Sénégal – Qui paie ses dettes s’appauvrit

14 janvier 2011 par Olivier Bonfond , Adama Soumare


Sauf pour les économistes et autres technocrates obnubilés par les taux de croissance du PIB, la situation du peuple sénégalais en particulier et des peuples africains en général demeure dramatique. Cette situation ne s’explique pas par une quelconque fainéantise ou désorganisation « naturelle » des peuples de ce continent, mais bien par une longue tradition de pillage, d’exploitation et d’oppression dans le cadre du système capitaliste.



 « Avant-hier », la domination par l’esclavage : pillage des ressources humaines

Entre les 15e et 18e siècles, le Sénégal a constitué pour les puissances européennes une plaque tournante du commerce triangulaire. Avec le Bénin et son port de Ouidah, le Sénégal a payé un très lourd tribut à la traite négrière : de l’île de Gorée, juste en face de Dakar, sont partis plus d’un million d’esclaves vers le « nouveau » monde.

 « Hier », la domination par la colonisation : pillage des ressources agricoles et minières

Au 20e siècle, les richesses naturelles du pays (phosphate, arachide) sont exploitées au profit de la métropole française. Lors des deux guerres mondiales, la France utilise ses colonies comme réservoir d’hommes pour son armée. Au total, ce sont des centaines de milliers de Sénégalais qui défendent les intérêts de la France. Cela n’empêche nullement le pouvoir colonial de réprimer très durement les mouvements d’émancipation qui se développent au Sénégal après la Seconde Guerre mondiale. Il faut attendre 1960 pour que le Sénégal devienne « indépendant » formellement.

Ces deux parties de l’histoire ne peuvent être oubliées sous prétexte qu’il s’agirait d’arrêter de se plaindre du passé et d’aller de l’avant. D’une part, l’Afrique ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui s’il n’y avait pas eu la traite négrière. Il est toujours bon de rappeler qu’avant ce véritable pillage des forces vives africaines, de très grandes civilisations ont existé en Afrique, avec un bon niveau de développement social, politique et culturel. Par ailleurs, les États-Unis d’Amérique et l’Europe ne seraient pas non plus ce qu’ils sont aujourd’hui s’il n’y avait pas eu l’esclavage et la colonisation. Les pays du Nord ont en effet construit en grande partie leur richesse et leur puissance sur la base d’une politique très agressive et violente envers les populations du Sud et la nature. Cette partie de l’histoire suffit à elle seule à affirmer que ce sont les peuples africains qui sont créanciers d’une dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
historique et écologique gigantesque à l’égard des puissances du Nord. Pourtant, le « système dette » qui va se mettre en place au début des années 1960 va renverser le mécanisme : ce sont les peuples qui vont se retrouver endettés…

Photo prise par Gwënaelle de Jacquelot

 De 1960 à 1980, la pseudo-indépendance : la domination et le pillage se poursuivent

Les forces sociales sénégalaises, qui avaient combattu courageusement la colonisation, sont exhortées, au nom de la construction nationale, à mettre les luttes entre parenthèses et à accepter la nécessaire collaboration avec l’ancien pouvoir colonisateur. Comme dans beaucoup d’autres pays africains, mis à part un drapeau, un hymne national et un Président (souvent choisi par les anciennes puissances coloniales) pour remplacer le Gouverneur, les indépendances ne vont pas amener de véritable changement. D’une part, l’économie sénégalaise continue d’être orientée vers l’exportation de quelques produits primaires (phosphate, arachide et produits de la pêche). D’autre part, les rapports de soumission politique sont maintenus, via la consolidation du réseau de la France-Afrique. Ancien député français et ami intime de Georges Pompidou, le président Léopold Sédar Senghor va rester au pouvoir pendant deux décennies, en collaboration étroite avec l’ex-métropole. Ces liens seront conservés par son successeur désigné, Abdou Diouf, qui va présider le Sénégal pendant les vingt années suivantes. Présenté par certains comme un exemple de démocratie en Afrique, le pays n’a donc connu aucune alternance pendant ses quarante premières années d’indépendance !

