Le problème de la “Dette Publique” argentine a ses origines dans le processus d’endettement illégal et illégitime initié par la Dictature et poursuivi par tous les gouvernements élus depuis 1983 jusqu’à aujourd’hui. Les prêts dont les « fonds vautours » réclament le paiement aujourd’hui sont frauduleux et le fait que la dette initiale ait été convertie, par le Plan Brady en 1992, en emprunts d’Etat, pour essayer d’en masquer l’origine criminelle, ne change rien à l’affaire.
Par la suite, ce sont ces mêmes emprunts qui n’ont pas pu être payés en 2002 et ont été alors acquis à bas prix par ceux que l’on appelle les « fonds vautours », avec pour objectif de réclamer la totalité de leur valeur nominale devant les tribunaux de New York, en refusant de participer à leur reconversion (2005-2010). Ces emprunts, et ceux qui continuent à être émis, comportent toujours des clauses d’extension de compétence juridictionnelle en faveur de tribunaux étrangers, ce qui constitue un abandon inconstitutionnel de notre souveraineté.
De 1983 à aujourd’hui, toutes les administrations ont cherché à gérer le problème de la dette sans la remettre en question, et ont de ce fait laissé une dette supérieure à celle qui a été contractée, car la dette est un système usurier, le débiteur ne parvenant en général qu’à rembourser à grand peine les intérêts, le montant du capital étant perpétuellement refinancé.
Et c’est ainsi que nous en sommes arrivés à la situation actuelle. Les possibilités d’endettement public interne ayant été épuisées, Macri se tourne vers les marchés extérieurs pour pouvoir s’endetter à nouveau et pouvoir, de cette façon, continuer à payer la dette. Quelle que soit la couleur politique du gouvernement, la question a toujours été jusqu’à maintenant « d’honorer » la dette sans tenir compte des décisions de justice et des enquêtes qui ont clairement établi son illégalité et son illégitimité.
Quant à l’accord avec les fonds vautours, son coût financier est énorme. Le spécialiste en la matière Hector Giuliano affirme que : “…au montant impayable de la dette publique héritée des gouvernements Kichner – plus de 300 milliards de dollars – il faudra ajouter les émissions de nouvelles obligations pour payer les frais de justice et les exigences des fonds d’investissement spéculatifs, qui entraînera un nouvel endettement de près de 20 milliards de dollars ».
Mais il n’y a pas que le coût financier. Le conflit avec les « fonds vautours » montre la relation étroite existante entre la dette et le libre échange. L’annonce faite par le gouvernement de passer plusieurs accords de libre échange lui a valu les faveurs des grandes puissances et des Institutions financières internationales, qui ont très rapidement manifesté leur prédisposition en faveur d’un accord avec les « fonds vautours ». En échange d’un programme de libéralisation favorable au capital transnational, les puissances mondiales « aideront » le débiteur en lui facilitant l’accès à des financements extérieurs.
ATTAC – Argentine, membre du réseau latino-américain CADTM AYNA, milite en faveur de la suspension du paiement de la dette publique tant que n’est pas réalisé un audit complet, avec participation citoyenne, qui détermine quelles fractions de la dette sont légales et légitimes et lesquelles relèvent de l’escroquerie et doivent donc être répudiées. Nous nous appuyons en ce sens sur le travail considérable réalisé par Alejandro Olmos qui a mis à jour l’existence de plus de 470 opérations frauduleuses d’endettement pour la période 1976-1982. Il s’agit d’un premier pas pour neutraliser un outil financier qui pompe nos richesses et que le capital transnational transforme en instrument de coercition pour imposer un ensemble de mesures néolibérales antipopulaires, telles que licenciements, mesures d’austérité, traités de libre-échange, plus de privilèges pour les investissements étrangers et moins de droits pour notre population.
Buenos Aires, 29 février 2016
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