Les revendications issues du contre-sommet de Marrakech : Dette, microcrédit, justice climatique, souveraineté alimentaire, mouvements sociaux, migrations...

30 octobre par CADTM International , Collectif


Photo : Womin

Dans le cadre du contre-sommet du FMI et de la Banque mondiale qui s’est tenu à Marrakech, des recommandations ont été tirées des ateliers tenus du 13 au 14 octobre 2023, complétées par une séance collective de mise en commun de ces conclusions le 15 octobre 2023. Retrouvez la déclaration de Marrakech ici.



 Institutions financières internationales

• Lutter pour la disparition du Fonds monétaire international FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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et de la Banque mondiale Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.

En 2022, 189 pays en sont membres.

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, qui sont au service des puissances impérialistes et néocolonialistes et qui n’ont jamais servi les peuples. Nous considérons que ces institutions ne sont pas réformables.
• Mettre en place une Banque du Sud et des banques régionales indépendantes des puissances néocoloniales et sous le contrôle des peuples, avec des critères d’investissement centrés sur les droits humains, les besoins sociaux, la transition écologique juste, une gestion ouverte et transparente.
• Encourager à porter plainte contre les entreprises qui ne respectent pas le droit international. Même si ces actions judiciaires n’aboutissent pas directement, elles peuvent servir de base pour des actions citoyennes et des interpellations.
• Promouvoir la coopération équitable, solidaire et complémentaire entre les peuples.
• Faire voter par les parlements nationaux à travers le monde une loi contre les fonds vautours Fonds vautour
Fonds vautours
Fonds d’investissement qui achètent sur le marché secondaire (la brocante de la dette) des titres de dette de pays qui connaissent des difficultés financières. Ils les obtiennent à un montant très inférieur à leur valeur nominale, en les achetant à d’autres investisseurs qui préfèrent s’en débarrasser à moindre coût, quitte à essuyer une perte, de peur que le pays en question se place en défaut de paiement. Les fonds vautours réclament ensuite le paiement intégral de la dette qu’ils viennent d’acquérir, allant jusqu’à attaquer le pays débiteur devant des tribunaux qui privilégient les intérêts des investisseurs, typiquement les tribunaux américains et britanniques.
selon le modèle de la loi belge de 2014 afin de limiter leur pouvoir spéculatif dans le monde.
• Réformer le rôle des agences de notations et des banques centrales afin qu’elles se constituent comme des acteurs d’une architecture financière au profit de toutes et aux bénéfices des populations. Que les critères de rendement financier et économique ne soient pas les seuls retenus !

 Dettes et réparations

• Favoriser une gestion démocratique, citoyenne et transparente de l’endettement public.
• Réaliser des audits citoyens de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
publique.
• Faire reconnaître les dettes morale, historique, écologique, et climatique et exiger des réparations. Dès lors, on inverse l’approche selon laquelle le Sud global est débiteur puisqu’en réalité c’est à lui que l’on doit des réparations.
• Lutter pour que les gouvernements puissent répudier d’une façon souveraine et unilatérale l’ensemble des dettes odieuses, illégales et illégitimes.
• Créer une synergie d’actions entre le Nord et le Sud global dans la répudiation des dettes illégitimes.
• Les dettes tuent et empêchent les populations de vivre dignement.

 Microcrédit

• Créer et organiser un Forum spécial sur le microcrédit pour dénoncer ce système, ces effets néfastes et proposer des alternatives.
• Promouvoir les « Tontines » et autres caisses d’épargne solidaires locales en prenant en compte la charge mentale pour des femmes en difficultés et la pression exercée en cas de non-capacité de remboursement dans le cadre des microcrédits.
• Créer aussi des systèmes de « Tontines » pour les hommes, pour une solidarité de genre, dans les dépenses importantes.
• Promouvoir les dépenses publiques pour limiter le besoin d’accès au microcrédit.
• Appuyer la création de coopératives de soutien et de solidarité des femmes.

