Introduction : Du Sud au Nord de la planète : brève histoire de la crise de la dette et des programmes d’ajustement
Chapitre 1 : Les inégalités dans le monde
Chapitre 2 : Panorama global de la dette au Sud : distribution de la dette externe dans les PED
Chapitre 3 : La Dette au Sud
Chapitre 4 : La Banque mondiale et le FMI
Chapitre 5 : La Dette au Nord
Chapitre 6 : Panorama global de la dette au Nord et au Sud
Conclusion : L’impact du « système dette »
Cette section offre un panorama général de l’évolution de la dette dans les pays du Sud [1]. Elle vise à mettre en évidence les montants significatifs consacrés au paiement d’une dette dans bien des cas odieuse, illégale ou illégitime, au détriment des droits et besoins fondamentaux de la population. Dans la section 3, nous observerons cette évolution successivement pour l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine.
2.1. Par échéance de dette externe et type de débiteurs
Le schéma ci-dessus rend compte de la dette externe des PED par type de débiteurs. La dette externe est la dette contractée par un pays (un État ou des particuliers) auprès de créanciers étrangers. Dans le cas des différentes administrations de l’État, il s’agit de dette externe publique. La dette externe privée est la dette contractée par des particuliers (entités financières, entreprises et foyers).
La dette externe rend les pays débiteurs vulnérables face aux changements du contexte financier international (crise financière dans d’autres pays, hausse des taux d’intérêt internationaux, etc.). En outre, le pays endetté a parfois peu de prise sur sa dette, celle-ci étant par exemple souvent libellée dans d’autres monnaies ou soumise à la législation d’autres pays (dont les juridictions sont souvent plus favorables aux créanciers). Enfin, la dette externe (publique ou privée) peut témoigner du degré de dépendance d’une économie par rapport au financement extérieur face à la captation de ressources internes.
2.2. La dette au Sud par région
Ces dernières années ont été caractérisées par une augmentation significative de la dette externe en termes absolus. Elle a ainsi doublé entre 2000 et 2012. La majeure partie de cette augmentation s’est concentrée dans le secteur privé.
Tableau 2.1. - La dette externe par régions (en milliards de dollars US)
Dette externe en milliards $ US | 1980 | 1990 | 2000 | 2012 |
---|---|---|---|---|
Amérique latine | 230 | 420 | 714 | 1258 |
Afrique subsaharienne | 61 | 176 | 213 | 331 |
Moyen-Orient et Afrique du Nord | 64 | 137 | 144 | 177 |
Asie du Sud | 37 | 126 | 163 | 501 |
Asie de l’Est | 61 | 234 | 497 | 1412 |
PECOT et Asie centrale | 58 | 101 | 234 | 1150 |
Total | 511 | 1194 | 1965 | 4829 |
Dans le cas de la dette publique externe, la situation est similaire. Son volume a pratiquement doublé dans plusieurs régions entre 1990 et 2012. Ce sont surtout l’Asie et l’Amérique latine qui, dès 1980 (et avant), ont la dette externe publique la plus élevée.
2.3. Les créanciers de la dette externe publique
Notes du schéma :
1. Les principaux acheteurs sur les marchés financiers sont les banques, les sociétés d’assurance, les fonds de placements, les fonds de pension privés… Ces entreprises privées achètent des titres de la dette publique émis par les États.
2. Les banques prêtent également des moyens financiers aux États via des crédits bancaires.
Le schéma ci-dessus montre la dette par type de créanciers. En général, la dette bilatérale et surtout celle contractée auprès des institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale, banques régionales de développement...) reflètent les problèmes de financement sur les marchés privés. Ces crédits officiels sont généralement accompagnés de conditionnalités qui imposent de durs ajustements aux conséquences désastreuses pour les classes populaires du pays soumis à de telles exigences.
