Non aux armes de démocratisation massives : notre famille n’est pas l’OTAN

19 mai 2009 par Raymonde Lagune




Retour sur la manifestation du 4 avril à Strasbourg

Depuis le début, même avant le 4 avril, les autorités ont tout fait pour que le droit démocratique de manifester ne soit pas appliqué : volonté de reléguer la manifestation hors de la ville, blocage ahurissant du centre ville, interdiction de mettre des drapeaux pacifistes aux fenêtres...

Le 4 avril, non seulement les autorités n’ont pas respecté le parcours négocié et ont bloqué au delà d’un pont, malgré les accords ,7000 manifestants allemands, mais elles ont conduit les manifestants pacifistes dans une véritable souricière, les bombardant sans motifs, de grenades lacrymogènes et empêchant les prises de parole par des survols assourdissants d’hélicoptères. Par ailleurs, ces forces du désordre ont délibérement laissé des éléments violents agir à leur guise pour concentrer l’attention des médias sur ces violences et éviter de parler de l’ampleur de la manifestation et des raisons de manifester.

Cerise sur le gâteau, la ministre de l’intérieur fera ensuite des déclarations assimilant ces actions Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
au terrorisme et faisant le lien avec Tarnac. Car ce sont bien les intentions de ce gouvernement : créer des tensions qui permettent d’assimiler des mouvements de protestation à un terrorisme de l’intérieur et justifier ainsi une escalade contre les libertés.

Signification de ce retour complet de la France au sein du commandement intégré de l’OTAN OTAN
Organisation du traité de l’Atlantique Nord
Elle assure aux Européens la protection militaire des États-Unis en cas d’agression, mais elle offre surtout aux États-Unis la suprématie sur le bloc occidental. Les pays d’Europe occidentale ont accepté d’intégrer leurs forces armées à un système de défense placé sous commandement américain, reconnaissant de ce fait la prépondérance des États-Unis. Fondée en 1949 à Washington et passée au second plan depuis la fin de la guerre froide, l’OTAN comprenait 19 membres en 2002 : la Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, auxquels se sont ajoutés la Grèce et la Turquie en 1952, la République fédérale d’Allemagne en 1955 (remplacée par l’Allemagne unifiée en 1990), l’Espagne en 1982, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque en 1999.
 : toujours plus de dépendance vis à vis des USA

Sarkozy n’a pas obtenu un réel pouvoir militaire car, des deux commandements promis, le seul qui soit opérationnel basé à Lisbonne est régional et sans moyens, et l’autre, basé à Norfolk aux Etats-Unis est un commandement adjoint «  transformation »qui ne concerne que les questions stratégiques et le matériel de guerre (mais cela intéressera sans doute les fournisseurs d’armes français !)

A noter que ce commandement est sous les ordres du SACT qui exerce aussi la fonction de commandement des forces inter-armées aux USA !
De toute manière, à l’OTAN le commandement suprême, même en Europe, appartient aux USA et il n’est pas question qu’un soldat des Etats-Unis puisse être commandé par une force alliée.
Si on peut considérer que les pouvoirs militaires de Sarkozy nous importent peu, puisque l’on réclame son retrait de l’OTAN, la perte supplémentaire d’indépendance que cette intégration représente est encore un recul de la démocratie.
Le concept stratégique pour le XXI siècle : une organisation militaire globalisée dans le cadre du nouvel ordre mondial

D’abord, il faut signaler que l’OTAN n’est plus une simple alliance militaire intervenant dans la zone atlantique. Dans le cours des années 90, un nouveau concept a été élaboré : le concept stratégique pour le XXI siècle qui vise à faire de l’OTAN une organisation militaire globalisée dans le cadre du nouvel ordre mondial. C’est à dire qu’elle se donne le droit d’ intervenir partout quand elle estime qu’il existe une menace pour la sécurité des intérêts occidentaux (concept qui laisse place à interprétation !)

