22 janvier 2018 par Sarah Berwez
(CC - Flickr - Jeanne Menjoulet)
Le réseau international du CADTM a vu le jour en réaction contre toutes les formes d’oppression : sociale, patriarcale, néocoloniale, raciale... Face à ces inégalités, le CADTM croit fermement qu’un autre monde est possible et déploie toute son énergie en vue de son avènement.
Si l’égalité entre les femmes et les hommes fait partie en filigrane de ses axes de travail depuis le départ, sa place se formalise au cours des années 2000 avec la création de la Coordination des luttes féministes du CADTM (en 2010) et l’intégration du féminisme dans la charte de fonctionnement du réseau (en 2016 à l’article 11). Cette formalisation ne constitue pas une simple déclaration d’intention mais a pour but d’œuvrer concrètement à un monde moins sexiste, en commençant par notre réseau.
Alors au-delà des mots, concrètement, comment s’attaquer au patriarcat et au sexisme dans nos activités au quotidien ?
Promouvoir et soutenir les luttes de femmes
Pas seulement pour les apparences mais dans une visée réelle de renforcement des capacités des femmes et d’augmentation de leur participation. Cet engagement peut prendre des formes très variées et concrètes comme, par exemple, l’organisation d’un accueil des enfants pour permettre la participation pleine et entière de mères à nos activités internes ou publiques.
Venir à bout des comportements sexistes
Cela consiste d’abord à mettre en évidence ces comportements sexistes en ne les passant pas sous silence, à expliquer en quoi ces façons de faire posent problème et à les condamner d’autant plus fermement qu’elles se répètent.
Respecter la parité
Un premier pas réside aussi dans l’application de la parité, qu’il s’agisse de la composition d’une délégation ou de nos organes de décision internes, de la sélection d’intervenants pour un événement, du choix de nos porte-paroles... il est essentiel que les femmes aient l’opportunité d’occuper la place qui leur revient de droit. Il ne fait cependant aucun doute que la seule parité numérique ne suffit pas à garantir l’égalité.
Répartir les tâches de façon égalitaire
La représentation réelle des femmes se traduit aussi par une répartition égalitaire des tâches. En effet, dans la vie privée comme dans les activités militantes, il convient de mettre un point d’honneur à traquer la répartition genrée des tâches : les femmes restent encore trop souvent cantonnées à des tâches moins valorisées et moins valorisantes, d’ordre plus logistique, technique et administratif que scientifique ou politique. Dans le cadre d’une répartition équilibrée des tâches, les femmes ont accès dans une même mesure que les hommes à des fonctions ayant une portée politique et à des postes à responsabilité.
Assurer le partage des connaissances
Dans le cadre du travail de production intellectuelle, les femmes ne doivent pas se limiter à certaines thématiques et pouvoir se former et intervenir dans tous les domaines. Il est nécessaire d’assurer un passage de flambeau entre les femmes et les membres du réseau plus expérimenté-e-s et les nouvelles arrivées ainsi que de leur donner des opportunités concrètes d’intervenir.
Espaces de non-mixité choisie
Il est essentiel de prévoir des moments d’échanges réservés aux femmes. La non-mixité choisie fait partie des outils d’auto-émancipation. L’expérience confirme à chaque fois que nous les créons, que ces espaces permettent aux femmes de s’exprimer plus librement sur leur vécu et leurs expériences spécifiques, ce qui amène à découvrir des problématiques qui ne ressortent pas dans les séances mixtes.
Féminisation des textes et recours à un langage non-genré
Le langage est éminemment politique et le sexisme passe aussi par les mots et formulations que nous utilisons à l’oral et à l’écrit. Recourir systématiquement au masculin (comme le dit si bien la formule « qui l’emporte »), revient à invisibiliser les femmes. Évitons donc d’appliquer le masculin universel et osons la féminisation des noms des métiers ainsi que les solutions inclusives (ex : les militant-e-s, les militant/e/s, les militant.e.s ou encore les militantEs).
Nous sommes convaincu-e-s qu’un autre monde est possible sans attendre. Si la compréhension des concepts est importante, elle ne suffit pas. S’ils peuvent être envisagés comme des panneaux de signalisation nous indiquant le chemin, il ne tient qu’à nous de saisir l’invitation qu’ils nous lancent de faire advenir le changement dès aujourd’hui en ne traitant plus le féminisme comme une question annexe, séparée ou réservée aux femmes mais en lui donnant chacun-e corps au quotidien, de façon transversale et généralisée dans toutes nos activités.
1er août 2016, par Sarah Berwez