Série : Les États au service des banques au prétexte du « Too big to fail » (partie 6)
22 novembre 2014 par Eric Toussaint
À partir de 2012, les banques abreuvées de liquidités
Liquidité
Liquidités
Capitaux dont une économie ou une entreprise peut disposer à un instant T. Un manque de liquidités peut conduire une entreprise à la liquidation et une économie à la récession.
ont acheté massivement des titres de la dette
Titres de la dette
Les titres de la dette publique sont des emprunts qu’un État effectue pour financer son déficit (la différence entre ses recettes et ses dépenses). Il émet alors différents titres (bons d’état, certificats de trésorerie, bons du trésor, obligations linéaires, notes etc.) sur les marchés financiers – principalement actuellement – qui lui verseront de l’argent en échange d’un remboursement avec intérêts après une période déterminée (pouvant aller de 3 mois à 30 ans).
Il existe un marché primaire et secondaire de la dette publique.
publique de leur pays (la possession des titres de dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
publique souveraine ne nécessite pas de fonds propres
Fonds propres
Capitaux apportés ou laissés par les associés à la disposition d’une entreprise. Une distinction doit être faite entre les fonds propres au sens strict appelés aussi capitaux propres (ou capital dur) et les fonds propres au sens élargi qui comprennent aussi des dettes subordonnées à durée illimitée.
car ils sont considérés comme ne présentant aucun risque, cela permet de diminuer le capital en proportion du bilan total de la banque - ou des actifs
Actif
Actifs
En général, le terme « actif » fait référence à un bien qui possède une valeur réalisable, ou qui peut générer des revenus. Dans le cas contraire, on parle de « passif », c’est-à-dire la partie du bilan composé des ressources dont dispose une entreprise (les capitaux propres apportés par les associés, les provisions pour risques et charges ainsi que les dettes).
totaux, ce qui revient au même [1] ). Prenons l’exemple de l’Espagne. Les banques espagnoles ont emprunté à la BCE
BCE
Banque centrale européenne
La Banque centrale européenne est une institution européenne basée à Francfort, créée en 1998. Les pays de la zone euro lui ont transféré leurs compétences en matières monétaires et son rôle officiel est d’assurer la stabilité des prix (lutter contre l’inflation) dans la dite zone.
Ses trois organes de décision (le conseil des gouverneurs, le directoire et le conseil général) sont tous composés de gouverneurs de banques centrales des pays membres et/ou de spécialistes « reconnus ». Ses statuts la veulent « indépendante » politiquement mais elle est directement influencée par le monde financier.
pour 300 milliards d’euros à 3 ans au taux de 1 % dans le cadre du LTRO
LTRO
Appelé LTRO (Long Term Refinancing Operation), l’opération consiste à accorder aux banques des prêts à long terme. Entre décembre 2011 et février 2012, la BCE a ainsi prêté à un peu plus de 800 banques plus de 1 000 milliards d’euros pour une durée de 3 ans au taux d’intérêt de 1 % (à un moment où l’inflation atteignait environ 2 %). En réalité, le cadeau fait aux banques est plus important que le laisse supposer ce taux (pourtant déjà très avantageux). Pourquoi ? Pour deux raisons simples :
1. Les intérêts sur la somme empruntée ne sont à verser qu’au moment du remboursement de cette somme. Donc si une banque emprunte pour 3 ans et ne rembourse pas de manière anticipée, elle ne paie les intérêts qu’à l’issue des 3 ans.
2. Le taux a été abaissé à plusieurs reprises pour atteindre 0,05 % à partir de septembre 2014 .
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[2]. Une partie de cette somme leur a permis d’augmenter leurs achats de titres de la dette émis par les autorités espagnoles. L’évolution est tout à fait frappante : fin 2006, les banques espagnoles détenaient des titres publics de leur pays pour seulement 16 milliards d’euros. En 2010, elles en détenaient pour 63 milliards. En 2011, elles ont poursuivi leurs achats, les titres espagnols en leur possession représentaient alors 94 milliards. Grâce au LTRO, leurs acquisitions explosent littéralement et le volume qu’elles détiennent double en quelques mois pour atteindre 184,5 milliards d’euros en juillet 2012 [3] . Il s’agit d’une opération très rentable pour elles : alors qu’elles ont emprunté à 1 %, elles ont pu acheter des titres espagnols à 10 ans avec un intérêt qui varie entre 5,5 et 7,6 % au second semestre 2012. Début 2014, les banques espagnoles empruntaient à 0,25 % et prêtaient ensuite à l’État espagnol à environ 4 %. En juin 2014, elles empruntaient à 0,15% et prêtaient à environ 3%. En novembre 2014, elles empruntent à la BCE à 0,05% et elles prêtent à environ 2,1% à l’Espagne [4].
