19 novembre 2021 par Rémi Vilain
Fatima Zahra El Beghiti (Attac CADTM Maroc)
Suite aux rapports sur la situation mondiale et les différents rapports continentaux (Afrique, Amérique latine & Caraïbe – AYNA Abya Yala Nuestra América, et Asie) présentés lors de la 1re journée de l’Assemblée mondiale du réseau (AMR), nombreuses étaient les personnes désireuses d’apporter davantage d’éléments d’analyse à un niveau national au cours de la seconde journée (14 novembre 2021 à Dakar).
Membre du Front citoyen pour l’audit de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
, Eva Prados a lancé la journée sur la situation d’endettement de Puerto Rico, île située dans la Caraïbe, véritable colonie sous le contrôle des États-Unis.
Militante de l’audit citoyen de la dette au Brésil, Priscilla Martin a poursuivi, dressant un tableau inquiétant de la première puissance de la région. Le Brésil consacre 57 % de son budget au remboursement de la dette public et face à la politique anti-sociale du président fasciste Jair Bolsonaro, les ménages ont de plus en plus recours aux crédits pour subvenir à leur besoin, dans un pays où 20 millions d’habitant-es souffrent de la faim.
En Colombie, William Gaviria a présenté une situation politique, économique et sociale toute aussi alarmante, marquée par les nombreux massacres à l’encontre des activistes écologistes, des syndicalistes et plus généralement à l’encontre des mouvements populaires. Lancée en 2012, le processus de paix entre le gouvernement et les FARC reste quant à lui très fragile, en particulier paralysé par les élites locales qui y voient une atteinte à leurs privilèges. Le président Iván Duque et son gouvernement poursuivent par ailleurs des attaques en règle contre le droit du travail et la sécurité sociale. Pour William Gaviria la situation est proche de celle des années 1940-50. Avec l’importante dévaluation Dévaluation Modification à la baisse du taux de change d’une monnaie par rapport aux autres. du peso colombien ces derniers mois, la dette a été multipliée par deux, ce qui annonce des travaux importants dans les mois à venir pour la Plateforme d’audit de la dette du pays, travail qui devra se coordonner au niveau de l’ensemble de la région AYNA.
Ramiro Chimuris a lui décrit la situation en Uruguay. Après la présidence sociale-démocrate de Tabaré Vásquez (2005-2020), a succédé en mars 2020 un gouvernement nationaliste composé d’évangélistes et de militaires dirigé par Luis Alberto Lacalle Pou. Sans surprise, le droit du travail et le secteur de l’éducation pâtissent sévèrement de ce nouveau virage politique.
En Argentine, Julio Gambina a décrit une actualité marquée par le renouvellement du Parlement du 14 novembre, qui a vu le parti du président Alberto Fernandez perdre du terrain au profit de l’opposition de droite. Présenté comme progressiste, l’actuel président n’a pas pour autant décidé d’entrer en conflit avec le FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
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et ses autres créanciers pour libérer la population d’une dette illégitime héritée de son prédécesseur Mauricio Macri, qui avait signé un méga-prêt de 50 milliards $US avec l’institution de Bretton Woods.
Membre de la Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA), Ricot Jean-Pierre a décrit les turbulences traversées par la population haïtienne depuis l’assassinat du Président Jovenel Moïse en juillet 2021. Pays le plus pauvre de la région, Haïti reste par ailleurs largement marqué par l’impérialisme étasunien et les séismes de 2010 et 2021. La population n’en reste pas moins décidée à prendre son destin en main. Réagissant à l’intervention de Ricot Jean-Pierre, Samantha Hargreaves du réseau Womin en Afrique du Sud a souligné l’importance de la crise climatique actuelle, intensifiée notamment par les politiques promues par la Banque mondiale
Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.
En 2022, 189 pays en sont membres.
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. Ici comme ailleurs, la lutte contre le changement climatique passe nécessairement par la reconnaissance de la dette écologique
Dette écologique
La dette écologique est la dette contractée par les pays industrialisés envers les autres pays à cause des spoliations passées et présentes de leurs ressources naturelles, auxquelles s’ajoutent la délocalisation des dégradations et la libre disposition de la planète afin d’y déposer les déchets de l’industrialisation.
La dette écologique trouve son origine à l’époque coloniale et n’a cessé d’augmenter à travers diverses activités :
La « dette du carbone ». C’est la dette accumulée en raison de la pollution atmosphérique disproportionnée due aux grandes émissions de gaz de certains pays industriels, avec, à la clé, la détérioration de la couche d’ozone et l’augmentation de l’effet de serre.
La « biopiraterie ». C’est l’appropriation intellectuelle des connaissances ancestrales sur les semences et sur l’utilisation des plantes médicinales et d’autres végétaux par l’agro-industrie moderne et les laboratoires des pays industrialisés qui, comble de l’usurpation, perçoivent des royalties sur ces connaissances.
Les « passifs environnementaux ». C’est la dette due au titre de l’exploitation sous-rémunérée des ressources naturelles, grevant de surcroît les possibilités de développement des peuples lésés : pétrole, minéraux, ressources forestières, marines et génétiques.
L’exportation vers les pays les plus pauvres de produits dangereux fabriqués dans les pays industriels.
Dette écologique et dette extérieure sont indissociables. L’obligation de payer la dette extérieure et ses intérêts impose aux pays débiteurs de réaliser un excédent monétaire. Cet excédent provient pour une part d’une amélioration effective de la productivité et, pour une autre part, de l’appauvrissement des populations de ces pays et de l’abus de la nature. La détérioration des termes de l’échange accentue le processus : les pays les plus endettés exportent de plus en plus pour obtenir les mêmes maigres recettes tout en aggravant mécaniquement la pression sur les ressources naturelles.
des pays et acteurs privés du Nord à l’égard des pays du Sud.
Les réactions furent tout aussi nombreuses de la part des membres du réseau CADTM Afrique, pointant une aggravation de la condition des femmes dans un contexte de pandémie (République démocratique du Congo), une forte implication de la jeunesse dans les luttes sociales (Mali), la nécessité d’obtenir justice et vérité dans l’actuel procès de l’ancien président Thomas Sankara assassiné en octobre 1987 (Burkina Faso).
L’après-midi s’est poursuivie par la présentation du rapport Europe, continent lui aussi marquée par une forte hausse de la dette publique et où aucun gouvernement ne mène une politique sociale à proprement parlé. Tous poursuivent une logique néolibérale à un degré plus ou moins grand. On retrouve grosso modo des gouvernements composés de technocrates, complétement happés par l’idéologie néolibérale, voire nationaliste.
Omar Aziki et Fatima Zahra El Beghiti d’ATTAC CADTM Maroc ont terminé la journée par la présentation des rapports du Secrétariat international partagé (Belgique/Maroc) depuis sa création en 2013 et de la Coordination africaine des luttes féministes. Parmi les principales conclusions, la poursuite des travaux contre les micro-crédits et la nécessité de créer d’autres groupes continentaux de luttes féministes.
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