3e trimestre 2014 - n°63
29 juillet 2014
Sommaire
La Belgique, l’UE et la colonisation galopante des terres palestiniennes. S’indigner ne suffit pas !
Dexia complice de violations très graves des droits humains dans les territoires occupés par Israël
Une critique écologiste de l’occupation israélienne
Le CADTM salue le combat de Cephas Lumina
L’Argentine signe un accord dit « historique » avec le Club de Paris
Argentine : un vautour peut en cacher d’autres
Place à l’émancipation des femmes ! Solidaires face à la dette, unies contre les microcrédits
Pour une poignée de dirhams
« MarocAfric » ou l’investissement marocain en Afrique subsaharienne
Mali, les créanciers réclament le remboursement des dettes et instrumentalisent l’« aide » pour leurs propres intérêts
Replacer l’« agenda de l’efficacité » dans les rapports Nord-Sud
Notre solidarité va au-delà des frontières, notre démocratie au-delà des élections
La forfaiture du Sénat ou la honte de la République
Les nouveaux prêts à la Grèce sont odieux, illégitimes, insoutenables et illégaux
Édito
En novembre dernier, les Nations unies proclamaient 2014 « année de solidarité avec le peuple palestinien », une résolution que d’aucuns considéraient comme une réponse d’ampleur à l’encontre de la politique colonisatrice du gouvernement israélien. Ce 19 juin, en dépit de la forte opposition des pays arabes, Israël a été élu à la vice-présidence du Comité spécial de l’ONU chargé de la décolonisation (qui, entre autres, traite de questions relatives aux réfugiés palestiniens). En lieu et place de la solidarité et de la volonté de faire de la paix entre la Palestine et Israël une réalité, c’est un théâtre du cynisme et de l’obscène qui se joue au sein de l’ONU et dans les rangs de ses États membres, en premier lieu ceux de l’Union européenne qui ont soutenu cette candidature.
Cette élection, au moment même où Israël intensifie son programme de colonisation et ses incursions dans les territoires palestiniens, rappelle que seule la mobilisation citoyenne, telle que le mouvement BDS (Boycott, désinvestissements et sanctions), est de nature à sanctionner la politique d’Israël et des États qui la soutiennent. En témoigne la décision récente de l’Église presbytérienne, une des plus importantes aux États-Unis (1,8 million de membres), de retirer ses investissements de Caterpillar, Hewlett-Packard et Motorola Solutions pour leurs activités dans les territoires palestiniens occupés.
C’est contre toute forme de domination que le CADTM s’engage depuis plus de 20 ans, qu’elle prenne la forme de la colonisation, des interventions militaires, de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
ou encore de l’imposture de « aide au développement » . Plus récemment, le CADTM s’est engagé au côté d’ATTAC-CADTM Maroc et de femmes et d’hommes qui luttent, au Maroc, contre les institutions de microcrédit, qui loin de leur permettre de sortir de la misère, les enferment dans une spirale d’endettement dont ils ne parviennent plus à sortir (voir articles p.20 et 25). Qu’il s’agisse de populations qui subissent l’austérité et l’imposition de l’agenda néolibéral au nom de la dette publique ou de personnes surendettées à titre privé (plombées par un prêt étudiant, un emprunt immobilier ou un microcrédit), il est primordial de refuser l’horizon soi-disant indépassable du remboursement des dettes que nous ont dessiné les gouvernements et les 1 %. S’indigner ne suffit pas.
Nous le voyons aujourd’hui au Brésil avec la 20e coupe du monde organisée par le fossoyeur qu’est la FIFA, la colonisation peut prendre de nombreuses formes, il en va de même pour les résistances populaires. Forçons les États et les compagnies colonisatrices à reconnaître leurs responsabilités historiques. Exigeons l’annulation de la dette couplée à une « aide au développement » rebaptisée « fonds de réparation » pour les dommages causés du fait de la dette historique, écologique, financière, sociale et culturelle de ceux-ci. L’indignation doit pousser à s’inspirer des luttes en cours pour se réapproprier l’avenir, construire de nouveaux possibles, jeter les bases d’une transformation radicale des relations entre les peuples, où coopération, justice sociale et égalité ne sont pas de vains mots.