 De 1980 à aujourd’hui, le néocolonialisme : la domination par la dette

Dans les années 1970, dans le cadre de la crise économique mondiale, la dette du Sénégal explose. Le recyclage des pétrodollars Pétrodollars Les pétrodollars sont les dollars issus du pétrole. par les banques du Nord, l’achat massif de produits importés via les prêts liés (servant à relancer les économies du Nord alors en crise de surproduction) et la chute des cours des matières premières vont multiplier la dette par dix en dix ans : la dette extérieure publique passe de 114 millions de dollars en 1970 à 1,11 milliard en 1980.

Dès 1979, une série de mesures sont imposées par les « experts » du FMI FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.

À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).

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et de la Banque mondiale Banque mondiale
BM
La Banque mondiale regroupe deux organisations, la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association internationale de développement). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) a été créée en juillet 1944 à Bretton Woods (États-Unis), à l’initiative de 45 pays réunis pour la première Conférence monétaire et financière des Nations unies.

En 2022, 189 pays en sont membres.

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(blocage des salaires dans la fonction publique, suppression des subventions aux produits de première nécessité et augmentation des taxes), mais, lorsque les cours du phosphate s’écroulent et que les taux d’intérêt Taux d'intérêt Quand A prête de l’argent à B, B rembourse le montant prêté par A (le capital), mais aussi une somme supplémentaire appelée intérêt, afin que A ait intérêt à effectuer cette opération financière. Le taux d’intérêt plus ou moins élevé sert à déterminer l’importance des intérêts.
Prenons un exemple très simple. Si A emprunte 100 millions de dollars sur 10 ans à un taux d’intérêt fixe de 5 %, il va rembourser la première année un dixième du capital emprunté initialement (10 millions de dollars) et 5 % du capital dû, soit 5 millions de dollars, donc en tout 15 millions de dollars. La seconde année, il rembourse encore un dixième du capital initial, mais les 5 % ne portent plus que sur 90 millions de dollars restants dus, soit 4,5 millions de dollars, donc en tout 14,5 millions de dollars. Et ainsi de suite jusqu’à la dixième année où il rembourse les derniers 10 millions de dollars, et 5 % de ces 10 millions de dollars restants, soit 0,5 millions de dollars, donc en tout 10,5 millions de dollars. Sur 10 ans, le remboursement total s’élèvera à 127,5 millions de dollars. En général, le remboursement du capital ne se fait pas en tranches égales. Les premières années, le remboursement porte surtout sur les intérêts, et la part du capital remboursé croît au fil des ans. Ainsi, en cas d’arrêt des remboursements, le capital restant dû est plus élevé…
Le taux d’intérêt nominal est le taux auquel l’emprunt est contracté. Le taux d’intérêt réel est le taux nominal diminué du taux d’inflation.
internationaux s’envolent, les banques stoppent leurs crédits et la crise de la dette s’abat sur le Sénégal, tout en se propageant partout au Sud de la planète.

