13 juin 2024 par Eric Toussaint

Légende : Manifestation des étudiant-es et profs universitaires à Cuenca en Equateur en juin 2022. Sur la pancarte : « Le néolibéralisme tue quotidiennement. Si vous ne le voyez pas, ce sont peut-être vos privilèges qui vous le cachent ou votre manque de conscience sociale. » Photo : Anne Theisen
Nous publions l’épilogue qu’a rédigé, à la demande des auteurs, Éric Toussaint pour le livre « Sinchi » qui va être publié en espagnol. Les auteurs sont de la CONAIE, Confédération des Nations Indigènes de l’Équateur, ils ont publié précédemment en 2021 un livre sur le soulèvement populaire de 2019 intitulé Estallido. La rebelión de Octubre en Ecuador (Soulèvement. La rébellion d’octobre en Équateur) écrit par Leonidas Iza, Andrés Tapia et Andrés Madrid [1]. Leonidas Iza est président de la CONAIE.
Le soulèvement populaire plurinational de juin 2022 en Équateur, connu sous le nom de deuxième soulèvement de l’Inti Raymi, ne sort pas de nulle part et n’est pas suspendu dans les airs.
Ce soulèvement (Levantamiento) trouve ses racines dans la rébellion d’octobre 2019. Comme le montrent les auteurs du livre Sinchi, la lutte de 2022 est une remise en cause de l’ordre établi, des intérêts économiques des classes dominantes, de la violence institutionnelle et des diktats de l’impérialisme américain à travers le FMI
FMI
Fonds monétaire international
Le FMI a été créé en 1944 à Bretton Woods (avec la Banque mondiale, son institution jumelle). Son but était de stabiliser le système financier international en réglementant la circulation des capitaux.
À ce jour, 190 pays en sont membres (les mêmes qu’à la Banque mondiale).
Cliquez pour plus de détails.
. En même temps, c’est un exercice de mise en pratique de ce qui a été appris en 2019 à tous les niveaux : radicalité des revendications populaires, critique de la « démocratie » libérale, arrêt de la production et de la distribution des biens et autodéfense populaire communale.
Tout cela se traduit par une augmentation de la spontanéité et de la solidarité des acteurs organisés dans différents mouvements ou non organisés qui ont formé une ébauche de pouvoir parallèle à l’État pendant 18 jours et ont donné lieu à des expériences telles que la cuisine communautaire ouverte par la Fédération des étudiantes polytechniciennes, qui a préparé quelque 400 000 rations alimentaires, ou la transformation des centres d’accueil en espaces de diffusion d’idées et de récupération de ceux qui manifestaient.
La liste des revendications, signé par la CONAIE, la FEINE et la FENOCIN [2] , comprend 16 pages qui incluent les dix points critiques nécessaires pour changer l’insupportable réalité équatorienne et combattre la violence structurelle, la discrimination et la négligence à l’égard des classes populaires, qui exercent la protestation comme une réponse aux conflits sociaux, et non comme la cause de ces derniers.
Les 10 demandes peuvent être résumées comme suit :
1) Réduction et arrêt de l’augmentation des prix des carburants et ciblage des secteurs qui ont besoin de subventions : agriculteurices, paysanes, transporteureuses et pêcheureuses.
2) Aide économique pour plus de 4 millions de familles avec un moratoire
Moratoire
Situation dans laquelle une dette est gelée par le créancier, qui renonce à en exiger le paiement dans les délais convenus. Cependant, généralement durant la période de moratoire, les intérêts continuent de courir.
Un moratoire peut également être décidé par le débiteur, comme ce fut le cas de la Russie en 1998, de l’Argentine entre 2001 et 2005, de l’Équateur en 2008-2009. Dans certains cas, le pays obtient grâce au moratoire une réduction du stock de sa dette et une baisse des intérêts à payer.
d’au moins un an, renégociation des dettes et arrêt des saisies de biens.
3) Des prix équitables pour les produits agricoles.
4) Emploi et droits du travail.
5) Moratoire sur l’extension de la frontière minière/pétrolière, audit et réparation intégrale des impacts socio-environnementaux.
6) Respect des 21 droits collectifs.
7) Arrêt de la privatisation des secteurs stratégiques, patrimoine du peuple équatorien.
8) Contrôle des prix des produits de première nécessité.
9) Santé et éducation.
10) Sécurité, protection et élaboration de politiques publiques efficaces pour mettre fin à la vague de violence que connaît l’Équateur (Source : CONAIE, FENOCIN, FEINE 2022).
