Recension de l’AVP n°75 « Pour une socialisation des banques »
13 août 2018 par Didier Epsztajn
(CC - Flickr - Thomas8047)
En introduction, « Pour un changement de société, s’emparer de la question des banques », les auteurs et autrices expliquent pourquoi il nous faut nous emparer de la question des banques « dont les agissements ont un impact croissant sur nos existences, s’avère primordial pour un mouvement social soucieux de prendre le mal à la racine ». Elles et ils, iels abordent, entre autres, la responsabilité des banques privées dans le déclenchement des crises financières, l’opacité et la complexité de leur fonctionnement, leur rôle dans l’architecture socio-économique, le processus de déréglementation et de financiarisation de l’économie…
« Après avoir exposé dans la première partie les dysfonctionnements des banques et leur logique de court terme poussée jusqu’à l’aveuglement, le deuxième chapitre est consacré aux réflexions pour une transformation radicale des banques et évoquent les premières mobilisations qui posent les jalons d’une pensée et d’une action vers la socialisation du secteur bancaire ».
Les auteurs et autrices présentent une petite histoire de la dérégulation du système bancaire. Iels abordent le virage néolibéral, « le virage néolibéral de la fin des années 70 a permis le détricotage du cadre qui limitait le pouvoir de la finance », leur puissance supérieure à bien des États, les nouveaux instruments financiers
Instruments financiers
Les instruments financiers sont les titres financiers et les contrats financiers.
Les titres financiers sont :
• les titres de capital émis par les sociétés par actions (actions, parts, certificats d’investissement, etc.),
• les titres de créance, à l’exclusion des effets de commerce et des bons de caisse (obligations et titres assimilés),
• les parts ou actions d’organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM).
Les contrats financiers, également dénommés « instruments financiers à terme », sont les contrats à terme sur taux d’intérêt, les contrats d’échange (swaps), les contrats à terme sur toutes marchandises et denrées, les contrats d’options d’achat ou de vente d’instruments financiers et tous les autres instruments de marché à terme.
dont la titrisation
Titrisation
Technique financière qui permet à une banque de transformer en titres négociables des actifs illiquides, c’est-à-dire qui ne sont pas (ou pas facilement) vendables. Initialement, cette technique a été utilisée par les établissements de crédit dans le but de refinancer une partie de leurs prêts à la clientèle. Les prêts sont cédés à un véhicule juridique qui émet en contrepartie des titres (généralement des obligations) placés sur les marchés financiers. Avec la titrisation, les risques afférents à ces crédits sont transférés des banques aux acheteurs. Cette pratique s’étend aujourd’hui à d’autres types d’actifs et d’acteurs (portefeuilles d’assurances, immobilier, créances commerciales).
(extrait de Adda, p. 101, t. 1, 1996, p. 101-102)
Cette notion décrit la prépondérance nouvelle des émissions de titres (obligations internationales classiques émises pour le compte d’un emprunteur étranger sur la place financière et dans la monnaie du pays prêteur, euro-obligations libellées dans une monnaie différente de celle de la place où elles sont émises, actions internationales) dans l’activité des marchés. A quoi s’ajoute la transformation d’anciennes créances bancaires en titres négociables, technique qui a permis aux banques d’accélérer leur désengagement à l’égard des pays en voie de développement après l’irruption de la crise de la dette.
La caractéristique principale de cette logique de titrisation est la diffusion du risque qu’elle permet. Diffusion numérique tout d’abord, puisque le risque de défaut des emprunteurs cesse d’être concentré sur un petit nombre de banques transnationales en relation étroites les unes avec les autres. Diffusion qualitative ensuite, puisque chacune des composantes du risque afférent à un titre particulier peut donner lieu à la création d’instruments spécifiques de protection négociables sur un marché : contrats à terme pour se prémunir du risque de change, contrats de taux d’intérêt pour faire face au risque de variation des taux, marchés d’option négociables, etc. Cette prolifération des instruments financiers et des marchés dérivés donne aux marchés internationaux l’allure d’une foire aux risques, selon l’expression de Charles Goldfinger.