En 1984, financièrement asphyxié, le Sénégal, en échange d’un rééchelonnement de sa dette, met en application son premier plan d’ajustement structurel Plan d'ajustement structurel En réaction à la crise de la dette, les pays riches ont confié au FMI et à la Banque mondiale la mission d’imposer une discipline financière stricte aux pays surendettés. Les programmes d’ajustement structurel ont pour but premier, selon le discours officiel, de rétablir les équilibres financiers. Pour y parvenir, le FMI et la Banque mondiale imposent l’ouverture de l’économie afin d’y attirer les capitaux. Le but pour les États du Sud qui appliquent les PAS est d’exporter plus et de dépenser moins, via deux séries de mesures. Les mesures de choc sont des mesures à effet immédiat : suppression des subventions aux biens et services de première nécessité, réduction des budgets sociaux et de la masse salariale de la fonction publique, dévaluation de la monnaie, taux d’intérêt élevés. Les mesures structurelles sont des réformes à plus long terme de l’économie : spécialisation dans quelques produits d’exportation (au détriment des cultures vivrières), libéralisation de l’économie via l’abandon du contrôle des mouvements de capitaux et la suppression du contrôle des changes, ouverture des marchés par la suppression des barrières douanières, privatisation des entreprises publiques, TVA généralisée et fiscalité préservant les revenus du capital. Les conséquences sont dramatiques pour les populations et les pays ayant appliqué ces programmes à la lettre connaissent à la fois des résultats économiques décevants et une misère galopante. couvrant la période 1985-1992. Au programme : réduction des budgets d’éducation et de santé, augmentation des exportations et privatisations des secteurs rentables. Un nouveau plan d’ajustement structurel est mis en œuvre en 1994, tandis que le pays subit de plein fouet la dévaluation Dévaluation Modification à la baisse du taux de change d’une monnaie par rapport aux autres. de 50% du franc CFA (ce qui entraîne une forte diminution des salaires réels et une hausse des prix des importations) et connaît à nouveau émeutes et répression. Le chômage et l’endettement augmentent inlassablement. Un troisième plan d’ajustement est signé en avril 1998, avec cette fois l’objectif d’étendre les programmes de privatisation à tous les secteurs (énergie, télécommunication, transport, eau, etc.). En 2000, le Sénégal intègre l’initiative PPTE PPTE
Pays pauvres très endettés
L’initiative PPTE, mise en place en 1996 et renforcée en septembre 1999, est destinée à alléger la dette des pays très pauvres et très endettés, avec le modeste objectif de la rendre juste soutenable.

Elle se déroule en plusieurs étapes particulièrement exigeantes et complexes.

Tout d’abord, le pays doit mener pendant trois ans des politiques économiques approuvées par le FMI et la Banque mondiale, sous forme de programmes d’ajustement structurel. Il continue alors à recevoir l’aide classique de tous les bailleurs de fonds concernés. Pendant ce temps, il doit adopter un document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), parfois juste sous une forme intérimaire. À la fin de ces trois années, arrive le point de décision : le FMI analyse le caractère soutenable ou non de l’endettement du pays candidat. Si la valeur nette du ratio stock de la dette extérieure / exportations est supérieure à 150 % après application des mécanismes traditionnels d’allégement de la dette, le pays peut être déclaré éligible. Cependant, les pays à niveau d’exportations élevé (ratio exportations/PIB supérieur à 30 %) sont pénalisés par le choix de ce critère, et on privilégie alors leurs recettes budgétaires plutôt que leurs exportations. Donc si leur endettement est manifestement très élevé malgré un bon recouvrement de l’impôt (recettes budgétaires supérieures à 15 % du PIB, afin d’éviter tout laxisme dans ce domaine), l’objectif retenu est un ratio valeur nette du stock de la dette / recettes budgétaires supérieur à 250 %. Si le pays est déclaré admissible, il bénéficie de premiers allégements de son service de la dette et doit poursuivre avec les politiques agréées par le FMI et la Banque mondiale. La durée de cette période varie entre un et trois ans, selon la vitesse de mise en œuvre des réformes clés convenues au point de décision. À l’issue, arrive le point d’achèvement. L’allégement de la dette devient alors acquis pour le pays.

Le coût de cette initiative est estimé par le FMI en 2019 à 76,2 milliards de dollars, soit environ 2,54 % de la dette extérieure publique du Tiers Monde actuelle. Les PPTE sont au nombre de 39 seulement, dont 33 en Afrique subsaharienne, auxquels il convient d’ajouter l’Afghanistan, la Bolivie, le Guyana, Haïti, le Honduras et le Nicaragua. Au 31 mars 2006, 29 pays avaient atteint le point de décision, et seulement 18 étaient parvenus au point d’achèvement. Au 30 juin 2020, 36 pays ont atteint le point d’achèvement. La Somalie a atteint le point de décision en 2020. L’Érythrée et le Soudan n’ont pas encore atteint le point de décision.

