Le réseau CADTM International dénonce la lâcheté des gouvernements du Nord après la COP 29 devant l’urgence climatique

28 novembre 2024 par CADTM International


Photo : The website of the President of Azerbaijan, CC, Wikimedia Commons, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Opening_ceremony_of_World_Leaders_Climate_Action_Summit_COP29.jpg

La COP 29 a donné lieu à une nouvelle mascarade. Le réseau CADTM International dénonce un évènement vampirisé par les lobbies liés aux énergies fossiles et par le gouvernement azerbaïdjanais qui n’ont aucune intention d’amorcer une réelle transition écologique. Le réseau CADTM International dénonce l’hypocrisie des gouvernements du Nord qui ne font rien pour réparer leurs dégâts (assumer leurs responsabilités historiques) et indemniser les pays des Suds pour s’adapter au dérèglement climatique et à amorcer des changements écologiques structurels et essentiels pour le futur de l’humanité.



Un accord sur 287 milliards de dollars d’aides financières par an d’ici 2035 pour les pays dits en développement

Dans un contexte d’urgence climatique, où limiter le réchauffement à 1,5 degré est déjà devenu illusoire, l’accord final de cette COP 29 – 287 milliards de dollars par an à l’horizon 2035 – est extrêmement loin des attentes formulées par les pays des Suds, qui réclamaient entre 500 (G77 G77 Le G77 est une émanation du Groupe des pays en voie de développement qui se sont réunis pour préparer la première Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) à Genève en 1964. Le Groupe offre un forum aux PED pour discuter des problèmes économiques et monétaires internationaux. En 2021, le G77 regroupait plus de 130 pays. + Chine) et 1 300 milliards de dollars (groupe Afrique). À titre de comparaison, en 2022, le Sud global, Chine exceptée, a payé environ 375 milliards de dollars pour le service de sa dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
publique (remboursements, intérêts, pénalités…) Alors que les catastrophes climatiques se multiplient depuis plusieurs années (inondations au Pakistan en 2022, sécheresse au Ghana en 2024, inondations dans l’Est africain, en Espagne à Valence, sécheresse accentuée au Sahel, feux de forêt en Grèce, au Canada, en Équateur, au Brésil, etc.), cet accord démontre encore une fois l’extrême hypocrisie des gouvernements du Nord.

Le réseau CADTM dénonce :

L’instrumentalisation des COP par des gouvernements qui sont au service des multinationales liées aux énergies fossiles et qui n’ont aucune intention d’y renoncer (Émirats arabes unis en 2023, Azerbaïdjan en 2024). Ces derniers utilisent les COP pour ralentir la transition écologique et pour accaparer des terres dans le cadre des fausses solutions du capitalisme vert (voire point suivant).

Les fausses solutions du capitalisme vert, qui consistent à utiliser la crise climatique pour générer toujours plus de profits et s’accaparer les terres des communautés aux Suds. Exemple : la COP 28 qui a donné lieu à l’accaparement de millions d’hectares de forêt au Zimbabwe, au Liberia, en Zambie, ou en Tanzanie par Blue Carbon, une société créée par les Émirats arabes unis juste avant la COP. Blue Carbon, qui n’hésite pas à exclure les communautés locales pour « préserver ces terres », va toucher de l’argent de la part des grandes entreprises polluantes dans le cadre du dépassement de leurs crédits carbone. Conclusion, les grandes entreprises continuent à polluer, elles paient simplement d’autres grandes entreprises qui capitalisent sur l’enjeu du dérèglement climatique en « préservant » des terres (en l’occurrence des forêts) qu’elles s’accaparent en excluant les populations locales.

Pour en savoir plus sur le sujet : Blanchissement de carbone — La « nouvelle ruée vers l’Afrique » du Golfe

La lâcheté des gouvernements du Nord, qui doivent des réparations aux pays des Suds pour la dette écologique Dette écologique La dette écologique est la dette contractée par les pays industrialisés envers les autres pays à cause des spoliations passées et présentes de leurs ressources naturelles, auxquelles s’ajoutent la délocalisation des dégradations et la libre disposition de la planète afin d’y déposer les déchets de l’industrialisation.

La dette écologique trouve son origine à l’époque coloniale et n’a cessé d’augmenter à travers diverses activités :


 La « dette du carbone ». C’est la dette accumulée en raison de la pollution atmosphérique disproportionnée due aux grandes émissions de gaz de certains pays industriels, avec, à la clé, la détérioration de la couche d’ozone et l’augmentation de l’effet de serre.

 La « biopiraterie ». C’est l’appropriation intellectuelle des connaissances ancestrales sur les semences et sur l’utilisation des plantes médicinales et d’autres végétaux par l’agro-industrie moderne et les laboratoires des pays industrialisés qui, comble de l’usurpation, perçoivent des royalties sur ces connaissances.

 Les « passifs environnementaux ». C’est la dette due au titre de l’exploitation sous-rémunérée des ressources naturelles, grevant de surcroît les possibilités de développement des peuples lésés : pétrole, minéraux, ressources forestières, marines et génétiques.

 L’exportation vers les pays les plus pauvres de produits dangereux fabriqués dans les pays industriels.

Dette écologique et dette extérieure sont indissociables. L’obligation de payer la dette extérieure et ses intérêts impose aux pays débiteurs de réaliser un excédent monétaire. Cet excédent provient pour une part d’une amélioration effective de la productivité et, pour une autre part, de l’appauvrissement des populations de ces pays et de l’abus de la nature. La détérioration des termes de l’échange accentue le processus : les pays les plus endettés exportent de plus en plus pour obtenir les mêmes maigres recettes tout en aggravant mécaniquement la pression sur les ressources naturelles.
qu’ils ont laissée, pour des décennies de colonialisme et de permanent néocolonialisme via leurs grandes entreprises du Nord continuent à piller les ressources aux Suds, avec la complicité de leurs classes dominantes qui maintiennent l’exploitation du Sud par le Nord, notamment via l’outil néocolonial qu’est la dette.

Le réseau CADTM International appelle :


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