 Justice climatique et environnementale

• Mettre en avant les concepts de dettes écologique et climatique et de réparations.
• Étendre et utiliser les mouvements tels que « Nous sommes l’eau qui se défend » et créer des contacts, des convergences et liens entre luttes et mouvements (même au-delà des frontières).
• Il n’y a pas de décarbonisation sans décolonisation et il n’y a pas de décolonisation sans décarbonisation.
• Pousser nos différents gouvernements à se débarrasser des énergies fossiles.
• Lutter contre le capitalisme vert et les fausses solutions ainsi que contre le colonialisme vert.
• Lutter pour la décolonisation de l’information à travers l’implication des médias anticapitalistes. Dénoncer le greenwashing.
• Sujets ou thèmes à cibler et sur lesquels travailler : croissance verte impérialiste, colonisation verte, programmes de transition imposés par les institutions internationales sans consultation ni prise en compte des besoins de la population, lutte contre le consumérisme.
• Nécessité de convergences entre les luttes écologiques, ouvrières, féministes et celles des populations indigènes/autochtones pour la défense de leurs territoires.
• Maintenir la pression dans la rue pendant la COP.
• Ne pas attendre des miracles des gouvernements et des négociations et militer pour un agenda des peuples pour agir contre l’urgence climatique.
• S’assurer que les populations locales puissent bénéficier des avantages financiers et sociaux justes, dignes et suffisants de ce qui est produit sur leur terre.
• Renforcer la gouvernance par la participation des représentant·es des communautés et de la société civile au sein des différentes instances et à tous les niveaux.
• Sanctionner la corruption des élites, des chefs coutumiers et religieux, et l’impunité des multinationales exploitatrices voire criminelles.
• Traduire en justice pour crime contre l’humanité les multinationales qui polluent et détruisent l’environnement et violent les droits humains.
• Supprimer le ISDS dans les accords des libres échanges qui permettent aux multinationales d’attaquer les États en justice lorsqu’ils élaborent les lois pour protéger la population et les environnements.
• Mettre fin aux accords de libre-échange défavorables aux petit·es producteur·ices locaux·les.
• Mettre fin aux monocultures intensives pour l’exportation et favoriser les cultures vivrières Vivrières Vivrières (cultures)

Cultures destinées à l’alimentation des populations locales (mil, manioc, sorgho, etc.), à l’opposé des cultures destinées à l’exportation (café, cacao, thé, arachide, sucre, bananes, etc.).
.
• Interdire les OGM OGM
Organisme génétiquement modifié
Organisme vivant (végétal ou animal) sur lequel on a procédé à une manipulation génétique afin de modifier ses qualités, en général afin de le rendre résistant à un herbicide ou un pesticide. En 2000, les OGM couvraient plus de 40 millions d’hectares, concernant pour les trois-quarts le soja et le maïs. Les principaux pays producteurs étaient les USA, l’Argentine et le Canada. Les plantes génétiquement modifiées sont en général produites intensivement pour l’alimentation du bétail des pays riches. Leur existence pose trois problèmes.


- Problème sanitaire. Outre la présence de nouveaux gènes dont les effets ne sont pas toujours connus, la résistance à un herbicide implique que le producteur va multiplier son utilisation. Les produits OGM (notamment le soja américain) se retrouvent gorgés d’herbicide dont dont on ignore les effets sur la santé humaine. De plus, pour incorporer le gène nouveau, on l’associe à un gène de résistance à un antibiotique, on bombarde des cellules saines et on cultive le tout dans une solution en présence de cet antibiotique pour ne conserver que les cellules effectivement modifiées.