, la nouvelle dépendance des États aux grandes banques internationales, la construction institutionnelle de cette dépendance (voir par exemple, pour la France, Benjamin Lemoine : L’ordre de la dette. Enquête sur les infortunes de l’État et la prospérité du marché, la-dette-de-marche-construit-son-ordre-politique-et-social-en-meme-temps-que-son-omnipotence/), la socialisation des pertes ou la prise en charge des risques privés finaux par les États, c’est-à-dire en fait par les citoyen·nes via leurs impositions, les causes d’une crise financière qui a maintenant dix ans, l’endettement des banques et l’augmentation de la dette mondiale, les bulles spéculatives dont celle du secteur immobilier, les responsabilités des pouvoirs publics et des patrons des banques – les amendes payées pour échapper aux poursuites judiciaires, la construction de l’endettement privé, l’inventivité financières (dont les crédits structurés et les produits dérivés
Produits dérivés
Produit dérivé
Famille de produits financiers qui regroupe principalement les options, les futures, les swaps et leurs combinaisons, qui sont tous liés à d’autres actifs (actions, obligations, matières premières, taux d’intérêt, indices...) dont ils sont par construction inséparables : option sur une action, contrat à terme sur un indice, etc. Leur valeur dépend et dérive de celle de ces autres actifs. Il existe des produits dérivés d’engagement ferme (change à terme, swap de taux ou de change) et des produits dérivés d’engagement conditionnel (options, warrants…).
) -, les conséquences du sauvetage des banques, la réalité de l’endettement mondial, les causes de l’accroissement de la dette publique : le recouvrement insuffisant de l’impôt, les politiques privilégiant le financement des déficits publics par les marchés financiers
Marchés financiers
Marché financier
Marché des capitaux à long terme. Il comprend un marché primaire, celui des émissions et un marché secondaire, celui de la revente. À côté des marchés réglementés, on trouve les marchés de gré à gré qui ne sont pas tenus de satisfaire à des conditions minimales.
, les politiques d’austérité, le coût du sauvetage des banques. « En conclusion : Entre 2008 et 2017, la dette publique a fortement augmenté en conséquence du coût des sauvetages bancaires et des politiques néolibérales d’austérité. Il est fondamental d’insister sur les causes et les responsabilités de l’augmentation de la dette publique. Car dans le futur, dans la bataille des idées, on assistera à une nouvelle offensive de la droite pour attribuer aux dépenses publiques la responsabilité de la crise ». Les conséquences de politiques actives et délibérées dont les responsables sont bien connus…
Il convient de lire ce que les capitalistes disent du capitalisme, et plus exactement, ce que les comptes de résultat et les bilans et les hors-bilans des banques peuvent faire apparaître, « L’insuffisance des fonds propres
Fonds propres
Capitaux apportés ou laissés par les associés à la disposition d’une entreprise. Une distinction doit être faite entre les fonds propres au sens strict appelés aussi capitaux propres (ou capital dur) et les fonds propres au sens élargi qui comprennent aussi des dettes subordonnées à durée illimitée.
, la multiplication de produits spéculatifs, l’emballement de la titrisation, l’augmentation du volume des prêts non performants, le gonflement du hors-bilan, un ratio de levier sans relation avec la réalité des risques en sont autant d’exemples ». Les banquiers ont déployé une communication très fantasmatique avant la crise de 2008 (il en est de même aujourd’hui). Patrick Saurin l’exprime de manière très imagée « Sentiment de toute puissance, narcissisme, déni de réalité : autant de traits qui nous éclairent sur la sordide réalité du monde de la finance ». Il ne faut pas s’y tromper, cette communication relève aussi de l’illusion et de la tromperie. Par ailleurs, les hedge funds
Hedge funds
Les hedge funds, contrairement à leur nom qui signifie couverture, sont des fonds d’investissement non cotés à vocation spéculative, qui recherchent des rentabilités élevées et utilisent abondamment les produits dérivés, en particulier les options, et recourent fréquemment à l’effet de levier (voir supra). Les principaux hedge funds sont indépendants des banques, quoique fréquemment les banques se dotent elles-mêmes de hedge funds. Ceux-ci font partie du shadow banking à côté des SPV et des Money market funds.
