Maroc

Seconde Ligne de précaution et de liquidité du FMI

Le gouvernement hypothèque la souveraineté du Maroc

15 août 2014 par ATTAC/CADTM Maroc




Le Fonds monétaire international FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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(FMI) a approuvé fin juillet une seconde Ligne de précaution et de liquidité Liquidité
Liquidités
Capitaux dont une économie ou une entreprise peut disposer à un instant T. Un manque de liquidités peut conduire une entreprise à la liquidation et une économie à la récession.
(LPL) de 5 milliards de dollars au profit du Maroc, pour les 24 mois à venir, à partir d’août 2014. Le Maroc a dû recourir à cet instrument une première fois en août 2012 pour un montant de 6,2 milliards de dollars. Une ligne de crédit qui n’a pas été utilisée par le gouvernement qui a toutefois payé des commissions !

Le renouvellement de cette ligne de crédit est le signe que l’économie marocaine rencontre de grandes difficultés. Le pays est menacé par la récession Récession Croissance négative de l’activité économique dans un pays ou une branche pendant au moins deux trimestres consécutifs. de l’économie mondiale (chocs externes), spécifiquement des pays de l’UE dont le Maroc est fort dépendant.

Cette situation se manifeste par le recul des réserves en devises, le repli des transferts des Marocains résidents à l’étranger, et la stagnation des recettes du tourisme. Les investissements directs étrangers sont également en baisse et ont enregistré une chute de 38,9 % durant le premier semestre 2014 par rapport à la même période de 2013. Et par conséquent, la couverture des exportations par les importations risque de connaître le même sort. Les recettes de l’État connaissent également une baisse causée par la politique de libéralisation généralisée (privatisation des entreprises rentables, rapatriement des dividendes des multinationales installées au Maroc, exonérations fiscales au profit des grandes entreprises) et la signature d’une flopée d’Accords de libre-échange marquée par le démantèlement du système douanier.

Malgré des finances publiques au rouge, le remboursement de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
publique n’a pas connu de répit. Au service de la dette Service de la dette Remboursements des intérêts et du capital emprunté. , s’ajoute la fuite des capitaux et le pillage des deniers publics.

Dans ce contexte, le FMI impose ses conditions pour réduire le triple déficit : celui de la balance des paiements Balance des transactions courantes
Balance des paiements
La balance des paiements courants d’un pays est le résultat de ses transactions commerciales (c’est-à-dire des biens et services importés et exportés) et de ses échanges de revenus financiers avec l’étranger. En clair, la balance des paiements mesure la position financière d’un pays par rapport au reste du monde. Un pays disposant d’un excédent de ses paiements courants est un pays prêteur vis-à-vis du reste du monde. Inversement, si la balance d’un pays est déficitaire, ce pays aura tendance à se tourner vers les prêteurs internationaux afin d’emprunter pour équilibrer sa balance des paiements.
, celui de la balance commerciale Balance commerciale
Balance des biens et services
La balance commerciale d’un pays mesure la différence entre ses ventes de marchandises (exportations) et ses achats (importations). Le résultat est le solde commercial (déficitaire ou excédentaire).
et le déficit budgétaire. Pour réduire les deux premiers, le FMI recommande de recourir à de nouveaux emprunts sur le marché international (dette bilatérale, multilatérale ou des LPL). Pour le troisième, le FMI fixe comme objectif pour le Maroc d’atteindre un déficit budgétaire de 3 % à l’horizon 2017. Pour y arriver, l’institution conditionne son soutien par une politique d’austérité, couvrant trois axes principaux :

  • masse salariale : gel des salaires dans la fonction publique et les établissements publics, réduction des postes budgétaires dans le secteur public, réduction des cotisations sociales de l’État en « réformant » le système des retraites ;
  • système d’aide aux produits de base : le démantèlement de la Caisse de compensation et la remplacer par des aides directes ;
  • dépenses sociales : réduire ou geler les budgets des secteurs sociaux (éducation, santé et habitat) aussi bien pour les dépenses de fonctionnement que pour celles de l’investissement.

Pour soutenir la croissance, le FMI recommande à l’État de continuer ses « réformes structurelles » au bénéfice du grand capital étranger et local, le tout sous le vocable de « l’amélioration du climat des affaires ». Il s’agit de subventionner « la compétitivité » des secteurs d’exportation, faciliter l’accès aux crédits, approfondir la flexibilité des taux de change, des exonérations fiscales, ouverture de zones franches, des infrastructures à disposition (autoroutes, ports, etc…) et l’ouverture des secteurs sociaux à l’investissement privé.

Pour réussir ces « réformes difficiles », le FMI prêche « la bonne gouvernance » et « l’ouverture d’un dialogue social de haute qualité ». Afin d’éviter le danger d’explosions sociales (chocs internes), suite à ces mesures, le FMI exige que le gouvernement obtienne le soutien des syndicats, de l’opposition parlementaire, de la « société civile » afin de faire passer ces plans destructeurs.

Le peuple marocain n’est pas à sa première cure d’austérité, recommandée par le FMI. Les citoyens ont chèrement payé le prix du Programme d’ajustement structurel dès le début des années 80. Le Maroc continue d’être un mauvais élève en matière de développement humain. Le chômage de masse, la pauvreté et la précarité sont le lot de larges pans de la société. Mais nos gouvernants s’acharnent à appliquer ces conditionnalités Conditionnalités Ensemble des mesures néolibérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays qui signent un accord, notamment pour obtenir un aménagement du remboursement de leur dette. Ces mesures sont censées favoriser l’« attractivité » du pays pour les investisseurs internationaux mais pénalisent durement les populations. Par extension, ce terme désigne toute condition imposée en vue de l’octroi d’une aide ou d’un prêt. . Leur « feuille de route » ne fera qu’approfondir la crise sociale actuelle. Le tout avec la bénédiction d’un parlement sans légitimité populaire. Ces nouvelles « réformes structurelles » ont pour objectif de faire supporter aux salariés et aux classes populaires le coût de l’échec d’un modèle de développement basé sur la dette et une économie extravertie.

Vus tous ces éléments, Attac/Cadtm Maroc :

Rabat, le 10 août 2014
Le secrétariat national d’Attac/Cadtm Maroc


ATTAC/CADTM Maroc

membre du réseau CADTM, l’Association pour la Taxation des Transactions en Aide aux Citoyens au Maroc (ATTAC Maroc) a été créée en 2000. ATTAC Maroc est membre du réseau international du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) depuis 2006 (devenu Comité pour l’abolition des dettes illégitimes depuis juin 2016). Nous comptons 11 groupes locaux au Maroc. ATTAC veut être un réseau aidant à l’appropriation par les acteurs engagés dans l’activité sociale, associative, syndicale et plus largement militante des enjeux de la mondialisation sur les problématiques de résistance sociale et citoyenne.
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