455 pages. Éditeur : ADEN
Le commentaire de Noam CHOMSKY sur le livre Bancocratie (publié en français et en espagnol en 2014) :
« La crise financière actuelle est au centre de cette étude lucide, méticuleuse et riche en informations, une crise que les classes dirigeantes utilisent comme prétexte pour la plus grande offensive jamais menée depuis la 2e guerre mondiale contre les droits économiques et sociaux des peuples d’Europe, et en fait aussi de la population des États-Unis. Elle examine également de contexte dans lequel se sont élaborées les politiques néolibérales ainsi que l’histoire des institutions bancaires et leur rôles dans les sociétés capitalistes modernes. Autre aspect tout aussi important : ce livre explique très clairement ce que devrait être une démocratisation des institutions financières sous contrôle citoyen. C’est là un travail impressionnant et précieux pour qui veut comprendre le monde actuel. »
Noam Chomsky, le 17 octobre 2015
Ce livre est un plaidoyer en faveur de la socialisation du secteur bancaire, sa transformation en un service public, et pour l’annulation de la dette publique illégitime, largement héritée du sauvetage des banques.
Retrouvez ci-dessous la table des matières, la préface de Patrick Saurin, différentes recensions, etc.
Préface de Patrick Saurin Introduction 1. Comment est survenue la crise économique qui a éclaté en 2007-2008 ? L’explosion des dettes privées. 2. De la financiarisation / déréglementation des années 1980 à la crise de 2007-2008
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Les banques ont été à l’origine de la crise financière de 2007-2008 qui n’en finit pas de produire ses effets délétères sur les populations. Pourtant, rares aujourd’hui sont les personnes en capacité de comprendre les activités des banques, d’identifier leurs motivations et surtout de mesurer leur responsabilité dans la crise actuelle. Cela n’est pas étonnant si l’on sait que les banques et leurs dirigeants ont coutume d’invoquer le secret bancaire dès qu’il leur est demandé de rendre compte de leurs agissements.
Rares sont les ouvrages consacrés aux banques, en dehors des quelques manuels à caractère technique destinés aux étudiants en finances. Même chez les économistes critiques du système capitaliste, le monde bancaire est rarement étudié en tant que tel, et quand il est traité, c’est le plus souvent de façon superficielle, au détour d’une critique du « monde de la finance ». Une telle situation n’est pas étonnante car le sujet est technique et nécessite des informations que précisément le secret bancaire a pour vocation de dissimuler. Approcher et investiguer cet univers méconnu nécessite tout à la fois des connaissances, des compétences, de la rigueur, de la persévérance ainsi qu’une analyse et un esprit de synthèse irréprochables. Cela souligne le mérite d’Eric Toussaint de s’être attelé à cette tâche consistant à exposer au grand jour les activités des banques, expliciter leurs mécanismes, détailler leur évolution et surtout en dresser un bilan sans appel. Pour mener à bien son projet, l’auteur a minutieusement consulté une multitude de documents officiels émanant des banques elles-mêmes, des autorités et institutions en charge de leur contrôle, sans oublier les travaux des spécialistes des questions bancaires. C’est dire que l’état des lieux sera difficilement contestable.
Bancocratie, le titre du livre est bien choisi et résume bien le monde mis au jour par Eric Toussaint, un monde où le pouvoir est détenu par les banques, et à travers elles leurs dirigeants et leurs actionnaires. Mais l’auteur ne se contente pas de critiquer l’usage désastreux de ce pouvoir par des capitalistes mus par la seule soif du profit, il remet en cause la détention d’un tel pouvoir par une poignée d’individus échappant à tout contrôle et met en lumière la complicité coupables des pouvoirs publics et des institutions censés pourtant réglementer, contrôler et organiser les activités des institutions financières. Eric Toussaint nous rappelle que les banques, tout comme la monnaie et le crédit, sont des outils au service de la collectivité, et qu’à ce titre elles doivent être socialisées, c’est-à-dire qu’elles doivent être regroupées au sein d’un vaste service public bancaire pour servir l’intérêt de tous, et surtout être placées sous le contrôle citoyen de leurs salariés, des clients, des représentants des associations ainsi que des élus.
Le point de départ du livre est la crise de 2007-2008 dont l’auteur met en lumière les causes, le puissant et ininterrompu mouvement de déréglementation amorcé dans les années 80 et la financiarisation de l’économie. Prolifération des produits dérivés, recours effréné à l’effet de levier, développement du hors-bilan, rôle de plus en plus grand des paradis fiscaux avec pour corollaire un développement du shadow banking sont autant de traits qui caractérisent cette évolution pernicieuse. La recherche effrénée du rendement maximum a amené les banques à prendre des risques considérables qu’elles n’ont pas été en mesure de supporter.