Alors qu’elle devait régler définitivement le problème de la dette de ces 39 pays, cette initiative a tourné au fiasco : leur dette extérieure publique est passée de 126 à 133 milliards de dollars, soit une augmentation de 5,5 % entre 1996 et 2003.

Devant ce constat, le sommet du G8 de 2005 a décidé un allégement supplémentaire, appelée IADM (Initiative d’allégement de la dette multilatérale), concernant une partie de la dette multilatérale des pays parvenus au point de décision, c’est-à-dire des pays ayant soumis leur économie aux volontés des créanciers. Les 43,3 milliards de dollars annulés via l’IADM pèsent bien peu au regard de la dette extérieure publique de 209,8 milliards de dollars ces 39 pays au 31 décembre 2018.
(Pays pauvres très endettés). De microscopiques effacements de dette sont à l’horizon, mais à l’unique condition que le pays approfondisse ses réformes néolibérales, si dramatiques pour les populations.

 Bilan : la souffrance des peuples se poursuit…

Autrefois principal produit d’exportation et principale source de revenus des paysans, le secteur de l’arachide est aujourd’hui sinistré. L’État ne soutenant quasiment plus les petits producteurs, ceux qui continuent à produire dans ce secteur sont condamnés à lutter contre des industriels de l’huilerie et les intermédiaires qui jouent avec les prix sur le marché.

Les agriculteurs en général ne sont pas dans une situation meilleure. Les récentes initiatives gouvernementales, à savoir le plan REVA (Retour vers l’agriculture – 2006) censé « fixer les populations » et contenir la migration dite clandestine [1] , et la GOANA (Grande offensive pour l’agriculture, la nourriture et l’abondance), initiée en réponse à la crise alimentaire de 2008, n’ont donné aucun résultat probant. En réalité, ces programmes aggravent la situation de la petite paysannerie en profitant aux membres et aux proches du régime présidentiel qui se sont accaparé des centaines d’hectares de terres et transforment les agriculteurs en ouvriers agricoles.

Les éleveurs ne sont pas épargnés par les affres des politiques et des programmes libéraux. A l’exemple du millier d’éleveurs de la région de Dakar, ils sont expropriés de leurs terres et repoussés vers des zones hostiles. Les zones de parcours et de pâturage sont détruites à cause des projets immobiliers et de la forte spéculation Spéculation Opération consistant à prendre position sur un marché, souvent à contre-courant, dans l’espoir de dégager un profit.
Activité consistant à rechercher des gains sous forme de plus-value en pariant sur la valeur future des biens et des actifs financiers ou monétaires. La spéculation génère un divorce entre la sphère financière et la sphère productive. Les marchés des changes constituent le principal lieu de spéculation.
foncière. Sans parler du déficit de personnel vétérinaire qualifié pour cause de désengagement de l’État dans ce secteur.

Le secteur éducatif est à terre. Les enseignants connaissent très régulièrement des retards de paiement de plusieurs mois pour leurs maigres salaires. Les parents, qui arrivent à joindre difficilement les bouts, parviennent de moins en moins à faire face aux coûts d’inscription instaurés dans les écoles publiques et à l’université. Les étudiants connaissent extorsions de fonds ou rackets, tandis que, dans un pays avec un taux de chômage avoisinant les 50% [2], celles et ceux qui ont leur diplôme ont très peu de chances de trouver un emploi, qu’il soit lié à leur formation ou non.

Enfin, tous les ménages subissent durement l’augmentation constante du prix des produits de base. Pour illustration, le prix d’une bonbonne de gaz butane de 6kg, utilisée quotidiennement par la très grande majorité des ménages urbains, a quasiment doublé en l’espace de quatre mois, passant de 2 500 FCFA à 4 000 FCFA. Les factures d’eau et d’électricité, malgré les coupures incessantes, augmentent constamment.