Prenons ensuite l’exemple de l’Italie. Entre fin décembre 2011 et mars 2012, les banques italiennes ont emprunté à la BCE pour 255 milliards d’euros dans le cadre du LTRO [5]. Alors que fin 2010, les banques italiennes détenaient des titres publics de leur pays pour 208,3 milliards d’euros, ce montant passe à 224,1 milliards fin 2011, quelques jours après le début du LTRO. Ensuite, elles utilisent massivement les crédits qu’elles reçoivent de la BCE pour acheter des titres italiens. En septembre 2012, elles en détenaient pour 341,4 milliards d’euros [6]. Comme dans le cas espagnol, il s’agit d’une opération très rentable pour elles : elles ont emprunté à 1 % et, en achetant des titres italiens à 10 ans, elles obtiennent un intérêt qui varie entre 5 et 6,6 % au second semestre 2012. En mars 2014, les banques italiennes empruntaient à 0,25 % à la BCE et prêtaient à l’État italien à 3,4 %. A partir de juin 2014, elles empruntaient à 0,15% et prêtaient à environ 3% à l’Italie. En novembre 2014, elles empruntent à la BCE à 0,05% et prêtent à l’Italie à 2,3% [7].
Le même phénomène s’est produit dans la plupart des pays de la zone euro. Il y a eu relocalisation d’une partie des actifs des banques européennes vers leur pays d’origine. Concrètement, on constate qu’entre 2012 et 2014, la part des dettes publiques d’un pays donné en possession des institutions financières du même pays a augmenté très sensiblement. Cette évolution a donc rassuré les gouvernements de la zone euro, en particulier ceux d’Espagne et d’Italie, car ils ont constaté qu’ils éprouvaient moins de difficultés à vendre aux banques les titres publics qu’ils émettaient. La BCE semblait avoir trouvé la solution. En prêtant massivement aux banques privées, elle les a sauvées d’une situation critique et a épargné à certains États de se lancer dans de nouveaux plans massifs de sauvetage bancaire [8]. L’argent prêté aux banques était en partie utilisé pour acheter des titres de la dette publique des États de la zone euro, ce qui a enrayé la hausse des taux d’intérêt
Taux d'intérêt
Quand A prête de l’argent à B, B rembourse le montant prêté par A (le capital), mais aussi une somme supplémentaire appelée intérêt, afin que A ait intérêt à effectuer cette opération financière. Le taux d’intérêt plus ou moins élevé sert à déterminer l’importance des intérêts.
Prenons un exemple très simple. Si A emprunte 100 millions de dollars sur 10 ans à un taux d’intérêt fixe de 5 %, il va rembourser la première année un dixième du capital emprunté initialement (10 millions de dollars) et 5 % du capital dû, soit 5 millions de dollars, donc en tout 15 millions de dollars. La seconde année, il rembourse encore un dixième du capital initial, mais les 5 % ne portent plus que sur 90 millions de dollars restants dus, soit 4,5 millions de dollars, donc en tout 14,5 millions de dollars. Et ainsi de suite jusqu’à la dixième année où il rembourse les derniers 10 millions de dollars, et 5 % de ces 10 millions de dollars restants, soit 0,5 millions de dollars, donc en tout 10,5 millions de dollars. Sur 10 ans, le remboursement total s’élèvera à 127,5 millions de dollars. En général, le remboursement du capital ne se fait pas en tranches égales. Les premières années, le remboursement porte surtout sur les intérêts, et la part du capital remboursé croît au fil des ans. Ainsi, en cas d’arrêt des remboursements, le capital restant dû est plus élevé…
Le taux d’intérêt nominal est le taux auquel l’emprunt est contracté. Le taux d’intérêt réel est le taux nominal diminué du taux d’inflation.
des pays les plus fragiles et a même produit une baisse des taux pour un certain nombre de pays.
On comprend très bien que, du point de vue des intérêts de la population des pays concernés, il aurait fallu adopter une approche tout à fait différente : la BCE aurait dû prêter directement aux États à moins de 1 % ou encore sans intérêt. Il aurait également fallu socialiser les banques en les plaçant sous contrôle citoyen. Au lieu de cela, la BCE a mis sous perfusion les banques privées en leur ouvrant une ligne de crédit illimitée à taux d’intérêt très bas. Les banques ont fait différents usages de la manne de financement public. Comme on vient de le voir, d’une part, elles ont acheté des titres souverains de pays qui, comme l’Espagne et l’Italie, ont dû leur concéder une rémunération élevée (entre 5 et 7,6 % à 10 ans en 2012, entre 3,4 et 4 % au premier trimestre 2014, entre 2,1 et 2,3% en novembre 2014).