En tant que chercheur et activiste que la question de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
préoccupe, j’attire l’attention sur le fait que le point 2 des revendications exige un moratoire, une renégociation, une annulation des dettes et la cessation des saisies sur les biens, ce qui concerne plus de 4 millions de familles. Enfin, il convient de souligner que grâce au Levantamiento, l’annulation des emprunts en suspension de paiement jusqu’à un plafond de 3 000 USD par famille a été réalisée, ce qui représente une valeur de plus de 30 millions d’USD. Selon la banque BanEcuador, 26 000 Équatoriens ont bénéficié de l’annulation de leurs prêts en retard d’un montant maximum de 3 000 USD auprès d’elle [3].
Grâce au soulèvement populaire, l’annulation des dettes en cours jusqu’à un plafond de 3 000 USD par famille a été réalisée, ce qui représente une valeur de 37 millions d’USD, selon BanEcuador
Il convient également de noter que le point 4 des revendications évoque la nécessité d’un audit complet et d’une réparation des impacts environnementaux causés par l’exploitation pétrolière.
Le fait que parmi les dix points, il y en ait deux avec ce contenu est une victoire pour les activistes qui luttent depuis des décennies pour l’annulation des dettes illégitimes et pour un audit complet, avec la participation des citoyenes, du système de la dette et du modèle de production extractiviste [4].
Des organisations nationales et internationales de défense des droits humains, telles que l’Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones, le Comité des droits de l’enfant, l’UNICEF, la Commission interaméricaine des droits de l’homme et le Réseau mondial contre les violences policières, ont dénoncé les actions
Action
Actions
Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales.
de la police nationale et des forces armées lors du soulèvement, ce qui a eu pour effet d’accroître la pression diplomatique contre la répression exercée par l’État équatorien.
La criminalisation des manifestations avec pour motifs d’accusation ou d’inculpation la paralysie des services publics, des vols, des dommages aux biens, des actes d’agression et de la résistance à l’autorité couvre près de la moitié des délits reprochés à ceux et celles qui manifestent. De cette manière, les autorités veulent éliminer ainsi le droit légitime de protester et organisent une guerre d’usure judiciaire contre les mouvements sociaux.
Après les événements d’octobre 2019, la CONAIE a lancé une pétition d’amnistie pour annuler la persécution judiciaire subie par de nombreuses personnes, qui a abouti à l’abandon des poursuites contre 153 défenseureuses communautaires, 43 défenseureuses de la nature et seulement 12 autochtones, alors que de nombreux policiers et d’autres fonctionnaires de l’État bénéficiaient de l’amnistie ou n’ont jamais été inquiétés. Le contraste entre le droit de résistance populaire et l’état d’urgence met en évidence les différentes manières d’appréhender l’exercice de la souveraineté.
Les auteurs ont raison de montrer que la lutte des classes (entre la classe capitaliste d’une part et les producteurices d’autre part, qu’iels soient salariées ou petites producteurices, qu’iels soient sous contrat ou contraintes au chômage) est imbriquée dans d’autres formes de conflits, comme par exemple, la lutte des peuples indigènes pour leur souveraineté et le respect de leurs droits, ou la lutte des femmes pour leur émancipation. Toutes les luttes contre les différentes formes d’oppression sont imbriquées et interconnectées et aussi indivisibles que les droits humains. La description et l’analyse de l’immense mouvement populaire de juin 2022 me rappellent d’autres grands mouvements sociaux et politiques des dernières décennies.
Par rapport à cela, trois exemples de protestation à des dates et des lieux différents me viennent parmi d’autres à l’esprit : la grève des travailleurs en Belgique pendant l’hiver 1960-61, la protestation des « gilets jaunes » et d’autres mouvements sociaux en France en 2018-2023 et les mobilisations qui ont secoué le Pérou avec les événements du 7 décembre 2022.
En décembre 1960, avec un gouvernement de droite homogène au pouvoir, il y a eu une flambée de protestations dans mon pays, la Belgique, contre la soi-disant Loi unique, un projet d’austérité avec un large paquet de mesures favorables aux grandes fortunes, toutes visant le démantèlement des services publics, la perte des droits sociaux et du travail et une augmentation significative des impôts qui allaient affecter dramatiquement les classes populaires.
La paralysie a été totale au niveau national, particulièrement en Wallonie, dans le sud du pays, où les forces répressives perdent le contrôle des masses populaires qui manifestent au point que les véhicules doivent être munis d’un laissez-passer délivré par le syndicat socialiste Fédération Générale du Travail de Belgique (FGTB) pour circuler. Il y a plus d’un million de grévistes. La grève a duré quatre semaines, au cours desquelles de violents affrontements ont lieu, l’intervention des forces de répression provoquant la mort de sept manifestantes.