Photo prise par Gwënaelle de Jacquelot

 Les créanciers se frottent les mains

Le discours dominant affirmait que si les mesures « proposées » par le FMI et la Banque mondiale étaient appliquées à la lettre, les économies du Sud allaient se redresser et voir leur niveau de dette diminuer. Le Sénégal, pourtant un très bon élève de la logique néolibérale, n’a pas connu ce chemin, loin de là. Non seulement la dette extérieure publique n’a pas diminué mais elle a été multipliée par trois entre 1980 et 2009 passant de 1,11 à 2,96 milliards de dollars [3] .

Durant cette même période, le Sénégal a pourtant remboursé des sommes considérables : le montant transféré par le Sénégal au titre du remboursement de la dette au cours de la période 1980-2008 s’élève à 5,03 milliards de dollars [4]. Concrètement, cela veut dire que le Sénégal, après avoir remboursé cinq fois le montant qu’il devait en 1980, est aujourd’hui trois fois plus endetté. Le système dette a donc joué un rôle clé dans le maintien du transfert des énormes richesses africaines vers les riches créanciers du centre capitaliste. Et ce business très profitable pour certains, sauf changement révolutionnaire, est programmé pour durer longtemps.

 Le FMI et la Banque mondiale applaudissent des deux mains

Le 14 décembre 2010, le FMI déclarait : « Il convient de féliciter les autorités sénégalaises pour la mise en œuvre satisfaisante de leur programme économique appuyé par l’Instrument de soutien à la politique économique (ISPE). La croissance économique s’est redressée en 2010 et devrait se renforcer davantage encore en 2011. Des progrès considérables ont été enregistrés en matière de politiques et les autorités sont déterminées à poursuivre les réformes destinées à relever les défis de taille qui subsistent » [5] . Des déclarations de ce type foisonnent dans les médias. La croissance de la précarité et de la paupérisation ne font pas le poids médiatique face à la croissance du PIB PIB
Produit intérieur brut
Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées.
Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre.
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 Recréer l’espoir à partir des peuples

Une chose est sûre : la solution ne viendra pas « d’en haut ». Les capitalistes africains, les gouvernements et les institutions régionales à leur service, font tout pour que cette situation perdure, le tout avec la bénédiction du capital international dont la soif de profit n’a pas de limite. Cette soif se manifeste aujourd’hui de manière de plus en plus agressive, non seulement en Afrique, mais partout dans le monde. Y compris dans les sociétés du Nord, qui, depuis la crise qui a éclaté en 2008, font la dure expérience de l’ajustement structurel avec, n’en doutons pas, les mêmes conséquences que celles subies par les peuples du Sud durant ces trente dernières années. Construire une société d’égalité et de justice sociale, alternative au capitalisme néocolonial, est parfaitement possible. Mais ce ne sera une réalité que dans l’unité et la réussite des luttes locales et internationales. Espérons que le prochain Forum social mondial, qui se tiendra du 6 au 11 février 2011 à Dakar, sera à la hauteur de tous ces enjeux.


Notes

[1Source : « Prisonniers du désert : enquête sur la situation des migrants » Fiche Sénégal, http://www.cimade.org/publications/47

[2Le taux de chômage était de 49% en 2008 selon l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie du Sénégal

[4Source : Banque mondiale, Global Development Finance.

Olivier Bonfond

est économiste et conseiller au CEPAG (Centre d’Éducation populaire André Genot). Militant altermondialiste, membre du CADTM, de la plateforme d’audit citoyen de la dette en Belgique (ACiDe) et de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015.
Il est l’auteur du livre Et si on arrêtait de payer ? 10 questions / réponses sur la dette publique belge et les alternatives à l’austérité (Aden, 2012) et Il faut tuer TINA. 200 propositions pour rompre avec le fatalisme et changer le monde (Le Cerisier, fev 2017).

Il est également coordinateur du site Bonnes nouvelles

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Adama Soumare

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