26 avril 2019 par PAPDA , FONDAMA
(CC - Flickr - Massimo Nicolodi)
Atelier du 25 avril 2019 de la PAPDA (Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif) et de FONDAMA (Fondasyon Ayiti Men Ansam), Fany Villa, No 31-Babyol Potoprens Ayiti
I. Mise en Contexte
Notre pays vit une profonde crise avec des dimensions systémiques et conjoncturelles. Cette situation qui semble s’aggraver tous les jours a de dramatiques conséquences sur les conditions de vie de la population. Depuis juillet 2018, l’Exécutif ne gouverne pas et tous les indicateurs sont au rouge. En fait l’effondrement des institutions étatiques a commencé depuis de longues années connaissant cependant une brusque accélération depuis 2010. Depuis 2 mois l’’Etat a des difficultés pour rémunérer ses employés. L’approvisionnement du marché national en produits stratégiques ne se fait plus avec régularité. Depuis décembre 2018 la rareté des produits pétroliers génère une situation chaotique avec ces derniers jours un blocage presque complet de la vie économique. Dans la capitale des quartiers entiers sont privés d’électricité durant de longues périodes. Le déficit fiscal continue à se creuser avec l’explosion du crédit fournit par la Banque centrale Banque centrale La banque centrale d’un pays gère la politique monétaire et détient le monopole de l’émission de la monnaie nationale. C’est auprès d’elle que les banques commerciales sont contraintes de s’approvisionner en monnaie, selon un prix d’approvisionnement déterminé par les taux directeurs de la banque centrale. au fonctionnement de l’appareil de l’État surendetté. Entre octobre 2017 et décembre 2018 la quantité de citoyens et citoyennes en phase critique de malnutrition est passée de 1.7 millions à 2.3 millions et on prévoit que ce chiffre peut atteindre 2.8 millions entre mars et mai 2019. Les réserves internationales nettes sont au plus bas niveau depuis plusieurs décennies.
L’orientation néolibérale des politiques publiques se maintient et se renforce à travers un nouvel accord de prêt avec le FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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[1] assorti des conditions classiques de privatisation conduisant à une aggravation des conditions de vie des couches les plus pauvres, une augmentation des subventions aux grands importateurs de riz. La privatisation complète de l’importation des produits pétroliers fait probablement partie du paquet de conditionnalités
Conditionnalités
Ensemble des mesures néolibérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays qui signent un accord, notamment pour obtenir un aménagement du remboursement de leur dette. Ces mesures sont censées favoriser l’« attractivité » du pays pour les investisseurs internationaux mais pénalisent durement les populations. Par extension, ce terme désigne toute condition imposée en vue de l’octroi d’une aide ou d’un prêt.
signées avec le FMI. Des incidents tragiques au niveau de la frontière qui ont causé la mort de plusieurs agents douaniers dans l’exercice de leurs fonctions ne semblent pas avoir été suivis de mesures adéquates de redressement et d’affirmation de mécanismes de contrôle des frontières alors que cette mission est attribuée à un noyau d’une soi-disant nouvelle armée totalement transparente. L’absence d’investissements publics et privés dirigés vers les secteurs productifs persiste.
La grande majorité des citoyens et citoyennes connait une brutale et rapide paupérisation suite à la détérioration accélérée de la gourde face au dollar étatsunien au cours des 3 dernières années, une inflation Inflation Hausse cumulative de l’ensemble des prix (par exemple, une hausse du prix du pétrole, entraînant à terme un réajustement des salaires à la hausse, puis la hausse d’autres prix, etc.). L’inflation implique une perte de valeur de l’argent puisqu’au fil du temps, il faut un montant supérieur pour se procurer une marchandise donnée. Les politiques néolibérales cherchent en priorité à combattre l’inflation pour cette raison. importante et continue durant les 38 derniers mois, une maladroite tentative de dé dollarisation Dollarisation Substitution du dollar à la monnaie nationale, laquelle, à la différence d’un régime d’arrimage, disparaît totalement. La dollarisation est l’ultime stade de la disparition de l’autonomie monétaire. très mal gérée en mars 2018, des instruments budgétaires recherchant une brutale augmentation de la pression fiscale de 12 à 18% dans un contexte de précarité généralisée [2]. Un budget qui fait reposer l’assiette fiscale de façon prédominante sur les couches les plus appauvries. Un système gangrené par la corruption et l’impunité avec une volonté affichée des pouvoirs publics de maintenir les privilèges exorbitants des membres de l’exécutif, du pouvoir législatif et le gaspillage des fonds du Trésor Public.