Dans les grands médias, les manifestations des exploitées sont présentées comme des actions des classes dangereuses
Il est frappant de constater les similitudes dans le traitement de l’information à propos des luttes sociales par les grands médias et les faiseurs d’opinion, tant dans le cas équatorien que dans le cas belge. Dans les deux cas, les manifestations des exploitées sont présentées comme des actions des classes dangereuses. Dans le cas de la Belgique, ce sont les travailleureuses en grève et leurs organisations syndicales qui ont été diabolisées et présentées dans les termes les plus péjoratifs ; dans le cas de l’Équateur, ce sont les nations indigènes et leur organisation, la CONAIE, qui ont fait l’objet de dénonciations agressives et racistes. Bien que ces luttes se soient déroulées à plus de 10 000 km de distance, dans des contextes et à des moments différents, on retrouve la même haine de classe dans la bouche et les écrits des médias aux mains des classes dominantes. On retrouve également des formes de lutte similaires lorsque les peuples veulent exercer leur souveraineté et remettre en cause l’ordre existant.
Ailleurs, plus près dans le temps, on retrouve le même type de récits antagonistes dans la grande lutte des gilets jaunes en France fin 2018-début 2019. Le phénomène du mouvement des « gilets jaunes », appelé ainsi en raison de l’utilisation de gilets jaunes réfléchissants portés par les manifestantes, a émergé en France en octobre 2018. Les éléments déclencheurs de la contestation ont été la hausse des prix des carburants, une fiscalité profondément injuste et les politiques antisociales menées par le président Emmanuel Macron, sur fond de mondialisation
Mondialisation
(voir aussi Globalisation)
(extrait de F. Chesnais, 1997a)
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus - ou même tout autre chose - qu’une phase supplémentaire dans le processus d’internationalisation du capital engagé depuis plus d’un siècle. C’est à un mode de fonctionnement spécifique - et à plusieurs égards important, nouveau - du capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orientation, de façon à en faire la caractérisation.
Les points d’inflexion par rapport aux évolutions des principales économies, internes ou externes à l’OCDE, exigent d’être abordés comme un tout, en partant de l’hypothèse que vraisemblablement, ils font « système ». Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu - en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».
La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvée pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970.
néolibérale débridée. Les appels à l’action de ces groupes organisés, autour de groupes d’amies sur Facebook, de pétitions ou de blogs internet, totalement transversal et sans porte-parole officiel, comme ils se définissaient eux-mêmes, ont été lancés via les réseaux sociaux, ce qui s’est avéré être un succès : chaque samedi, des routes et des ronds-points ont été bloqués et d’autres événements ont été organisés dans tout le pays. Le bilan de six mois de manifestations fait apparaître ces chiffres : 300 000 participantes aux actions du samedi, plus de 4 000 blessées, dont plusieurs éborgnées et plusieurs mains arrachées dues aux tirs de grenade, et quelque 12 000 arrestations.
Les montées à Paris des Gilets Jaunes ne se sont pas déroulées le long des parcours traditionnels des cortèges syndicaux parisiens
Mais qui sont-ils et d’où viennent vraiment les « gilets jaunes » ? En réalité, il s’agit de groupes très hétérogènes composés de jeunes chômeureuses ou précaires, de retraitées aux faibles pensions, de micro-entrepreneureuses, de travailleureuses à temps partiel, etc.
Les sondages ont montré un soutien aux manifestations allant jusqu’à 72 % après les incidents survenus à Paris en novembre 2018, au cours desquels plus de huit mille personnes ont manifesté, faisant 19 blessés et de nombreux dégâts matériels. Pourtant ce sont ces initiatives, ces premières montées à Paris, qui vont être décisives et vont contraindre le gouvernement Macron à un premier recul …en effet les montées à Paris ne se déroulent pas le long des parcours traditionnels des cortèges syndicaux parisiens qui depuis 20 ans arpentent les boulevards… Non ! les manifestants de province et de banlieue convergent là où siège le pouvoir, vers l’Elysée, vers les ministères, dans les quartiers riches et protégés… Au défi lancé par Macron lui-même dans une de ses séquences populistes largement diffusée quelques mois auparavant par les chaînes d’information « Le seul responsable de cette affaire*, c’est moi ! Qu’ils viennent me chercher ! » (*l’ affaire Benalla le 27/07/2018), le mouvement des Gilets jaunes répond présent : « On vient te chercher chez toi ! ».
