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Troisième et dernière journée de l’université d’été 2015
par Raphael Goncalves Alves
16 septembre 2015

Réveil peut être plus difficile que la veille, rangement des chambres à 9h, pas d’échappatoire pour ceux qui pensaient pouvoir se remettre de la Debt over party du samedi soir. Orientons nous donc vers les séminaires du matin.

Première journée de l’université d’été 2015->http://cadtm.org/Premiere-journee-de-l-universite-d

[Deuxième journée de l’université d’été 2015

Le plus suivi fut certainement celui intitulé « Annulation ou restructuration des dettes en Europe : qu’en pensent les partis politiques ? », dans une salle bondée, où les places assises manquaient, Miguel Urbán, tribun de Podemos a su faire parler sa verve et sa jeunesse pour défendre la mise en place d’audit de la dette, Sofia Sakorafa est revenue sur l’été grec, avec quelque émotion, on la comprend, quand Philippe Lamberts et Marco Van Hees ont exposé une vision peut être moins radicale mais tout autant importante dans le débat actuel.

Les autres ateliers, confinés à de plus petites salles, où débat et partage sont de mise, et par tout le moins appréciables, furent l’occasion d’un état des lieux de la dette du Sud dans un contexte quelque peu indécis au vu de la tendance à la baisse des cours des matières premières, et d’une hausse des taux d’intérêt annoncée par la FED. La conjoncture favorable des années 2000 semble aujourd’hui s’assombrir, et une nouvelle crise de la dette commence d’ores et déjà à poindre à l’horizon. Deux autres séminaires étaient également organisés, le premier relatif aux impacts de l’austérité et des traités de libre échange sur le droit des femmes, tandis que l’autre tentait de répondre à la question plus que jamais actuelle, et presque rhétorique, de savoir s’il convient de laisser tomber les banques.

La traditionnelle plénière de clôture fut l’occasion de dresser un panorama des espoirs, un état des lieux des luttes et des mouvements citoyens. À l’image de la plénière d’ouverture, Émilie Paumard a ouvert les débats et présenta le panel avec son aisance et son espièglerie tant appréciée.

Alors certes, Émilie le rappelle, ce fut une université sur laquelle l’ombre du cas Grec planait et apportait son lot de pessimisme, mais Sofia Sakorafa a su lancer un appel poignant pour l’émergence d’un réseau de mouvements citoyens à l’échelle européenne capables de proposer une alternative politique concrète, capable de démontrer qu’une autre Europe, une Europe citoyenne et solidaire est possible.
Elle clôturait son intervention par une phrase lourde de sens : « un gouvernement qui applique une seule fois l’austérité n’a plus droit à une deuxième chance ».
Et on se prête à penser que cet appel faisait écho aux plateformes citoyennes espagnoles que Emma Aviles, jeune militante des plates-formes d’audit citoyen de Barcelone, a exposé avec passion et clairvoyance à l’auditoire. Elle a ainsi saisi l’occasion de marquer la différence avec Podemos représenté par Miguel Urbán ce matin. Les plates-formes, il s’agit d’une vision sociale à long terme, pas d’un parti politique, il s’agit d’un changement de mentalité, un changement de vision portée par une jeunesse espagnole politisée, consciente et criant sa rupture avec une société, un mode vie et un mode de pensée. Ce fut ensuite à Thomas Englert, jeune militant belge impliqué dans la plateforme D 19-20, de réexprimer l’importance d’une convergence et d’une redéfinition des luttes, gardons en tête nous dit-il, que le « TINA » de Thatcher est encore très vivace chez les gens et ce malgré le fait qu’aucun d’entre eux ne vous criera sa satisfaction du modèle de société actuel ! Il convient de repenser la lutte dans ce contexte, de présenter des alternatives et d’englober des logiques qui peuvent parfois paraître contradictoires.

L’exemple Grec, cela fait 55 ans que l’Afrique le subit, 55 ans que la dette se pose comme un système d’oppression

Après cet état des lieux européen, la diffusion du clip d’Humanist, jeune rappeur burkinabè, rendant hommage à la révolte citoyenne au Burkina qui mis fin au règne Compaoré de quelques 25 années, fut l’occasion d’une transition logique vers l’Afrique et l’intervention de Broulaye Bagayoko. S’exprimant sur les luttes en cours en Afrique et la manière dont elles peuvent s’organiser dans un contexte politique et social bien différent de celui qui prévaut en Europe, Broulaye rappelle une chose qui ne doit pas nous quitter, qui est le fondement même du CADTM : l’exemple Grec, cela fait 55 ans que l’Afrique le subit, 55 ans qu’il est mis en œuvre avec la plus grande violence dans l’ensemble des pays du Sud, 55 ans que la dette se pose aussi clairement comme un système d’oppression pour toutes ces populations. Important parallèle donc que celui-ci pour finir cette université, et de rappeler que les mouvements citoyens de solidarité et de lutte qu’ils se créent au niveau local, régional ou mondial, sont d’une nécessité criante pour mettre fin à un système capitaliste d’oppression dont la dette en constitue plus que jamais un outil privilégié, toujours aussi efficace, toujours aussi étendu et toujours aussi utilisé.


Raphael Goncalves Alves