24 novembre 2016 par Olivier Petitjean
Les Sioux de la réserve de Standing Rock, dans le Dakota du Sud, s’opposent à un projet d’oléoduc qui menace des sites culturels ancestraux et leurs sources d’eau [1]. Le Dakota Access Pipeline, d’une longueur de 1800 kilomètres, doit transporter le pétrole de schiste extrait dans le Dakota du Nord vers les côtes Est et Sud des États-Unis et, au-delà, vers d’autres marchés. Or, selon les chiffres compilés par l’ONG Food and Water Watch, les banques françaises sont engagées dans le projet du Dakota Access Pipeline, pour des sommes dépassant le milliard de dollars.
Crédit Agricole, Natixis et Société Générale figurent parmi les banques qui ont accordé un prêt de 2,5 milliards de dollars spécifiquement dédié au financement de la construction de l’oléoduc. Avec BNP Paribas, Crédit agricole et Natixis financent également les deux firmes qui portent le projet (Energy Transfer Partners et Energy Transfer Equity). Total de l’exposition financière des banques françaises : près de 450 millions de dollars pour BNP Paribas, près de 350 millions pour le Crédit agricole, 180 millions pour Natixis et 120 millions pour la Société générale.
Une coalition d’organisations écologistes, dont Greenpeace et les Amis de la terre, ont adressé une lettre officielle à un groupement de banques vantant leur responsabilité sociale et environnementale – l’association des « Principes de l’Équateur ». Les ONG s’étonnent que ces banques soient engagées dans un projet aussi problématique pour l’environnement et pour les droits des indigènes, en contradiction totale avec leurs engagements. Toutes les grandes banques françaises adhèrent officiellement aux Principes de l’Équateur. Seules deux des principales banques impliquées dans le projet, Citigroup et la norvégienne DNB, ont officiellement réagi à ces critiques, la première en assurant qu’elle incitait au dialogue avec les Sioux, la seconde en annonçant qu’elle allait reconsidérer ses financements [2].
À l’occasion de la 22e Conférence sur le climat à Marrakech, le Crédit Agricole, la Société Générale et BNP Paribas ont répété leur volonté de se retirer de l’extraction de charbon, la plus polluante des sources d’énergie fossiles. Leurs déclarations ne concernent pas le pétrole et le gaz, même lorsqu’il s’agit de projets particulièrement problématiques ou polluants.
« Nous avons souffert sous tous les présidents américains »
L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis n’est pas des plus réjouissantes pour les Sioux de Standing Rock et les opposants à l’oléoduc. Le nouveau président a en effet des liens financiers étroits avec Energy Transfer Partners et Phillips 66, deux compagnies qui soutiennent le projet. Son nouveau secrétaire à l’Énergie pourrait bien être Harold Hamm, le patron de la firme pétrolière Continental Resources, très implantée dans le gisement de pétrole de schiste qui profitera de l’oléoduc. Les revendications des Sioux risquent de ne plus être entendues à Washington.
« Je sais qu’il y en a qui sont inquiets à cause du nouveau président, a réagi l’une des militantes de Standing Rock, mais je vous rappelle que nous avons souffert sous tous les présidents américains depuis l’établissement même de l’Amérique... Nous devons continuer à résister et à défendre notre droit à la vie. » Les banques françaises entendront-elles leurs appels ?
[1] Lire nos précédents articles sur la violente répression des Sioux opposés à un projet d’oléoduc et le récit de Winona LaDuke, militante et femme politique amérindienne.
[2] Voir le dossier sur le Dakota Access Pipeline de l’ONG spécialisée BankTrack.
En charge de l’Observatoire des multinationales. Passe son temps à surveiller le CAC 40, non pour jouer en bourse, mais pour en mesurer l’impact écologique et social. A côtoyé les mouvements de solidarité internationale et l’édition. Entre France et Nouvelle-Zélande.
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