Ces premières semaines le pouvoir a senti avec crainte cette convergence monter, du fin fond des profondeurs de ces masses populaires sans filtres, cette volonté d’en découdre et de se concentrer sur lui pour remettre en cause sa légitimité… Dans la foulée, le président Macron a annulé la hausse des taxes sur les carburants. Cela n’a pas arrêté les milliers et milliers de débats multiples engagés sur les ronds-points, dans les manifs hebdomadaires, sur les pages d’internet conjuguant les revendications pour une vie digne à la recherche d’une vraie démocratie… Une fois de plus, le président Macron et la presse de droite ont utilisé les mêmes termes que le président équatorien Lasso et les médias dominants en Équateur pour diaboliser les manifestantes. Ils ont dénoncé leur violence, leur profond manque de respect pour la propriété privée et publique et le prétendu diktat qu’ils voulaient imposer au reste de la société.
Quelques années plus tard, en 2023, Macron a durement réprimé des manifestations dans des banlieues populaires à forte concentration d’immigrées et de jeunes racisées. Après une longue séquence de manifestations de masse dans toute la géographie du pays contre la réforme des retraites où le gouvernement de Macron a été contraint d’enlever son masque démocratique et a cyniquement refusé de soumettre sa contre-réforme au vote de l’Assemblée nationale (l’imposant par l’artifice antidémocratique de l’ article 49 de la constitution présidentialiste (« un coup d’état permanent »). Les manifestations dans les banlieues avaient été provoquées par l’assassinat à bout portant par la police d’un jeune habitant de Nanterre, une séquence filmée en direct. La même année, le gouvernement français a violemment réprimé les manifestations sociales et environnementales connues sous le nom de « Soulèvements de la terre » contre la construction de grands réservoirs d’eau destinés à servir les intérêts de l’agro-industrie. Lors d’une manifestation de 10 000 personnes, les forces de répression ont officiellement utilisé 6 000 grenades pour disperser la foule, puis le ministre de l’Intérieur a présenté les organisations qui avaient organisé la manifestation comme des écologistes terroristes et a voulu faire dissoudre et interdire le mouvement dit des soulèvements de la terre.
Je cite les exemples de la Belgique et de la France pour montrer que ce qui se passe en Équateur est en fait très similaire à ce qui se passe sous d’autres latitudes où règne le capitalisme. Bien sûr, on pourrait aussi mentionner ce qui s’est passé au Pérou en 2022-2023.
En décembre 2022, le président péruvien de l’époque, Pedro Castillo, un ancien professeur issu d’une famille de paysans de Cajamarca, province du Centre Nord des Andes, syndicaliste-enseignant, de gauche, élu grâce au vote populaire et paysan des régions andines, a annoncé dans un message à la Nation au matin de ce 7 décembre 2022, sa décision de dissoudre le Congrès et de convoquer de nouvelles élections législatives dans les 9 mois, puis une Assemblée Constituante pour réformer la Constitution péruvienne. Il essayait ainsi de bloquer une nouvelle tentative du Congrès péruvien, dominé par la droite capitaliste et raciste, de le destituer pour « permanente incapacité morale ». En effet, dès le premier jour de son élection à la Présidence, cette chambre de députées, extrêmement corrompues et discréditées (les vaincus de l’élection présidentielle), a agi de manière obstructionniste, tentant de le destituer à plusieurs reprises dans le cours de cette courte année et demie de mandat. Le Congrès, a refusé la dissolution et a procédé au vote qui a abouti à la destitution du président constitutionnel, puis à son arrestation. L’arrestation de Pedro Castillo, le 7 décembre, suivie, le même jour, de l’accession à la présidence de la vice-présidente de l’époque, Dina Boluarte (élue sur la même liste de gauche que le président pourtant), à travers un pacte avec la droite et l’ ultra droite du Congrès et les représentantes des hautes autorités des institutions répressives de l’État (armée, police), ont provoqué une grande frustration et une indignation populaire, même si la gestion du président élu n’avait pas répondu en cette première année et demie de mandat aux espoirs déposés en lui.
C’est dans le sud du Pérou, tout d’abord, que s’est organisé ce soulèvement populaire anti putschiste mené par des organisations paysannes, des syndicats, des élus locaux, des fédérations et des femmes organisées. Les événements se sont aggravés, les révoltées sont descendues dans la rue, ont encerclé un aéroport et une escalade de morts et de blessés a commencé dans tout le pays, provoquée par une répression extrêmement violente. Et les Assemblées populaires, les manifestations, les coupures de routes se sont étendues à l’ensemble des provinces et ont pris de l’ampleur dans les semaines qui ont suivi. Le gouvernement de Dina Boluarte accuse la masse de paysannes, artisannes, enseignantes, travailleureuses indépendantes, jeunes étudiantes révoltées de « terroristes » « voulant déstabiliser la démocratie », dans un amalgame calomnieux avec les mouvements terroristes des années 80 qui ont disparu, et envoie contre eux tous, forces policières et forces armées qui répriment violemment et sans discernement.