- Problème juridique. Les OGM sont développés à l’initiative des seules transnationales de l’agrochimie comme Monsanto, pour toucher les royalties sur les brevets associés. Elles procèdent par coups de boutoir pour enfoncer une législation lacunaire devant ces objets nouveaux. Les agriculteurs deviennent alors dépendants de ces firmes. Les États se défendent comme ils peuvent, bien souvent complices, et ils sont fort démunis quand on découvre une présence malencontreuse d’OGM dans des semences que l’on croyait saines : destruction de colza transgénique dans le nord de la France en mai 2000 (Advanta Seeds), non destruction de maïs transgénique sur 2600 ha en Lot et Garonne en juin 2000 (Golden Harvest), retrait de la distribution de galettes de maïs Taco Bell aux USA en octobre 2000 (Aventis). En outre, lors du vote par le parlement européen de la recommandation du 12/4/2000, l’amendement définissant la responsabilité des producteurs a été rejeté.


- Problème alimentaire. Les OGM sont inutiles au Nord où il y a surproduction et où il faudrait bien mieux promouvoir une agriculture paysanne et saine, inutiles au Sud qui ne pourra pas se payer ces semences chères et les pesticides qui vont avec, ou alors cela déséquilibrera toute la production traditionnelle. Il est clair selon la FAO que la faim dans le monde ne résulte pas d’une production insuffisante.
.
• Mieux réglementer l’utilisation des engrais chimiques et pesticides et favoriser l’utilisation des engrais naturels.
• Lutter contre l’accaparement et la dépossession des terres au détriment des populations locales.
• Réfléchir à une réforme agraire et foncière plus juste.
• Renforcer le Partenariat entre les communautés affectées par l’extractivisme Extractivisme Modèle de développement basé sur l’exploitation des ressources naturelles, humaines et financières, guidé par la croyance en une nécessaire croissance économique. .
• Développer l’éducation populaire et partager les expériences entre les peuples.

 Souveraineté alimentaire

• Lutter contre les accords de libre-échange dans le Sud global (ZLECAF en Afrique, MERCOSUR Mercosur Le Mercosur est une zone régionale de coopération économique du Cône Sud (marché du Cône Sud) qui rassemble le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay, en plus de deux pays associés, le Chili et la Bolivie. en Amérique latine, etc).
• Lutter contre la pollution des écosystèmes générée à travers les industries extractives.
• Appuyer une recherche indépendante et alternative de l’agro-industrie.
• Sensibiliser la population à la production, transformation et consommation des produits locaux de qualité et développer des industries locales.
• Améliorer les conditions de travail des travailleurs-euses dans le domaine de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage et de manière générale.
• Abandonner les cultures de rentes à faible valeur ajoutée au profit de culture vivrière.
• Lutter contre les accaparements des terres les plus arables par les prédateurs fonciers.
• Inscrire le droit à l’alimentation comme une priorité absolue dans les politiques.

 Féminisme

• Créer un collectif avec les femmes qui ont participé au Contre-sommet, les impliquer dans des campagnes et dans des lobbies Lobby
Lobbies
Un lobby est une structure organisée pour représenter et défendre les intérêts d’un groupe donné en exerçant des pressions ou influences sur des personnes ou institutions détentrices de pouvoir. Le lobbying consiste ainsi en des interventions destinées à influencer directement ou indirectement l’élaboration, l’application ou l’interprétation de mesures législatives, normes, règlements et plus généralement, toute intervention ou décision des pouvoirs publics. Ainsi, le rôle d’un lobby est d’infléchir une norme, d’en créer une nouvelle ou de supprimer des dispositions existantes.
politiques.
• Prendre en compte dans les luttes féministes les femmes pauvres et leurs revendications car ce sont elles les premières impactées.
• Dévoiler, décortiquer et dénoncer le discours et les programmes des institutions financières envers les femmes, notamment par rapport au microcrédit.
• Considérer le refus de rembourser les institutions de microcrédits comme l’expression d’une révolte légitime. Soutenir ce mouvement de refus de continuer à payer vu les circonstances et les conséquences dramatiques.
• Mener des recherches sur l’impact du microcrédit sur les femmes
• Lutter pour les droits des femmes à la propriété des terres.
• Renforcer les capacités des femmes (mais aussi sensibiliser les hommes pour changer leur vision patriarcale). Renforcer les capacités des femmes et leur leadership politique, économique et sociale.
• Organiser une université d’été féministe.
• Renforcer la coordination des luttes au niveau régional et international.
• Organiser des rencontres d’échanges et des formations en ligne en rapport avec les luttes féministes.
• Favoriser l’accès des femmes à l’éducation et au travail.
• Mettre en place des programmes de santé de la reproduction et de lutte contre les violences sexuelles basées sur le genre. Mener les actions de lutte contre l’exploitation, le harcèlement et les abus sexuels à l’endroit des femmes et des filles.
• Lutter contre la marchandisation des femmes et le trafic des êtres humains
• Avoir une base de données des femmes sur le féminisme international.

