La « Commission pour la vérité sur la dette publique grecque » s’apprête à présenter, mercredi, un rapport préliminaire faisant état « d’irrégularités dans la conclusion des contrats de prêts entre l’Etat grec et ses créanciers », a affirmé mardi le Belge Renaud Vivien, membre de cette commission d’audit en tant que co-secrétaire général du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM).
La commission d’audit, mandatée début avril par la présidente du Parlement grec, réunit une trentaine d’experts internationaux dont trois Belges : Eric Toussaint et Renaud Vivien, membres du CADTM, ainsi qu’Olivier Bonfond, économiste au Centre d’éducation populaire André Genot (CEPAG).
Les conclusions que la commission s’apprête à tirer ont pour vocation de faire la lumière sur les origines de la dette grecque, son augmentation et ses conséquences sur la population et les droits humains suite aux conditions d’austérité imposées par les créanciers de la Grèce depuis 2010, explique M. Vivien.
A l’issue de deux mois et demi de travaux, les experts auraient relevé « des irrégularités dans la conclusions des contrats de prêts entre l’État grec et ses créanciers, soit la Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE), mais aussi les Etats individuels, qui ont prêté de l’argent, dont la Belgique », affirme le juriste.
Cet enseignement pourra donner au gouvernement des arguments politiques, juridiques, économiques et sociaux
Cet enseignement pourrait servir d’« élément dans une décision politique que pourrait prendre le gouvernement grec, comme un défaut de paiement, sur base d’arguments politiques, juridiques, économiques et sociaux », avance M. Vivien, notamment dans le cadre des négociations entre l’Eurogroupe et le gouvernement grec.
Les ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) se rencontrent en effet jeudi pour la dernière ligne droite de négociations visant à débloquer 7,2 milliards d’euros de prêts pour Athènes, attendus depuis août dernier. En l’absence de ce versement, le gouvernement grec pourrait ne pas rembourser 1,6 milliard d’euros de prêts du FMI le 30 juin, et dans cette éventualité devoir alors affronter les conséquences d’un défaut de paiement, une première dans la zone euro. Un scénario qui alimente depuis des mois le spectre d’une sortie de la Grèce de la monnaie unique.