Le bilan final est de 69 morts dont 49 par balles et des centaines de blessés. Dans leur marche sur Lima (La Toma de Lima, fin janvier 2023, les milliers et milliers de manifestants, auto-organisés, autobus par autobus, sont venus de toutes les régions du pays et ont dénoncé « Dina asesina el pueblo te repudia » (Dina, assassin, le peuple te répudie). Ils exigent « Cierre del Congreso » (Dissolution du Congrès), « Nuevas elecciones ya ! » (Nouvelles éléctions maintenant !), « Référendum para una Asamblea Constituyente » (référendum pour une assemblée constituante) « Castigo a los culpables ! » (Punition des coupables !) ! En avril 2024, c’est encore autour des mêmes mots d’ordre qu’ une Coordinadora Nacional Unitaria de Lucha essaye d’unifier nationalement dans une nouvelle marche sur Lima sur la base de ces exigences et de cette lutte profondément ancrée dans les régions mais qui doit encore définir et affirmer la puissance d’un projet alternatif national.
Parler de résistance populaire et d’insurrection au Pérou nous amène presque automatiquement à la figure et à l’œuvre du Péruvien José Carlos Mariátegui qui, en 1928, dans son ouvrage « Sept essais sur l’interprétation de la réalité péruvienne », fait allusion à l’importance de la pensée andine, coincée entre les traditions incas et le colonialisme hispanique et confrontée au choc culturel qui en découle, sa lutte étant une revendication de ce qui est le plus concret et le plus nécessaire : la propriété de la terre. Dès cette époque, il pose les bases de la compréhension de l’assujettissement de l’Amérique latine au capitalisme mondial, enraciné dans un passé colonialiste.
Comme l’a dit Mariátegui : « Nous ne voulons certainement pas que le socialisme en Amérique soit une copie ou un décalque. Il doit être une création héroïque. Nous devons donner vie, avec notre propre réalité, dans notre propre langue, au socialisme indo-américain. C’est une mission digne d’une nouvelle génération » José Carlos Mariátegui (Mariátegui in « Aniversario y Balance », Amauta, 1928, Nº 17 pp. 2-3 https://www.marxists.org/espanol/mariateg/1928/sep/aniv.htm
Nous ne voulons certainement pas que le socialisme en Amérique soit une copie ou un décalque (José Carlos Mariátegui)
Cette citation de Mariátegui souligne la nécessité de rejeter une fois pour toutes l’eurocentrisme et le dogmatisme qui ont caractérisé de nombreux auteurices et organisations au cours des deux derniers siècles. Nous devons partir des caractéristiques de chaque pays et réussir à incarner le programme d’émancipation sociale anticapitaliste, antiraciste, anti-patriarcal, anti-impérialiste, écologique et révolutionnaire dans la réalité de chaque pays et de chaque continent. Nous devons donner une forme concrète et contemporaine au « socialisme indo-américain » universel pour lequel Mariátegui s’est battu.
En même temps, il affirmait : « Nous avons le devoir de ne pas ignorer la réalité nationale ; mais nous avons aussi le devoir de ne pas ignorer la réalité mondiale » (Mariátegui, 1924 « Le national et l’exotique »
.https://www.marxists.org/espanol/mariateg/oc/peruanicemos_al_peru/paginas/nacional.htm)
Mariátegui a compris le rôle fondamental des nations indigènes dans la conquête de leur émancipation : « la solution au problème de l’Indien doit être une solution sociale. Ses réalisateurs doivent être les Indiens eux-mêmes » (Mariátegui dans Siete ensayos de interpretación de la realidad peruana).
La solution au problème de l’Indien doit être une solution sociale. Ses réalisateurs doivent être les Indiens eux-mêmes (José Carlos Mariátegui)
Mariátegui considérait que si l’on voulait construire une société socialiste, il fallait prendre en compte « la survie de la communauté et des éléments du socialisme pratique dans l’agriculture et la vie indigène » (Mariátegui in Siete ensayos).
Comme l’écrivent Alberto Acosta et John Cajas Guijarro : « L’amauta a même suggéré que la vie communautaire indigène a des racines ancestrales basées sur un »communisme inca« qui pourrait évoluer vers un »communisme agraire de l’ayllu« [5].
Cela nous rappelle un texte très important de Karl Marx (que Mariátegui n’a pas pu connaître car il n’a été publié que plus tard) dans lequel il répondait à la populiste russe Vera Zassoulitch que la Russie pouvait sauter l’étape du capitalisme qui dominait l’Europe occidentale en partant de la tradition communautaire du village paysan [6].
