19 janvier par CADTM International
Le CADTM international se félicite que le Parlement européen vient d’adopter, ce jeudi 19 janvier 2023, une résolution pour condamner les violations des droits humains par les autorités marocaines.
La résolution, déposée par plusieurs groupes parlementaires, a été adoptée par une grande majorité (356 votes pour, 32 contre et 42 abstentions) et exhorte les autorités marocaines « à respecter la liberté d’expression et la liberté des médias, à garantir aux journalistes incarcérés, dont Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine, un procès équitable qui respecte pleinement les droits de la défense, à les remettre immédiatement en liberté provisoire et à mettre un terme au harcèlement de tous les journalistes, de leurs avocats et de leur famille ; invite instamment ces mêmes autorités à respecter leurs obligations internationales en matière de droits de l’homme, conformément à l’accord d’association UE-Maroc ; »
Rappelons qu’Omar Radi membre de ATTAC-CADTM Maroc a été injustement condamné à 6 ans de prison. C’est d’ailleurs clairement dans les attendus de la résolution en question : « considérant qu’Omar Radi, journaliste d’investigation indépendant, qui a couvert les manifestations du Hirak et des scandales de corruption au sein de l’État, est détenu depuis juillet 2020 et a été condamné, en juillet 2021, à six ans de réclusion pour des chefs d’accusation d’espionnage, inventés de toutes pièces, ainsi que de viol ; que sa condamnation a été confirmée par la cour d’appel en mars 2022 ; que de nombreux droits de la défense n’ont pas été respectés, ce qui entache d’iniquité et de partialité l’ensemble du procès ; que le non-respect des droits de la défense s’est manifesté notamment par un an de détention préventive prolongée non motivée, par le refus à l’intéressé de l’accès à son dossier et par le fait que deux témoins clés de la défense ont été empêchés de comparaître au tribunal ; que M. Radi a interjeté appel devant la Cour de cassation ; que Reporters sans frontières lui a décerné le prix de la liberté de la presse 2022 ; »
Le CADTM international apporte une nouvelle fois son soutien à toutes les victimes de la répression exercée par le régime marocain. Le CADTM demande la libération de tous / toutes les prisonniers/nières politiques et dénonce l’instrumentalisation des violences sexistes et sexuelles à des fins politiques, notamment contre les journalistes.
Le CADTM rappelle également la nécessaire distinction entre le Parlement européen, qui a voté la résolution, mais qui a très peu de pouvoir au sein de l’Union européenne, et le pouvoir exécutif incarné par la Commission européenne et par les gouvernements des pays qui dominent l’Europe (France et Allemagne notamment). La Commission concentre bien plus de pouvoir que la Parlement, pourtant démocratiquement et directement élu.
Cette distinction est essentielle car ce vote ne doit pas être associé à l’Union européenne dans sa globalité. Cette dernière, via son pouvoir exécutif, promeut des politiques inhumaines et meurtrières en matière de migrations et de droit d’asile. Le Parlement n’est cependant pas en reste, lui qui a également à maintes reprises adopté des positions conservatrices et dont certain·es député·es se sont laissé·es corrompre par les régimes qatariens et marocains.
À noter que parmi les 32 voix contre la résolution on trouve à la fois des parlementaires d’extrême droite et des parlementaires du parti socialiste espagnol actuellement au gouvernement. Le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a passé une alliance avec le régime marocain en comptant sur celui-ci pour renforcer la politique inhumaine de l’Europe en matière migratoire et du droit d’asile. Dans le cadre de cette alliance, Pedro Sanchez a abandonné le peuple saharaoui à son sort.
