9 novembre 2006
Ce jeudi 9 novembre 2006, Claude Quemar, membre du CADTM international, et participant à la deuxième édition de la caravane des alternatives sociales, a été interpellé par la police nationale dans la ville de Tahoua, située à 550 km de Niamey (Niger). Cette « interpellation » a eu lieu au cours d’une des conférences/débats organisées par les « caravaniers », et cela sans aucun mandat ni motif officiel. Après une heure d’interrogatoire au commissariat, il a été emmené manu militari à Niamey.
La caravane des alternatives sociales, initiative du RNDD Niger (Réseau National Dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
et Développement) a pour objectif principal de sensibiliser les populations locales sur l’impact de la dette du Tiers Monde et de l’ajustement structurel sur leurs conditions de vie quotidiennes. Elle a également pour but de favoriser l’implication des mouvements sociaux dans le combat pour l’annulation de cette dette, odieuse, illégitime, et qui a déjà été remboursée plusieurs fois. Enfin, il s’agit d’élaborer collectivement des pistes alternatives à la mondialisation
Mondialisation
(voir aussi Globalisation)
(extrait de F. Chesnais, 1997a)
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus - ou même tout autre chose - qu’une phase supplémentaire dans le processus d’internationalisation du capital engagé depuis plus d’un siècle. C’est à un mode de fonctionnement spécifique - et à plusieurs égards important, nouveau - du capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orientation, de façon à en faire la caractérisation.
Les points d’inflexion par rapport aux évolutions des principales économies, internes ou externes à l’OCDE, exigent d’être abordés comme un tout, en partant de l’hypothèse que vraisemblablement, ils font « système ». Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu - en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».
La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvée pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970.
néolibérale.
Composée de 35 participants provenant de différents pays (Niger, Côte d’Ivoire, France, Belgique, Canada) et organisations (associations de défense des droits de l’homme, syndicats, réseaux internationaux, ONG, étudiants, paysans, féministes, ...) la caravane doit relier cette année Niamey à Arlit (capitale minière du Nord du Niger).
Cette arrestation s’inscrit dans un contexte de répression constante de la société civile nigérienne. Après l’interdiction du Forum Social Nigérien, puis son autorisation face aux pressions internationales, le gouvernement décide de porter un nouveau coup au mouvement social.
Le RNDD, ainsi que tous les caravaniers, dénoncent ces pratiques scandaleuses et demandent la libération immédiate et inconditionnelle de notre camarade Claude Quemar.
La dette étrangle les peuples et constitue une nouvelle forme d’esclavage. Il s’agit d’en prendre conscience collectivement pour que l’immense majorité de la population avance enfin vers la satisfaction de ses droits humains fondamentaux. La caravane mène ce combat et compte bien continuer à le mener, malgré cette arrestation inacceptable.
Signataires : Hamza Malam Harou (Réseau National Dette et Développement - RNDD Niger) ; Mme Daweye Nana ( RNDD Niger) Hamada Attaher ( Association Nationale pour la Défense des Droits de l’Homme - ANDDH Niger ) ; Lawali Abdo ( Confédération Démocratique des Travailleurs du Niger - CDTN Niger ) ; Mme Zeinabou Oumarou ( Réseau des femmes enseignantes du Niger - REFEN Niger) ; Abdou Koublé ( Plate Forme paysanne - Niger) ; Boka Abdoulaye (Union des Etudiants de l’Université de Niamey - UENUN Niger) ; Olivier Bonfond (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde - CADTM Belgique) ; Sebastian Alzerreca (Survie France) ; Achille Esse ( Front National contre la Dette et pour le Développement - FNDP Côte d’Ivoire) ; Bruno Girard (Alternatives Canada)
NIGER : Arrestation d’un altermondialiste français
Claude Quémar, un altermondialiste français de a été interpellé ce matin
par
la police nationale nigérienne à Tahoua à 550 km à l’est de Niamey.
Claude
Quémar, secrétaire général de l’Ong CADTM France (Comité pour
l’annulation
de la dette du Tiers Monde) participait à une caravane qui était parti
de
Niamey pour relier Arlit au nord du pays. Son interpellation est
intervenue
au moment où il animait une conférence sur le VIH/Sida.
Selon des témoins de la scène, participants également à la caravane,
trois
policiers seraient venus l’interpeller pour l’amener au commissariat de
police où il serait interrogé. Les mêmes témoins affirment ne pas
connaître
les motifs de l’interpellation de leur camarade qui risque d’être amené
à
Niamey et expulsé du Niger.
On se rappelle que le 23 octobre dernier, le gouvernement nigérien avait
transmis une note d’interdiction aux organisations non-gouvernementales
et
associations nationales à l’initiative de la tenue du forum social
nigérien
initialement prévue du 27 au 30 octobre. Selon le ministre porte-parole
du
gouvernement Mohamed Ben Omar, "le gouvernement ne saurait accepter son
procès sur son propre sol, et qui plus est par des étrangers" avant
d’ajouter que « le chef de gouvernement ne doit rendre de comptes qu’au
peuple du Niger. Personne ne peut venir nous donner des leçons. »
avait-il
conclu.
Le Forum social a pu finalement se tenir du 3 au 6 novembre dernier et a
regroupé quelques 1.000 acteurs de la société civile nigérienne, dont
175
délégués venant des sept régions du pays, et des invités internationaux
en
provenance de la sous-région et de l’Europe. Au cours de la première
édition
du Forum social nigérien, qui s’est tenue à Niamey du 25 au 29 septembre
2003, 500 acteurs de la société civile se sont retrouvés pour débattre
des
problèmes sociaux qu’affrontent les populations, échanger sur les
programmes
nationaux de développement et analyser les phénomènes de la
globalisation
Globalisation
(voir aussi Mondialisation) (extrait de Chesnais, 1997a)
Origine et sens de ce terme anglo-saxon. En anglais, le mot « global » se réfère aussi bien à des phénomènes intéressant la (ou les) société(s) humaine(s) au niveau du globe comme tel (c’est le cas de l’expression global warming désignant l’effet de serre) qu’à des processus dont le propre est d’être « global » uniquement dans la perspective stratégique d’un « agent économique » ou d’un « acteur social » précis. En l’occurrence, le terme « globalisation » est né dans les Business Schools américaines et a revêtu le second sens. Il se réfère aux paramètres pertinents de l’action stratégique du très grand groupe industriel. Il en va de même dans la sphère financière. A la capacité stratégique du grand groupe d’adopter une approche et conduite « globales » portant sur les marchés à demande solvable, ses sources d’approvisionnement, les stratégies des principaux rivaux oligopolistiques, font pièce ici les opérations effectuées par les investisseurs financiers, ainsi que la composition de leurs portefeuilles. C’est en raison du sens que le terme global a pour le grand groupe industriel ou le grand investisseur financier que le terme « mondialisation du capital » plutôt que « mondialisation de l’économie » m’a toujours paru - indépendamment de la filiation théorique française de l’internationalisation dont je reconnais toujours l’héritage - la traduction la plus fidèle du terme anglo-saxon. C’est l’équivalence la plus proche de l’expression « globalisation » dans la seule acceptation tant soit peu scientifique que ce terme peut avoir.
Dans un débat public, le patron d’un des plus grands groupes européens a expliqué en substance que la « globalisation » représentait « la liberté pour son groupe de s’implanter où il le veut, le temps qu’il veut, pour produire ce qu’il veut, en s’approvisionnant et en vendant où il veut, et en ayant à supporter le moins de contraintes possible en matière de droit du travail et de conventions sociales »
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