Dans ce contexte de grande fragilité dominé par une tendance croissante à l’accaparement des terres occupées par la paysannerie pour les transférer vers les entreprises transnationales et haïtiennes les contestations populaires réclamant notamment la démission du Président de la République, la mise en place du procès petroCaribe et des mesures rapides et énergiques pour une récupération du pouvoir d’achat de la population se multiplient. Ces protestations ont culminé avec d’impressionnantes manifestations populaires massives les 17 octobre, 18 novembre 2018 et 7 février 2019 aboutissant à une rupture totale entre les 3 Pouvoirs et le pays avec une hallucinante période de 10 jours de cessation quasi complète de toute activité économique sur le territoire national. Une indignation généralisée secoue de larges couches de la population face aux décisions prises au sommet de l’Exécutif et face à des événements inacceptables comme le vote contre le gouvernement de Nicolas Maduro, les scandales financiers à répétition et l’issue donnée à la présence des 7 mercenaires venus des États-Unis.
Face à cette situation plus qu’alarmante FONDAMA et PAPDA ont décidé d’organiser une séance de travail autour de cette crise. Cet atelier intitulé « Luttes paysannes et crise haïtienne » doit favoriser une prise de conscience autour des principaux enjeux de cette conjoncture agitée et la nécessité pour les acteurs paysans de structurer des réponses pertinentes qui permettent de faire avancer un agenda de rupture face aux politiques publiques afin de dynamiser la mise en place de nouvelles options favorables aux intérêts de la nation et au renforcement d’une économie paysanne agro écologique.
Cet atelier est organisé dans un triple souci :
II. Objectifs et résultats espérés
Dans le cadre de cet atelier nous voulons :
III. Déroulement de l’atelier
9h00 – 9h15 | Accueil et présentation des participants et participantes (Fabienne Jean) |
9h15 – 9h30 | Présentation de l’agenda et des objectifs visés (Camille Chalmers) |
9h30 – 10h00 | Présentation de l’agenda mondial de luttes de CLOC-Via Campesina, de CLOC-Via Campesina Haïti et de la coalition 4Je composée de CROSE, MPNKP, MPP et TK. (Un ou 2 représentants de la coalition 4 Je) |
10h00 – 10h45 | Quel modèle de production agricole pour Haïti : Agriculture paysanne familiale agro-écologique versus agro-business tourné vers l’exportation ? (Allen Henry, Franc St Jean, Camille Chalmers) |
10h45 – 11h30 | La question foncière et la nécessaire réforme agraire populaire intégrale : enjeux et perspectives (Bernard Ethéart, Ronel Michel Thélusmond) |
11h30 – 12h00 | Questions / Débats |
12h00 -12h15 | Pause |
12h15 – 13h00 | Luttes paysannes en Haïti dans un contexte de crise (Ricot Jean Pierre, Ernst Mathurin, Rosnel Jean Baptiste, Milostène Castin) |
13h00 – 13h15 | Questions |
13h15 – 14h30 | Réflexion en ateliers autour des initiatives collectives structurelles et conjoncturelles pour la défense de l’économie paysanne agro écologique (Coordination méthodologique : Jean Jores Pierre, Ollery St Louis et Loudbery Plancher) |
14h30 – 15h30 | Discussion autour des résultats des ateliers |
15h30 – 16h00 | Conclusions et perspectives (Camille Chalmers et Fabienne Jean) |
16h00 – 17h00 | Repas |
[1] « Facilité Élargie de crédit » signée avec le Gouvernement haïtien en février 2019 pour un prêt de 229 millions $USD avec un taux de 0% sur une période de 3 ans. Cet accord est intervenu tout de suite après la décision de Jovenel Moïse de voter contre la légalité de Nicolas Maduro.
[2] Les données utilisées sont tirées en majorité de la note sur la politique monétaire publiée par la BRH en Mars 2019 : https://www.brh.ht/documents/note_polmon2t19.pdf
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