Un Hedge funds (ou fonds spéculatif) est une institution d’investissement empruntant afin de spéculer sur les marchés financiers mondiaux. Plus un fonds aura la confiance du monde financier, plus il sera capable de prendre provisoirement le contrôle d’actifs dépassant de beaucoup la richesse de ses propriétaires. Les revenus d’un investisseur d’un Hedge funds dépendent de ses résultats, ce qui l’incite à prendre davantage de risques. Les Hedge funds ont joué un rôle d’éclaireur dans les dernières crises financières : spéculant à la baisse, ils persuadent le gros du bataillon (les zinzins des fonds de pension et autres compagnies d’assurance) de leur clairvoyance et crée ainsi une prophétie spéculative auto-réalisatrice.
et les volumes de capitaux gérés (2 000 milliards d’euros en 2008) – comme par ailleurs les sommes des Credit Default Swap
CDS
Credit Default Swap
Le CDS est un produit financier dérivé qui n’est soumis à aucun contrôle public. Il a été créé par la banque JPMorgan dans la première moitié des années 1990 en pleine période de déréglementation. Le Credit Default Swap signifie littéralement “permutation de l’impayé”. Normalement, il devrait permettre au détenteur d’une créance de se faire indemniser par le vendeur du CDS au cas où l’émetteur d’une obligation (l’emprunteur) fait défaut, que ce soit un pouvoir public ou une entreprise privée. Le conditionnel est de rigueur pour deux raisons principales. Premièrement, l’acheteur peut utiliser un CDS pour se protéger d’un risque de non remboursement d’une obligation qu’il n’a pas. Cela revient à prendre une assurance contre le risque d’incendie de la maison d’un voisin en espérant que celle-ci parte en flammes afin de pouvoir toucher la prime. Deuxièmement, les vendeurs de CDS n’ont pas réuni préalablement des moyens financiers suffisants pour indemniser les sociétés affectées par le non remboursement de dettes. En cas de faillite en chaîne d’entreprises privées ayant émis des obligations ou du non remboursement de la part d’un Etat débiteur important, il est très probable que les vendeurs de CDS seront dans l’incapacité de procéder aux indemnisations qu’ils ont promises. Le désastre de la compagnie nord-américaine d’assurance AIG en août 2008, la plus grosse société d’assurance internationale (nationalisée par le président George W. Bush afin d’éviter qu’elle ne s’effondre) et la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 sont directement liés au marché des CDS. AIG et Lehman s’étaient fortement développées dans ce secteur.
Le CDS donne l’illusion à la banque qui en achète qu’elle est protégée contre des risques ce qui l’encourage à réaliser des actions de plus en plus aventureuses. De plus, le CDS est un outil de spéculation. Par exemple en 2010-2011, des banques et d’autres sociétés financières ont acheté des CDS pour se protéger du risque d’une suspension de paiement de la dette qui aurait pu être décrétée par la Grèce. Elles souhaitaient que la Grèce fasse effectivement défaut afin d’être indemnisées. Qu’elles soient ou non en possession de titres grecs, les banques et les sociétés financières détentrices de CDS sur la dette grecque avaient intérêt à ce que la crise s’aggrave. Des banques allemandes et françaises (les banques de ces pays étaient les principales détentrices de titres grecs en 2010-2011) revendaient des titres grecs (ce qui alimentait un climat de méfiance à l’égard de la Grèce) tout en achetant des CDS en espérant pouvoir être indemnisées au cas de défaut grec.1
Le 1er novembre 2012, les autorités de l’Union européenne ont fini par interdire la vente ou l’achat de CDS concernant des dettes des États de l’UE qui ne sont pas en possession du candidat acheteur du CDS.2 Mais cette interdiction ne concerne qu’une fraction minime du marché des CDS (le segment des CDS sur les dettes souveraines*) : environ 5 à 7 %. Il faut également noter que cette mesure limitée mais importante (c’est d’ailleurs à peu près la seule mesure sérieuse qui soit entrée en vigueur depuis l’éclatement de la crise) a entraîné une réduction très importante du volume des ventes des CDS concernés, preuve que ce marché est tout à fait spéculatif.
