1er avril 2020 par Jérôme Duval
En janvier 2020, les salariés investissent l’usine pour faire barrage aux bulldozers. Ils occupent les lieux jusqu’au 19 mars, début du confinement. CGT_LDD
En pleine pénurie de matériel médical, la seule usine européenne pouvant fabriquer des bouteilles d’oxygène à haute pression, en France, est à l’arrêt. Ses anciens salariés réclament sa réquisition.
Face au coronavirus, va-t-on manquer d’oxygène ? Alors que la pénurie de masques agite l’opinion, le silence est de mise sur les réserves en bouteilles d’oxygène, dont l’Italie semble cruellement manquer. Paradoxalement, la seule usine capable d’en fabriquer en Europe reste désespérément fermée. Les salariés de l’usine Luxfer Gas Cylinders de Gerzat (dans la banlieue nord de Clermont-Ferrand) demandent la nationalisation [1] « totale et définitive » de leur outil de travail et la reprise immédiate de la production afin de pouvoir satisfaire les demandes liées à la crise sanitaire en cours.
Le 26 novembre 2018, face aux 136 salariés installés dans le réfectoire, un responsable – appelé « manager de transition » dans le jargon – du groupe britannique Luxfer Holding PLC, détenu par des fonds tels Fidelity ou encore BlackRock, annonce la fermeture définitive du site racheté en 2001. La production s’arrête en mai 2019.
L’usine, pourtant bénéficiaire avec un carnet de commandes bien rempli, ferme en juin et les salariés sont tous licenciés. Avec 22 millions de chiffre d’affaires et un bénéfice d’un million d’euros en 2018, en progression de 55 % par rapport à l’année précédente, cette mise à mort est difficile à accepter pour les salariés.
D’après le délégué syndical CGT Axel Peronczyk, le groupe, alors en quasi monopole sur le secteur, souhaitait remplacer les produits de très haute qualité conçus sur le site par d’autres, de qualité inférieure, réalisés ailleurs, à des coûts de fabrication moindre et des prix de vente en hausse de 12 %.
Début janvier 2020, la direction de l’entreprise fait détruire les paniers de chargement mais, lorsque les bulldozers se présentent quelques jours plus tard, les salariés investissent l’usine. L’occupation empêche la destruction des machines par la direction et tient bon jusqu’au 19 mars, en pleine crise du Coronavirus. Pour respecter le confinement, les salariés en lutte décident alors de remettre le site sous la responsabilité de la Préfecture.
Luxfer de Gerzat, qui fabriquait quelque 220 000 bouteilles par an, près de 950 bouteilles par jour ouvré, fournissait l’Europe et la Russie, mais aussi l’Asie de l’Est, l’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud, l’Australie, le Japon… La moitié de cette production était destinée à l’oxygène médical, 40% pour équiper les pompiers d’appareils respiratoires isolants et 10% pour l’industrie.
Des bouteilles de gaz à haute pression cruciales durant cette épidémie puisqu’elles sont utilisées pour atténuer les symptômes de détresse respiratoire. Elles servent à domicile, à l’hôpital quand les raccordements à de grandes cuves d’oxygène ne sont plus disponibles, dans des hôpitaux de campagne installés pour soulager les hôpitaux saturés, comme actuellement à Mulhouse, ou encore lorsque les malades doivent être déplacés.
Les travailleurs en lutte prennent l’allocution du président Emmanuel Macron du 12 mars au pied de la lettre lorsque celui-ci affirmait : « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché », pour exiger une nationalisation totale et définitive de l’usine de Gerzat avec un redémarrage immédiat de l’activité afin d’éviter la pénurie et sauver des vies. Une demande soutenue par plus 110000 signatures récoltées en une petite semaine sur change.org.
Source : Le Courrier
[1] L’usine avait déjà été nationalisée entre 1988 et 1995.
est membre du CADTM, Comité pour l’abolition des dettes illégitimes et de la PACD, la Plateforme d’audit citoyen de la dette en Espagne. Il est l’auteur avec Fátima Martín du livre Construcción europea al servicio de los mercados financieros, (Icaria editorial, 2016) et est également coauteur de l’ouvrage La Dette ou la Vie, (Aden-CADTM, 2011), livre collectif coordonné par Damien Millet et Eric Toussaint qui a reçu le Prix du livre politique à Liège en 2011.
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