 Jeunesse

• Promouvoir la formation, l’éducation permanente, la sensibilisation des jeunes.
• Leur permettre de devenir des acteurs responsables et éclairés de changements sociaux et constructifs pour un monde solidaire et meilleur.
• Soutenir leurs initiatives, leurs recherches et leurs innovations.
• Défendre des politiques qui ne les condamnent pas au chômage, à l’exclusion sociale, à la marginalisation et à leur criminalisation.
• Agir préventivement plutôt que par la répression.
• Refuser les politiques à court terme qui menacent l’avenir des générations futures.
• Encourager l’auto-organisation et autodétermination des jeunes adultes.

 Migration

• Renforcer les liens entre les résistances du nord et celles du Sud et leur collaboration.
• Se battre pour la régularisation des sans-papiers.
• Définir des objectifs et indicateurs de résultats concrets et vérifiables.
• Abolir FRONTEX (renforcer la campagne anti-FRONTEX déjà existante).
• Ouvrir des frontières et lutter contre le trafic des êtres humains (les marchand·es de sommeil, les exploitations esclavagistes, la prostitution, etc.)
• Sensibiliser contre le racisme, la xénophobie et les partis d’extrême droite, en montrant bien que chaque population est à la fois migrante et accueillante d’autres migrant·es. (Ex : les Marocain·es font face à la discrimination en France et les africain·es subsaharien·nes sont traqués par les autorités marocaines, libyennes, algériennes… ; les Dominicain·es sont discriminé·es à Puerto Rico et d’un autre côté, les autorités dominicaines maltraitent les Haïtien·nes).
• Rappelons que tout enfant a besoin d’une identité, aucun racisme ne peut déroger à cette règle en refusant de donner à l’enfant une nationalité à la naissance. (Problème d’apatridie : certains enfants n’obtiennent pas la nationalité du pays où ils naissent et ne peuvent plus ensuite obtenir la nationalité de leurs parents parce qu’ils ne sont pas né·es dans leur pays. Exemple : les enfants de parents haïtien·nes qui naissent en République dominicaine ; le scandale de la petite Angelica, née en Belgique de parents équatoriens avant que la loi ne change et ne permette justement aux enfants apatrides d’obtenir la nationalité belge à la naissance. Soulignons la loi belge qui autorise un fonctionnaire communal à refuser une reconnaissance de paternité d’un père belge vis-à-vis d’un enfant conçu avec une femme sans papiers, ce qui a pour conséquence d’ôter la reconnaissance du lien familial, mais aussi le droit à la nationalité belge du père et donc l’accès à un séjour légal d’un enfant né en Belgique et de sa mère. Elle permet l’expulsion de la mère et de l’enfant et cela même si les parents apportent la preuve ADN de la filiation. Une simple suspicion « d’enfant de complaisance », sans jugement judiciaire, suffit pour priver un enfant du séjour, d’une nationalité et de pouvoir vivre légalement avec ses deux parents. Les suspicions de « mariages blancs ou gris » et « d’enfants de complaisance » menacent le droit à l’unité familiale.
• Rappeler que l’enferment des enfants en centres de détention pour des raisons administratives nuit gravement à leur développement et est une atteinte grave aux droits et libertés fondamentales.
• Renforcer la protection des Mineurs non accompagnés (MENA)
• Respecter les droits des enfants en situation de migration comme stipulé dans la Convention internationale des droits des enfants et ses protocoles facultatifs, dans la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant ainsi que d’autres dispositions légales des différentes régions du monde.
• Aucune loi de migration ne peut séparer les enfants, les parents, les couples qui désirent vivre ensemble. Favoriser la réunification et éviter que les enfants soient non accompagnés et loin de leur famille.
