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« Life and Debt », La Jamaïque dans l’étau du FMI
par CADTM
13 janvier 2005

D’un côté, des plages paradisiaques, des palaces cinq étoiles et de riches touristes qui s’abandonnent à un luxe tapageur. De l’autre, des zones franches dans lesquelles dix mille ouvriers se crèvent pour un salaire de trente dollars par semaine. Entre les deux, quelques kilomètres seulement. La Jamaïque n’est pas bien grande ... Ancienne colonie britannique, elle comptait à la fin du XIXe siècle plus de trois cent mille esclaves. Aujourd’hui, on peut affirmer qu’ils sont près de deux millions. Deux millions d’individus condamnés au sous-développement par une dette extérieure qui engloutit les deux-tiers du budget national ! Deux millions d’hommes et de femmes condamnés à subir la voracité de quelques multinationales devant lesquelles le Fonds monétaire international (FMI) a déployé un tapis rouge.

Conçu sous la forme d’une mise en parallèle de deux témoignages - le premier, celui de l’ancien Premier ministre jamaïcain, Michael Manley, et le second, celui du numéro 2 du FMI, Stanley Fischer - ce film de Stéphanie BLACK, « LIFE AND DEBT », est une illustration particulièrement choquante des conséquences de la politique menée par le FMI dans les pays en voie de développement. Pourtant, le pays n’est pas dépourvu d’atouts - attrait touristique incontestable, ressources minières (bauxite), grande tradition d’agriculture sucrière - qui auraient du permettre un affranchissement rapide de sa population.

A travers l’exemple concret de la Jamaïque, LIFE AND DEBT illustre la complexité et les dangers de la mondialisation tels qu’ils sont vécus au quotidiens par la population de l’île. La Jamaïque, sous tutelle du FMI et autres instituts mondiaux de prêt depuis 35 ans souffre jour après jour des effets pervers du mécanisme de la dette qui détruit l’agriculture et l’industrie locale. Banane, sucre et produits laitiers locaux sont déclarés trop coûteux à produire et sont remplacés dans la grande logique mondialiste par des produits importés au seul profit des multinationales agro-alimentaires. Les paysans et artisans sont réduits au chômage et n’ont plus d’autre alternative que l’esclavage moderne des « sweat shops » produisant à bas prix dans des zones franches des produits inaccessibles aux consommateurs locaux.

A ses images du quotidien des Jamaïcains, Life and Debt superpose le commentaire de Jamaïca Kincaid, adapté de son livre « A small place » (Petite Ile) ainsi que les rythmes reggae de Marley père et fils, Peter Tosh, Buju Banton, Yami Bolo ...

Life and debt

Réalisatrice : Stéphanie Black
Image : Malik Sayeed, Kyle Kibbe, Richard Lannaman, Alex Nepominiaschy
Musique originale : Mutabaruka
Musique : Ziggy Marley and the Melody makers, Bob Marley & Tuff Gong
Montage : John Mullen
Son : Caleb Mose
Production : Stephanie Black, 135 Hudson Street, New York 10013 - USA, tél. +1 212 925 6528, stephanieblack chez mindspring.com
Origine : Etats-Unis
Durée : 1 h 26
Distribution : Eurozoom 4bis, rue de l’Armée d’Orient, 75018 Paris - France, tél. + 33 1 42 93 73 55, fax +33 1 42 93 71 99, eurozoom chez club-internet.fr

Site web du film : http://www.lifeanddebt.org.

Depuis maintenant plus d’un an, le Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde (CADTM) mène une campagne de sensiblisation sur la situation de la Jamaïque, l’énormité de sa dette extérieure et les politiques néfastes qui lui sont imposées par les institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international (FMI).

Pour ce faire, de nombreuses projections du film « LIFE AND DEBT », suivies de débat, ont déjà été organisées. Si vous désirez être informé des prochaines projections, n’hésitez pas à vous inscrire aux mailing list du CADTM (BELGIQUE, FRANCE).

Dans le cadre de cette campagne, Damien Millet, président du CADTM France, et François Mauger, producteur de disques et membre du CADTM, ont rédigé un ouvrage «  LA JAMAÏQUE DANS L’ETAU DU FMI  » publiés par les éditions L’Esprit frappeur.

Plusieurs articles sur la Jamaïque ont également été rédigés et publiés entre autres sur ce site (JAMAÏQUE).

Nous diffusons également la bande originale du film « LIFE AND DEBT » éditée par Say it loud en partenariat avec Tuff Gong et Urge et distribuée par Harmonia Mundi/Le chant du monde.

On y retrouve notamment ...
- Ras Ivy and the Family of Rastafari, groupe de rastas qui perpétuent les cérémonies nocturnes qui ont donné naissance au reggae voilà plus de 30 ans ...
- deux légendes : Bob Marley et Peter Tosh. Le premier est ici présent avec deux titres, « Smile Jamaica », nom qu’il donna également au concert qu’il organisa en 1976 pour 80 000 personnes à Kingston et qui lui valut d’être la cible d’un attentat politique, et « Work », le dernier morceau qu’il ait chanté en public. Peter Tosh, l’un des trois Wailers historiques, clôt quant à lui l’album par un requiem étrangement apaisé ...
- la descendance directe du plus célèbre des musiciens jamaïcains : Ziggy Marley, Stephen Marley, ...
- une nouvelle génération de chanteurs inspirés par le reggae « classique » : Luciano, la révélation vocale du début des années 90, et Yami Bolo, l’une des voix les plus rafraîchissantes du reggae contemporain ...
- un poète : Mutabaruka. Il a développé une forme de poésie très personnelle, déclamée au chantée, qui lui vaut une audience importante en Jamaïque ...
- les maîtres du raggamuffin « conscient » : Buju Banton, Anthony B., Sizzla. Ils sont les porte-parole d’un renouveau musical et spirituel apparu en Jamaïque peu avant le tournant du siècle, après une décennie de matérialisme ...

Visuel de la bande originale. JPEG



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