Pourtant, loin de les sanctionner et de profiter de l’occasion pour en prendre le contrôle, les États au contraire ont décidé de socialiser leurs pertes, c’est-à-dire de les faire supporter par les citoyens. De même, les États se sont refusés à effectuer les changements radicaux qui auraient dû intervenir en matière de réglementation. En effet, les prétendues réformes bancaires mises en place dans les grands États occidentaux et les accords de Bâle 3 pourtant censés mettre un peu d’ordre, de rigueur et de déontologie dans les activités financières se sont révélés n’être que des cautères sur une jambe de bois. En effet, une fois recapitalisées et remises sur pied par les États avec l’argent des contribuables, les banques ont repris de plus belle leurs activités spéculatives.
De Lehman Brothers à Deutsche Bank en passant par Dexia, Eric Toussaint revient sur les grands scandales financiers qui ont révélé au grand jour les manipulations et les pratiques frauduleuses des grandes banques. Il souligne la complicité des banques centrales, la BCE en particulier, des agences de notation et des grandes institutions en charge de superviser et de surveiller les agissements des établissements bancaires.
Mais si les grandes banques ont des bilans souvent supérieurs au PIB des États où elles sont domiciliées, elles restent plus que jamais ainsi que le souligne l’auteur des « colosses aux pieds d’argile ». En clair, d’autres crises aussi importantes que celle de 2007-2008 sont à craindre dans un avenir proche. Ces crises seront d’autant plus redoutables qu’elles vont se conjuguer à d’autres crises : une crise écologique, une crise politique, une crise sociale et une crise démocratique.
Parce que les banques sont aujourd’hui le maillon essentiel du système capitaliste et contribuent à déterminer fortement le mode de production qui saccage la planète, génère un inégal partage des richesses qui sème les guerres et la paupérisation, rogne chaque jour davantage les droits sociaux, attaque les institutions et les pratiques démocratiques, il est essentiel d’en prendre le contrôle. La crise financière recouvre une lutte sans merci, celle du Capital contre le Travail. C’est pourquoi la socialisation de l’intégralité du système bancaire préconisée par l’auteur au terme de sa démonstration apparaît comme une urgente nécessité économique, sociale, politique et démocratique. Loin de se résumer à une analyse de la crise financière venant s’ajouter à d’autres travaux, le livre d’Eric Toussaint est un outil essentiel pour toutes celles et tous ceux qui éprouvent la nécessité de comprendre la crise du monde actuel et surtout qui veulent contribuer à y apporter des solutions.
Le suffixe de bancocratie vient du grec, kratos, qui signifie « le pouvoir », « l’autorité », « le gouvernement ». Le titre du livre d’Eric Toussaint appelle en regard un autre mot, « démocratie », et nous renvoie en définitive à cette question : qui doit détenir le pouvoir, les banquiers ou le peuple ?
Éric Toussaint, maître de conférence à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique et est membre du conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est co-auteur avec Damien Millet de AAA. Audit, Annulation, Alternatives, Seuil, Paris, 2012 ; La Dette ou la Vie, Éditions ADEN, Bruxelles, 2011.
En écrivant ce livre, je souhaitais donner à des femmes et des hommes qui ne font pas partie des hautes sphères de la banque et des institutions politiques des moyens pour comprendre ce qui se passe dans le monde opaque de la banque privée, des banques centrales, de la Commission européenne, des lieux où se prennent des décisions fondamentales qui affectent les conditions d’existence de l’immense majorité de la population mondiale.
Le livre se déroule de la manière suivante : l’évolution du système capitaliste, et en son sein celle du secteur bancaire, depuis les années 1970-1980, fait l’objet des chapitres 1 à 3 ; l’évolution du secteur bancaire aux États-Unis et en Europe au cours des vingt dernières années qui a mené à l’effondrement bancaire de 2008 est analysée aux chapitres 4 à 7 ; la parodie de réglementation bancaire est décrite aux chapitres 8 à 10 ; la situation des banques en 2011-2014 fait l’objet des chapitres 11 à 17 ; les manipulations et les délits commis par les banques sont présentés aux chapitres 18 à 29 ; l’action des gouvernements, des banques centrales, du FMI et son incidence dans la lutte de classes sont étudiées aux chapitres 30 à 38 ; l’évolution des banques au cours des deux derniers siècles est observée dans le chapitre 39. Le chapitre 40 présente un ensemble cohérent d’alternatives et de propositions.
A chaque fois, j’ai essayé de donner des clés pour comprendre ce qui pousse ceux d’en haut à agir comme ils le font. J’ai également souhaité montrer qu’il y a des alternatives qui sont à notre portée si on agit ensemble de manière résolue pour les atteindre. La démocratie politique et sociale se conquiert chaque jour. L’action collective est l’instrument vital de l’auto-émancipation.
