27 août 2015 par Angélique Schaller
Photo : La Marseillaise
Nous reproduisons un article du quotidien La Marseillaise qui rend compte de la plénière d’ouverture de l’université d’ATTAC France. Le CADTM y réalise différentes activités.
La plénière d’ouverture de l’université d’été d’Attac a focalisé sur la Grèce, tirant les enseignements de l’échec tout en refusant la curée. Et de pointer que seul un mouvement de fond permettra le changement.
« L’espoir n’est pas mort. même en Grèce, même malgré toute cette déception » : Tanos Contargyris est militant d’Attac en Grèce. Mardi, il a participé à la plénière d’ouverture de l’université d’Attac qui se déroule cette semaine à Marseille. Si le sujet est globalement l’Europe et si des représentants espagnols sont aussi à la table, le « cas » grec focalise l’attention. D’autant que, Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac, campe d’emblée le débat : « ce qui s’est passé a suscité un énorme espoir de rupture avec le libéralisme. Force est de constater l’échec. Quelles leçons en tirer ? Quel degré de radicalité faut-il avoir ? Reste-t-il un espoir ? »
Si le militant grec refuse le désespoir, il reste critique face à des « décisions qui n’ont pas été prises », « un gouvernement qui a abordé la question avec bonne foi » qui pouvait confiner à de la naïveté, l’empêchant de déceler la propagande de l’Eurozone, transformant ses « propositions inacceptables par cette Eurozone en absence de propositions » et de voir que le seul but des créanciers était « de renverser le gouvernement ». Un but qui connaît selon Tanos Contargyris un ultime sursaut dans la volonté de diviser la gauche radicale grecque. « Faut-il prendre parti pour l’un ou pour l’autre ? » interroge-t-il en faisant référence à Syriza et Unité populaire fondée par l’ex-ministre Panayotis Lafazanis qui s’affronteront aux élections du 20 septembre. « Il ne faut pas tomber dans le piège de la division qui fait partie du plan de la troïka pour que l’expérience de gauche ne soit qu’une parenthèse en Grèce ». Tout au moins au niveau international car, en tant que citoyen grec, il sera amené à « se prononcer ». Et de croire en une « opportunité de rapprochement entre les deux partis » en novembre prochain, quand « le nouveau mémorandum arrivera à sa première échéance, que l’on constatera que les mesures inapplicables n’ont pas été appliquées et qu’il faudra renégocier ».
« Entrer en conflit avec les institutions européennes »
Même refus d’une curée de la part d’Eric Toussaint du CADTM : « la responsabilité première de l’échec retombe sur les créanciers. Faire incomber la faute aux Grecs ou à Tsipras est une polémique que nous n’aurons pas ici ». Ce préambule posé, l’homme devient très critique, notamment parce qu’il pense qu’une « autre stratégie était possible ». Cette stratégie repose sur une philosophie - « entrer en conflit avec les institutions européennes » - et trois interventions. La première consistait à suspendre le paiement de la dette
Dette
Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque africaine de développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds européen de développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics.
, seul argument introduisant un « rapport de force avec les créanciers qui n’ont rien à faire de tous les arguments démocratiques ». Comment ? En arguant d’un article d’un règlement européen signé en 2013 stipulant que « tout état sous ajustement réalisera un audit de sa dette ». Le deuxième point consiste à une mise en faillite ordonnée des banques - « véritable tonneau des danaïdes » - et enfin, car « pour faire face à la raréfaction prévisible des liquidités
Liquidité
Liquidités
Capitaux dont une économie ou une entreprise peut disposer à un instant T. Un manque de liquidités peut conduire une entreprise à la liquidation et une économie à la récession.
, il fallait prévoir une monnaie complémentaire ». Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui « dévoilé » par Yanis Varoufakis, l’ex-ministre de l’Economie démissionnaire après le référendum - mais selon Eric Toussaint, il n’aurait en fait été convaincu que... tardivement.
L’audit, la négociation de la dette sont des options qu’envisagent aussi l’économiste de Podemos Juan Laborda même s’il précise que les économies grecques et espagnoles sont différentes, tant par leur taille que par la configuration de leur dette. Malgré ces différences, la purge imposée par l’Europe est identique, provoquant les mêmes effets : une dette publique gonflée pour avoir été sommée de rembourser des dettes privées, en l’occurrence issues de la bulle immobilière en Espagne.
« Ni le peuple grec, ni le peuple ibérique ne pourront relever seuls le défi »
Mais, prévient Pedro Arrojo, membre d’Attac Espagne et candidat de Podemos à Saragosse, « ni le peuple grec, ni le peuple ibérique ne pourront relever seuls le défi ». Et d’inviter l’ensemble des forces progressistes européens à marcher ensemble vers Bruxelles en octobre prochain, dans un cortège démarrant à Gibraltar. « Partout il faut dire oxi, basta, enough, assez ! » Une marche qui se terminera le 15 en encerclant symboliquement un sommet de l’Union européenne avant de se disperser pour rejoindre la conférence européenne citoyenne sur les dettes publiques organisée le lendemain par Attac toujours à Bruxelles, pour terminer, le 17 par une grande manifestation, le jour de la lutte mondiale contre la pauvreté. « Nous vivons des temps historiques de crise et de douleur » lâche Pedro Arrojo, « mais ce sont les douleurs de l’accouchement, pour la naissance d’un monde qu’on revendique comme possible depuis des années ».
Source : La Marseillaise
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