Comme les chiffres l’indiquent, les créanciers privés représentent la moitié de la dette externe des PED, le financement se faisant surtout via l’émission de titres. En effet, face à l’énorme liquidité des marchés de capitaux qui offrent un coût de financement bas, face à un contexte économique relativement plus favorable pour certaines économies du Sud qui accumulent d’importantes quantités de réserves en devises (voir plus loin le point 2.8.), les IFI n’assument plus le rôle de prêteur de premier plan qui a été le leur à une époque.
La composition de la dette publique externe n’a connu qu’un changement significatif au cours des trois dernières décennies. Alors que la part des crédits des institutions financières internationales a diminué, elle a été compensée par une augmentation de la part des crédits bilatéraux. Quant à la part provenant des acteurs privés, elle s’est réduite durant les années 1980-1990, avant d’augmenter nettement au cours des années 2000.
Tableau 2.2. Évolution dans la composition des créanciers de la dette externe publique (en %)
% du total de la dette externe publique | 1980 | 1990 | 2000 | 2012 |
---|---|---|---|---|
Part multilatérale | 31 | 34 | 30 | 20 |
Part bilatérale | 15 | 21 | 27 | 31 |
Part privée | 54 | 45 | 43 | 50 |
Total | 100 | 100 | 100 | 100 |
Tableau 2.3. La dette publique externe par régions (en milliards de dollars US)
Dette publique externe | 1980 | 1990 | 2000 | 2012 |
---|---|---|---|---|
Amérique latine | 126 | 314 | 385 | 577 |
Afrique subsaharienne | 42 | 144 | 162 | 200 |
Moyen-Orient et Afrique du Nord | 54 | 114 | 112 | 121 |
Asie du Sud | 32 | 108 | 135 | 215 |
Asie de l’Est | 36 | 173 | 271 | 354 |
PECOT et Asie centrale | 34 | 80 | 118 | 297 |
Total | 323 | 932 | 1184 | 1766 |
2.4. La dette au Sud et les ressources destinées à son remboursement
Depuis 1980, la dette externe des pays du Sud a été multipliée par 9. Environ 30 % de cette dette ont été contractés par le secteur public. Du fait de cette situation, les gouvernements destinent au paiement de la dette externe des montants supérieurs au total comptabilisé comme aide publique au développement par les pays du Nord et les organismes officiels à leur service. On dit « comptabilisé » parce qu’en réalité une grande partie de l’aide publique au développement ne parvient pas aux pays du Sud mais reste au Nord par le biais de divers mécanismes.
Aide publique au développement (APD) [2] Une partie importante de l’aide au développement revient aux pays donateurs ou simplement ne sort pas de ces pays, d’où l’importance de distinguer « aide réelle » et « aide fantôme ». À titre d’exemple, sont comptabilisés comme aide des annulations d’une partie de la dette [3] ou encore des frais administratifs et de consultance de la coopération technique (laquelle représente plus d’un quart de l’APD totale), alors qu’ils ne correspondent à aucun versement d’argent. Les prêts bilatéraux liés (qui obligent le pays bénéficiaire à acheter des produits ou des services au pays prêteur) ainsi que les dépenses « d’accueil » des réfugiés du Sud dans les pays du Nord, y compris leur emprisonnement dans des centres de rétention, sont également considérés comme de l’APD (par certains pays, pour ce dernier cas). In fine, la partie qui parvient réellement au pays bénéficiaire et qui peut réellement être investie dans des projets de développement est bien maigre. |
Tableau 2.4. La dette externe des pays en développement et les ressources destinées à son remboursement (en milliards de dollars US) [4]
Stock | Service | dont part publique | dont part privée | |
1980 | 510 | 79 | 48 | 31 |
1990 | 1194 | 129 | 100 | 29 |
1995 | 1744 | 201 | 138 | 63 |
2000 | 1966 | 325 | 164 | 161 |
2005 | 2338 | 400 | 180 | 220 |
2012 | 4830 | 660 | 182 | 478 |
2.5. La dette odieuse
Indépendamment des montants cumulés, il est fondamental de rappeler les origines de la dette publique. Dans bien des cas, le processus d’accumulation de dette a été initié par des gouvernements non démocratiques. Dès lors, cette dette doit être considérée comme odieuse, ce qui met fin à l’obligation des pays de rembourser leurs créanciers.