Mariátegui a écrit ailleurs : « L’organisation communiste primitive la plus avancée que l’on connaisse dans l’histoire est celle des Incas. Nous ne voulons certainement pas que le socialisme soit absolu, abstrait, indifférent aux faits, à la réalité changeante et mobile ; l’idée germinale, concrète, dialectique, opérationnelle, riche en puissance et capable de mouvement, vaut la peine » (cité par Michael Löwy). (Cité par Michael Löwy dans El Marxismo en América Latina, LOM, Chili, 2007, p. 120).
Reprenons donc le livre le Soulèvement populaire plurinational de juin 2022 presque là où nous l’avions laissé, dans le droit à la résistance.
Dans le texte, les auteurs soulignent l’intérêt de la différenciation faite par Quintana (2020, 45) entre résistance, rébellion et révolution, comprenant la « résistance » comme des actions visant à saper les lois, la « rébellion » comme un ensemble d’actions de résistance rejetant l’autorité dans sa totalité, et la « révolution » comme la somme du rejet de l’autorité et de l’intention d’établir un nouveau gouvernement ou un nouveau régime.
Selon Quintana, le droit de résistance vise à prévenir une situation et à limiter un état de non-défense, de sorte que lorsque les lois deviennent tyranniques, elles perdent leur légitimité et les protestations gagnent en importance.
Comme l’indiquent les données de Latinobarómetro (2022), la méfiance à l’égard des fonctions de l’État équatorien avoisine les 85%, ce qui conduit à positionner une organisation qui revendique sa légitimité comme antagoniste de l’État (l’image positive de la CONAIE à l’époque est de 62%).
L’affrontement était imminent ; le conflit d’idées a conduit le « pouvoir réellement existant » (comme le définissent les auteurs) à élaborer des stratégies à travers toutes sortes d’alliances avec les médias « mercenaires » et les forces de répression, en s’éloignant de l’objectivité minimale ou de l’indépendance journalistique présupposée de tout média qui ne se prête pas à être un instrument de propagande.
La méfiance à l’égard de l’État équatorien atteignait près de 85 %, tandis que la CONAIE jouissait d’une image positive de 62 % à l’époque
Les méthodes vont de la censure à l’intimidation, des comportements non éthiques au silence et au traitement intéressé de l’information. La première méthode utilisée a consisté à minimiser l’ampleur de la manifestation, à diffuser de fausses informations sur la présence de personnes dans les rues, puis à nier de manière « constante et schizophrénique » la violence de l’État, et enfin à vanter le manque de volonté de dialogue des manifestants.
De même, le canular du trafic de drogue comme principal financier des manifestants et l’écran de fumée entre corréisme et anti-corréisme ont été diffusés dans le but de semer la division et la confusion. Non contents de cela, ils ont finalement eu recours au spectre de l’ennemi intérieur, créant une autre fausse dichotomie entre « indigènes » et « non-indigènes ».
En fin de compte, ces stratégies se sont heurtées à trois problèmes : l’incapacité à influencer l’opinion publique et à diviser les organisations, le contraste avec la version des médias internationaux et l’expression des secteurs sociaux contre la criminalisation de la protestation, et la désinformation des médias « mercenaires ».
Les manifestations d’octobre 2019 et de juin 2022 n’ont pas marqué la naissance d’un programme de revendications des peuples (qui existait déjà depuis les années 1990), ni des nationalités, ni de la classe ouvrière équatorienne
Les politiques répressives ont évolué, le discours de droite s’est radicalisé et l’inscription d’organisations sur la liste des associations terroristes a même été établie par décret. Le besoin des élites de préserver leur pouvoir s’est cristallisé dans des mobilisations de rue de la bourgeoisie, dans l’apparition de nouvelles personnalités politiques qui prétendent être au-dessus de la mêlée et ne pas faire de politique, l’apparition de partis se faisant passer pour des mouvements citoyens. Les réseaux sociaux se sont enflammés de propos racistes, xénophobes et misogynes qui laissent clairement entrevoir une dérive néo-fasciste rampante.
Les manifestations d’octobre 2019 et de juin 2022 n’ont pas marqué la naissance du programme de revendications des peuples (qui existait depuis les années 1990), des nationalités et de la classe ouvrière de l’Équateur, mais ont servi à accroître leur visibilité. Sur la question de la pluri-nationalité, le débat reste ouvert à plusieurs questions : qu’est-ce que c’est, comment le pouvoir réellement existant l’envisage-t-il, quels sont ses apports et ses limites ?
