude de la dette publique au niveau international. Il est chercheur à Eurodad.

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