Enfin, rappelons que le marché des CDS est dominé par une quinzaine de grandes banques internationales. Les hedge funds et les autres acteurs des marchés financiers n’y jouent qu’un rôle marginal. D’ailleurs la Commission européenne a menacé en juillet 2013 de poursuivre 13 grandes banques internationales pour collusion afin de maintenir leur domination sur le marché de gré à gré* (OTC) des CDS.3
(CDS) d’un montant supérieur à 62 000 milliards au sein des produits dérivés
Dérivés
Dérivé
Dérivé de crédit : Produit financier dont le sous-jacent est une créance* ou un titre représentatif d’une créance (obligation). Le but du dérivé de crédit est de transférer les risques relatifs au crédit, sans transférer l’actif lui-même, dans un but de couverture. Une des formes les plus courantes de dérivé de crédit est le Credit Default Swap.
d’un montant de l’ordre 684 000 milliards de dollars en 2008 (soit 10 fois le PIB
PIB
Produit intérieur brut
Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées.
Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre.
mondial) – sont une des formes prises par la mondialisation
Mondialisation
(voir aussi Globalisation)
(extrait de F. Chesnais, 1997a)
Jusqu’à une date récente, il paraissait possible d’aborder l’analyse de la mondialisation en considérant celle-ci comme une étape nouvelle du processus d’internationalisation du capital, dont le grand groupe industriel transnational a été à la fois l’expression et l’un des agents les plus actifs.
Aujourd’hui, il n’est manifestement plus possible de s’en tenir là. La « mondialisation de l’économie » (Adda, 1996) ou, plus précisément la « mondialisation du capital » (Chesnais, 1994), doit être comprise comme étant plus - ou même tout autre chose - qu’une phase supplémentaire dans le processus d’internationalisation du capital engagé depuis plus d’un siècle. C’est à un mode de fonctionnement spécifique - et à plusieurs égards important, nouveau - du capitalisme mondial que nous avons affaire, dont il faudrait chercher à comprendre les ressorts et l’orientation, de façon à en faire la caractérisation.
Les points d’inflexion par rapport aux évolutions des principales économies, internes ou externes à l’OCDE, exigent d’être abordés comme un tout, en partant de l’hypothèse que vraisemblablement, ils font « système ». Pour ma part, j’estime qu’ils traduisent le fait qu’il y a eu - en se référant à la théorie de l’impérialisme qui fut élaborée au sein de l’aile gauche de la Deuxième Internationale voici bientôt un siècle -, passage dans le cadre du stade impérialiste à une phase différant fortement de celle qui a prédominé entre la fin de Seconde Guerre mondiale et le début des années 80. Je désigne celui-ci pour l’instant (avec l’espoir qu’on m’aidera à en trouver un meilleur au travers de la discussion et au besoin de la polémique) du nom un peu compliqué de « régime d’accumulation mondial à dominante financière ».