D’autre part, elles ont placé une partie du crédit qui leur était octroyé par la BCE à… la BCE ! Entre 300 et 400 milliards étaient déposés par les banques au jour le jour auprès de la BCE à un taux de 0,25 % au début 2012. En février 2014, un peu plus de 50 milliards d’euros étaient déposés à la BCE au jour le jour à 0 %. En juin 2014, la BCE a finalement décidé que les banques qui lui confient chaque jour de l’argent pour le mettre en sécurité devront payer un taux de 0,10% (quelques mois plus tard, le taux est passé à 0,20% [9] ), Officiellement cette mesure vise également à pousser les banques à prêter aux PME et aux ménages l’argent dont elles disposent plutôt que de le déposer à la BCE. En réalité, on constate que cela ne marche pas. Les prêts aux PME et aux ménages stagnent ou baissent selon les pays.
Pourquoi les banques déposent-elles des liquidités à la BCE ? Parce que c’est une façon de montrer aux autres banquiers et aux autres fournisseurs privés de crédit (Money Market Funds
Money Market Funds
MMF
Les Money Market Funds (MMF) sont des sociétés financières des États-Unis et d’Europe, très peu ou pas du contrôlées ni réglementées car elles n’ont pas de licence bancaire. Ils font partie du shadow banking. En théorie, les MMF mènent une politique prudente mais la réalité est bien différente. L’administration Obama envisage de les réglementer car, en cas de faillite d’un MMF, le risque de devoir utiliser des deniers publics pour les sauver est très élevé. Les MMF suscitent beaucoup d’inquiétude vu les fonds considérables qu’ils gèrent et la chute depuis 2008 de leur marge de profit. En 2012, les MMF états-uniens maniaient 2 700 milliards de dollars de fonds, contre 3 800 milliards en 2008. En tant que fonds d’investissement, les MMF collectent les capitaux des investisseurs (banques, fonds de pension…). Cette épargne est ensuite prêtée à très court terme, souvent au jour le jour, à des banques, des entreprises et des États.
Dans les années 2000, le financement par les MMF est devenu une composante importante du financement à court terme des banques. Parmi les principaux fonds, on trouve Prime Money Market Fund, créé par la principale banque des États-Unis JP.Morgan, qui gérait, en 2012, 115 milliards de dollars. La même année, Wells Fargo, la 4e banque aux États-Unis, gérait un MMF de 24 milliards de dollars. Goldman Sachs, la 5e banque, contrôlait un MMF de 25 milliards de dollars.
Sur le marché des MMF en euros, on trouve de nouveau des sociétés états-uniennes : JP.Morgan (avec 18 milliards d’euros), Black Rock (11,5 milliards), Goldman Sachs (10 milliards) et des européennes avec principalement BNP Paribas (7,4 milliards) et Deutsche Bank (11,3 milliards) toujours pour l’année 2012. Certains MMF opèrent également avec des livres sterling. Bien que Michel Barnier ait annoncé vouloir réglementer le secteur, jusqu’à aujourd’hui rien n’a été mis en place. Encore des déclarations d’intention...
1. L’agence de notation Moody’s a calculé que pendant la période 2007-2009, 62 MMF ont dû être sauvés de la faillite par les banques ou les fonds de pensions qui les avaient créés. Il s’est agi de 36 MMF opérant aux États-Unis et 26 en Europe, pour un coût total de 12,1 milliards de dollars. Entre 1980 et 2007, 146 MMF ont été sauvés par leurs sponsors. En 2010-2011, toujours selon Moody’s, 20 MMF ont été renfloués.
2 Cela montre à quel point ils peuvent mettre en danger la stabilité du système financier privé.
, fonds de pension
Fonds de pension
Fonds d’investissement, appelé aussi fonds de retraite, qui a pour vocation de gérer un régime de retraite par capitalisation. Un fonds de pension est alimenté par l’épargne des salariés d’une ou plusieurs entreprises, épargne souvent complétée par l’entreprise ; il a pour mission de verser des pensions aux salariés adhérents du fonds. Les fonds de pension gèrent des capitaux très importants, qui sont généralement investis sur les marchés boursiers et financiers.