• Affirmer que tout être humain, quel que soit son statut légal, a droit à un traitement digne et non dégradant, au respect des droits et libertés fondamentales.
• Les accords records régionaux favorisent la circulation des services et des biens : nous souhaitons surtout une liberté de circulation des personnes.
• Rendre effective la liberté de circulation comme dictée par la Déclaration universelle des droits humains.
• Arrêter d’attiser les conflits entre les peuples, l’armement et la militarisation qui causent les migrations. Mener des actions effectives et proactives pour la paix. Refuser les escalades de conflits engendrés par le système capitaliste et l’industrie de l’armement.
• Stop aux interventions des forces internationales qui ne tiennent pas compte des conséquences humaines en termes de migrations (ex Gaza et Haïti).
• Mettre en place les politiques qui répondent aux besoins essentiels des populations et qui luttent contre les inégalités.
• Faciliter les tests ADN (gratuité, procédure judiciaire allégée) pour l’identification des corps des migrant·es non identifiés.
• Que les gouvernements respectent les dispositions de droit international humanitaire.
• Tenir compte des déplacé·es internes aux mêmes titres que des réfugié·es externes. Les migrations internes et dans les pays frontières sont bien plus considérables que les migrations lointaines vers les pays plus prospères.
• Élargir le statut de Réfugié aux populations déplacées pour raisons climatiques, écologiques et économiques, étant donné que l’économie néo-libérale est un choix politique aux conséquences humaines désastreuses. Pour l’instant la Convention de Genève ne reconnaît pas le droit à la protection des déplacé·es forcés pour les raisons précitées.
• Lutter contre les retours forcés des migrant·es organisés par l’OIM sous la casquette du retour « volontaire » qui cache derrière ce concept un certain racisme et la violence d’État.
• Fermer des centres de détentions des migrant·es aux USA et en UE et réclamer la libération immédiate des migrant·es détenus dans ces prisons pour des raisons administratives et de séjour irrégulier.
• Mettre fin à l’octroi discriminatoire et aux conditionnalités Conditionnalités Ensemble des mesures néolibérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays qui signent un accord, notamment pour obtenir un aménagement du remboursement de leur dette. Ces mesures sont censées favoriser l’« attractivité » du pays pour les investisseurs internationaux mais pénalisent durement les populations. Par extension, ce terme désigne toute condition imposée en vue de l’octroi d’une aide ou d’un prêt. arbitraires, coûteuses des visas.
• Interdire et sanctionner toute répression violente envers les migrant·es aux frontières, supprimer les murs.
• Sanctionner les gardes qui tirent sur les personnes en détresse et condamner la non-assistance volontaire à personne en danger.
• Ne pas conditionner l’aide au développement au contrôle des frontières, aux accords de réadmission et aux tueries, à la maltraitance des migrant·es Ne pas accepter ces marchandages honteux. Refuser que les pays du Sud jouent le rôle de gendarmes pour le Nord.
• Arrêter la militarisation des frontières et leur externalisation.
• Arrêter le mécanisme du règlement Dublin.
• Renforcer la solidarité envers les migrant·es, les accompagner juridiquement, socialement, psychologiquement, médicalement.
• Soutenir les familles de migrant·es disparu·es, détenu·es aux frontières ou morts ; les aider dans la recherche des disparu·es, l’identification des dépouilles, le rapatriement des corps, leur enterrement digne.
• Arrêter la criminalisation des migrant·es et de leurs soutiens.