Voici la résolution complète :
(2023/2506(RSP))
Le Parlement européen,
– vu l’article 144, paragraphe 5, et l’article 132, paragraphe 4, de son règlement intérieur,
A. considérant qu’Omar Radi, journaliste d’investigation indépendant, qui a couvert les manifestations du Hirak et des scandales de corruption au sein de l’État, est détenu depuis juillet 2020 et a été condamné, en juillet 2021, à six ans de réclusion pour des chefs d’accusation d’espionnage, inventés de toutes pièces, ainsi que de viol ; que sa condamnation a été confirmée par la cour d’appel en mars 2022 ; que de nombreux droits de la défense n’ont pas été respectés, ce qui entache d’iniquité et de partialité l’ensemble du procès ; que le non-respect des droits de la défense s’est manifesté notamment par un an de détention préventive prolongée non motivée, par le refus à l’intéressé de l’accès à son dossier et par le fait que deux témoins clés de la défense ont été empêchés de comparaître au tribunal ; que M. Radi a interjeté appel devant la Cour de cassation ; que Reporters sans frontières lui a décerné le prix de la liberté de la presse 2022 ;
B. considérant que le journaliste Taoufik Bouachrine est détenu depuis février 2018 et qu’il a été condamné en appel, en septembre 2021, à 15 ans de réclusion pour agression sexuelle ; que les droits de la défense ont été gravement bafoués également dans l’affaire de Soulaimane Raissouni, qui a été condamné, en février 2022, à cinq ans de prison pour agression sexuelle, à l’issue d’un procès inique ;
C. considérant que la liberté de la presse au Maroc continue de se détériorer, le pays étant tombé à la 135e place du classement mondial de la liberté de la presse 2022 ; que de nombreux journalistes, comme Ignacio Cembrero, font l’objet d’une surveillance numérique, sont visés par des manœuvres d’intimidation, subissent un harcèlement judiciaire ou sont condamnés à de lourdes peines de prison, comme Maati Monjib ;
1. invite instamment les autorités marocaines à respecter la liberté d’expression et la liberté des médias, à garantir aux journalistes incarcérés, dont Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine, un procès équitable qui respecte pleinement les droits de la défense, à les remettre immédiatement en liberté provisoire et à mettre un terme au harcèlement de tous les journalistes, de leurs avocats et de leur famille ; invite instamment ces mêmes autorités à respecter leurs obligations
Obligations
Obligation
Part d’un emprunt émis par une société ou une collectivité publique. Le détenteur de l’obligation, l’obligataire, a droit à un intérêt et au remboursement du montant souscrit. L’obligation est souvent l’objet de négociations sur le marché secondaire.
internationales en matière de droits de l’homme, conformément à l’accord d’association UE-Maroc ;
2. condamne fermement l’utilisation à mauvais escient d’allégations d’agression sexuelle pour dissuader les journalistes de faire leur travail ; estime que cette pratique met en péril les droits des femmes ;
3. se dit préoccupé par les allégations selon lesquelles les autorités marocaines auraient tenté de corrompre des députés au Parlement européen ;
4. invite instamment les autorités marocaines à mettre un terme à leur surveillance des journalistes, pour laquelle elles utilisent notamment le logiciel espion Pegasus développé par NSO ; les invite instamment à adopter et à mettre en œuvre des lois de protection des journalistes ; invite instamment les États membres à cesser d’exporter des technologies de surveillance vers le Maroc, conformément au règlement sur les biens à double usage ;
5. demande la remise en liberté immédiate et inconditionnelle de Nasser Zefzafi, finaliste du prix Sakharov 2018 ; demande la libération de tous les prisonniers politiques ; condamne les atteintes aux droits des manifestants pacifiques et des militants de la diaspora ; déplore les procès et condamnations iniques de 43 manifestants du Hirak, ainsi que les tortures qui leur ont été infligées en prison ;
6. demande à l’Union européenne et à ses États membres de continuer à soulever auprès des autorités marocaines les cas des journalistes incarcérés et des prisonniers d’opinion, ainsi que d’envoyer des représentants assister aux procès ; demande à l’Union de peser de tout son poids pour obtenir des améliorations concrètes de la situation des droits de l’homme au Maroc ;
7. charge sa Présidente de transmettre la présente résolution aux parties concernées.
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