, compagnies d’assurances), à leurs créanciers en général, à leurs actionnaires, aux autorités de contrôle… qu’elles disposent de cash en permanence afin de faire face à l’explosion des bombes à retardement qui se trouvent dans leurs comptes. Si elles n’avaient pas ce cash disponible, les prêteurs potentiels se détourneraient d’elles ou leur imposeraient des taux très élevés. Les détenteurs d’actions
Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
les revendraient et leur cours s’écroulerait.
Poursuivant le même objectif de rassurer les prêteurs privés et les acquéreurs de leurs actions en Bourse Bourse La Bourse est l’endroit où sont émises les obligations et les actions. Une obligation est un titre d’emprunt et une action est un titre de propriété d’une entreprise. Les actions et les obligations peuvent être revendues et rachetées à souhait sur le marché secondaire de la Bourse (le marché primaire est l’endroit où les nouveaux titres sont émis pour la première fois). , elles achètent également des titres souverains d’États qui ne présentent aucun risque à court ou moyen terme : Allemagne, Pays-Bas, France… Elles en sont tellement friandes que ces États peuvent se permettre de leur vendre des titres à 2 ans à un taux de 0 % ou même avec un rendement légèrement négatif (si on prenait en compte l’inflation Inflation Hausse cumulative de l’ensemble des prix (par exemple, une hausse du prix du pétrole, entraînant à terme un réajustement des salaires à la hausse, puis la hausse d’autres prix, etc.). L’inflation implique une perte de valeur de l’argent puisqu’au fil du temps, il faut un montant supérieur pour se procurer une marchandise donnée. Les politiques néolibérales cherchent en priorité à combattre l’inflation pour cette raison. , le rendement réel serait encore plus négatif). Pour emprunter à 10 ans, l’Allemagne versait début 2014 un intérêt de 1,6 % ; en juillet 2014, il s’élevait à 1,4% ; début août 2014, à 1,2% ; mi-novembre 2014, à 0,8%. Ce sont des taux historiquement très bas. Les taux payés par l’Allemagne et les autres pays considérés comme solides financièrement ont baissé considérablement grâce à la politique de la BCE et à l’aggravation de la crise qui touche les pays de la Périphérie. On a assisté à une fuite de capitaux de la Périphérie européenne vers le Centre. Les titres allemands sont tellement fiables et recherchés qu’en cas de nécessité de cash, ils peuvent être revendus du jour au lendemain sans perte. Les banques les acquièrent non pas dans la perspective de gagner de l’argent, mais pour avoir, à la BCE ou sous forme de titres tout à fait liquides, une quantité d’argent disponible en permanence de manière à offrir une impression (souvent fausse) de solvabilité et de capacité à faire face à d’éventuels imprévus. Les banques font d’importants profits en prêtant à l’Espagne, à l’Italie et à d’autres pays faibles de l’UE, cela contrebalance des rendements faibles avec des titres allemands (quoique, si elles empruntent à 0,05 % et qu’elles prêtent à 0,8 %, elles font encore un bénéfice non négligeable).
Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, a montré que les banques européennes sont devenues tellement friandes de titres de la dette publique des États européens que ces titres représentent désormais plusieurs fois leurs fonds propres. A partir des données fournies par l’EBA, l’autorité européenne de contrôle des banques, il a dressé un tableau qui indique le degré d’exposition des banques aux titres souverains. Le ratio utilisé compare le volume des titres de la dette publique détenu par les banques d’un pays donné et leurs fonds propres [10].
On peut constater grâce à ce tableau que l’exposition nette des banques belges aux dettes souveraines s’élève en moyenne à 424% de leurs fonds propres, de loin le taux le plus élevé de l’Union européenne. Chypre suit la Belgique, à bonne distance toutefois (341%), devant l’Allemagne (306%) et l’Italie (304%) [11].
Attention, si l’on compare le volume des dérivés
Dérivés
Dérivé
Dérivé de crédit : Produit financier dont le sous-jacent est une créance* ou un titre représentatif d’une créance (obligation). Le but du dérivé de crédit est de transférer les risques relatifs au crédit, sans transférer l’actif lui-même, dans un but de couverture. Une des formes les plus courantes de dérivé de crédit est le Credit Default Swap.
et autres produits structurés
Produits financiers structurés
Produits structurés
Produit structuré
Un produit structuré est un produit généralement conçu par une banque. C’est souvent une combinaison complexe d’options, de swaps, etc. Son prix est déterminé en utilisant des modèles mathématiques qui modélisent le comportement du produit en fonction du temps et des différentes évolutions du marché. Ce sont souvent des produits vendus avec des marges importantes et opaques.
qui se trouvent dans le bilan des banques à leurs fonds propres, on trouvera des ratios encore plus inquiétants [12]. Ce sont toujours eux qui constituent le principal danger pour les banques, danger qu’elles entretiennent.