En termes généraux, une dette odieuse correspond aux critères suivants :
Tableau 2.5. Les origines de la dette odieuse (montants en milliards de dollars US)
Dette odieuse : dette contractée durant une dictature [5]
Pays | Dette extérieure publique en 2012 (Mds $US) | Régime dictatorial | Période de la dictature | Dette odieuse (Mds $US) |
---|---|---|---|---|
Indonésie | 121 | Suharto | 1965-1998 | 77 |
Brésil | 117 | Junte militaire | 1965-1985 | 77 |
Argentine | 68 | Junte militaire | 1976-1983 | 27 |
Turquie | 99 | Régime militaire | 1980-1989 | 23 |
Pakistan | 45 | Militaires | 1978-1988 | 7 |
Pervez Musharraf | 1999-2008 | 16 | ||
Philippines | 43 | Marcos | 1965-1986 | 21 |
Maroc | 25 | Hassan II | 1961-1999 | 19 |
Égypte | 32 | Moubarak | 1981-2011 | 16 |
Thaïlande | 35 | Militaires | 1966-1988 | 14 |
Zaïre/RDC | 4 | Mobutu | 1965-1997 | 10 |
Chili | 16 | Pinochet | 1973-1990 | 9 |
Tunisie | 17 | Ben Ali | 1987- 2011 | 9 |
Éthiopie | 10 | Mengistu | 1977-1991 | 9 |
Pérou | 20 | Fujimori | 1990-2000 | 7 |
Soudan | 16 | Nimeiry | 1969-1985 | 7 |
Kenya | 9 | arap Moi | 1978-2003 | 5 |
Congo | 2 | Sassou | 1979- | 4 |
Bolivie | 4 | Junte militaire | 1964-1982 | 3 |
Uruguay | 12 | Junte militaire | 1973-1985 | 2,7 |
Mali | 3 | Traoré | 1968-1991 | 2,5 |
Nigeria | 7 | Buhari/Abacha | 1984-1998 | 2,3 |
Guatemala | 6 | Régime militaire | 1954-1985 | 2,3 |
Paraguay | 2 | Stroessner | 1954-1989 | 2,1 |
Somalie | 2 | Siad Barre | 1969-1991 | 2,1 |
Malawi | 1 | Banda | 1966-1994 | 2 |
Gabon | 3 | Omar Bongo | 1967-2009 | 2 |
Birmanie (Myanmar) | 2 | Régime militaire | 1988- | 1,7 |
Guinée | 1 | Lansana Conté | 1984-2008 | 1,7 |
Togo | 0 | Eyadema/Gnassingbé | 1967- | 1,6 |
Cambodge | 5 | Khmers Rouges | 1976-1989 | 1,6 |
Tchad | 2 | Déby | 1990- | 1,3 |
Liberia | 0 | Doe | 1980-1990 | 0,9 |
Rwanda | 1 | Habyarimana | 1973-1994 | 0,9 |
Nicaragua | 3 | Anastasio Somoza | 1974-1979 | 0,8 |
Haïti | 1 | Duvalier | 1957-1986 | 0,7 |
Salvador | 7 | Junte militaire | 1962-1980 | 0,5 |
Népal | 4 | Gyanendra | 2001-2006 | 0,5 |
Ouganda | 3 | Idi Amin Dada | 1971-1979 | 0,4 |
Cameroun | 3 | Paul Biya | 1982- | 0,2 |
Niger | 2 | Baré | 1996-1999 | 0,2 |
Centrafrique | 0 | Bokassa | 1966-1979 | 0,1 |
2.6. Le transfert net sur la dette
Le transfert net de ressources se définit comme la somme des crédits reçus moins les amortissements et paiements d’intérêts effectués. Un chiffre négatif indique que le débiteur a transféré davantage de ressources à ses créanciers que celles reçues au titre de nouveaux crédits.