La rédaction de ce livre a pris près de deux ans. J’ai lu des milliers de pages et d’articles sur le monde de la finance pour arriver à une compréhension approfondie de ce qui s’y passe et ensuite le livrer au public. Le lecteur et la lectrice réaliseront que ce livre rend compte, explique et interprète une situation qui évolue de jour en jour. Il est beaucoup plus difficile d’analyser un processus en cours que de fournir une explication sur des phénomènes passés. Cet ouvrage sera certainement suivi par la production de plusieurs outils pédagogiques par l’équipe du CADTM.
Le livre a été écrit par morceaux dans des lieux multiples (Grèce, France, Inde, Equateur, Brésil, Haïti, Tunisie, Maroc, Belgique, Espagne, Portugal…) alors que je prenais part aux multiples activités du CADTM.
Je n’aurais pu terminer ce livre sans le précieux soutien et l’aide déterminante qui m’ont été apportés.
Depuis huit mois, Patrick Saurin a bien voulu relire les chapitres les uns après les autres et m’a donné son opinion sur le monde bancaire qu’il connaît bien. Je tiens à le remercier spécialement. Je remercie François Chesnais, Aline Fares, Jean-Marie Harribey, Michel Husson et Antonio Sanabria qui ont relu des parties du livre et ont exprimé des recommandations. Pauline Imbach et Damien Millet m’ont donné un grand coup de pouce au début du travail quand je doutais de ma capacité à y arriver. Daniel Munevar, Claude Quémar, Virginie de Romanet, Antonio Sanabria, Nacho Alvarez, Daniel Albaracin, Jean-Denis Gauthier, Stéphanie Jacquemont, François Sana ont été régulièrement disponibles pour m’aider dans les recherches. Ont été très précieuses les deux journées complètes de séminaire sur le manuscrit réalisées en février-mars 2014 avec l’équipe du CADTM (Myriam Bourgy, Jérémie Cravatte, Robin Delobel, Chiara Filoni, Pierre Gottiniaux, Cécile Lamarque, Emilie Paumard, Claude Quémar, Virginie de Romanet, Antonio Sanabria, Christine Vanden Daelen et Renaud Vivien, avec la participation d’Alice Minette). Cela a permis de passer le texte à la moulinette en améliorant son accessibilité. Tout au long de l’écriture, j’ai également bénéficié des remarques et du soutien de Brigitte Ponet. Dans les dernières semaines, la collaboration permanente de Claude Quémar, Patrick Saurin, Robin Delobel et Damien Millet a été décisive. Je remercie également Gilles Martin, les éditions Aden et l’interrégionale wallonne de la Centrale Générale des Services Publics pour leur patience et leur soutien. Les illustrations ont été réalisées par Pierre Gottiniaux du CADTM avec qui j’ai eu des discussions passionnantes sur comment présenter certains mécanismes bancaires. Je porte l’entière responsabilité des éventuelles erreurs de jugement contenues dans ce livre. J’ai également une pensée pour Olivier Bonfond qui est en train de terminer un livre sur les alternatives et avec qui j’ai été régulièrement en contact pendant son cheminement.
Malgré le volume du livre, l’espace a manqué (tout comme le temps…) pour développer certaines questions qui l’auraient mérité, comme la création monétaire et une analyse approfondie de l’euro par exemple. D’autres travaux seront nécessaires pour approfondir l’analyse et renforcer l’action. A n’en pas douter, toute l’équipe du CADTM prendra toute sa part dans cet indispensable combat.
Fait à Athènes, le 31 mars 2014.
Ce livre vous est proposé à la commande - port compris - pour 18€.
Les gouvernements des pays les plus industrialisés ont fait exploser la dette publique pour sauver les banques privées qui sont à l’origine de la plus grande débâcle économique et financière du capitalisme depuis les années 1930. Partout, le remboursement de la dette et la réduction du déficit budgétaire sont devenus les parfaits alibis pour imposer des politiques d’austérité. Ainsi, l’ensemble des gouvernements européens et la Troïka mènent une offensive - sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale - contre les droits économiques et sociaux des populations. Ce livre permet de comprendre comment est survenue la crise, l’impact de la déréglementation bancaire, la logique poursuivie par les banques privées, les manipulations et crimes auxquels ces dernières se livrent régulièrement avec la complicité et le soutien des gouvernements et des banques centrales.
Écrit de manière simple, cet ouvrage est un outil indispensable pour comprendre la crise en cours et découvrir une alternative cohérente aux politiques menées aujourd’hui.
Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France.
Il est l’auteur des livres, Banque mondiale - Une histoire critique, Syllepse, 2022, Capitulation entre adultes : Grèce 2015, une alternative était possible, Syllepse, 2020, Le Système Dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, Les liens qui libèrent, 2017 ; Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014 ; Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet des livres AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège.
Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015.