La différenciation et la hiérarchisation de l’économie-monde contemporaine de dimension planétaire résultent tant des opérations du capital concentré que des rapports de domination et de dépendance politiques entre États, dont le rôle ne s’est nullement réduit, même si la configuration et les mécanismes de cette domination se sont modifiés. La genèse du régime d’accumulation mondialisé à dominante financière relève autant de la politique que de l’économie. Ce n’est que dans la vulgate néo-libérale que l’État est « extérieur » au « marché ». Le triomphe actuel du « marché » n’aurait pu se faire sans les interventions politiques répétées des instances politiques des États capitalistes les plus puissants (en premier lieu, les membres du G7). Cette liberté que le capital industriel et plus encore le capital financier se valorisant sous la forme argent, ont retrouvée pour se déployer mondialement comme ils n’avaient pu le faire depuis 1914, tient bien sûr aussi de la force qu’il a recouvrée grâce à la longue période d’accumulation ininterrompue des « trente glorieuses » (l’une sinon la plus longue de toute l’histoire du capitalisme). Mais le capital n’aurait pas pu parvenir à ses fins sans le succès de la « révolution conservatrice » de la fin de la décennie 1970.
financiarisée. Et cela peut-être considéré aussi comme une des caractéristiques des politiques antisociales…
Une remarque avant le chapitre suivant. Comment accepter que la création monétaire soit du ressort de banques privées – c’est à dire de choix de gestion de personnes nommées par et pour les intérêts des actionnaires ?
Des politiques d’allocation de crédit, des choix de temporalités privilégiant le court-terme au terme plus long des besoins d’investissement, des réglementations qui n’en sont pas vraiment… le carcan doit-être brisé par la délibération démocratique et la construction de structures décisionnelles permettant la maitrise aux différents niveaux géographiques, local ou régional, national, continental…
C’est donc du coté d’une combinaison de modèles coopératifs et publics/socialisés qu’il faut regarder.
Les auteurs et autrices exposent des alternatives au modèle dominant, des déjà là en pointillés dans différents pays, des « mise en service et sous contrôle de la population » Iels abordent, entre autres, le refus des discours réduits au domaine comptable, les coûts pour la collectivité des sauvetages de certains établissements, les prêts toxiques qui ne sauraient être « une affaire classée » (voir par exemple, Patrick Saurin : La Cour des comptes et les emprunts toxiques. Entre euphémisation, déni et amnésie, la-cour-des-comptes-et-les-emprunts-toxiques-entre-euphemisation-deni-et-amnesie/ ; Les prêts toxiques. Une affaire d’État. Comment les banques financent les collectivités locales, il-ny-a-pas-dobligation-absolue-et-inconditionnelle-a-rembourser-les-dettes-de-letat-des-collectivites-et-etablissements-publics/), des exemples historiques d’actions…
Dans le dernier chapitre, « Vers la socialisation du secteur bancaire », les auteurs et autrices proposent des objectifs : restructurer le secteur bancaire, éradiquer la spéculation
Spéculation
Opération consistant à prendre position sur un marché, souvent à contre-courant, dans l’espoir de dégager un profit.
Activité consistant à rechercher des gains sous forme de plus-value en pariant sur la valeur future des biens et des actifs financiers ou monétaires. La spéculation génère un divorce entre la sphère financière et la sphère productive. Les marchés des changes constituent le principal lieu de spéculation.
, mettre fin au secret bancaire, réguler le secteur bancaire (je souligne, entre autres, la restauration de la responsabilité illimitée des grands actionnaires), financer autrement les dépenses publiques (dont, « le recours à l’emprunt public doit contribuer à une volonté redistributive afin de réduire les inégalités. C’est pourquoi le CADTM propose que les institutions financières, les grandes entreprises privées et les ménages riches soient contraints par voie légale d’acheter, pour un montant proportionnel à leur patrimoine et à leurs revenus, des obligations
Obligations
Obligation
Part d’un emprunt émis par une société ou une collectivité publique. Le détenteur de l’obligation, l’obligataire, a droit à un intérêt et au remboursement du montant souscrit. L’obligation est souvent l’objet de négociations sur le marché secondaire.
d’État à 0% d’intérêt et non indexées sur l’inflation
Inflation
Hausse cumulative de l’ensemble des prix (par exemple, une hausse du prix du pétrole, entraînant à terme un réajustement des salaires à la hausse, puis la hausse d’autres prix, etc.). L’inflation implique une perte de valeur de l’argent puisqu’au fil du temps, il faut un montant supérieur pour se procurer une marchandise donnée. Les politiques néolibérales cherchent en priorité à combattre l’inflation pour cette raison.