Depuis trente ans, la dette externe est un instrument de pompage des ressources économiques des pays en développement, sous la forme de transfert net négatif sur la dette. Cela signifie que les PED ont payé à leurs créanciers plus qu’ils n’ont reçu. Ou, dit autrement, que les flux nets de capitaux sont allés des PED vers les pays développés, et non l’inverse comme on pourrait en principe s’y attendre.
Cette tendance s’est seulement inversée au cours des dernières années en raison de l’augmentation rapide de la dette externe. Néanmoins, le secteur public des pays du Sud présente toujours dans son ensemble un transfert net négatif sur la dette externe. Les ressources nettes (c’est à dire le total des prêts octroyés moins le total des remboursements effectués) transférées par les pouvoirs publics des PED entre 1985 et 2012 équivalent à 2,5 fois les ressources du Plan Marshall pour la reconstruction de l’Europe après la seconde guerre mondiale.
Tableau 2.6. Transferts nets sur la dette pour l’ensemble des PED (en milliards de dollars US)
Transfert net cumulatif | 1985 - 2000 | 1985 - 2005 | 1985 - 2012 |
---|---|---|---|
Dette extérieure | -195 | -264 | 1166 |
Dette extérieure publique | -188 | -398 | -251 |
2.7. Comparaison des flux de transferts
Il s’agit ici de mettre en parallèle les différents flux financiers allant du Nord vers le Sud et inversement. L’aide publique au développement (APD) et les ressources envoyées par les travailleurs sont largement inférieures aux ressources transférées par les PED à leurs différents créanciers et aux entreprises étrangères présentes dans ces pays.
Autrement dit, les pays en développement sont des créditeurs nets des pays développés, comme le montre le tableau ci-dessous. À noter que pour l’année 2012, les pouvoirs publics des PED ont remboursé aux créanciers (182 milliards de dollars) bien plus que ce qu’ils n’ont reçu officiellement sous forme d’APD (133 milliards de dollars) [6]. En fait, les flux entrants au sein des PED résultent surtout de l’envoi de ressources par les migrants : ces dernières (350 milliards de dollars) représentent plus de 2,6 fois le montant de l’APD. Enfin, force est de souligner l’hémorragie que constitue le rapatriement des profits des transnationales (678 milliards de dollars en 2012) : autant de ressources qui échappent aux PED et ne pourront servir au développement des pays, au financement de services sociaux.
Tableau 2.7. Comparaisons entre flux de transferts pour l’ensemble des PED en 2012 (en milliards de dollars US) [7]
Aide publique au développement (APD) | 133 |
Envoi des migrants | 350 |
Service de la dette extérieure publique | -182 |
Rapatriement des profits des multinationales | -678 |
Bilan (incomplet) | -377 |
2.8. L’accumulation de réserves
La logique du système actuel oblige les pays en développement à s’endetter dans des conditions défavorables et, dans un même temps, à accumuler des réserves dans les monnaies des pays les plus industrialisés. Voyons en brièvement la raison.
Premièrement, les monnaies des économies plus faibles sont plus instables avec des cours qui oscillent beaucoup au fil du temps par rapport aux devises fortes. Dès lors, pour se financer à l’extérieur à un coût moindre, les PED recourent généralement à l’endettement en monnaies étrangères, surtout en devises plus fortes et stables (le dollar fondamentalement).
Deuxièmement, les achats de biens et services à l’extérieur (les importations) se font en monnaies fortes (par exemple, l’euro pour l’importation de machines en provenance d’Allemagne, le yen pour l’achat d’ordinateurs japonais, le dollar pour l’importation de pétrole).