Tout appartient désormais à la zone d’intervention de l’OTAN et avec un élargissement de plus en plus grand des zones stratégiques de recrutement des membres (bientôt la Géorgie et l’Ukhraine) et la multiplication des partenariats.
Certains, à l’OTAN, veulent aussi intégrer le Japon, l’Australie, Singapour et Israël, multipliant ainsi les risques de guerre sous prétexte d’assistance à un allié.
Ce danger est d’autant plus menaçant que plusieurs anciens chefs d’état-major de l’OTAN ont rédigé un manifeste réclamant la constitution d’une force nucléaire préventive pour prévenir l’emploi d’armes de destruction massives.
Et ceci se fait sans garde-fou crédible, car l’ONU est de plus en plus marginalisée.

Pour se faciliter la tâche, l’Otan se substitue à l’ONU

(pas encore assez malléable)
qu’elle marginalise dans ses fonctions essentielles, notamment celle de garantir les accords de paix et dont elle usurpe la légitimité. Des mandats sans contrôle sont donnés, comme en Afghanistan, à des forces qu’elle dirige telles que la FIAS, et son but est clairement de se passer de mandat.
Sinon, comme l’a dit Madeleine Albright : « L’OTAN ne serait plus qu’une simple filiale de l’ONU » !
L’OTAN apparaît ainsi, de plus en plus en dehors de toute légitimité, comme le bras armé de l’ONU, alors qu’elle ne défend qu’un clan.
Ainsi, l’OTAN a ratifié un programme de coopération avec Israël, juste avant l’attaque de GAZA, et ses forces, assistées d’un officier israélien et appuyées en Europe par Sarkozy, se sont mises sans publicité au service d’Israël pour effectuer un blocus, terrestre et maritime de Gaza, sur les armes, pendant qu’Israël faisait tranquillement son massacre.

Avec ce nouveau concept, intégrer l’OTAN est lourd de conséquences

C’est intégrer un directoire militaire de la planète dont les objectifs sont hégémoniques.
C’est donc partir à la conquête du contrôle des richesses mondiales et considérer les puissances émergentes comme des puissances potentiellement et inexorablement menaçantes.
A cet égard, Sarkozy est encore bien dans la ligne quand il déclare dans son discours du 11mars 2009 : « nos amis, nos alliés, c’est d’abord la famille occidentale ».
Intégrer l’OTAN c’est continuer à se lancer à l’assaut du contrôle de l’Eurasie qui est selon Brezinski conseiller de Carter et de Obama la clef de la suprématie mondiale .
Intégrer l’OTAN c’est aussi, en quelque sorte, devoir accepter une forme de package contenant toute l’idéologie sous-jacente à cette politique de défense agressive : défense de l’économie libérale, concept de guerre contre le terrorisme... Dans ce concept, la gestion des crises est confiée en premier lieu à la suprématie militaire, aux dépends de l’action politique. C’est peut-être un peu moins vrai avec Obama qu’avec Bush, mais le concept reste le même.
Il n’y a pas de place possible ici pour la contestation, la démocratie car c’est un système qui est défendu.

Pourtant l’OTAN se présente comme : «  Une arme de démocratisation massive » !

C’est tout dire ! En réalité, l’OTAN est l’organisation la moins démocratique qui soit :
non seulement tous les commandements suprêmes, même en Europe, sont attribués à des étasuniens mais de plus, ces commandements sont couverts par le secret défense.
L’OTAN fonctionne ainsi hors de tout contrôle parlementaire et citoyen des pays qui en font partie.
Le strapontin de Sarkozy ne sera qu’un gage de soumission et un moyen de pression pour l’acceptation d’envoi de troupes supplémentaires (c’est déjà fait en Afghanistan) ou pour l’acceptation de projets redoutables comme l’installation en Europe d’un bouclier antimissiles par les USA, sans consultation des européens, ou pire encore.
Une organisation telle que l’OTAN est aux antipodes des objectifs des alter-mondialistes pour lesquels l’idée de libre choix démocratique, d’établissement de relations internationales plus justes, de solidarité entre les peuples font sens.
Notre famille, ce sont tous les peuples du monde qui luttent pour cette solidarité, la justice sociale et une réelle démocratie, et c’est pourquoi nous devons continuer cette lutte contre l’OTAN et dénoncer ses pouvoirs mal connus.

Cet article s’inspire en partie de documents rédigés par Nils Andersson sur l’OTAN et les raisons de s’y opposer