Le Soulèvement révèle la catastrophe du mythe bourgeois, la crise de la « démocratie » libérale, la perpétuation de la domination des uns sur les autres.
Les mots de Mariátegui sont toujours d’actualité, tant d’années plus tard : « La bourgeoisie n’a plus de mythe. Elle est devenue incrédule, sceptique, nihiliste (...) Ce qui différencie la bourgeoisie et le prolétariat à notre époque, c’est le mythe (...) La bourgeoisie nie, le prolétariat affirme ».
Le concept de pluri-nationalité implique une conception d’un État anticapitaliste, communautaire et populaire qui suppose une rupture avec la domination socio-économique, notamment en remettant en question la dépendance à l’égard du système d’endettement imposé par les marchés capitalistes et le lourd fardeau résultant du paiement de dettes illégitimes que les élites refusent de négocier.
Le concept de plurinationalité implique un État anticapitaliste, communautaire et populaire qui rompt avec la domination socio-économique en remettant en cause la dépendance au système d’endettement
Comme l’affirment les auteurs du texte, la paralysie de la production, de la circulation et du commerce a frappé les classes dirigeantes, mais a également consolidé le pouvoir des secteurs populaires. La démocratie communautaire de base s’est matérialisée dans un torrent de solidarité organisée et spontanée, et lorsque le 20 juin 2022, après une semaine intense de manifestations successives, le gouvernement n’en pouvait plus, il s’est tourné vers le dialogue comme seule issue, bien qu’il ne s’agisse à aucun moment d’un véritable dialogue : les conditions étaient toujours imposées par ceux qui les avaient toujours imposées, et la première réunion, tenue le 25 juin avec des représentantes des cinq fonctions de l’État, n’a pas donné de résultats positifs. Après une série de négociations, l’accord de paix a été signé le 30 juin, mettant fin à 18 jours de mobilisations et de protestations dans tout le pays et établissant un mécanisme de négociation de 90 jours pour évaluer le respect des accords et des engagements signés.
L’agenda des « dix points » présenté par les présidents de CONAIE, FEINE et FENOCIN a fait l’objet d’une médiation avec le gouvernement par l’intermédiaire de la Conférence épiscopale équatorienne entre le 13 juillet et le 14 octobre 2022 et, bien que les organisations aient insisté pour que les dix tables de dialogue soient publiques, la résistance du gouvernement a été évidente à tout moment.
Selon les organisations, les désaccords ont prévalu sur les accords, empêchant toute solution viable aux discussions antagonistes. Les tables qui ont progressé sont celles consacrées aux politiques sociales, tandis que les demandes des secteurs les plus pauvres ont été repoussées, révélant « l’hypocrisie du credo capitaliste ». L’immobilisme de la partie gouvernementale était évident, ce qui se reflète dans cette phrase des manifestants : « Dans un sens radicalement opposé, le PPP (pouvoir populaire plurinational) s’apparente plus à l’harmonisation d’un orchestre et au changement de répertoire d’un récital qu’à la destruction des instruments et de la scène, qui provoquerait la consternation du public ». Après les manifestations, il est urgent de comprendre l’importance du contrôle populaire du territoire national et du retour à l’exercice de la souveraineté par le Souverain, c’est-à-dire le peuple lui-même.
Dans le même temps, les critiques de la CONAIE à l’égard de Pachakutik n’ont pas tardé à fuser, répondant aux accusations d’« autoritarisme ethnique indigène » et soulignant la division qui s’est opérée fin 2021 entre la CONAIE et son bras politique.
Enfin, les auteurs donnent raison au « Mariateguisme » et dénoncent l’usage détourné qu’en fait le pouvoir réellement existant pour inoculer le virus de l’ennemi intérieur en falsifiant la pensée de José Carlos Mariátegui. Les auteurs définissent Mariátegui comme « en avance sur son temps" pour ce qui est d’apporter une particularité au récit marxiste dans les Andes et à sa relation avec les modes de production capitalistes globaux ».
Le dernier des 14 tableaux qui figurent dans le texte (tous des exemples de la minutie dont font preuve les auteurs tout au long du texte en termes de chiffres, de données, de dates, etc.) est une comparaison entre les propositions du projet politique de la CONAIE et les « Sept essais sur l’interprétation de la réalité » de Mariátegui , connu comme l’« amauta ».
Malgré ma certitude de l’impératif de nous gouverner avec notre cerveau, j’ai le romantisme de me gouverner avec mon cœur (José Carlos Mariátegui)
Les convergences sont évidentes.
