19 novembre par Abdul Khaliq
Alors qu’Islamabad a déjà répondu à la demande d’augmentation des prix de l’électricité et du gaz, la privatisation des entreprises d’État est restée l’un des principaux points à l’ordre du jour lors de la dernière évaluation de l’accord de soutien du FMI pour un montant de 3 milliards de dollars [1]. En vue de conclure la première évaluation de la deuxième tranche de 700 millions de dollars, le Pakistan a accepté d’aligner quatre entreprises publiques supplémentaires sur le modèle de financement et de gouvernance de la loi sur les entreprises publiques récemment approuvée. Ces quatre entreprises publiques sont la National Highway Authority (NHA), la Pakistan National Shipping Corporation (PNSC), la Pakistan Broadcasting Corporation (PBC) et la Pakistan Post [2]. Il convient de mentionner que le FMI a exigé que 203 entreprises publiques soient retirées aux ministères dont elles dépendaient et placées sous la tutelle du ministère des finances, conformément à l’accord [3].
Parallèlement, soumis à une énorme pression de la part du FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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, le Conseil spécial de facilitation des investissements (Special Investment Facilitation Council - SIFC) [4], nouvellement créé au Pakistan, a promis d’accélérer la privatisation des entreprises d’État. Selon les médias, le gouvernement envisage également d’externaliser les opérations de plusieurs de ses actifs
Actif
Actifs
En général, le terme « actif » fait référence à un bien qui possède une valeur réalisable, ou qui peut générer des revenus. Dans le cas contraire, on parle de « passif », c’est-à-dire la partie du bilan composé des ressources dont dispose une entreprise (les capitaux propres apportés par les associés, les provisions pour risques et charges ainsi que les dettes).
publics à des entreprises extérieures. En mars 2023, Islamabad a donné le coup d’envoi de l’externalisation des opérations et des actifs fonciers de trois grands aéroports, qui seront gérés dans le cadre d’un partenariat public-privé, afin de générer des réserves de change pour son économie en difficulté [5].
Selon le ministère fédéral des finances, le FMI souhaite également qu’intervienne au cours de l’exercice financier actuel la privatisation rapide de Pakistan International Airlines (PIA), Pakistan Steel Mills (PSM), des centrales électriques au gaz naturel liquéfié regazéifié (RLNG) et des entreprises publiques de distribution d’électricité.
Étonnamment, selon les lignes directrices de la politique relative aux entreprises d’État, le gouvernement ne créera pas de nouvelles entreprises d’État à l’avenir, sauf pour des raisons stratégiques ou dans le cadre d’un accord avec un autre pays, et se délestera progressivement de la plupart des 200 entités existantes. En vertu de l’accord avec le FMI, le gouvernement doit concevoir un mécanisme de privatisation ou de cession progressive des entreprises d’État existantes dans le cadre de partenariats public-privé. Chaque division gouvernementale responsable des entreprises d’État doit élaborer un plan de réforme, comprenant des propositions telles que cotations, restructurations, fusions, partenariats public-privé et ventes d’actifs [6].
Dans le cadre de cette même politique, l’unité centrale de suivi (Central Monitoring Unit - CMU) du ministère des finances recueillera et mettra à jour les résultats financiers de toutes les entreprises d’État d’ici décembre 2023, à la satisfaction du FMI.
La privatisation n’est pas un phénomène nouveau au Pakistan ; sous l’égide de l’économie de marché, le pays poursuit agressivement la politique de libéralisation du marché et de privatisation depuis 1991. Au cours des années 1990, après avoir été frappé par une récession Récession Croissance négative de l’activité économique dans un pays ou une branche pendant au moins deux trimestres consécutifs. économique, le Pakistan a été contraint d’adopter un programme d’ajustement structurel (PAS) sous l’égide du FMI pour réformer l’économie souffrant d’instabilité macroéconomique.
Depuis lors, le Pakistan semble s’être livré à une frénésie de privatisations dans le cadre de laquelle des plans ont été établis pour vendre un certain nombre d’institutions rentables du secteur public sans se rendre compte des conséquences négatives pour les classes socialement marginalisées. Entre 1991 et 2006, les actifs publics ont été pillés lorsque le gouvernement pakistanais a vendu 160 entreprises publiques à des prix dérisoires. Fait étonnant, 130 des entreprises privatisées se sont effondrées [7]. Au cours de cette période, environ 0,6 million de travailleurs se sont retrouvés sans emploi en raison de la mise en œuvre d’une privatisation impitoyable et de politiques néolibérales au Pakistan.
Toutefois, les montagnes russes de la privatisation au Pakistan ont été soudainement stoppées lorsque la Cour suprême du Pakistan, par le biais d’un avis suo moto, a annulé la privatisation de Pakistan Steel Mills en 2006 [8]. Mais avec la nouvelle pression du FMI, après 17 ans de pause stratégique, il semble qu’une nouvelle vague de pillage des biens publics soit sur le point de commencer au Pakistan.
Traduction - Christine Pagnoulle
[1] L’accord de soutien actuel, d’un montant de 3 milliards de dollars, est le vingt-troisième programme du FMI qu’un gouvernement pakistanais a « négocié » avec le FMI. Le déblocage de cet argent était subordonné à l’adoption par le gouvernement de mesures telles que : (1) la suppression de toutes les subventions liées à l’électricité, au gaz et au carburant ; (2) l’augmentation du taux d’intérêt ; (3) la possibilité pour le marché de déterminer le taux de change ; et (4) la restructuration des entreprises d’État. Le Pakistan n’a pas eu d’autre choix que de se conformer à ces conditions, avec pour résultat inévitable une inflation encore plus écrasante.
[2] La loi de 2023 sur les entreprises d’État (gouvernance et fonctionnement), adoptée en février 2023.
[4] Le FMI pousse le Pakistan à privatiser les entreprises publiques (SOEs) depuis au moins 1991. Malgré la privatisation de 172 entreprises d’État entre 1991 et 2015, qui a rapporté 6,5 milliards de dollars, le pays n’a pu résoudre ni son déficit budgétaire persistant ni la question de la croissance à long terme.
[5] Le Conseil spécial de facilitation des investissements (SIFC), un organe gouvernemental hybride civil et militaire, a été constitué le 23 juin pour attirer les investissements étrangers dans des secteurs économiques clés, en particulier ceux des pays du Golfe.
[8] Le général Mushraff avait vendu les seules aciéries du Pakistan à ses copains à un prix dérisoire de 33 milliards de PKR. Seuls les actifs affiliés de PSM s’élèvent à 133 milliards de PKR.
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