, le reste de la population pourra acquérir de manière volontaire des obligations publiques qui garantiront un rendement réel positif (par exemple 3%) supérieur à l’inflation. Ainsi, si l’inflation annuelle s’élève à 3%, le taux d’intérêt
Taux d'intérêt
Quand A prête de l’argent à B, B rembourse le montant prêté par A (le capital), mais aussi une somme supplémentaire appelée intérêt, afin que A ait intérêt à effectuer cette opération financière. Le taux d’intérêt plus ou moins élevé sert à déterminer l’importance des intérêts.
Prenons un exemple très simple. Si A emprunte 100 millions de dollars sur 10 ans à un taux d’intérêt fixe de 5 %, il va rembourser la première année un dixième du capital emprunté initialement (10 millions de dollars) et 5 % du capital dû, soit 5 millions de dollars, donc en tout 15 millions de dollars. La seconde année, il rembourse encore un dixième du capital initial, mais les 5 % ne portent plus que sur 90 millions de dollars restants dus, soit 4,5 millions de dollars, donc en tout 14,5 millions de dollars. Et ainsi de suite jusqu’à la dixième année où il rembourse les derniers 10 millions de dollars, et 5 % de ces 10 millions de dollars restants, soit 0,5 millions de dollars, donc en tout 10,5 millions de dollars. Sur 10 ans, le remboursement total s’élèvera à 127,5 millions de dollars. En général, le remboursement du capital ne se fait pas en tranches égales. Les premières années, le remboursement porte surtout sur les intérêts, et la part du capital remboursé croît au fil des ans. Ainsi, en cas d’arrêt des remboursements, le capital restant dû est plus élevé…
Le taux d’intérêt nominal est le taux auquel l’emprunt est contracté. Le taux d’intérêt réel est le taux nominal diminué du taux d’inflation.
effectivement payé par l’État pour l’année correspondante sera de 6% »), renforcer les banques publiques…
Iels expliquent la socialisation préconisée. Bilan des nationalisations passées, soustraire les citoyen·nes et les pouvoirs publics à l’emprise des marchés financiers, banques au service des citoyen·nes (dont un accès gratuit et universel) et des collectivités, soutien à la transition vers « une économie sociale, soutenable et écologique », construction du soutien et d’une intervention populaire…
Des arguments pour débattre, des propositions pour mobiliser autour de la dé-privation des banques et de la construction de solutions alternatives à ce monde où les conséquences de décisions privées sont assumées par toustes, à cette société de concurrence et de destruction.
En complément, deux remarques.
La socialisation des établissements bancaires doit comporter un versant résolument tourné vers la coopération internationale. Les grandes banques détiennent de multiples filiales et participations dans d’autres pays. Il ne saurait y avoir de socialisation ici sans que les populations de ces pays ne reprennent aussi le contrôle sur le système financier. La dimension internationale doit être abordée de front dans l’intérêt de toustes. Les filiales et les participations doivent être cédées – la plupart sans contrepartie – sans qu’elles puissent être réappropriées de manière privative, les coopérations doivent être recherchées en rompant avec les subordinations aux intérêts des grandes puissances, à commencer par celles de nos États.
Reste aussi à discuter la combinaison du contrôle et de l’autogestion. Ce qui pourrait relever (tant pour la gestion que pour la surveillance) des salarié·es des établissements bancaires et ce qui pourrait relever des usager·es et/ou des citoyen·nes organisées, sans oublier des modalités de gestion des conflits ou des tensions qui pourraient en résulter…
AVP n°75 – Les autres voix de la planète, http://www.cadtm.org/Pour-une-socialisation-des-banques : Pour une socialisation des banques 1er trimestre 2018 La revue du CADTM, Liège 2018, 98 pages, 5 euros Disponible en abonnement ou à l’achat unique. |
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Source : Entre les lignes, entre les mots
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