 Justice fiscale et réparations

• Imposer des taxes sur les transactions financières comme moyen d’augmenter les recettes internes en vue de financer le changement souhaité. Entreprendre des réformes fiscales hardies en vue de taxer les plus grosses fortunes, les patrimoines, les multinationales, et non les ménages vulnérables. Ne pas recourir par exemple à la TVA qui pèse plus lourdement sur les ménages modestes.
• Lutter contre l’optimisation, l’évasion, la fraude fiscale, les paradis fiscaux Paradis fiscaux
Paradis fiscal
Territoire caractérisé par les cinq critères (non cumulatifs) suivants :
(a) l’opacité (via le secret bancaire ou un autre mécanisme comme les trusts) ;
(b) une fiscalité très basse, voire une imposition nulle pour les non-résidents ;
(c) des facilités législatives permettant de créer des sociétés écrans, sans aucune obligation pour les non-résidents d’avoir une activité réelle sur le territoire ;
(d) l’absence de coopération avec les administrations fiscales, douanières et/ou judiciaires des autres pays ;
(e) la faiblesse ou l’absence de régulation financière.

La Suisse, la City de Londres et le Luxembourg accueillent la majorité des capitaux placés dans les paradis fiscaux. Il y a bien sûr également les Iles Caïmans, les Iles anglo-normandes, Hong-Kong, et d’autres lieux exotiques. Les détenteurs de fortunes qui veulent échapper au fisc ou ceux qui veulent blanchir des capitaux qui proviennent d’activités criminelles sont directement aidés par les banques qui font « passer » les capitaux par une succession de paradis fiscaux. Les capitaux généralement sont d’abord placés en Suisse, à la City de Londres ou au Luxembourg, transitent ensuite par d’autres paradis fiscaux encore plus opaques afin de compliquer la tâche des autorités qui voudraient suivre leurs traces et finissent par réapparaître la plupart du temps à Genève, Zurich, Berne, Londres ou Luxembourg, d’où ils peuvent se rendre si nécessaires vers d’autres destinations.
. Lever les secrets bancaires sur les flux financiers illicites.
• Lutter contre le blanchiment des capitaux.
• Renforcer la coopération entre États dans le cadre de l’information fiscale.
• Faire du lobby contre les investissements sales.
• Lutter pour une répartition équitable des rentes issues des industries extractives entre les États, les communautés locales et les exploitant·es.
• Mener des campagnes de justice fiscale aux niveaux national, régional, européen et international.
• Explorer des alternatives et des innovations financières et renforcer la coopération au sein des ensembles régionaux. Essayer des échanges de monnaies alternatives, mettre en place des intégrations régionales à la place des accords de libre-échange, réfléchir à des modèles économiques « déliés » moins dépendants de la mondialisation Mondialisation (voir aussi Globalisation)
(extrait de F. Chesnais, 1997a)
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus - ou même tout autre chose - qu’une phase supplémentaire dans le processus d’internationalisation du capital engagé depuis plus d’un siècle. C’est à un mode de fonctionnement spécifique - et à plusieurs égards important, nouveau - du capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orientation, de façon à en faire la caractérisation.

Les points d’inflexion par rapport aux évolutions des principales économies, internes ou externes à l’OCDE, exigent d’être abordés comme un tout, en partant de l’hypothèse que vraisemblablement, ils font « système ». Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu - en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».

La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvée pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970.
et de ses travers.

