Le coup de force inadmissible et irresponsable de la BCE contre la Grèce

6 février 2015 par Attac France


La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mercredi 4 février qu’elle arrêtait les opérations normales de refinancement des banques grecques. Pour retirer des liquidités auprès de la BCE, les banques ne pourront plus donner comme garantie des obligations d’État grecs. Les banques grecques se voient retirer leur principale source de financement à la BCE. [1]



Attac condamne fermement cette décision de la BCE BCE
Banque centrale européenne
La Banque centrale européenne est une institution européenne basée à Francfort, créée en 1998. Les pays de la zone euro lui ont transféré leurs compétences en matières monétaires et son rôle officiel est d’assurer la stabilité des prix (lutter contre l’inflation) dans la dite zone.
Ses trois organes de décision (le conseil des gouverneurs, le directoire et le conseil général) sont tous composés de gouverneurs de banques centrales des pays membres et/ou de spécialistes « reconnus ». Ses statuts la veulent « indépendante » politiquement mais elle est directement influencée par le monde financier.
.

Cette décision est inacceptable car la BCE a outrepassé son mandat. Celle-ci a suspendu le financement des banques grecques sur la simple « présomption » (selon son communiqué) qu’aucun accord ne pourrait être trouvé avec le nouveau gouvernement grec concernant la restructuration de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
. Comment la BCE, institution qui n’a aucune légitimité démocratique, peut-elle prendre une décision aussi politique alors que les négociations ne font que commencer ?

Cette décision est illégitime, car la BCE s’oppose à l’application du programme politique qui résulte du choix des électeurs grecs. Une fois de plus, la BCE se fait le défenseur des créanciers de la Grèce pour imposer la poursuite d’un programme d’ajustement qui a ruiné le peuple grec et s’est traduit par une hausse de la dette grecque.

La décision de la BCE est irresponsable car elle pourrait engendrer une panique bancaire dont les conséquences pourraient être catastrophiques pour la Grèce et la zone euro dans son ensemble !

Attac demande que la BCE suspende sa décision, et que les propositions du nouveau gouvernement grec soient entendues et appliquées. Seule est acceptable une restructuration rapide de la dette grecque, incluant une remise de dette. Le pouvoir exorbitant de la Troïka et des créanciers doit cesser !

Source : https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/le-coup-de-force-inadmissible-et


Notes

[1Note du CADTM : Dans un souci d’exhaustivité, précisons toutefois que la Banque centrale européenne n’a pas intégralement coupé les possibilités de liquidités fournies aux banques grecques : celles-ci ont encore accès aux lignes de crédit d’urgence (ELA, en anglais) mises à disposition par la banque centrale grecque. Ces lignes de crédit viennent d’être augmentées par la BCE à hauteur de 60 milliards d’euros. Elles sont toutefois plus onéreuses et précaires, puisque révocables par la BCE à tout moment.