Et c’est ainsi que nous nous retrouvons avec une des phrases du sage maître qui, après des décennies de lutte, arrive tout droit en ces temps incertains : « Malgré ma certitude de l’impératif de nous gouverner avec notre cerveau, j’ai le romantisme de me gouverner avec mon cœur ».
L’auteur tient à remercier Alberto Acosta, Alex Florés, Fernanda Gadea, Maxime Perriot, Jean Puyade et Carlos Rojas pour leurs critiques et leur aide dans la rédaction de cet épilogue. L’auteur est seul responsable des opinions qu’il développe dans cet article et des erreurs qu’elles peuvent contenir.
[1] Le livre publié en espagnol a été traduit et publié à Londres par Resistance Books en 2023 et les auteurs ont réalisé en 2023 une tournée européenne pour présenter leur livre. Voir l’édition en anglais : Leonidas Iza, Andrés Tapia, and Andrés Madrid, Uprising : the October Rebellion in Ecuador, Resistance Books, London, 2023 https://resistancebooks.org/product/uprising-the-october-rebellion-in-ecuador/ Une version en français chez l’éditeur Syllepse est en préparation.
[2] D’autres mouvements ont avancé également des revendications ou ont appuyé celles avancées par la CONAIE, la FEINE et la FENOCIN.
[3] Voir en espagnol le communiqué de BanEcuador « 26 mil ecuatorianos se benefician con la condonación de sus créditos vencidos de hasta USD 3 000 con BanEcuador B.P. » , https://www.banecuador.fin.ec/2022/08/09/26-mil-ecuatorianos-se-benefician-con-la-condonacion-de-sus-creditos-vencidos-de-hasta-usd-3-000-con-banecuador-b-p/
[4] Eric Toussaint, « Les prêts empoisonnés de la Banque mondiale et du FMI à l’Équateur », 8 janvier 2021, https://www.cadtm.org/Les-prets-empoisonnes-de-la-Banque-mondiale-et-du-FMI-a-l-Equateur ; suivi de « Équateur : Les résistances aux politiques voulues par la Banque mondiale, le FMI et les autres créanciers entre 2007 et 2011 », 15 janvier 2021, https://www.cadtm.org/Equateur-Les-resistances-aux-politiques-voulues-par-la-Banque-mondiale-le-FMI suivi de « Équateur : De Rafael Correa à Guillermo Lasso en passant par Lenin Moreno », 13 avril 2021, https://www.cadtm.org/Equateur-De-Rafael-Correa-a-Guillermo-Lasso-en-passant-par-Lenin-Moreno
[5] Alberto Acosta y John Cajas Guijarro, »Mariátegui y las teorías de la dependencia" 15/07/2022 – Rebelión, https://rebelion.org/mariategui-y-las-teorias-de-la-dependencia/
[6] Karl Marx, « Réponse à Vera Zassoulitch », 1881, https://www.marxists.org/francais/marx/works/1881/03/km18810308.htm
Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France.
Il est l’auteur des livres, Banque mondiale - Une histoire critique, Syllepse, 2022, Capitulation entre adultes : Grèce 2015, une alternative était possible, Syllepse, 2020, Le Système Dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, Les liens qui libèrent, 2017 ; Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014 ; Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet des livres AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège.
Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015.
17 novembre, par Eric Toussaint , Antoine Larrache
13 novembre, par Eric Toussaint
Retour sur les Rencontres d’automne
Pourquoi la désobéissance financière est une nécessité ?10 novembre, par Eric Toussaint , Solange Koné , Zoe Konstantopoulou , Jane-Léonie Bellay
5 novembre, par Eric Toussaint , Maxime Perriot
Série Questions/Réponses sur les BRICS 2025 (Partie 6
La Nouvelle banque de développement et le Fonds monétaire des BRICS constituent-ils une alternative aux institutions de Bretton Woods ?28 octobre, par Eric Toussaint
18 octobre, par Eric Toussaint , Maxime Perriot
Série Questions/Réponses sur les BRICS 2025 (Partie 5)
Les BRICS et la dé-dollarisation7 octobre, par Eric Toussaint
Série Questions/Réponses sur les BRICS 2025 (Partie 4)
La Chine et le FMI avec le soutien des BRICS+ ont offert une bouée de sauvetage au gouvernement d’extrême droite de Javier Milei en Argentine23 septembre, par Eric Toussaint
Série : Questions/Réponses sur les BRICS 2025 (Partie 3)
Les BRICS sont les nouveaux défenseurs du libre-échange, de l’OMC, du FMI et de la Banque mondiale17 septembre, par Eric Toussaint
Série Questions/Réponses sur les BRICS 2025 (Partie 2)
La passivité ou la complicité des BRICS+ avec les guerres impérialistes9 septembre, par Eric Toussaint