Troisièmement, ils ont besoin de devises pour rembourser la dette externe. C’est un vrai cercle vicieux : ils empruntent des devises et contractent de nouvelles dettes pour rembourser les anciennes.
Pour ces trois raisons, l’accumulation de réserves en devises fortes est nécessaire.
Ces dernières années, de nombreuses économies des PED ont enregistré un solde extérieur positif, c’est-à-dire qu’il est entré davantage d’argent qu’il n’en est sorti du pays. Un contexte favorable pour les exportations de matières premières avec une demande internationale et des prix à la hausse ainsi qu’une amélioration des relations économiques Sud-Sud figurent parmi les causes principales. Cette situation a permis aux PED d’accumuler des volumes croissants de réserves en devises. Pour maintenir leurs réserves, ils ont choisi d’investir dans des actifs considérés comme sûrs : les moins risqués étant les titres de la dette publique des pays développés comme les bons du Trésor des États-Unis. On se trouve ainsi face à une situation dans laquelle les économies des pays en développement financent celles des pays développés, tant par le remboursement de leurs dettes externes que par leurs réserves investies dans des titres de la dette du Nord.
Tableau 2.8. Évolution des réserves internationales des PED et de la Chine (en milliards de dollars US) [8]
Ce tableau montre l’accumulation croissante des réserves, particulièrement dans le cas de la Chine. Ce pays concentrait en 2012 près de la moitié (49 %) du total des réserves en devises détenues par les pays en développement.
À noter que les économies les plus développées détiennent comme réserves de change seulement l’équivalent d’environ 2 300 milliards de dollars, dont environ 50 milliards en ce qui concerne les États-Unis qui n’ont pas besoin de réserves de change puisque le reste du monde accepte le dollar comme monnaie de paiement internationale. Cela constitue un des privilèges des États-Unis. La zone euro ne détient qu’environ 220 milliards de dollars en réserves de change. Soulignons que le Japon (environ 1 200 milliards de dollars en réserves) et la Suisse (environ 490 milliards de dollars en réserves) détiennent à eux seuls plus de 70 % des réserves de change totales des économies les plus développées [9].
Tableau 2.9. Réserves de devises des PED et dette extérieure publique en 2012 (en milliards de dollars US)
Pays | Réserves de change | Dette extérieure publique |
---|---|---|
Chine | 3388 | 74 |
Inde | 300 | 119 |
Brésil | 373 | 117 |
Pérou | 64 | 20 |
Algérie | 201 | 2 |
PED | 6880 | 1766 |
Tableau 2.10. Pays en développement et économies émergentes créanciers des États-Unis [10] (valeur des bons du Trésor des États-Unis en milliards de dollars US)
Pays | Valeur des bons du trésor US |
---|---|
Chine | 1270,3 |
Pays exportateurs de pétrole | 265,1 |
Brésil | 257,9 |
Taïwan | 188,9 |
Russie | 153 |
Inde | 70,2 |
Mexique | 68,9 |
Turquie | 50,9 |
Thaïlande | 48,1 |
Philippines | 38,6 |
Colombie | 32,9 |
Kazakhstan | 30,8 |
Chili | 28,5 |
Afrique du Sud | 14,6 |
Vietnam | 13,4 |
Pérou | 13,3 |
Ce tableau montre la valeur des titres de dette publique des États-Unis détenus par les pays en développement. La Chine qui détient plus du quart (27,4 %) des bons du Trésor américain est ainsi le principal créancier extérieur mondial des États-Unis.