 Mouvements sociaux

• Les syndicalistes, les travailleur·euses des milieux associatifs et les politiques doivent se reconnecter avec le terrain, la réalité des « gens ».
• Élaborer un lexique sur les outils/mécanismes financiers pour l’appropriation de la terminologie spécialisée par les communautés.
• Promouvoir la désobéissance civile.
• Favoriser la gouvernance communautaire à travers le contrôle citoyen de l’action publique et l’appui à l’élaboration de plans de développement à la base.
• Organiser des tribunes d’expression populaire.
• Mettre en place un front uni entre les mouvements sociaux du Nord au Sud.
• Être concrètement solidaire avec les groupes de professionnel·les qui luttent pour leurs droits, de meilleures conditions de travail, le maintien de leurs emplois et qui sont victimes des politiques néolibérales ( ex : les pêcheurs au Maroc).

 Lutte contre l’impérialisme

• Rejet des formes d’oppressions, de dominations, d’impérialismes et les ingérences militaires étrangères qui menacent la paix et la souveraineté nationale, quelle qu’en soit leur origine (française, américaine, chinoise, russe, etc.) (voir la situation actuelle dans les pays du Sahel)
• Inviter les acteurs des mouvements sociaux à intégrer le système politique.
• Se débarrasser des monnaies coloniales (Franc CFA, dollarisation Dollarisation Substitution du dollar à la monnaie nationale, laquelle, à la différence d’un régime d’arrimage, disparaît totalement. La dollarisation est l’ultime stade de la disparition de l’autonomie monétaire. ). Convergence des États africains pour la création d’une monnaie commune.

 Solidarité internationale

• Organiser des campagnes de solidarités nationales, régionales et internationales avec le peuple palestinien, haïtien, congolais, etc.
• Mener des campagnes de sensibilisation contre la criminalisation des activistes, militant·es, journalistes, manifestant·es et opposant·es politiques.
• Dénoncer leur emprisonnement, harcèlement et maltraitance.
• Identifier et protéger tous ceux et celles qui sont menacé·es dans leur liberté d’expression, d’opinion, d’association et de manifestation.
• Créer des comités locaux de soutien aux prisonniers et prisonnières politiques

 Méthodologie

• Ne pas considérer le néolibéralisme uniquement comme un choix politique, mais comme l’émanation d’une lutte des classes avec des intérêts structurellement opposés.
• Ne pas se contenter de diagnostics, de critiques, mais aussi s’organiser, construire des plans d’action avec des objectifs précis à atteindre en temps donné et des indicateurs d’évaluation afin de permettre un suivi rigoureux et efficace des recommandations collectives.
• Les mouvements sociaux de gauches progressistes et radicaux doivent se montrer critiques envers eux-mêmes et rendre des comptes aux populations sur leurs actions.
• Favoriser dans le développement, l’autodétermination et l’auto-organisation.
• Les mouvements sociaux doivent s’impliquer davantage dans la conquête et l’exercice du pouvoir politique en vue d’impacter les décisions et d’apporter la transformation sociale dont ils sont les acteurs. Ils pourraient ainsi éviter le diktat des partis de droite, néolibéraux, fascistes, dont l’objectif n’est que l’émergence d’une élite bourgeoise minoritaire au détriment des intérêts de la majorité.
• Promouvoir l’éducation populaire à travers des campagnes de sensibilisation permanente sur les enjeux des politiques néolibérales et ses effets destructeurs. Impliquer les communautés locales. Encourager les partages, d’idées d’expériences et les actions collectives.
• Agir au niveau local, régional, continental et international.
• Nécessité d’élargir notre mouvement social du contre-sommet à d’autres organisations et d’en assurer la continuité. S’organiser en conséquence avec des recommandations, un plan d’action, des indicateurs de suivis et une communication adaptée aux enjeux.
• Faire en sorte que Marrakech devienne le point de départ d’un front social international uni contre les politiques néolibérales de la Banque Mondiale et du FMI. Devenir le fer de lance d’un combat permanent contre ces institutions et leurs méfaits. Renouveler régulièrement les contre-sommets aussi longtemps qu’auront lieu ces assemblées annuelles.


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