Il n’en reste pas moins vrai que les achats par les banques de titres souverains ont augmenté suite à la politique menée par la BCE via le LTRO.
Alors qu’en 2010-2011, les gouvernements et la BCE mentaient à l’opinion publique en expliquant que la cause des problèmes des banques provenait des pays comme la Grèce et d’autres pays périphériques qui menaçaient d’être incapables de rembourser leur dette, la politique de la BCE a créé les conditions pour que les banques achètent encore plus massivement qu’avant des titres de la dette publique, y compris des pays de la périphérie. A la prochaine crise, on peut être sûr qu’ils reprendront leur refrain sur le rôle de la dette publique comme cause des problèmes des banques et de l’économie en général.
Éric Toussaint, maître de conférences à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique et est membre du conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Bancocratie, Aden, 2014, http://cadtm.org/Bancocratie ; Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010.
[1] Ce dispositif est à mettre en relation avec la pondération des actifs par le risque qu’ils représentent. J’ai expliqué cela dans http://cadtm.org/Les-banques-bluffent-en-toute publié le 19 juin 2013 ; http://cadtm.org/Banques-bulletin-de-sante-trafique publié le 23 juillet 2013. Voir également mon livre Bancocratie, Aden, Bruxelles, chapitres 8 et 9. À commander.
[2] Financial Times, « Banks plot early repayment of ECB crisis loans », 15 novembre 2012, p. 25.
[3] D’après le quotidien financier espagnol El Economista, http://www.eleconomista.es/espana/noticias/4252377/09/12/La-deuda-del-Estado-en-manos-de-la-banca-se-duplica-en-siete-meses.html
[4] Voir http://www.bloomberg.com/quote/GSPG10YR:IND consulté le 18 novembre 2014.
[5] Financial Times, ibid.
[6] Voir http://www.bancaditalia.it/statistiche/stat_mon_cred_fin/banc_fin/pimsmc/pimsmc12/sb58_12/en_suppl_58_12.pdf, tableau 2.1a.
[7] Voir http://www.bloomberg.com/quote/GBTPGR10:IND consulté le 18 novembre 2014.
[8] Cependant, n’oublions pas que les autorités espagnoles et italiennes ont dû fortement recapitaliser plusieurs banques importantes en 2012-2014 ; de même pour la Grèce, Chypre, le Portugal, l’Autriche, les Pays-Bas et l’Irlande.
[10] « Ce matériel statistique permet de calculer l’exposition totale de chaque système bancaire national aux dettes souveraines, quel que soit leur pays d’émission. Il est particulièrement instructif de comparer ces expositions au niveau total de fonds propres des banques concernées. » in Eric Dor, « Les banques belges sont championnes d’Europe de l’exposition au risque souverain », 5 novembre 2014
[11] Voir la dépêche de l’agence Belga rédigée par Eric Walravens « Les banques belges championnes d’Europe de l’exposition au risque souverain », publiée le 5 novembre 2014
[12] Voir Éric Toussaint, Bancocratie, ADEN, 2014, chapitres 16 et 17.
Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France.
Il est l’auteur des livres, Banque mondiale - Une histoire critique, Syllepse, 2022, Capitulation entre adultes : Grèce 2015, une alternative était possible, Syllepse, 2020, Le Système Dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, Les liens qui libèrent, 2017 ; Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014 ; Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet des livres AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège.
Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015.
Série : 1944-2024, 80 ans d’intervention de la Banque mondiale et du FMI, ça suffit !
Équateur : De Rafael Correa à Guillermo Lasso en passant par Lenin Moreno4 septembre, par Eric Toussaint
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Les prêts empoisonnés de la Banque mondiale et du FMI à l’Équateur14 août, par Eric Toussaint
27 juillet, par Eric Toussaint
11 juillet, par Eric Toussaint
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1er juillet, par Eric Toussaint , Renaud Vivien , Victor Nzuzi , Luc Mukendi , Yvonne Ngoyi , Najla Mulhondi , Anaïs Carton , Cynthia Mukosa , Nordine Saïdi , Mouhad Reghif , Georgine Dibua , Graziella Vella , Monique Mbeka , Guillermo Kozlowski , CMCLD , ACM , Pauline Fonsny , Céline Beigbeder , Nicolas Luçon , Julie Nathan