[1] Cette section analyse l’évolution de la dette dans les pays à faibles et moyens revenus selon les données de la Banque mondiale : International Debt Statistics, http://databank.banquemondiale.org
[2] Sur le sujet, voir : Damien Millet, Éric Toussaint, 60 Question 60 Réponses sur la Dette, le FMI et la Banque mondiale, CADTM/Syllepse, 2008, p. 229-236 ; Damien Millet, Éric Toussaint, « Le faux-semblants de l’aide au développement », Le Monde diplomatique, juillet 2005, http://cadtm.org/Les-faux-semblants-de-l-aide-au
[3] Quand la France réduit de 50 millions d’euros la dette de la Côte d’Ivoire à son égard, le montant de 50 millions est ajouté à l’APD de la France alors qu’aucun versement n’a lieu. Il s’agit uniquement d’un jeu d’écriture comptable.
[4] Les remboursements correspondent à la somme des amortissements et du paiement des intérêts sur la dette.
[5] La dette odieuse calculée ici correspond à la dette contractée durant une dictature. Ces montants n’incluent donc pas les dettes qui ont été contractées par la suite, pour rembourser une dette assumée au cours de la période de dictature. La Banque mondiale ne donne pas de données pour l’Iran et l’Irak, ni pour l’Afrique du Sud sous l’apartheid.
[6] Rappelons en outre que les chiffres concernant l’APD sont largement exagérés puisqu’une grande partie de celle-ci n’arrive pas sous la forme de flux financiers dans les pays en développement mais reste dans les pays « donateurs ». Voir encart au point 2.4.
[7] Le chiffre de l’aide publique au développement intègre les transferts comptabilisés comme de l’aide officielle. Le chiffre du rapatriement des bénéfices des transnationales fait référence à la section « paiements », au sein des revenus de la balance des comptes courants.
Signalons que nous reprenons les données de la Banque mondiale pour ces quatre flux ; toutefois, selon le CADTM, le bilan demeure incomplet car ces données ne rendent pas compte de l’ampleur réelle du drainage des ressources des pays en développement vers les pays développés. Il convient d’y ajouter également la fuite des capitaux, le coût de la fuite des cerveaux, une estimation du pillage des ressources naturelles, les pertes dues au paiement de droits de propriétés intellectuelles (brevets, patentes), etc.
Voir à ce sujet : Éric Toussaint, La finance contre les peuples. La bourse ou la vie, chapitre 9, coédition Syllepse-CADTM-Cetim, 2004, p. 201-252.
[8] Les réserves comprennent les monnaies étrangères (devises) et l’or. À la fin du 1er trimestre 2014, les chiffres de la Chine auraient dépassé les 3 950 milliards de dollars (source : site de Radio Chine Internationale, CRI en français)
[9] Source : Banque des règlements internationaux (BRI), 84e Rapport annuel 2014, Bâle, juin 2014, p. 73, tableau annexe V.1.
[10] Source : Département du Trésor des États-Unis, Major Foreign holders of treasury securities, données de mars 2013, http://www.treasury.gov/ticdata/Publish/mfh.txt
Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, porte-parole du CADTM international et membre du Conseil scientifique d’ATTAC France.
Il est l’auteur des livres, Banque mondiale - Une histoire critique, Syllepse, 2022, Capitulation entre adultes : Grèce 2015, une alternative était possible, Syllepse, 2020, Le Système Dette. Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, Les liens qui libèrent, 2017 ; Bancocratie, ADEN, Bruxelles, 2014 ; Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet des livres AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège.
Il a coordonné les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015 par la présidente du Parlement grec. Cette commission a fonctionné sous les auspices du parlement entre avril et octobre 2015.
est un économiste post-keynésien originaire de Bogotá, en Colombie. De mars à juillet 2015, il a travaillé comme assistant de l’ancien ministre des finances grec, Yanis Varoufakis ; il le conseillait en matière de politique budgétaire et de soutenabilité de la dette.
Auparavant, il était conseiller au Ministère des Finances de Colombie. Il a également travaillé à la CNUCED.
C’est une des figures marquantes dans l’étude de la dette publique au niveau international. Il est chercheur à Eurodad.
Permanent au CADTM Belgique